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Par décret du Président de la République, Madame Emmanuelle WARGON est nommée Présidente de la Commission de régulation de l’énergie (CRE) pour un mandat de six ans non renouvelable.
En tant qu’organe indépendant, le chef de l’Etat ou le gouvernement ne peut rien exiger d’elle.
La Commission de Régulation de l’Energie (CRE) est un organe public français visant à surveiller la bonne mise en place de la concurrence sur les marchés de l’énergie en France « au bénéfice du consommateur ».
Lors de ses auditions parlementaires, Madame Emmanuelle WARGON a annoncé que ses trois grandes priorités seront de contribuer à
- la souveraineté énergétique et à la sécurité des approvisionnements
- protéger à court et à long terme les consommateurs particuliers et les entreprises
- accélérer la transition écologique en soutenant le développement de sources d’énergie décarbonées, nucléaire et renouvelables et en promouvant la sobriété et l’efficacité énergétique.
Emmanuelle Wargon (CRE) presse les entreprises de signer leur contrat d’électricité pour 2023
Déjà prudente par rapport à la temporisation encouragée par Emmanuel Macron fin septembre, la présidente de la Commission de régulation de l’énergie appelle désormais les entreprises à au moins entamer des discussions avec les fournisseurs qui n’ont plus quelques jours avant de soumettre leur demandes d’électricité à bas prix dans le cadre de l’Arenh.
« Ne les signez pas ! » C’est ce que clamait fin septembre Emmanuel Macron à l’endroit des entreprises au sujet du renouvellement de leur contrat d’électricité. Le président de la République était alors en pleine négociation européenne afin de parvenir à une réduction des prix de marché qui s’étaient envolés durant l’été et se maintenaient sur un plateau particulièrement élevé. Dans la foulée de cette prise de position, Emmanuelle Wargon avait préféré conseiller aux entreprises de ne pas non plus « attendre la dernière minute ».
Un mois et demi plus tard, le message de la présidente de la Commission de régulation de l’énergie (CRE) est clair ce mercredi dans les colonnes de Figaro :
« Il faut vraiment signer maintenant, ou à tout le moins trouver un fournisseur et engager des discussions sur les contrats d’électricité 2023. »
D’après les fournisseurs qu’elle a rencontrés, la moitié des entreprises en quête d’un contrat pour l’année prochaine en ont signé mais un nombre important n’ont toujours pas ne serait-ce que demander un devis.
Plus que 5 jours pour profiter de l’Arenh
Sauf que le temps presse à présent, notamment en raison de cette date butoir du 21 novembre qui correspond à l’échéance à laquelle les fournisseurs d’électricité doivent déposer leurs demandes d’électricité nucléaire à bas prix dans le cadre du dispositif Arenh. Pour rappel, ces demandes sont déterminés à partir des prévisions de consommation des clients pendant les heures où la demande est faible, c’est-à-dire au mois de juillet et août, les week-ends et jours fériés et la nuit entre avril et octobre. L’Accès réglementé à l’électricité nucléaire historique permet aux entreprises et collectivités de bénéficier d’un tarif de l’électricité à 42 euros le mégawattheure contre près de dix fois plus sur le marché actuel pour environ la moitié de leur consommation.
« Avec un prix de marché actuel aux alentours de 400 euros le mégawattheure (MWh), l’écart entre un contrat avec Arenh et un autre sans Arenh s’élève à environ 200 euros par MWh, souligne Emmanuelle Wargon. Il en va donc contre l’intérêt des entreprises et des collectivités de ne pas signer actuellement. Cela ne sert plus à rien d’attendre [...] Même si les prix continuent de diminuer sur les marchés, ils ne seront jamais moins chers que les 42 euros de l’Arenh. »
Malgré les difficultés d’EDF à le tenir, les projections du calendrier de relance du parc nucléaire ont d’ores et déjà tiré les prix de l’électricité vers le bas, notamment pour le mois prochain pour lequel ils ont été divisés par deux grâce au redémarrage anticipé de plus de 10 réacteurs. L’attentisme est d’autant plus inutile que le Parlement a fait passer le mois dernier un dispositif pour limiter la partie du coût de l’électricité des PME issue du marché à 325 euros le MWh, le surplus étant pris en charge par l’Etat.
Rapprocher le prix du marché du coût moyen de production
Alors que plusieurs fournisseurs « ne jouaient pas le jeu », Bruno Le Maire les avaient réunis à Bercy le mois dernier pour leur faire signer une charte dans laquelle ils s’engageaient « à fournir aux PME de l’énergie à un tarif raisonnable dans des conditions et délais raisonnables. » A cet égard, la CRE maintient son niveau de surveillance grâce à des pouvoirs d’investigation renforcés. D’après Le Figaro, deux fournisseurs sont ainsi ciblés par une enquête tandis que cinq autres sont dans le viseur de l’instance, au stade de la pré-enquête.
« Mon objectif, c’est que 100% des fournisseurs soient en capacité de fournir leurs clients dans les bonnes conditions, que ce soit par temps calme ou par gros temps, indique Emmanuelle Wargon. Si certains n’en sont pas capables, mon travail est de faire en sorte que les clients ne soient pas lésés. »
Comme le nouveau patron d’EDF, la présidente de la CRE plaide pour une révision de l’Arenh, entré en vigueur il y a plus de dix ans et qui expire en 2025 : « Ce mécanisme atteint ses limites. Plus vite la France réussira à mettre en place un nouveau dispositif, permettant de mieux concilier intérêt d’EDF et bas prix pour les clients, mieux ce sera. La réflexion actuelle de la Commission européenne sur une réforme du fonctionnement du marché de l’électricité, qui porte sur la création d’un segment de marché pour le moyen-long terme, qui refléterait davantage les coûts de production, pourrait aider à trouver un remplaçant à l’Arenh. »