Directeurs et commissaires
Premier point d’analogie, le pouvoir éco-politique et la domination sociale sont exercés par des groupes très restreints, non élus, oligarchiques où les décisions se prennent de façon plus ou moins collégiale. Nous n’entrerons pas dans les critères de sélection, de cooptation ou de légitimation de l’admission dans ces consistoires ou sacrés collèges, tel ce grand aïeul que fut le Politburo [2] en Union soviétique précurseur des commissaires [3] non-élus de l’Union européenne, des membres du G7 ou des divers clubs de décideurs qui se cooptent selon des affinités idéologiques et un certain potentiel d’influence, tels Bilderberg [4] , Commission trilatérale, Council on Foreign Relations et cætera. De même que pour tous les cartels de décideurs dont les membres, inconnus des foules ou dont les identités, les tenants et les aboutissants, les appartenances à tel ou tels réseaux ce pouvoir, ne sont ni publiés ou médiatisés, mais constituent les centres et les sources réels des décisions engageant sur le long terme l’existence des hommes, la vie ou la survie des peuples et des nations. Le groupes de pression idéologiques, religieux et politiques, les multiples fondations de recherches géostratégiques anglo-américaines, les Églises évangéliques et les mouvements messianiques judéo-chrétiens, les directoires de complexes industriels défendant des intérêts transnationaux, les conseils d’administrations financiers et bancaires, tous participent d’un pouvoir décentralisé, disséminé, mais aussi, paradoxalement, hyperconcentré.
Faut-il voir dans la République des Doges [697/1797], puissance marchande thalassocratique, l’annonciatrice des empires maritimes anglais et américain, et dont les patriciens ne se déplaçaient que masqués, une préfiguration d’un certain système d’exercice occulte du pouvoir ? On reverra à ce propos le testament du réalisateur et grand initié Stanley Kubrick « Eyes wide Shut » (1999).
L’hyperclasse et ses institutions écrans
Au-delà de ces directoires protéiformes gravitent bien entendu des cercles successifs de pouvoir. Ceux qui se trouvent plus ou moins associés aux décisions de ces directoires, soit en y participant directement, soit par leur influence (notamment idéologique) ou par leur expertise (évaluation rationnelle des situations et choix pragmatiques), soit encore par leur poids, tous forment ce qu’il convient de nommer l’Hyperclasse. À Washington, les proches conseillers de la Maison-Blanche assistés d’une foule d’idéologues et doctrinaires, la plupart néo-conservateurs issus des mouvements radicaux (au sens américains : ultragauche et trotskistes) ou libéraux (idem, c’est-à-dire gauchistes) œuvrent au sein de divers think tanks, tous participent indistinctement à la consolidation du pouvoir en tant que lobbyistes, planificateurs ou stratèges des politiques d’expansion et d’hégémonie à échelle mondiale.
Ces groupes formels, ou plutôt, pour l’essentiel informels, agissent en marge des pouvoirs institutionnels de façade, eux juridiquement définis et réglés, c’est-à-dire offrant une certaine visibilité, mais cela sur le papier car l’écart existant entre la réalité scripturale ou verbale, principes énoncés, déclarations et textes légalement définis, et la réalité vraie, est considérable. Institutions et définitions légales ne sont à ce titre, la plupart du temps, que des habillages destinés à servir de compères aux pouvoirs parallèles ou à abuser la foule des esprits géométriques ayant la passion de se payer de mots. Ainsi l’UE en guerre permanente sur sa périphérie depuis le Traité de Maastricht revendique, sans rougir, la paix comme sa plus belle réussite passant par pertes et profits, vingt-huit ans de guerre mésopotamienne, sept années de guerre balkanique, dix-sept de massacres afghans, sept ans de guerre glocale syrienne, ainsi qu’au Maghreb, au Sahel et en Afrique subsaharienne…
Pendant que s’agitent sur la scène politique et médiatique, parlementaires et ministres, lesquels n’ont le plus souvent aucun réel pouvoir sur les grands choix. Ainsi en 1999 le Parlement français ne sera pas consulté une fois lors de l’offensive de l’Otan contre la Fédération yougoslave hors de tout légalité internationale, soit sans mandat du Conseil de Sécurité. Guerre engagée à la seule décision et au nom de la France du Premier ministre socialiste, M. Jospin, issu comme beaucoup de ses pairs américains, des rangs trotskistes… Notons que les marionnettes et fantoches politiques qui nous gouvernent officiellement, n’ont trop souvent qu’une connaissance et une compréhension limitée des dossiers dont ils ont à connaître. Notamment en ce qui regarde les enjeux véritables à terme qui y sont liés. S’y ajoute une faible marge de manœuvre quant à l’exécution des politiques résiduelles qui leurs échoient, telle la charge d’adapter en droit vernaculaire et de mettre en œuvre les directives (oukases) du Politburo bruxellois.
Hyperconcentration et nomenklaturas prébendières
La maîtrise exclusive et monopolistique des forces financières, partant le contrôle de l’économie, se trouve concentrée entre quelques mains. Quelle différence établir entre l’économie d’État des régimes dits collectivistes [5] où la propriété individuelle a été abolie au profit d’un salariat généralisé, et la concentration de moyens capitalistiques, réels ou virtuels, entre les mains d’oligarchies financières, bancaires ou industrielles accompagnant la disparition de la propriété patrimoniale au profit d’une nomenklatura actionnariale et directoriale (voir « The managerial Revolution » James Burnham 1941) et la création d’une masse indifférenciée d’employés et salariés plus ou moins jetables (consommables) en fonction de la conjoncture, des gisements de main d’œuvre et des fluctuations de la bourse des matières premières de Chicago ?
La création de nomenklaturas, de gestionnaires, administrateurs, corps d’experts, bureaucraties électives, grands patronats, grassement rémunérés et récompensées… Telles les bureaucraties d’entreprise regroupant et dirigeant des armées de rouages humains hautement spécialisés, ou encore la bureaucratie et la technocratie bruxelloise et tous les services dits publics, mais de plus en plus privatisés, des États satellites, lesquelles s’alignent progressivement sur les normes juridiques édictées par l’Empire central, un gouvernance mondiale encore informelle mais déjà bien réelle.
Les deux systèmes conduisent l’un comme l’autre à l’atomisation sociale, à la massification au sein de foules anonymes, à isoler l’individu coupé de tout groupe social de référence, à commencer par la famille, pour le laisser seul – et démuni – face aux bureaucraties et à la technostructure des deux systèmes, qu’elles soient collectivistes ou dévolues à la gestion et à la régulation du bétail social… L’homme n’est-il pas un animal social condamné à faire tourner la roue infernale du cycle de production-destruction, centrifugeuse qui assure la multiplication au moyen d’une circulation de plus en plus accélérée des liquidités réelles et virtuelles, instruments de puissance nécessaires à la prise de possession ou au contrôle du territoire planétaire ?
En effet, produire et consommer constituent le couple d’énergies, moteur du « progrès » et de la « croissance », permettant la respiration, la pulsation vitale - destructrice de la planète, de ses ressources et de ses réserves - d’un modèle économique et sociétal, parasite mortel de la nature et des hommes. Ce que certains auteurs nomment sans rougir un « modèle de civilisation » ! Le communisme a-t-il été un modèle de civilisation ? L’hyper capitalisme pareillement n’est en réalité certainement pas un modèle imitable ou exportable, mais dont la progression est néanmoins irrésistible par capillarité ou par percolation s’imposant de sa seule et massive inertie systémique. Une tyrannie déguisée - les pourceaux n’étant gavés que pour finir à la boucherie de guerres sans limites ou à la casse des plans dits sociaux – dont le moteur alternatif fonctionne en accélération de crise en crises, de guerre en guerres, de production en destructions brutales, un progrès dont la limite aussi prévisible qu’inéluctable ne peut être que l’abîme.
De l’atomisation collectiviste à la monade individualiste
On sait que le communisme ne voulait créer et connaître que des individus singuliers, rouages anonymes de la grande machine sociale. Dépouillé de tous ses biens propres, de son espace vital – appartements collectifs, expropriation des paysans, déracinés et prolétarisés, contraints à devenir ouvriers et manœuvres dans ces usines agricoles que furent les kolkhozes et les sovkhozes – l’homo sovieticus de la belle époque voyait son propre fils invité, si nécessaire, à le dénoncer à la police politique en raison d’éventuelles déviances idéologiques et comportementales. Le fils ennemi du père ennemi de classe, un cri qui retentit tout au long du XXe Siècle et qui devint l’un des slogans de 68… « Familles je vous hais » [6] n’étant que la transposition de l’utopie émancipatrice que des illuministes désaxés proposaient aux fous et aux foules dans un monde « sans dieux ni maîtres » ou par conséquent où « tout serait permis » [7] . On sait comment furent récompensées les masses ahuries pour avoir écouté le chant de sirènes et ce que leur promettait Lénine en 1917 : « La terre et la paix », les pires des servitudes, non seulement celle des corps avec la Tchéka et le goulag, mais en outre celle de l’esprit.
De la même façon l’idéologie consumériste s’emploie au formatage de l’homo œconomicus dès sa plus tendre enfance. Des publicités audiovisuelles sont scientifiquement conçues pour les enfants en bas âge à partir de leur huitième mois [8]. La directrice de l’Unesco, Mme Dominique Azoulay, vient de faire de faire publier en anglais les nouvelles normes internationales relatives à l’éducation sexuelle (permissive et démocratique) de la planète. Selon lesquelles les jeunes pousses de cinq à huit ans devront être en mesure de pouvoir librement définir leur genre indépendamment de leur sexe biologique… l’idéal à atteindre étant à n’en pas douter celui du petit Desmond Napoles, dix ans, drag kid et vedette incontestée de la Fashion Week de New York le 11 février 2018.
Simultanément, toujours aux États-Unis, une famille de l’Ohio se voyait par décision de justice, retirer la garde légale de leur fille pour lui avoir refusée l’accès aux traitements hormonaux destinés à en faire un garçon. Dans le même ordre d’idée que le projet récurrent (depuis le Premier ministre lambertiste Lionel Jospin) visant à rendre obligatoire la scolarisation des marmots à deux ans… projet qui entend - à l’évidence - donner à l’État la capacité d’un conditionnement précoce des personnalités (sous couvert de socialisation), en les soustrayant à l’influence familiale, a priori néfaste en tant que véhicule délétère de valeurs contra modernistes.
Comprenons bien que cet univers éthiquement totalitaire (l’Égalité de tous entre tous - races, sexes, classes – comme critérium suprême de la Morale consuméro-messianique), est un quasi décalque du communisme apatride… L’économie transfrontières qui requiert des consommateurs uniformisés, calibrés (comme les œufs produits industriellement), prévisibles et traçables à merci, fervents pratiquants de la religion universaliste des Droits de l’homme, aboutit à fabriquer des individus aussi standardisés que les robots (travailleurs) humains peu ou prou stakhanovistes du socialisme réel. N’est-ce pas en effet le Meilleur des mondes dont rêvait Lénine ? Mais qu’il fut incapable de mettre sur les rails hors une implacable et sanglante tyrannie !
Bref, dans les deux cas les singularités (les individus singuliers, mais toujours rattachées à des catégories humaines et économiques), sont devenues, pour ainsi dire, des monades [9] totalement coupées de toute réalité organique (famille, communautés de territoire ou de travail, nation, etc.). Or les hommes noyés dans et par le Système se persuadent d’être libres quelles que soient les rigueurs et la sécheresse du régime qui les asservit et les broie, ceci dans le tohu-bohu, le tumulte chaotique et décérébrant de perpétuels et incessants bombardements médiatiques. En tout cas, même si ce but n’est pas défini ou n’apparaît pas clairement comme tel, la logique systémique de la consommation et la segmentation toujours plus fine des marchés dans la confusion la plus extrême des races, des classes et des sexes, y conduit bel et bien. Solve et coagula, dissoudre et massifier, sont pour les deux systèmes, collectiviste et anarcho-capitaliste, les deux faces diaboliques d’un seul et même concept, d’un seul et même modus operandi, d’une seule et même finalité.
Contrôle sociétal
L’envers de la Liberté, miroir aux alouettes (sans dieu ni maître parce que les puissances modernes sont devenues anonymes et bureaucratiques), tient en ce maillage toujours plus serré de contraintes collectives (parmi lesquelles le corset intellectuel du politiquement correct) et de contrôle sociétal omniprésent (ne vivons-nous pas constamment pistés par l’œil des caméras ?), soit le prix à payer pour l’irresponsabilité individuelle, le renoncement à l’assumation de son destin, de ses erreurs et de ses fautes (le péché n’existant plus).
Caporalisation et surveillance permanentes sont donc le lot commun. Mais dans une société sans règle fixe, les erreurs de codage se multiplient : déviances, délinquances prolifèrent. Reste que le seul crime véritable demeure la velléité de vouloir échapper à l’emprise matricielle et la dénonciation du méga mensonge démocratique (big lie). Penser étant a priori suspect, cet acte constitue la plupart du temps un quasi-délit, voire dans certains cas un crime. Nos dissidents en savent quelque chose. Là encore l’Union soviétique a ouvert la voie et pareillement dans l’univers hypercapitaliste où tout est organisé et administré pour refouler la pensée ou la tuer dans l’œuf… De ce point de vue, le système est parfaitement verrouillé, la relative et ultime exception étant encore la Toile néanmoins utilisée - a contrario - pour identifier, répertorier et traquer les déviants de l’orthodoxie mentale… aujourd’hui soi-disant sous couvert de fake news.
Pensée totalitaire et crimes d’opinion
En effet, outre l’encadrement de la vie quotidienne régie par des réglementations et des nomenclatures comportementales de plus en plus contraignantes (à comparer avec le terrible ordre moral d’antan), le contrôle social s’étend à nos cerveaux, le crime contre la pensée dominante étant désormais le seul crime réellement inexpiable. À telle enseigne que l’exercice suspect de la pensée, surtout celui de la raison critique, est un critère de marginalisation, un motif d’exclusion voire de mort sociale pour ceux qui sont déclarés atteints de cette tare psychique… Dans ce contexte d’asphyxiante tyrannie consensuelle – contre laquelle se dresse les nouvelles classes dangereuses que sont les nouvelles générations issues de l’immigration [10] - la scolarisation et l’enseignement visent donc exclusivement au formatage idéologique républicain.
Reste qu’un réel désarroi se fait jour chez ceux qui, croyant en finir avec la matrice ethnique du Vieux continent au moyen d’une immigration extra-européenne massive, se retrouvent maintenant avec un Golem détraqué de moins en moins maîtrisable [11].
Mettons également en parallèle, d’un coté la vulgate matérialiste et ses autocritiques publiques du pays des soviets avec de l’autre, la dogmatique sacralisée des droits de l’homme associée au contrôle psychique, l’hygiène mentale façon pub Benetton, la psychanalyse et les groupes de paroles, assortie d’une pestilentielle manie des excuses publiques (présentées comme rédemptrices) à tout bout de champ. Si l’éventreur feint le repentir il est automatiquement absout… tel est le génie du capitalisme financiariste qui de tout, fait ventre !
Dictature de la pensée normative politiquement correcte, terrorisme intellectuel et confiscation absolue de la parole publique, établissent les conditions d’une censure hermétique… qui n’existe pas, évidemment. De tous côtés les fausses élites parasitaires (qui singent ou miment les anciennes aristocraties, mais sont faisandées jusqu’à la moelle, au moins depuis 1981 avec l’arrivée sur le devant de la scène de la génération 68) se gavent sans vergogne de drogue, de sexe et de gros argent et se montrent abondamment et cyniquement usurpatrices du pouvoir naturel en pratiquant extensivement la falsification du réel… à commencer par les statistiques dont le bidonnage est un sport éminemment républicain [12] digne du dopage d’État des athlètes de l’ère brejnévienne ; idem pour le sordide bidouillage des sondages selon des normes strictement orwellienne !
Le Socialisme réputé viser la Paix, tout comme le libéralisme ultra censé apporter prospérité et liberté (plus le sida et le papillomavirus), sont en réalité des doctrines de guerre sociale. D’abord, extérieure (conquête des marchés et extension des sphères d’influence), ensuite intérieure puisqu’il faut faire table rase de tous les éléments culturels, confessionnels, ethniques et historiques pouvant faire obstacle à la fluidification des échanges et à l’imperium commercial. La vérité, et non les mots et les paroles verbales, établit sans conteste que « le Socialisme, c’est la guerre » : un fait empiriquement et historiquement vérifié. Tout comme l’exportation du modèle démocratique dont le kit – la boîte d’assemblage - comprend le passage à l’économie de marché au moyen de dérégulations (sens et mot anglo-saxon) massives, autrement dit l’effacement de l’État (objectif prétendu du collectivisme) et le démantèlement des Nations. Le tout s’accompagnant du dérèglement des mœurs et une permissivité ad libitum. Langue de bois et désinformation sont en sus les instruments privilégiés de l’ingénierie sociale, autrement dit la manipulation des masses, soit le viol permanent des foules par la propagande et la publicité… À la soumission physique des vaincus et des serfs, à la servitude ancestrale des corps, s’ajoute maintenant l’asservissement des esprits avons-nous dit… et pire, l’avilissement des âmes. À telle enseigne que l’on peut affirmer qu’à présent les peuples immergés au sein de la Matrice mondialiste baignent littéralement dans le liquide amniotique du mensonge.
Le terme de l’abondance est échu. Les temps cataclysmiques sont arrivés. Les crises se conjuguent maintenant pour balayer la terre des hommes. Alors que restera-t-il bientôt de notre Île planétaire ? Que nous réserve le proche avenir qui ne soit déjà inscrit dans le présent ? La démocratie totalitaire, la dislocation des nations, le chaos universel… et demain, les alliances trahies, la guerre de tous contre tous ! Reste-t-il encore une issue ? Les hommes affranchis du grand ordre cosmique trouveront-ils la ressource nécessaire au sursaut salvateur ? Échapperons-nous aux nouvelles servitudes auxquelles nous semblons destinés pour avoir renoncé à exercer, par lâcheté et paresse, toute souveraineté sur nos destins ? Ou bien la chape de la Matrice se refermera-t-elle sur le tombeau de l’humanité ?
Dixit Léon Camus, collapsologue impénitent, un an après la méga crise de 2008 et le krach des crédits hypothécaires à risque (subprimes).
Un siècle de socialisme – à dater de la Révolution d’octobre - et autant d’hypercapitalisme auront suffi à piller et épuiser les ressources de la planète. Les deux systèmes s’appuyant sur une volonté et un besoin d’expansion constant, autrement par la guerre, qu’elle soit économique, politique et d’influence culturelle (soft power) ou cyniquement militaire (hard power). Cette tendance invasive et destructrice marque indifféremment les deux logiques. Notons d’abord que, contrairement aux apparences – dans un monde dominé par la tyrannie consensuelle, le conformisme grégaire et la mort de la raison critique, les faits les plus énormes passent souvent inaperçus – le socialisme réel (c’est-à-dire le communisme) ne s’est jamais si bien porté qu’à présent et qu’il occupe au XXIe siècle une place de surchoix sur la scène géopolitique internationale.
Nous ne parlons pas seulement de la République socialiste du Viet Nam et de ses 93 millions d’âmes, ni des 25 millions d’habitants de la République populaire démocratique de Corée (Nord), mais de la République populaire de Chine et de son milliard et 379 millions de sujets [2016 Banque mondiale] dont le président Xi est, avec la modification de la Constitution chinoise voté le 11 mars 2018 par l’Assemblée nationale populaire, désormais élu à vie. Prolongation et consolidation d’un processus engagé par Vladimir Ilitch Oulianov dit Lénine pour la construction d’un système autocratique dominé par un parti monolithique et omnipotent de révolutionnaires professionnels, la nomenklatura, autant dire une caste d’élus… Ce à quoi se résument d’ailleurs toutes les avancées du Socialisme par ailleurs introuvable dans l’accomplissement de ses supposés idéaux.
Au demeurant ces États communistes grand teint ont pour pendant (pour vis-à-vis et partenaires) une importante partie de la population mondiale (toutes classes sociales et races confondues) pratiquant plus ou moins consciemment au quotidien la religion freudo-marxiste, et parfois en croyant même s’y opposer [13]… laquelle n’est ni plus ni moins dans son expression économique que le néo-libéralisme, théorisation savantes et alambiquée de l’anarcho-capitalisme, du règne de la dette pour tous et de la souveraine liberté du goupil dans le libre poulailler…
Quelques prodigieux imbéciles (ou des gens tels Alain Minc1 qui prennent leurs contemporains pour de fieffés crétins) veulent nous faire accroire que seuls les États nationaux seraient l’unique et ultime danger - un frisson d’horreur parcourt de les élites européistes et progressiste au vu de la montée des populismes en Europe et particulièrement, depuis une semaine, en Italie - et que le temple de l’hypercapitalisme mâtiné de dirigisme néo-stalinien (à savoir que le nouvel Empire du Milieu, bientôt N°1 planétaire devant la Grande Amérique) serait d’une bénévolence absolue « n’ayant jamais montré la moindre velléité d’expansion territoriale ». Il faut oser le dire et ignorer la farouche volonté de récupérer Formose (Taïwan), les tensions croissantes en Mer de Chine et l’édification d’îlots stratégiques artificiels, et pire encore, oublier le Tibet annexé en Mai 1951 sous couvert du Traité de Pékin relatif à sa libération par l’Armée populaire chinoise ! Mais le socialisme asiatique est paisible, nonobstant l’inexpiable guerre économique livrée à l’Europe avec l’active complicité des États-Unis…
De ce point de vue (et par ce seul exemple), l’on peut constater à quel point notre nouvelle noblesse cosmopolitiste, laquelle a prospéré sur la ruine intellectuelle et morale de nos sociétés, ceci en partie grâce à leur absolu mépris de l’indigénat européen et de toute honnêteté intellectuelle (fils et filles du père du mensonge - Jean 8.44), se moque éperdument de toute vraisemblance, mentant effrontément via l’outil décérébrant de la Novlangue orwellienne, alias le politiquement correct si consensuel… Ainsi l’Europe c’est la paix alors que nous (l’Otan) concentrons ces derniers mois, troupes et engins balistiques à moyenne portée en Europe orientale, menaçant directement la Fédération de Russie… et ce, pour ne pas parler de nos encore récentes et sanglantes ingérences en Géorgie (août 2008) et en Ukraine (Euromaïdan nov. 2013) !
Bref, Communisme et hypercapitalisme démontrent à chaque instant leur identité, non bien entendu dans les méthodes – encore que : la Chine où se rejoignent les deux mâchoires de la Tenaille, montre l’excellence de l’hybridation entre les deux systèmes, lesquels fonctionnent en osmose presque parfaite au sein d’un empire dont le stade ultime sera la combinaison d’un impérialisme économique et militaire classique et d’une révolution sociétale mondiale réussie.
Après tout Mai 68 a commencé en Chine deux ans auparavant avec l’iconoclaste Révolution culturelle et la « Pensée mao ». et puis qui vient aujourd’hui au secours du Continent africain (qui n’en finit pas de perpétuer son atavisme de massacres ethniques sur des monceaux d’or et de richesses naturelles) ? La Chine qui recolonise silencieusement un continent en perdition après le reflux des naïfs européens qui n’avaient pas suffisamment compris qu’il ne s’agissait pas de mettre en valeur ou d’exploiter des territoires et des ressources minérales, mais qu’il était beaucoup plus rentable de les mettre au pillage sous couvert de contrats de troc gagnant/gagnant (une route ou un hôpital contre une concession minière ou forestière). Une forme moderne de colonisation à laquelle personne n’avait pensé sans toutefois y trouver à redire…
Deux dimensions structurelles : criminelle et belliciste
Il n’est pas question d’écrire ici un traité mais qui ne voit que se mêlent aujourd’hui les eaux putrides de l’économie souterraine (criminelle et organisée : narcotrafics, œuvres d’arts, armes, êtres humains, prostitution, jeux, etc.), épandage qui inonde la planète jusqu’à rendre indiscernables ou indissociables quant à leur origine les différents flux financiers devenus de facto intraçables. Comment en effet distinguer entre le licite et l’illicite, entre l’argent sain et l’argent sale ? De ce point de vue, quel rôle jouent actuellement les puissantes Triades chinoises, notamment à Hong Kong passerelle et tremplin vers la Californie ? Il serait intéressant de le connaître. En Russie, la transition du collectivisme à l’économie de marché s’est opérée par le truchement de la criminalisation de l’économie et a donné lieu à de véritables guerres des gangs entre rivaux (pour s’adjuger les dépouilles du patrimoine soviétique à commencer par les arsenaux). À l’Ouest en général, l’économie parallèle (criminelle) devient de plus en plus une véritable variable d’ajustement assurant une certaine régularité (continuité et stabilité) à l’économie par l’afflux régulier de capitaux dans certains secteurs de l’économie ouverte et sans lesquels ils péricliteraient.
Pour ce qui est spécifiquement des États-Unis, il ne fait nul doute que le crime organisé y joue un rôle essentiel jusqu’aux plus hauts niveaux de l’appareil d’État. Ne serait-ce que par la place accordée aux lobbies (groupes de pression dont l’emblématique Aipac, État dans l’État) représentant des intérêts souvent très étrangers aux préoccupations vitales des citoyens américains. En outre le dépérissement tendanciel de l’État et sa faiblesse intrinsèque – la première année de la présidence Trump montre à l’envi à quel point la marge de manœuvre du chef de la Fédération américaine, est étroite, parfois inexistante - ont naturellement conduit à privatiser en grande partie les conflits [14]… qui ont eux-mêmes de multiples objectifs : la conquête de nouveaux marchés, l’accès ou l’acheminement des énergies fossiles ou encore, celle d’espaces d’influence (à comprendre au regard de la position des pions, petits et grands sur le grand échiquier mondial). Les guerres et conflits ont également une fonction essentielle de progrès dans les secteurs de hautes technologies, cela en dopant la recherche tout autant qu’en détruisant les réserves de matériels frappés d’obsolescence.
Ajoutons qu’après la crise de 1929, la Seconde guerre mondiale a été pour les E-U très réellement un moyen d’éloigner le spectre de la crise et de la récession. Le krach menaçait d’éclatement la fiction du rêve américain (à l’instar des bulles financières). Or c’est le mythe de l’abondance, de l’égalité des chances devant la richesse qui constitue le mortier, le collagène social sans lequel cet état composite, conglomérat de communautés et de peuples étrangers les uns aux autres, se disloquerait immanquablement. Rappelons en incidente à ce propos, que la volonté de conserver la maîtrise de l’Atlantique Nord n’a pas constitué la raison déterminante du ralliement des E-U aux franco-britanniques alliés contre le Reich allemand car, indéniablement la guerre a représenté pour les Américains le moyen de pallier les risques effectifs d’un nouveau collapsus économique et financier en prolongement du précédent de 1929. Ces mêmes motivations apparaissent à nouveau à la fin de la Guerre froide avec l’ouverture d’un cycle de conflits, au Proche-Orient. Des guerres certes liées au contrôle des grands gisements pétroliers et assurément pour la sécurité du 51e état américain, Israël, mais corrélativement et plus encore, pour la conservation et la préservation du dernier bastion du Dollar américain, à savoir les pétrodollars, monnaie d’échange exclusive dans les transactions pétrolières et gazières mondiales. Ce monopole devait être en effet défendu jusqu’à la mort… de Saddam Hussein, de Mouammar Kadhafi, et toujours peut-être demain de l’Iran ! Une hypothèse loin d’être absurde…