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Livraisons d’armes françaises à l’Ukraine : Alexis Corbière a-t-il brisé un « secret défense » ?
Interrogé ce mercredi matin sur France info sur la stratégie que son candidat Jean-Luc Mélenchon adopterait face à l’Ukraine, le député de la France insoumise Alexis Corbière a affirmé que la France ne livrait « que des gilets pare-balles et quelques missiles anti-char ». Problème : le ministère des Armées refuse de dévoiler la nature de ces livraisons pour des raisons stratégiques.
Face à l’étonnement des journalistes, s’en est suivi un rétropédalage immédiat du porte-parole de Jean-Luc Mélenchon, qui siège en outre à la commission de la Défense nationale et des Forces armées. « Je siège à la commission de Défense et armée. (…) Je n’en sais rien mais ça peut ressembler à ça, a-t-il répété. De toute manière, c’est au gouvernement français de vous dire les choses. »
Dans un contexte où la France, contrairement aux Etats-Unis ou d’autres pays européens, refuse de communiquer sur le contenu de ses livraisons d’équipements militaires à l’Ukraine, depuis le début de l’invasion russe, afin de ne pas apparaître comme un belligérant, la déclaration d’Alexis Corbière n’a pas manqué de faire réagir en pleine campagne présidentielle. « Après les déclarations irresponsables de Bruno Le Maire, voici Alexis Corbière qui trahit des informations essentielles de la Commission de la Défense de l’Assemblée nationale », a pourfendu sur Twitter la candidate du RN, Marine Le Pen.
Même le candidat du Parti communiste, Fabien Roussel, a déploré la confidence d’Alexis Corbière : « La période est grave. Elle nécessite sérieux et esprit de responsabilité. On ne communique pas sur des informations secret défense. »
Le porte-parole de la France Insoumise a tenu sa ligne de défense après l’émission, expliquant qu’« aucun parlementaire n’est d’ailleurs habilité » à avoir accès des informations classées secret défense et qu’il s’est appuyé sur les déclarations « lu dans la presse ».
Interrogé sur le sujet ce mercredi matin, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a sévèrement taclé Alexis Corbière et dévoilé qu’une réunion à huis clos avec la commission de Défense de l’Assemblée nationale avait eu lieu et que les participants avaient été informés de la liste des équipements fournis. « Qu’un député membre de cette commission se permette de relayer des informations communiquées dans le cadre de cette réunion, ce n’est pas responsable, a dénoncé Attal. Par ailleurs, c’est fait dans des conditions de légèreté et d’approximation soutenues. J’appelle à la responsabilité. Il en va de la sécurité des Ukrainiens. » Parole contre parole… La France se montre en tout cas très peu bavard quand il s’agit de dévoiler le contenu de ses livraisons en Ukraine.