Avec 49 voix pour et 51 contre, la mesure de 110,5 milliards de dollars n’a pas atteint les 60 voix nécessaires au Sénat, qui compte 100 membres, pour ouvrir le débat, ce qui menace les efforts déployés par le président Joe Biden pour fournir une nouvelle aide avant la fin de l’année 2023.
Le vote s’est déroulé selon les lignes de parti, tous les républicains du Sénat ayant voté contre, de même que le sénateur Bernie Sanders, un indépendant qui vote généralement avec les démocrates mais qui avait exprimé des inquiétudes quant au financement de la « stratégie militaire inhumaine actuelle » d’Israël à l’encontre des Palestiniens.
Le projet de loi prévoit une nouvelle aide à la sécurité pour l’Ukraine d’environ 50 milliards de dollars, ainsi qu’une aide humanitaire et économique pour le gouvernement de Kiev, et 14 milliards de dollars pour Israël dans sa lutte contre le Hamas à Gaza.
Le chef de la majorité au Sénat, le démocrate Chuck Schumer, a également voté « non » afin de pouvoir présenter à nouveau cette mesure à l’avenir. Après le vote, M. Schumer a souligné les risques liés à la chute de l’Ukraine, déclarant qu’il s’agissait d’un « moment grave qui aura des conséquences durables pour le XXIe siècle », risquant d’entraîner le déclin de la démocratie occidentale.
Les républicains ont déclaré que ce vote était essentiel pour défendre leur position en faveur d’une politique d’immigration plus stricte et d’un contrôle de la frontière sud.
« Le vote d’aujourd’hui est ce qu’il faut pour que le responsable démocrate reconnaisse que les républicains du Sénat pensent ce qu’ils disent », a déclaré le chef des républicains du Sénat, Mitch McConnell, lors d’un discours prononcé plus tôt dans la journée de mercredi. "Alors, votons. Et commençons enfin à répondre aux priorités de l’Amérique en matière de sécurité nationale, y compris ici, chez nous.
Même si le projet de loi est adopté par le Sénat, il devra encore être approuvé par la Chambre des représentants, contrôlée par les républicains, où des dizaines de républicains ont voté contre l’aide à l’Ukraine, y compris le président de la Chambre des représentants, Mike Johnson.
Les républicains et les démocrates du Congrès débattent depuis des mois de la manière de répondre à la demande de M. Biden, qui souhaite obtenir des milliards de dollars pour financer l’Ukraine dans sa lutte contre les envahisseurs russes, Israël après les attaques du 7 octobre par les militants islamistes du Hamas, les intérêts américains dans la région indo-pacifique et l’aide humanitaire internationale.
UNE IMPASSE DE PLUSIEURS MOIS
Les deux demandes de la Maison Blanche pour que le Congrès adopte des projets de loi de finances n’ont pas progressé, et les esprits se sont de plus en plus échauffés au Capitole, alors que l’impasse menace de s’étendre jusqu’en 2024. Les démocrates affirment que l’aide aux alliés est essentielle pour soutenir la démocratie mondiale et éviter les autocraties.
« Ne vous y trompez pas, le vote d’aujourd’hui restera longtemps dans les mémoires. L’histoire jugera sévèrement ceux qui ont tourné le dos à la cause de la liberté », a déclaré M. Biden lors d’une allocution prononcée à la Maison-Blanche.
Un groupe de sénateurs démocrates a convoqué une conférence de presse pour faire valoir que le blocage du projet de loi enverrait à la fois aux adversaires et aux alliés des États-Unis le message que les États-Unis ne sont pas solidaires de leurs partenaires internationaux.
« Il n’y a plus de temps à perdre. Nous n’avons que quelques jours pour faire des progrès clairs et positifs dans la mise au point des derniers détails nécessaires pour montrer que les États-Unis sont un allié fiable », a déclaré le sénateur Chris Coons.
Les républicains soutiennent que l’immigration clandestine excessive à la frontière sud avec le Mexique est un problème de sécurité extrêmement important, et affirment qu’ils veulent davantage de comptes à rendre que ce qu’ils obtiennent de l’administration Biden en ce qui concerne l’argent des contribuables américains destiné à l’Ukraine.
Le projet de loi sur les dépenses d’urgence prévoit 20 milliards de dollars pour la sécurité des frontières.
M. Schumer a déclaré mardi qu’il tenterait de sortir de l’impasse en offrant aux républicains la possibilité d’ajouter à la loi un amendement sur la politique frontalière.
Aucun amendement de ce type n’avait été annoncé mercredi soir.
