27/10/2025 : Émission de l’AFT : 7,357 milliards d’euros de BTF (bons du trésor)
L’Agence France Trésor a procédé cet après-midi à l’adjudication d’un BTF 14 semaines, d’un BTF 25 semaines, d’un BTF 27 semaines et d’un BTF 49 semaines. Le montant total adjugé est susceptible d’être augmenté avec les offres non compétitives 2 (ONC2), qui auront lieu mardi 28 octobre 2025. 
Après le départ d’Emmanuel Moulin pour Matignon sous le mandat de Attal, Antoine Deruennes est devenu le nouveau directeur de France Trésor, un « serial emprunteur » avec des besoins de financement de la France qui atteignent des niveaux records.
Lors du compte rendu de la commission des finances de 2024,  Antoine Deruennes s’est exprimé sur la nécessité de la dette : 
« En effet, votre mission de gestion de la dette de l’État est plus cruciale que jamais. Pour 2024, l’AFT (Agence France Trésor) devra mettre en œuvre un programme de financement record, d’un montant de 285 milliards d’euros en émissions d’obligations à moyen et long terme nettes des rachats. Ce montant historique s’inscrit dans la suite des programmes de financement déployés depuis la crise sanitaire : 260 milliards d’euros en 2020, 2021 et 2022, 270 milliards d’euros en 2023, contre 200 milliards d’euros en 2019. Il permettra de couvrir, à grands traits, pour une moitié, le déficit budgétaire de l’année en cours, et, pour l’autre moitié, le remboursement de la dette à moyen et long terme venant à échéance. »
Ce que nous comprenons c’est que l’Etat finance actuellement une dette plus importante que pendant le Covid.
« Le moyen essentiel de financer les besoins de financement est l’émission de dettes à moyen et long terme, nette des rachats, de 285 milliards d’euros. Ce montant progresse par rapport à 2023. Pourquoi, si les besoins de financement baissent, émet-on plus de dette à moyen et long terme ? Cela s’explique par la variation des disponibilités du Trésor. En effet, lors de la crise du covid, nous avons émis beaucoup de dette, notamment par précaution, et donc pu accumuler un montant de trésorerie que nous avons mobilisé à hauteur de 35,2 milliards d’euros en 2022 et à hauteur de 31,2 milliards d’euros en 2023. Ce n’est plus une ressource que nous mobilisons en 2024. »
La dette financée représente presque 10% de notre PIB.
« Les spécialistes en valeurs du Trésor nous conseillent sur les endroits où la demande sera la plus forte. »
Avec cette déclaration, Antoine Deruennes , nous explique que ce n’est pas l’Etat Français qui pilote sa dette mais les banques chargées de vendre nos bons du trésor appelés « Spécialistes en Valeurs du Trésor ».
En résumé, le pouvoir bancaire à la main mise sur notre budget et notre dette.
Et où passe notre argent en bons du trésor : dans la finance verte.
« La France est effectivement pionnière en matière d’émissions d’obligations souveraines vertes. Nous avons émis notre premier titre en 2017. Nous sommes l’émetteur souverain disposant de l’encours le plus important : 70,3 milliards d’euros d’émissions nominales. Nous avons créé en tout quatre produits, un produit indexé et trois produits nominaux : la première obligation assimilable du Trésor verte, émise en 2017, de maturité 2039 ; la deuxième, créée en 2021, de maturité 2044 ; un troisième produit nominal émis en janvier 2024, de maturité 2049, à hauteur de 8 milliards d’euros. »
2017 coïncide avec l’élection de Macron et l’émission d’obligation verte de la Banque Rothschild auprès de la Banque des Règlements internationaux.
Lors du « One Planet Summit » de Paris, en décembre 2017, huit banques centrales et superviseurs ont créé un réseau de banques centrales et de superviseurs pour le verdissement du système financier (NGFS).
L’Agence France Trésor a lancé en janvier 2024 par syndication, la quatrième obligation souveraine verte française pour 8 milliards d’euros. Ce montant, jusqu’à présent inégalé, porte l’encours des obligations assimilables du Trésor (OAT) vertes émises à 69,9 milliards d’euros.
Une obligation verte est “un emprunt émis sur le marché par une entreprise ou une entité publique auprès d’investisseurs pour lui permettre de financer ses projets contribuant à la transition écologique, plus particulièrement les investissements en infrastructures” (Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires).
L’Europe vient de créer une nouvelle classification de l’économie verte, appelée Taxonomie. Elle définit des critères harmonisés pour déterminer si une activité économique est durable d’un point de vue environnemental, c’est ce qu’on appelle la « taxonomie verte ».
La demande d’obligations vertes n’a cessé de progresser, en France, mais aussi dans d’autres pays européens. 
 La plupart des grands pays européens ont désormais un programme d’obligations vertes, notamment l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie, la Belgique et les Pays-Bas.
Pour terminer avec l’audition de Antoine Deruennes, il dresse ici l’architecture qui syphone notre budget sans opposition politique de nos députés :
« Émettre des obligations vertes revient à financer des dépenses vertes. Chaque année, sur la base de la loi de finances, un montant de dépenses vertes éligibles est défini. Il s’élève à 15 milliards d’euros en 2024, enveloppe maximale dans laquelle nous pourrons émettre des OAT vertes. À date, nous avons émis un montant de 8,4 milliards d’euros, car nous avons aussi réabondé notre obligation verte indexée sur l’inflation. »
Si les Français savaient, il seraient vert de rage.
Geopolintel 30 octobre 2025














