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Un monde sans foi ni loi

mercredi 8 septembre 2021

Le 31 août 2019 Timothy Bonnet âgé de dix-neuf ans, vivant à Bonvillard près d’Albertville avec ses parents, son frère et sa sœur, était poignardé à mort par un demandeur d’asile afghan … Un jeune Français au cœur vaillant « qui avait tout pour réussir une belle vie » (cinq autres passants furent blessés et eurent in extremis la chance insigne de ne pas succomber aux coups du meurtrier). Une existence dont le fil fut coupé net à Villeurbanne par l’une de ces chances pour la France comme le parti présidentiel “En Marche” se propose d’en recevoir aujourd’hui quelques dizaines de milliers, ceci afin d’honorer les Valeurs de la République… et aussi, sans doute, afin de parachever une guerre pour rien dont les seuls effets sont au bout du compte, comme au Mali, au Sahel et ailleurs, le sacrifice de la fine fleur de notre jeunesse. Et puis nul ne sait précisément quelles Valeurs prétendument républicaines sont ici invoquées (ou convoquées) pour justifier l’accueil de gens qui ont été peu ou prou des mercenaires ou des petites mains d’une armée multinationale d’occupation. Certes les mots valeurs, accueil sonnent agréablement à l’oreille, ils font éthique (terme décidément à la mode), flottant dans le grand vent de la morale nouvelle qui souffle – dit-on- dans le sens de l’histoire, celui du Progrès. En réalité ces mots sonnent creux, ils fleurent bon l’entourloupe parce que la générosité ne coûte pas cher lorsqu’il s’agit de l’argent et du sang d’autrui !

Le parcours exemplaire d’une victime expiatoire du crime d’exister

L’infortuné Timothy Bonnet, nanti d’un CAP de boulanger obtenu au lycée de Challes-les-Eaux près de Chambéry, avait été choisi en raison de son excellence professionnelle pour faire un stage dans les cuisines de l’Élysée à l’époque du Ravi de la crèche, M. Hollande pour ne pas le nommer. S’ensuivit un certificat d’aptitude professionnelle de chocolatier, d’appétissantes perspectives s’ouvraient ainsi devant ce jeune homme apparemment méritant et riche d’un bel avenir professionnel… Au final, selon un rituel bien rôdé, à l’occasion de ses funérailles, le maire de Bonvillard y alla de l’habituel et insipide couplet relatif à « un acte odieux et inqualifiable ! »… « Nous [qui ça nous ? Les édiles verbeux et débiles ?] attendons que la Justice fasse son travail pour qu’une telle chose ne se reproduise plus ». Il aurait mieux fait de se taire parce qu’une telle chose s’est déjà produite tant de fois et se produira de plus en plus ici, surtout désormais avec le « rapatriement » (comme si la France avait jamais été la patrie de gens qui bafouillent péniblement sa langue !) des supplétifs et factotons des forces françaises (dés)engagées du merdier afghan… Ici et là-bas, comme à Auckland en Nouvelle-Zélande où le 4 septembre un djihadiste poignardait sept clients dans un supermarché, faisant sept blessés… dont trois grièvement suivant la formule consacrée, c’est-à-dire : entre la vie et la mort !

Visé par un arrêté d’expulsion depuis plusieurs années, l’individu contestait – parce que c’est son Droit ! - l’annulation de son statut de réfugié [AFP4sept21]. Un laxisme éminemment courant dans l’Occident chrétien converti à l’ignoble [non noble] religion des Droits humains, un christianisme dévoyé, dégénéré qui donne la préséance à l’assassin sur la victime au motif que l’assassin n’aurait commis ses actes odieux que par réaction aux crimes supposés de la victime gisant sur le carreau. Transcrit en clair, le vrai coupable serait de facto le trucidé parce qu’oppresseur sui generis… de la même façon que les gens de race blanche (qu’il faudra bien se décider un jour ou l’autre, à défaut de les exterminer jusqu’au dernier, d’enfermer dans des bantoustans, des sortes de réserves indiennes, dans lesquelles ils croupiront et crèveront tout à leur aise), sont des racistes systémiques ; que les hommes (essentiellement blancs d’âge mûr) sont des êtres abjectes, tueurs de femme en puissance et potentiellement empêcheurs d’avorter en rond… Telle est la vulgate du Nouveau monde, exportée et diffusée extensivement par des supports médiatiques, des travaux réputés universitaires, une industrie du divertissement financées et dirigées en sous-main par on ne sait qui.

Les populations du Vieux continent n’en peuvent mais. Elles finissent par se croire coupables de tous les crimes de la terre, passés, présents et futurs. Leur péché originel est devenu structurel, endémique depuis qu’obligation leur est faite de tout aimer, toutes les monstruosités, toutes les inversions du goût, aimer à en mourir, à commencer par ses assassins. Ces meurtriers sont d’une certaine façon les grands prêtres des Temps modernes ayant pour profession d’immoler un certain nombre d’indigènes natifs de la France profonde en guise d’expiation, sur l’autel d’une hideuse idole nommée « Progrès »… Le temps des Morlocks mangeurs de bétail humain est arrivé (penser à la boucherie du Bataclan dont le procès spectacle s’est ouvert ce 8 septembre). Leurs avant-coureurs sont ceux qui se repaissent (pour l’heure symboliquement) des victimes de leur vindicte et du soi-disant légitime courroux des opprimés. Relisons « La machine à explorer le temps » (1895) du très fécond HG Wells, précurseur d’Huxley et d’Orwell, et nous finiront – peut-être – par comprendre la métaphore contenue dans cette fiction qui décrit un monde pas si éloigné que ça du cannibalisme aztèque1… La vérité historique devra(ait) rétablir l’équilibre face au révisionnisme indigéniste et décolonialiste et établir la vérité quant aux guerres démocratiques actuelles… Car la « guerre sans limites » menée contre le terrorisme par les États-Unis depuis le 11 septembre 2001 aura causé la mort d’un million de personnes [897 000 à 929 000 dont au moins 387 072 civils] et en aurait déplacées 37 millions pour un coût d’environ 8 000 milliards de dollars (de formidables profits pour Big Tech), d’après le rapport « Costs of War »2 de la prestigieuse Université Brown dans l’état de Rhode Island [1ersept.21].

Au reste, le pardon est à l’ordre du jour ! C’est si facile, cela évite de se poser trop de questions et peut excuser bien des lâchetés… Ce pourquoi le mot d’ordre, le cri de guerre contre ce racisme qui nous guette à chaque ligne des faits divers – surtout ne pas succomber à la tentation – est « Vous n’aurez pas notre haine » ! Au demeurant qui parle de haine ? Le soldat a-t-il besoin de haïr pour presser sa queue de détente ? Un sentiment inutile voire encombrant pour qui combat l’esprit froid, en soldat contre ceux qui ont déclaré la guerre à la société, criminels de droit commun ou terroristes.

Vous n’aurez pas notre haine

Dans cet ordre d’idée, on trouve toujours un demeuré pontifiant et lénifiant qui, à l’instar de l’aimable maire de Bonvillard, place tous ses espoirs dans la Justice (le pauvre devait être un peu sec et craignait de sortir des clous de la correction politique imposée par ses fonctions et la mine sévère du préfet). Comme si la Justice totalement déconfite pour ne pas dire failli, idéologiquement gangrenée, avait en ce domaine – grande criminalité, narcotrafic et terrorisme, trois secteurs intrinsèquement liés – avait jamais eu une quelconque action positive (nous ne parlons pas ici des exceptions remarquables qui contredisent ce jugement dans sa contestable généralité… encore faudrait-il y regarder de plus près)3. Bref, qui imagine de nos jours la Justice en mesure - c’est-à-dire en capacité et en volonté - d’appliquer les lois sans leur tordre le cou et ce, avec l’appui du Conseil constitutionnel lui-même adossé au préambule de la Constitution, soit la Déclaration universelle des Droits du genre humain ? Un texte pourtant considéré comme déclamatoire ne relevant pas du droit positif.

Car l’on sait que pour l’assassin de de Timothy Bonnet qu’il n’y aura pas plus de procès que de beurre en broche comme dans l’affaire Sarah Halimi – et dans aucun des deux cas le mobile du fanatisme religieux ne sera retenu en dépit des faits dans leur nudité – parce qu’il est question chez ce tueur d’une « grande confusion mentale, aggravée par la prise de cannabis ». Ce qui se résume en deux mots : irresponsabilité pénale. Comme si la consommation volontaire de drogue (et/ou d’alcool) était une cause exonérante alors que ce devrait-être plutôt le contraire. Non ? Les « bouffées délirantes » liées à la surconsommation de cannabis sont bien connues et décrites depuis un siècle et plus, dans la littérature et par l’ethnographie ; l’état d’amok – folie meurtrière institutionnalisé en Malaisie - devrait faire l’objet de cours du soir au service de nos magistrats et de nos experts en psychiatrie… Mais peut-être se font-ils un peu (beaucoup) les complices de ces affriolants assassins, acteurs de premiers plans sur la scène judiciaires ?

Quelques jours après le drame (3 septembre 2019), le quotidien Le Progrès posait une question assez niaiseuse : « Agression sanglante de Villeurbanne : y a-t-il eu une faille ? ». Parce qu’en effet « La dangerosité de l’auteur des coups de couteau était connue depuis de nombreux mois, mais sa prise en charge n’avait pas été à la hauteur du risque… Par ailleurs, aux dires des observateurs [avertis], certains réfugiés afghans présentent un danger particulier, en raison de leurs traumatismes et de leur toxicomanie ». Que dire de plus ? Que l’on pourra(ait) éventuellement appliquer cette formule magique à l’assassin rouandais du père Olivier Maire, également incendiaire de la cathédrale de Nantes.

Qui fait l’ange fait souvent la bête

Emmanuel Abayisenga, un homme d’origine rwandaise (pourquoi d’origine ? comme si cela floutait le personnage, créait une distance entre lui et ses actes ?), sans-papiers et présumé incendiaire (idem, pas du tout présumé, la matérialité des faits est établie, l’individu a avoué, cessons de relativiser afin de suggérer sournoisement autre chose que ce qui est), sous le coup de trois décisions de justice lui enjoignant de quitter le territoire (2016/17/19). Toutes trois annulées par décisions d’un Tribunal administratif. Nous ne gloserons pas sur les ombres et les silences de la Loi, ni surtout sur ses incohérences, savamment exploitées par ceux qui entendent en faire une arme de guerre contre la société bourgeoise (parce que blanche)4. Le Conseil constitutionnel a d’ailleurs illustré plus d’une fois ce propos en ne trouvant récemment rien à redire à une loi discriminatoire (voire ségrégative), privative de libertés élémentaires pour près de 40% de nos concitoyens refusant la vaccination… Au prétexte fallacieux de rendre aux autres, et au goutte-à-goutte, ce qui leur a été confisqué, à savoir leur autonomie de déplacement… Alors que ce même Conseil constitutionnel validait l’extension du passeport sanitaire, il avait par contre, le 7 août 2020, refusé le port du bracelet électronique pour les terroristes ayant purgé leur peine. Fermer le ban !

Abayisenga, brebis égarée, vexé de ne pas se voir accueilli à bras ouverts dans la communauté nationale, avait incendié le 18 juillet 2020 la cathédrale de Nantes. Péché apparemment véniel, puisque, dans l’attente de son procès, il avait été élargi en juin dernier (fin de sa détention préventive), placé sous contrôle judiciaire et accueilli par la communauté catholique des Montfortains, adeptes d’une conception, certes généreuse, mais sans doute excessive de la Charité. N’est pas St François qui veut sauf à s’exposer à de terribles déconvenues. Qui veut faire l’ange, fait [souvent] la bête.

L’Église postconciliaire, moderne et progressiste - en un mot républicaine, née des prêtres jureurs de 1790 – se consacre, semble-t-il et à contresens, davantage et en priorité, non plus à sauver les âmes mais les corps physiques. C’est oublier la dimension verticale de la Croix et la voie de la transcendance. Les prêtres et religieuses d’antan savaient hiérarchiser : la charité s’adressait pour commencer à ceux qui y étaient accessibles, en connaissaient la valeur et pouvaient y trouver la source d’une élévation ou d’une rédemption. Bref la charité n’était pas indiscriminée et se gardait bien d’être un encouragement au vice. A contrario des déviations politiquement correctes qui ont tout envahi et tout corrompu.

D’un bout à l’autre de l’Occident, par-delà les océans, le même scénario

La Nouvelle-Zélande essayait depuis des années d’expulser son djihadiste sri-lankais, perpétrateur de l’attaque au couteau du 4 septembre dans un supermarché. Son statut de réfugié avait été révoqué… Les autorités le soupçonnant de fausses allégations (affabulations), un arrêté d’expulsion avait été pris en avril 2019. Depuis la procédure traînait en longueur comme dans le cas de notre gentil rouandais, ce musulman tamoul arguant d’un risque d’arrestation suivie de tortures s’il était renvoyé au Sri Lanka ! Les tentatives de le faire condamner en vertu de la loi antiterroriste avaient toutes échoué à entendre le premier ministre néozélandais, Mme Ardern.… Arrivé en Nouvelle-Zélande avec un visa d’étudiant en 2011, le tueur obtenait le statut de réfugié deux ans plus tard (un parcours exemplaire). À partir de 2016 et pour avoir exprimé sur les réseaux sociaux sa sympathie pour le djihad, l’individu était placé sous surveillance policière pendant cinq ans. Et finalement mis en détention durant trois ans après son arrestation à l’aéroport d’Auckland alors qu’il s’apprêtait à rejoindre les rangs de l’État islamique en Syrie (que ne l’a-t-on laissé partir ?).

Libéré en juillet – le parallèle est effectivement troublant avec le parcours d’Emmanuel Abayisenga - il était depuis sous surveillance policière… « Toutes les possibilités de poursuivre sa détention avaient été épuisées » déplore l’impuissante Mme Ardern dans une conférence de presse. Au cours de son forfait, le monstre était abattu par les policiers chargés de sa surveillance (!!). N’accusons pas l’excès de démocratie qui par ingénuité (les démocrates ne sont pas réputés pour leur naïveté) ferait du crime une faute rédimable. Non, le crime est d’abord un péché contre l’Esprit et ce sont nos élites, les seules et uniques coupables.

Londres 6 septembre 2021

Notes

1 Voir l’article de Ravier Portella « Bouffer de l’Indien. Mais qui organisait la bouffe ? » [BdVoltaire 4 septembre 2021]… « L’anthropophagie des Aztèques ne se bornait pas, comme on le croit habituellement, à quelques cas de sacrifices rituels. Elle était massive. Des foules entières y passaient. William H. Prescott, un historien du XIXe siècle qui est d’ailleurs parmi les plus critiques à l’égard de la conquête espagnole, établit le chiffre des victimes à 20.000 par an, tout en reconnaissant que “certains auteurs parlent de 150.000 victimes annuelles”. Leurs corps étaient mangés de telle sorte que les morceaux de choix, explique Marcelo Gullo, étaient consommés par la noblesse, et les viscères par le peuple ». Au XIXe siècle certaines peuplades des Mers australes pratiquaient encore la coutume des tribus garde-manger…

2 middleeasteye.net/fr/actu-et-enquetes/guerre-americaine-antiterrorisme-11-septembre-million-morts-cout-victimes-civil

3 Pour un Ilich Ramirez Sanchez sous les verrous depuis vingt-six ans (enlèvement à Khartoum le 14 août 1994 il est incarcéré dès le lendemain à la prison de la Santé), combien d’atroces assassins remis en liberté ? Encore faudrait-il voir pour quelles raisons politiques et/ou métapolitiques le Vénézuélien Carlos n’a pas fait l’objet d’un troc avec le président Chavez lorsque celui-ci était encore en vie.

4 Une enquêtrice du journal la Croix, à propos de l’incendiaire assassin : « Son parcours d’homme révèle une personne désemparée par la violence de la vie. Il avait 13 ans lors du génocide rwandais, 800.000 Tutsis ont été massacrés par leurs compatriotes hutus ». Du même tonneau, le 2 juin 1981, le frère de Jack Lang, ministre du gouvernement Mauroy, pour justifier un assassinat dans un bar (il était rentré chez lui pour s’équiper d’un couteau de cuisine) avait excipé du traumatisme de la guerre d’Algérie. Il ne moisit donc pas longtemps en prison

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