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C’est officiel : BFMTV est à vendre

mardi 12 septembre 2023

Fragilisé sur les marchés financiers, Patrick Drahi se voit contraint de se séparer du pôle média d’Altice (BFM, RMC...). Qui mettra la main sur la chaîne info, relais d’influence encore puissant ? Les paris sont ouverts.

La rumeur avait démarré avant l’été. Et jusqu’ici, les plus hautes sommités du groupe l’avaient fermement démentie : non, le pôle médias d’Altice (BFMTV, RMC, RMC Story, RMC Sport…) n’était pas à vendre, malgré la passe délicate que traverse le groupe, et oui, Patrick Drahi, le big boss, restait plus que jamais attaché à sa chaîne info, qui tient toujours la tête des audiences.

Ça, c’était jusqu’à hier. Lors d’une conférence organisée à New York par la banque Goldman Sachs, un conseiller du groupe a lâché le morceau : « Nous souhaitons faire une augmentation de capital [pour SFR]. Nous cherchons à vendre les data centers. Nous avons d’autres actifs de grande valeur comme les médias, [dont la vente] pourrait donc être envisagée si nous avons un bon prix », comme l’a rapporté le site L’Informé.

Pour qu’Altice décide de céder son puissant relais d’influence, c’est qu’elle traverse une zone de turbulences inédite. Le 13 juillet dernier, le bras droit de Patrick Drahi, le Portugais Armando Pereira, a été arrêté et mis en examen pour corruption et blanchiment d’argent. Un temps incarcéré, il est aujourd’hui assigné à résidence au Portugal. Un scandale qui, au-delà de ternir l’image du groupe, inquiète beaucoup les marchés financiers. À tel point que Patrick Drahi, d’habitude si discret, a dû prendre la parole à plusieurs reprises au cours de l’été pour rassurer les investisseurs – il s’est dit « trompé et trahi » par son ex-numéro deux, tout en tentant de minimiser l’affaire.

Cette crise a mis encore un peu plus en lumière la situation financière fragilisée d’un groupe endetté à hauteur de quelque 60 milliards d’euros. Confronté à la hausse des taux d’intérêt, Altice n’est plus en mesure de financer par la dette ses prochaines échéances, et donc d’emprunter, comme il l’a toujours fait. Résultat : le groupe est obligé de vendre. À commencer par les quatre-vingt-douze data centers en France, qui vont être cédés pour environ 1 milliard d’euros. Patrick Drahi a d’ailleurs assuré que le désendettement serait désormais « sa seule priorité ».

Et BFMTV ? Selon Le Figaro, le milliardaire franco-israélien en attendrait 2 milliards d’euros au bas mot. Une somme plus que rondelette au vu des résultats actuels et du chiffre d’affaires (351 millions d’euros). En 2015, Patrick Drahi avait racheté la totalité de ces actifs à son propriétaire d’alors, Alain Weill, pour environ 700 millions d’euros. Et pour mémoire, Bertelsmann était prêt à céder M6 et RTL à TF1 pour 1,2 milliard d’euros, avant de renoncer à la vente à l’automne 2022.

Le poids de BFMTV dans le PAF et son pouvoir d’influence devraient quoi qu’il en soit aiguiser les appétits, notamment de ceux qui cherchent à se développer dans la télévision. On pense évidemment au patron de Free, Xavier Niel (actionnaire du groupe Le Monde, propriétaire de Télérama) ou à celui de CMA CGM, Rodolphe Saadé (La Provence, La Tribune), tous deux candidats malheureux au rachat de M6. Mais aussi à Daniel Kretinsky (Marianne, Elle, actionnaire minoritaire du Monde, créancier de Libération…) ou à Bernard Arnault (Les Échos-Le Parisien). La vente de BFMTV marquerait en revanche encore un peu plus le désengagement de Patrick Drahi des médias, après le transfert de Libération à un fonds de dotation et la cession en cours de ses parts dans L’Express.

Télérama

Comme CNN, BFMTV et CNews participent à la propagande du Projet Mockingbird de la CIA et censure la vérité.

BFM TV bras armé de la désinformation du gouvernement a été financée à ses débuts par le fond de pension de la CIA Carlyle (appartenant à la famille Bush et Ben Laden) sous le mandat de Sarkozy (dont le frère gérait les intérêts et qui avait comme beau père Frank Wisner numéro 2 de la CIA en Europe).

Après avoir quitté le Washington Post en 1977, Carl Bernstein a passé six mois à examiner les relations entre la CIA et la presse.

La CIA joue depuis longtemps un rôle de propagande internationale, mais pendant la guerre froide, l’Agence a payé et intimidé des journalistes pour qu’ils l’aident à promouvoir ses programmes. Le célèbre journaliste du Watergate, Carl Bernstein, a révélé l’histoire en 1977 pour Rolling Stone. Bernstein a révélé les rouages de l’opération Mockingbird, dans le cadre de laquelle de nombreux journalistes - dont des lauréats du prix Pulitzer - ont rejoint le personnel de la CIA, rédigeant de faux articles pour diffuser la propagande de l’agence et en fournissant des renseignements. D’autres journalistes ont été menacés et ont fait l’objet de chantage pour coopérer avec Mockingbird, et beaucoup ont reçu des informations falsifiées ou fabriquées de toutes pièces concernant leurs articles, afin de soutenir la mission de la CIA. Le programme n’a jamais été officiellement interrompu.

Alain Weill : « Je voudrais faire de BFMTV l’équivalent francophone de CNN International »
Lors de la guerre du Golfe 1991, Georges Bush déclara : « J’en apprends davantage par CNN que par la CIA ».
CNN = CIA News Network.

L’utilisation de journalistes a été l’un des moyens les plus productifs de collecte de renseignements employés par la CIA. Bien que l’Agence ait fortement réduit le recours aux reporters depuis 1973, (principalement en raison de la pression exercée par les médias), certains journalistes sont toujours en poste à l’étranger.

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