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L’armée française en admiration devant la CIA

vendredi 23 juin 2023

Selon le journal Les Échos, In-Q-Tel serait monté au capital de la start-up française Prophesee, ce qui représenterait une première dans l’Hexagone pour le bras financier de la CIA.
De l’argent de la CIA dans le système de défense en France n’est pas une première, Palantir et Soros on eu à prendre des participations dans le système de renseignement Français.
Le Wall Street Journal nous avait informé que Chris Darby, le PDG du fonds américain In-Q-Tel avait investi en secret dans des start-up. En 2016, il reconnaissait que sur un total de plus de 310 investissements depuis 2001, il y en avait environ une centaine qui n’avaient jamais été rendus publics.

En 2020, l’armée française avait même dû appeler à la rescousse son propre fonds d’investissement Definvest pour éviter qu’In-Q-Tel n’entre au capital de Preligens, spécialiste de l’analyse de données de géolocalisation pour le secteur du renseignement et de la défense.

La CIA voulait s’approprier Preligens

« Analyser les images est un enjeu crucial, et notre IA génère des alertes dès que des scénarios prédéfinis sont observés », poursuit Arnaud Guérin, dont l’entreprise a subi une tentative de rachat en 2020 par des investisseurs proches de la CIA, avant d’être sécurisée in extremis par des fonds français et européens, dont le fonds du ministère des Armées, Definvest.
preligens.com

In-Q-Tel, le fonds de la CIA qui fait rêver les militaires français

Parrain de Google Earth et de Palantir, qui vient de contracter avec la DGSI, In-Q-Tel finance les projets qui répondent aux problèmes technologiques de la CIA.

Pour financer son écosystème, la Direction générale des armées a annoncé la création d’un fonds public pour l’innovation et la défense. Son modèle ? Le succès américain du fonds In-Q-Tel (Q en référence à l’inventeur fictif des technologies fournies à James Bond), dont elle rêve de dupliquer l’écosystème. Relancée par la CIA après les attaques terroristes du 11 septembre 2001, la société d’investissement, à but non lucratif, a notamment donné naissance à Google Earth et à l’expert du Big Data Palantir (du nom d’une pierre magique en forme de boule de cristal qui permet à son détenteur de voir à travers l’espace et le temps et de dialoguer avec un autre utilisateur).

C’est ce dernier qui a permis aux agences du renseignement américaines de faire tomber Ben Laden et qui fournit régulièrement ses services aux grandes banques de Wall Street pour l’analyse de leurs données. Fin novembre, l’entreprise américaine a d’ailleurs signé un contrat avec la Direction générale de la sécurité intérieure pour traiter l’amas de données informatiques liées au terrorisme. Palantir a ainsi formé des agents français à ses outils pour extraire et décrypter les données. Un contrat qui soulève en coin la question de la dépendance de la France vis-à-vis des Etats-Unis et qui presse la France de tirer profit de son propre écosystème technologique. Sans compter la vente de l’expert en biométrie Morpho par Safran, qui a été jugée « regrettable » dans les milieux militaires.

Fort effet de levier

La Direction des armées a donc les yeux rivés sur le modèle d’In-Q-Tel : depuis plus de quinze ans, la CIA identifie des problèmes et In-Q-Tel, les technologies pour y répondre en investissant dans des start-up privées. L’effet de levier est assez puissant, puisque pour 1 dollar apporté par les fonds publics 15 dollars sont co-investis par des fonds privés dans les tours de table de ces start-up.

In-Q-Tel investit ainsi en moyenne chaque année 120 millions de dollars, selon des estimations, ce qui laisse entrevoir les capacités investies par les Etats-Unis dans les nouvelles technologies de défense. Aujourd’hui plus de 200 start-up, allant de la détection chimique à la cybersécurité, aux technologies optiques et imageries, et à l’intelligence artificielle, ont ouvert leur capital à In-Q-Tel.

Exemples : Kensho (qui permet de répondre à plus de 65 millions de combinaisons de questions), Algorithmia (plate-forme partagée d’algorithmes), Geosemble (intelligence géospatiale), Brainspace (machine learning visant à accélérer l’apprentissage humain), Cylance (cybersécurité) ou CyPhy Works (drones de surveillance). Et ce n’est que la partie émergée de l’iceberg puisque sur les plus de 320 start-up financées depuis la création d’In-Q-Tel, une partie non négligeable n’est pas officielle.

Anne Drif

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