Noeud cornélien ou hypocrisie diplomatique, le Qatar avec le PSG et MBappé, dispose d’une vitrine internationale, qui côtoie le financement du Hamas, et des liens troubles entretenus avec le Mossad et la CIA.
Unique pays wahhabite hors l’Arabie saoudite, le Qatar est une pétro-monarchie absolue sans parti politique et sans démocratie.
« L’émir n’est pas un grand démocrate, mais il a été parmi les premiers [dans le monde arabe] à comprendre qu’il fallait aller dans le sens de l’histoire ».
Ce jeu trouble impose à la diplomatie qatarie de se situer dans tous les camps qui s’offrent à elle pour le bien du royaume. L’émir s’est rendu en Israël en 2010 en toute discrétion, c’est une révélation de Wikileaks qui nous informe d’un transfert de fonds au profit des organisations djihadistes, information recoupée par le New-York Times « Follow the Money » du 8 déc.2010. Depuis le printemps Arabe, le Qatar est devenu un acteur majeur de la scène diplomatique orientale avec ses liens politiques et économiques tissés avec la France.

Emmanuel Macron a déclaré en 2022 qu’il souhaitait que Zinédine Zidane « revienne » en Ligue 1 de football, « pour le rayonnement de la France », ajoutant avoir une « immense admiration » pour l’ancien entraîneur du Real Madrid. Macron a encouragé la venue de Zinédine Zidane au PSG avec comme monnaie d’échange du gaz. Emmanuel Macron qui aime tellement le football a fait irruption dans le dossier Mbappé pour négocier la prolongation de contrat de Kylian désireux d’aller au Réal de Madrid. Il a finalement décidé de poursuivre sa carrière au Paris Saint-Germain sur les conseils de Macron, puisque ce dossier était très important pour le Qatar. Le chef de l’État a mouillé le maillot pour assurer que la pépite française reste à Paris et que le gaz qatarie chauffe les salons de l’Elysée.

Si la France a sécurisé son approvisionnement en gaz GNL pour une durée de 27 ans, l’Emir du Qatar demande en retour à Macron de négocier une désescalade dans le conflit à Gaza. Ces conditions de négociations démontrent la perte d’influence de la diplomatie française qui s’exécute selon le bon vouloir du cheikh Tamim bin Hamad Al Thani.

Le déplacement de Macron à Doha en novembre de cette année est une visite surprise non programmée, elle a été motivée par l’importance du Qatar dans la relation israélo-palestinienne, quitte à déplaire à Netanyahou.
L’émir du Qatar a joué un rôle clé dans la libération des otages français poussant Emmanuel Macron à demander à Israël de préciser ses objectifs face au Hamas.
« Je pense qu’on est à un moment où les autorités israéliennes vont devoir définir plus précisément leur objectif et l’état final recherché, estime le chef de l’État. La destruction totale du Hamas, qu’est-ce que c’est ? Et est-ce que quelqu’un pense que c’est possible ? Si c’est ça, la guerre durera dix ans. » Emmanuel Macron conférence de presse COP28 à Dubaï

Macron veut amener les Israéliens à définir leurs buts de guerre et à prendre en compte les populations civiles palestiniennes dans la réalisation de leurs objectifs militaires.
« Il n’y a pas de sécurité durable pour Israël dans la région, si sa sécurité se fait au prix des vies palestiniennes, et donc du ressentiment de toutes les opinions publiques dans la région. Soyons collectivement lucides ».

La lucidité de Macron est bien de sécuriser son approvisionnement en gaz tout en obéissant au Qatar et à Israël. « Pour moi, le cessez-le-feu doit arriver le plus vite possible, parce que la bonne lutte contre le terrorisme n’est pas le bombardement systématique et permanent ».

Les déclarations de Macron n’ont pas plu aux autorités israéliennes après son escale à Doha. Israël n’attendait pas grand chose de cette visite ni sur l’appui du chef de l’Etat ni sur les relations futures.
Netanyahou a demandé le retrait de ses émissaires du Qatar, y compris le Mossad, estimant que le dialogue était « dans l’impasse », puisque le Hamas n’a « pas respecté sa part de l’accord prévoyant la libération de tous les enfants et femmes selon une liste reçue et approuvée par lui ».

Le Qatar a toujours joué le rôle d’émissaire avec Israël qui lui a demandé de se rapprocher du Hamas lors d’une visite secrète du Mossad en 2020 à Doha.
L’ancien ministre israélien de la Défense Avigdor Liberman a révélé des détails d’une visite secrète au Qatar du chef du Mossad, Yossi Cohen, et du chef du commandement sud de l’armée israélienne, Herzl Halevi, pour prétendument « supplier les Qataris de continuer à injecter de l’argent dans le Hamas. » « Les Égyptiens et les Qataris étaient en colère contre le Hamas et prévoyaient de couper tous les liens avec lui. Tout à coup, Netanyahou s’est fait le défenseur du Hamas et a fait pression sur l’Égypte et le Qatar pour qu’ils continuent à le soutenir financièrement ».
Les intérêts personnels des ces trois pays sacrifient des vies humaines au profit d’une guerre qui enrichit les caisses du lobby militaire américain.
Cette triple relation schizophrénique ne pourra qu’engendrer un désaccord qui augmentera la durée des bombardements de Gaza et de la Cisjordanie et laissera se perpétrer une épuration ethnique.

Geopolintel Décembre 2023