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La France de Macron a peur des blocages des agriculteurs, instrumentalisés par la FNSEA

lundi 22 janvier 2024

Le mouvement agricole qui bloque l’Allemagne et maintenant la France est une résurgence des gilets jaunes qui manifestaient contre l’augmentation du prix de l’essence. Cette fois c’est au tour du fuel rouge de subir une augmentation de 6% et de déclencher la colère d’une profession qui se meurt chaque jour, abandonnée au profit des géants de l’agroalimentaire.
Emmanuel Macron a demandé à ses préfets de rencontrer le monde agricole dans chacun des départements français.

Gabriel Attal prévoit de rencontrer la FNSEA pour négocier cette colère, mais en a-t-il les moyens, est-ce l’homme de la situation ?

L’autoroute A64 entre Toulouse et Bayonne est toujours coupée en deux à hauteur de Carbonne, en Haute-Garonne. L’A62 a de nouveau été coupée au niveau de Castelsarrasin. Les agriculteurs du nord-est toulousain doivent se rendre à Eurocentre, à Castelnau-d’Estrétefonds pour un autre blocage et les Jeunes agriculteurs du Lot-et-Garonne vont aller à Golfech. Dans le Gers, la RN 124 est fermée au niveau de Dému.
La FNSEA, crée en 1946, s’est imposée comme l’unificateur du monde paysan, un acteur majeur du monde agricole et comme un interlocuteur des pouvoirs publics.

Arnaud Rousseau a pris la direction de la FNSEA

Homme d’affaires, Arnaud Rousseau a été élu le 13 avril 2023, il est devenu le président de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles avec comme mission de protéger le lobby agricole qui siège à la FNSEA.

Grand cultivateur et patron d’un géant de l’agroalimentaire, Arnaud Rousseau est désormais à la tête de la puissante Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), majoritaire en France. Unique candidat à la succession de Christiane Lambert, ce producteur de grandes cultures (colza, tournesol, blé, betterave, maïs) de Seine-et-Marne a été élu ce jeudi par les administrateurs de cette organisation, qui revendique 210.000 adhérents.
Rousseau est aussi président du groupe agro-industriel Avril, dont il gardera la tête. Ce géant des huiles (près de sept milliards de chiffre d’affaires en 2021), doublé d’une société d’investissement, est peu connu du grand public, si ce n’est pour ses marques Lesieur et Puget. (France Bleue)

En 2022, la Commission européenne a validé plusieurs Plans Stratégiques Nationaux de la PAC, dont celui de la France. La FNSEA a défendu une vision pragmatique pour accompagner les agriculteurs dans la performance économique, sociale et environnementale. En résumé, les faire glisser doucement vers la transition écologique, dont nous avons vu la digitalisation et la fermeture de 3000 exploitations en Hollande.
Faire manger tout le monde tout en respectant la planète, c’est le crédo de la FNSEA, qui ne représente plus les intérêts des agriculteurs mais participe à la politique mondialiste de Davos.

La souveraineté alimentaire repose sur une agriculture qui garantit une croissance durable qui repose sur la responsabilité de l’Europe et de la PAC (politique agricole commune).

Le patron c’est Bruxelles

30% du budget de l’Union Européenne est consacré à la Politique agricole commune.
La PAC est financée par deux organismes majeurs relevant du budget de l’UE :

  • Le Fonds européen agricole de garantie (FEAGA) qui finance les mesures liées au marché.
  • Le Fonds européen agricole pour le développement rural (FEADER) en faveur du développement des zones rurales.

La conséquence des directives européennes, est que les producteurs privilégiés sont ceux qui s’intègrent dans un modèle agro-industriel, en écrasant les plus petits bénéficiaires.
Le modèle agro-alimentaire actuel est dominé par l’agro-industrie et les grandes entreprises. Tereos, le géant de la betterave sucrière (1er français et 2e mondial) et propriétaire de Beghin Say, est l’un des plus grands bénéficiaires de la PAC qui représente 10,21 milliards d’euros d’aides agricoles en 2021.
En septembre 2020, Christiane Lambert, l’ancienne présidente de la FNSEA, a été élue à la présidence du COPA, l’organisation qui représente les agriculteurs européens à Bruxelles.

“Je suis honorée par la confiance de mes collègues européens, mais je suis aussi consciente des responsabilités qui incombent à cette Présidence. Les agricultrices et les agriculteurs de toute l’Europe sont inquiets car les incertitudes et les challenges sont nombreux. Que ce soit sur la PAC, les stratégies dans le cadre du Pacte vert européen, le Brexit ou le Plan de relance, nous devons trouver des réponses collectives à un niveau européen dans un futur proche. Je suis convaincue que l’agriculture est un secteur stratégique pour l’Europe – la crise de la COVID l’a démontré. L’Europe doit refaire de la souveraineté alimentaire un objectif stratégique et ainsi redonner une véritable ambition à son agriculture et de l’espoir à ses agriculteurs. C’est capital pour le renouvellement des générations et l’arrivée de nombreux jeunes agriculteurs”.

Devant la colère agricole, le lobby de la FNSEA promet des actions « aussi longtemps qu’il sera nécessaire ». Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA, a confirmé que des actions vont être menées pour que « la colère s’exprime ».
Peut être a-t-il en tête de s’augmenter une aide pour ses entreprises, rien ne peut nous étonner avec un lobby, repeint aux couleurs de la liberté.
Reçu par Gabriel Attal, la FNSEA veut être sûre que « le diagnostic est partagé. Il faut qu’il nous dise si la souveraineté alimentaire en France veut dire quelque chose » a déclaré Arnaud Rousseau.
Arnaud Rousseau, n’est pas un agriculteur, c’est un millionaire qui aime l’argent et qui est peut être derrière cette colère pour influencer Bruxelles et la loi sur les jachères.

La FNSEA a dénoncé l’été 2023, le refus de Bruxelles de prolonger les dérogations jachères avec des tensions sur les marchéscéréaliers et devant le refus de la Russie de reconduire l’accord sur l’exportation de céréales ukrainienne. La FNSEA a demandé la reconduction de la dérogation sur la mise en cultures des jachères pour faire encore plus de « d’oseille ».

  • « La Commission n’envisage pas un nouveau recours aux dérogations sur les BCAE 7 (rotation des cultures) et BCAE 8 (jachère) » « Une prochaine dérogation impliquerait un amendement au règlement lui-même, ce qui est politiquement très compliqué ».

Les profiteurs français de la PAC sont aussi en colère contre les supermarchés.

Les agro-industriels reprochent régulièrement à leurs clients supermarchés de délocaliser hors de France une partie des négociations - celles avec les plus gros groupes, souvent de puissantes multinationales - sur les conditions de vente de leur production, afin de se soustraire au droit français. Lors d’une audition à l’Assemblée nationale française fin septembre, Philippe Michaud, coprésident du groupement E.Leclerc, avait assuré que la « centrale de co-achat » Eurelec mise en place avec l’allemand Rewe vise « non pas à détourner une loi mais à avoir le poids suffisant face à des industriels » dont la taille est « largement plus importante » que celle de E.Leclerc. (Figaro)

Voilà ce qui se trame derrière la colère agricole instrumentalisée par la FNSEA.

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