Geopolintel

L’intelligence artificielle au service des licenciements

mardi 2 décembre 2025

La stupéfaction et la séduction sont les deux réactions que nous éprouvons lors d’une première utilisation de l’intelligence artificielle. C’est un basculement dans un autre univers, redoutable d’efficacité de rapidité et de pertinence.
Mais comme pour le diable, la séduction masque un engrenage qui nous enlève notre libre arbitre et qui enrichit le programme à notre insu. Des domaines d’application vont se confronter à cette révolution cognitive avec parfois du progrès en ce qui concerne les recherches historiques et du mauvais avec le manque de données appelées peack data, où l’intelligence artificielle va fabriquer elle même ses propres données dites synthétiques.
Mais l’avènement de cette technologie n’est pas le fruit du hasard, elle représente le projet de la quatrième révolution industrielle avec la fusion de l’homme et la machine.
L’homme augmenté est un vieux projet militaire pour transformer la force humaine, la capacité de mémorisation et la modification du comportement par la multiplicité d’identification.
En revanche, en restant dans un souci de rentabilité en ces temps difficiles, l’IA va devenir un prétexte pour se séparer du personnel administratif et d’accueil qui se trouve totalement dépassé par la réactivité des nouveaux services.

Pour débuter cette démonstration, il faut examiner comment l’IA est entrée dans nos administrations et dans nos entreprises au moyen de la transition numérique.

Le cheval de Troie s’appelle McKinsey.

McKinsey a créé le programme « Macron » pour digitaliser la France. Pourquoi McKinsey est intervenu en France sur conseil d’Attali ?
McKinsey est un programme de consulting qui a mis en place la digitalisation de l’Etat français et du New Public Management.

  • « Il est urgent de se mettre en mode agile. Au niveau politique, quoi. Qu’est-ce qu’on fait pour que la politique se numérise enfin, se mette à l’heure du digital, de l’agilité, de la rapidité ? C’est sympa de faire du tactique, mais rien que pour voter la loi en France, ça prend un an et demi. C’est une cata ! » Emmanuel Macron Ministre de l’économie de l’Industrie et du Numérique juin 2015

Les fonctionnaires français ne connaissent pas le droit digital comme le possède McKinsey.
Dans un rapport de McKinsey pour la France, on apprend que :

  • Accélérer la mutation numérique des entreprises : un gisement de croissance et de compétitivité pour la France.

L’audition du Sénat ne précise pas l’incompréhension du travail de McKinsey avec des facturations ubuesques pour pas-grand-chose. Mais l’objet réel de McKinsey ne figure pas dans les appels d’offres, il est masqué pour permettre à Macron de privatiser les services de l’Etat français, et d’en confier la gestion au GAFAM.
Le premier chapitre étant l’externalisation des services de l’Etat ou le New Public management.

L’externalisation de la France passe par le digital et par McKinsey.
Même Philippe Wahl, le PDG de La Poste le dit : « McKinsey nous a beaucoup aidés »

Mais en quoi ?
Raison numéro un : « La transformation ! »

  • « Sur le courrier, un marché que nous couvrons à 99 %, notre volume a été divisé par trois, nous avons perdu 5,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires depuis 2013. Sur la banque et la banque assurance, la Banque Postale est la 6e plus grande banque française et a face à elle 5 des 10 plus grandes banques européennes. Nous sommes la 11e. Sur les colis, notre plus grand client est Amazon. Dès lors, nous sommes en concurrence sur l’ensemble de nos métiers », a détaillé Philippe Wahl.
  • « Par contre, dans sa déclinaison, nous avons besoin des consultants, pour observer la concurrence, car ils ont d’excellentes bases de données et une très bonne connaissance des métiers », a-t-il indiqué.

Pourquoi un service public doit connaître la concurrence ?
Pour mieux le privatiser bien sur.

Or, Mckinsey vient de lancer son opération licenciement de ses consultants pour inaptitude à l’IA.
D’après le magazine Consultor, on apprend que McKinsey justifie un nouveau plan social par le recours à l’IA. Le cabinet vient de supprimer 200 postes dans ses équipes tech, et d’autres pourraient suivre.

Motif avancé : « Les opportunités offertes par l’IA ».
L’impact de l’intelligence artificielle sur les métiers du conseil se traduit par 200 suppressions de postes. un patron d’un cabinet interrogé par Consultor à déclaré, en off, que McKinsey entraîne l’ensemble du secteur dans un « engrenage délétère ».
« Nous nous efforçons constamment d’améliorer l’efficacité de nos services de soutien professionnels, notamment en tirant parti de l’IA », a déclaré un porte-parole de McKinsey US.

  • « C’est un mouvement de fond. Évidemment que cela va avoir des conséquences sur l’emploi dans le milieu du conseil, comme dans toutes les professions intellectuelles d’ailleurs », a confié le dirigeant d’un cabinet européen aux Échos.

Dans un courrier interne du magazine Le Point, les élus du personnel du magazine détenu par François Pinault ont fait part de leurs inquiétudes devant le recours croissant à des prestataires. Le trio de directeurs du Point, en pleine négociation d’un PSE, projette d’économiser 10 millions d’euros.

En juillet 2025, la direction du Point a annoncé un plan social pour supprimer 58 postes. Ces licenciements ont été maquillés en plan de sauvegarde de l’emploi et comme une stratégie de relance. En contrepartie, Le Point va embaucher trois salariés avec le statut de « réviseur expert-superviseur IA ». Les salariés du Point estiment que cette décision « ne se réduit pas à des enjeux économiques » et que l’IA « aurait mérité mieux que des décisions hâtives, verticales, prises en catimini. Elle nous concerne tous, car elle agit sur tous. »

Si l’IA est un motif de licenciement économique, qu’en sera-t-il pour notre administration ?

A première vue, la réduction des postes de fonctionnaires semble positive au regard des utilisateurs de nos services publics digitalisés. Mais nous devons comprendre que l’empathie n’est pas au programme des algorithmes de l’IA.
Pour une utilisation banale pour un achat de gaz, il n’est pas inclus dans l’IA, les négociations qui se sont produites entre le fournisseur et le cient. Et cela va devenir difficile de faire un suivi de clientèle sans avoir le paramètre humain, puisque l’IA n’est pas dotée d’empathie.
Si l’IA justifie les licenciements par souci de compétitivité, comment va-t-on pouvoir justifier cette nouvelle attitude sans devoir réformer le droit du travail.
Selon l’OCDE « au cours des 15 à 20 prochaines années, le développement de l’automatisation pourrait conduire à la disparition de 14 % des emplois actuels, et 32 % supplémentaires sont susceptibles d’être profondément transformés ».
Remplacer l’humain par un logiciel sera le challenge de demain avec son cortège de licenciement et de suicides économiques.

La question prioritaire va devoir concerner les entreprises qui maîtrisent l’IA, et ce qu’elles vont décider pour les pays qui sont en situation de dépendance numérique.

Geopolintel 02 12 2025

—  0 commentaires  —

© Geopolintel 2009-2025 - site réalisé avec SPIP - l'actualité Geopolintel avec RSS Suivre la vie du site