Le FMI a créé le DTS en tant qu’avoir de réserve international supplémentaire en 1969, lorsque les monnaies étaient liées au prix de l’or et que le dollar américain était le principal avoir de réserve international. La valeur du DTS a été fixée par le FMI à une fraction d’or équivalant à un dollar américain.
Avec la fin des taux de change fixes en 1973, le FMI a redéfini la valeur du DTS comme équivalent à la valeur d’un panier de monnaies mondiales. Le DTS n’est pas une monnaie en soi, mais un avoir qui peut être échangé par ses détenteurs contre des devises en cas de besoin. Le DTS est l’unité de compte du FMI et d’autres organisations internationales.
Le FMI procède à la revue de la composition du panier servant au calcul de la valeur du DTS tous les cinq ans, ou plus tôt en cas de besoin, pour veiller à ce que le panier rende bien compte de l’importance relative de ces monnaies dans les échanges et les systèmes financiers internationaux. Lors de la revue de 2015, le conseil d’administration du FMI a conclu que le renminbi chinois (RMB) remplissait les critères d’inclusion dans le panier du DTS. En octobre 2016, le renminbi chinois a été ajouté au panier du DTS et le rendement à trois mois des obligations du Trésor chinois a été intégré au panier de détermination du taux d’intérêt du DTS.
Pourquoi ce revirement ?
En 2024, l’Arabie saoudite va quitter le giron du dollar pour utiliser le Yuan comme monnaie pour les ventes de pétrole. La Chine a lancé en mars 2018 le pétroyuan à la Bourse internationale de l’énergie de Shanghai et les premiers contrats à terme sur le pétrole en yuan, garantis par l’or. Avant 2018, l’intégralité des transactions étaient en dollar.
Le FMI et les Etats Unis ont toujours structuré leur politique sur le dollar, et depuis la seconde guerre mondiale, le dollar était une arme redoutable au service de l’hégémonie américaine.
Avec l’avènement des BRICS, de plus en plus de pays cherchent à s’affranchir du dollar, notamment pour échapper aux sanctions internationales décrétées par Washington.
La politique du « pistolet sur la tempe » c’est fini, l’ordre mondial est redistribué.
Prenons les sanctions contre la Russie, elle ont eu comme effet de lier la Chine à la Russie, alors que Washington redoutait cette alliance. L’économie russe se porte très bien et selon le FMi sa croissance avec le conflit ukrainien est de plus de 3% du PIB, même si la Russie a l’habitue de payer au comptant certaines transactions.
Le 9 décembre 2022, le président chinois Xi Jinping a déclaré à Riyad que la Chine et les pays du Golfe devraient utiliser pleinement la Bourse du pétrole et du gaz national de Shanghai comme plateforme pour effectuer le règlement en yuan des échanges de pétrole et de gaz.
Dans un communiqué de l’agence d’information russe RosBiznesConsulting (RBC) publié le 5 octobre 2022, le yuan chinois est devenu la devise la plus échangée à la Bourse de Moscou. Avec un chiffre d’affaire commercial, yuan-rouble, les échanges ont atteint 70,3 milliards de roubles (1,17 milliard de dollars), dépassant les 68,2 milliards de roubles pour la paire dollar-rouble.
Le Covid et le conflit ukrainien ont été les détonateurs d’un plan de dédollarisation qui va secouer l’économie mondiale et forcer Washington à lancer de nouvelles guerre, comme celle de Gaza, pour limiter la migration des pays vers les BRICS.
En 2015, la Chine a lancé le système de paiement interbancaire transfrontalier (CIPS) pour compenser et régler les transactions en renminbi et faciliter l’utilisation de la monnaie dans le commerce international. Cette session de Financial Statements explorera le rôle et l’importance du CIPS, son potentiel à concurrencer les infrastructures financières intégrées au niveau mondial, telles que SWIFT, et à éroder la primauté mondiale du dollar américain, ainsi que la manière dont les sanctions financières contre la Russie pourraient avoir un impact sur ce système.
Les sanctions américaines et européennes interdisant à la Russie l’accès à une grande partie du système bancaire international, le Bangladesh s’est efforcé de trouver des moyens de régler des remboursements d’une valeur de 110 millions de dollars pour la centrale nucléaire de Rooppur, toujours en cours de construction. Une délégation de importante de la Russie et du ministère des finances du Bangladesh a convenu que les factures pourraient être réglées en yuans.
Les experts de la communauté politique chinoise ont estimé que la mise en place du CIPS était encore plus cruciale en tant qu’impératif de sécurité nationale.
Les BRICS vont devenir une alternative au FMI
Au printemps 2023, la Tunisie et son président Kaïs Saïed, se sont permis le luxe de se passer du FMi pour financer son budget. La Tunisie s’est tournée logiquement vers les BRICS. Le président tunisien a indiqué qu’il “refusait les conditions imposées par le FMI à la Tunisie”. Le FMi devait accorder un prêt de 1,9 milliards de dollars et l’examen du dossier a été repoussé à des dates qui ne correspondaient pas aux échéances de la Tunisie. Le chantage aux prêts est une des spécialités du FMI qui applique la politique des Etats Unis et impose sa loi et ses sanctions selon son bon vouloir.
Maintenant il existe une alternative et ce sont tous les pays africains qui vont pouvoir se restructurer sans craindre une intervention militaires ou une ingérence des services secrets américains.
« La Tunisie a moins de risque comparé à l’Égypte, la Zambie et le Ghana mais des mesures urgentes sont toujours nécessaires pour finaliser les arrangements relatifs au plan de sauvetage d’une valeur de 1,9 milliard de dollars », a estimé la directrice du Fonds monétaire international.
Le président tunisien s’oppose aux diktats du FMI, qui impose au pays pour valider son crédit de d’obtenir une levée graduelle des subventions étatiques sur les produits de base, dont les carburants, et la restructuration d’une centaine d’entreprises publiques criblées de dettes.
Le Conseil tunisien des relations internationales a organisé en partenariat avec l’ambassade de Chine à Tunis, un colloque en novembre 2023, dédié à cette initiative pour évaluer ses résultats. Et ce, dans un contexte de grande compétition internationale, voire de guerre commerciale.
La réflexion portera aussi sur la coopération tuniso-chinoise cinq ans après la signature, le 11 juillet 2018, du Mémorandum d’entente entre les deux pays scellant l’adhésion de la Tunisie à l’initiative chinoise, ainsi que les perspectives qui s’offrent à la Tunisie et au Maghreb de façon générale dans le cadre du FOCAC (Forum sur la coopération sino-africaine) et le FOCSA (Forum sur la coopération sino-arabe).
Le maroc a subit la foudre du FMI en 2019. Depuis la mission de Nicolas Blancher pour le compte du FMI en 2019, le Maroc doit céder 4% de ses actifs d’entreprises nationales. Cette privatisation est la garantie du prêt de 3 milliards de dollars accordé par le FMI. Le Roi du Maroc mesure bien le déclin économique de son pays comme tous les autres pays africains.
Nicolas Blancher est un « Economic Hit Man », (tueur à gage économique). Sa mission exécutée il laisse la place à la Banque des Règlements Internationaux le soin d’absorber la Banque Centrale du Maroc.
« A cet effet, le conseil d’administration de la BRI a décidé de coopter les Banques centrales du Koweït, du Maroc et du Vietnam pour adhérer à la BRI » communiqué de la BRI en janvier 2020.
L’ancien chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, répétait à maintes reprises une phrase que Christine Lagarde lui aurait dite : « Vos politiques, nous ne vous les dictons pas, vous nous les inspirez ».
A terme le FMI sera un acteur mineur, il va se heurter aux nouvelles structures des BRICS qui deviennent une nouvelle alternative pour les pays qui hésitaient à de défaire de l’emprise américaine.
Si le FMI frappe à votre porte c’est tout simplement que vous êtes en faillite et que vous serez forcé de changer votre politique. Si la Chine vient vous voir c’est qu’elle veut se développer et vous aider conserver vos politiques.
Geopolintel 26 décembre 2023
