Ingérences étrangères dans la recherche : pourquoi la DGSI monte au front
ENQUÊTE Face à la hausse du nombre d’ingérences étrangères, notamment chinoises, visant le monde de la recherche, la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) a décidé de muscler ses capacités de détection. État des lieux.
La décision remonte au mois de juillet 2021. Inquiet du nombre croissant d’ingérences étrangères visant le monde de la recherche, le cabinet de la ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’Innovation, Frédérique Vidal, s’en ouvre à Nicolas Lerner, le patron de la Direction générale de la sécurité intérieure ().
Dans la foulée, le service de renseignement basé à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), qui a historiquement la main sur le sujet, décide de mettre en œuvre un plan d’action. Il prévoit d’envoyer plus fréquemment les contre-espions de la sous-direction K, spécialisée dans la contre-ingérence économique, au contact du monde de la recherche (présidents d’Universités et d’établissements de recherche, directeurs d’unités...).
Le service entend profiter de ces échanges pour faire de la pédagogie autour des outils permettant de contenir ces raids étrangers, comme les zones à régime restrictif (ZRR) qui délimitent l’espace dans lequel peuvent travailler étudiants et doctorants. La DGSI choisit aussi de muscler son dispositif de prévention en consacrant au moins une fois par an, l’un de ses « Flash ingérence économique » à la question de la recherche - le premier a été envoyé ce lundi 25 octobre.
« Les atteintes ou vulnérabilités détectées dans le monde de la recherche dépassent les 200 cas chaque année, précise à Challenges une source ministérielle. Nous considérons que ce chiffre devrait augmenter dès lors que nous renforçons le suivi. Notre ambition est que le monde de la recherche, qui est soumis à des injonctions contradictoires, entre cette nécessaire vigilance et la volonté de coopérer avec d’autres pays, prenne davantage conscience des menaces que font peser sur lui certains États, en premier lieu la Chine. » Pékin a été pointé du doigt dans plusieurs rapports récents comme celui du Sénat sur les « influences étatiques extra-européennes dans le monde universitaire et académique français ». , il a mis en lumière la « stratégie globale et systémique »[...]
La NSA a écouté l’Elysée selon WikiLeaks
Les Etats-Unis et leur agence de renseignement ont espionné les communications de la présidence française, depuis 2004, révèle le site lanceur d’alertes WikiLeaks. François Hollande, Nicolas Sarkozy et Jacques Chirac ont été écoutés, d’après les documents confidentiels qui ont été publiés.
Le « projet Pegasus » est-il le plus gros scandale d’espionnage depuis les révélations d’Edward Snowden à propos de la NSA ? Réponse avec Asma Mhalla, spécialiste des enjeux de surveillance.
« Si ces faits sont avérés, ils sont très graves. » En apprenant qu’un des téléphones d’Emmanuel Macron a pu être surveillé par le logiciel espion Pegasus, pour le compte du Maroc, comme l’a révélé le consortium international de journalistes Forbidden Stories et ses 16 partenaires, dont la cellule investigation de Radio France, l’Elysée a montré son indignation et a promis que « toute la lumière [serait] faite sur ces révélations ». Huit ans après le scandale de la surveillance de la NSA mis en lumière par Edward Snowden, le projet Pegasus est « potentiellement pire », selon Asma Mhalla, maître de conférence à Sciences Po Paris France Info
Macron a parlé du logiciel espion Pegasus avec son homologue israélien
Le Premier ministre israélien Naftali Bennett a discuté lundi à Glasgow avec Emmanuel Macron de la société israélienne NSO à l’origine du logiciel Pegasus, soupçonné d’avoir piraté les téléphones du président et d’autres responsables français, a indiqué à l’AFP une source diplomatique à Jérusalem.
M. Bennett, ancien ténor de la tech israélienne ayant succédé en juin à Benjamin Netanyahu à la tête du gouvernement israélien, a rencontré pour la première fois M. Macron en marge de la conférence sur le climat COP26 à Glasgow, en Écosse. Les deux hommes ont évoqué la question du programme nucléaire iranien et des dossiers bilatéraux, lors de cette rencontre « cordiale » et « chaleureuse », ont indiqué les services du Premier ministre israélien.
« M. Bennett a évoqué le dossier NSO lors de sa rencontre avec le président Macron. Les deux dirigeants se sont entendus sur le fait que cette question doit continuer d’être traitée de manière discrète et professionnelle, et dans un souci de transparence entre les parties », a déclaré une source diplomatique à Jérusalem.
Le groupe NSO s’est retrouvé exposé cet été après des enquêtes publiées par un consortium de 17 médias internationaux, révélant que son logiciel Pegasus aurait permis d’espionner les numéros de journalistes, hommes politiques, militants ou chefs d’entreprises de différents pays.
Une fois installé dans un téléphone mobile, Pegasus permet d’espionner son utilisateur, accédant à ses messageries, ses données, ou activant l’appareil à distance à des fins de captation de son ou d’image.
Selon les informations du consortium, un numéro d’Emmanuel Macron, de l’ancien Premier ministre Édouard Philippe et de 14 membres du gouvernement figuraient dans la liste des numéros sélectionnés par un service de sécurité de l’État marocain.
Les téléphones mobiles d’au moins cinq ministres français et un diplomate rattaché à l’Élysée ont été infectés par le logiciel espion, avaient expliqué plusieurs sources proches du dossier.
Fin juillet, une délégation menée par le ministre israélien de la Défense Benny Gantz s’était rendue à Paris pour discuter du groupe NSO. Un haut responsable de NSO avait alors soutenu que le président Macron n’avait pas été ciblé. Et le 22 octobre, l’Élysée avait fait état de discussions entre Emmanuel Bonne, proche collaborateur de M. Macron et Eyal Hulata, conseiller à la sécurité nationale de M. Bennett.
Selon le site spécialisé Axios, Eyal Hulata était venu à Paris pour faire des propositions pour tenter d’apaiser les tensions entre les deux pays après les révélations du volet français de l’affaire Pegasus.
Dimanche, le groupe NSO a annoncé que son fondateur Shalev Hulio quittait son rôle de PDG pour devenir « président mondial » et vice-président du conseil d’administration. Il est remplacé par Isaac Benbenisti.
Le logiciel Pegasus doit, comme du matériel militaire, obtenir une licence d’exportation du ministère de la Défense israélien pour être vendu à un Etat étranger.