Depuis le 11 juin nous y sommes ! L’OMS a relevé son niveau d’alerte sur la grippe A/H1N1 au niveau maximal. L’organisation mondiale de la santé annonce la première pandémie du siècle, c’est-à-dire la diffusion à l’échelle de la planète d’un nouveau virus contre lequel l’immunité de la population est faible ou nulle, et prédit que le virus va circuler dans le monde pendant deux ans contaminant toutes les populations du globe. Cette décision était prévisible car elle couvait depuis fin mars et l’apparition de ce nouveau virus au Mexique. L’OMS attendait que celui-ci poursuive son extension géographique et quitte donc son continent de naissance.
Le numéro deux de l’OMS a déclaré que si l’organisation enregistrait une alcamie, elle ne manquerait pas d’en avertir les gouvernements. On peut se demander si ce n’est pas plutôt certaines puissances qui dictent ses communiqués à l’OMS. D’autre part, si la pandémie est potentielle, pourquoi ne pas prendre les mesures de restrictions des voyages qui s’imposent plutôt que de laisser le virus se propager à travers la planète par les vols internationaux ? Au lieu de cela, c’est la production industrielle de traitements qui est annoncée, accompagnée de plans de vaccination de masse dans l’urgence, sans prendre le recul nécessaire à l’évaluation des effets secondaires inhérents à tout nouveau produit pharmaceutique.
L’OMS laisse à chaque état l’appréciation des mesures à prendre. A quoi sert donc une organisation mondiale si chacun fait comme il l’entend, selon ses moyens ou ses intérêts, et qu’il n’y a pas de plan d’ensemble concerté pour stopper cette diffusion du virus à travers toute la planète ?
Selon le dernier bilan mondial, le virus a fait plus de 160 morts pour près de 30 000 cas depuis son apparition officielle en avril, le ratio personnes infectées/personnes décédées démontre donc son peu de dangerosité. Pour rappel, la grippe saisonnière fait 250 000 à 500 000 décès par an dans le monde. Maigre bilan pour un tueur en série mais qui devrait faire mieux à l’automne si l’on en croit les spécialistes qui anticipent sa possible mutation en une forme plus virulente.
Cette alerte lance donc officiellement la demande de production de vaccins aux entreprises pharmaceutiques. Cela fait plusieurs semaines que les firmes pharmaceutiques se sont lancées dans la course aux traitements contre le A/H1N1. Elles attendaient le feu vert de l’OMS avant de stopper la production du vaccin saisonnier pour réserver leurs chaînes de production à ce seul nouveau vaccin.
Dans ce contexte favorable à leurs affaires, les géants pharmaceutiques, qui entendent tirer profit de cette alerte sanitaire mondiale, mettent en avant leurs succès commerciaux et rivalisent pour obtenir des contrats juteux. Ainsi, Sanofi Aventis, laboratoire français, premier producteur mondial de vaccins se déclare dès à présent prêt à vacciner le monde entier. Sanofi Pasteur avait reçu, le 25 mai 2009, une commande du Département américain de la Santé pour la production d’un vaccin anti-A/H1N1, contrat d’une valeur de 136 millions d’euros. Ce laboratoire a également prévu d’investir 100 millions d’euros dans une usine de production de vaccins contre la grippe pandémique au Mexique, juste quelques jours avant le déclenchement de l’épidémie dans ce pays !
Sur ce, Novartis, le suisse, annonce déjà avoir produit son premier lot de vaccins contre la nouvelle grippe et explique avoir pris de vitesse ses concurrents en recourant à la culture de cellules et non d’œufs comme c’est le cas d’habitude. Les tests, évaluations et essais cliniques vont être lancés dans les jours qui viennent. Le groupe promet de produire jusqu’à un million de doses par semaine dans son laboratoire de Marburg en Allemagne et annonce la mise en place d’un second laboratoire aux Etats-Unis.
La France a de son côté passé une pré-commande d’au moins 100 millions de doses de vaccins, pour traiter 50 millions de personnes, chacune d’entre elles recevant deux doses. Une commande de 50 millions de doses a été adressée à la firme américaine Glaxo SmithKline. Le reste devrait être acheté auprès de Baxter, Sanofi-Pasteur et Novartis.
Les laboratoires se défendent de toute course au profit et arguent qu’il s’agit d’un problème de santé publique majeur. Reste qu’il existe bel et bien un enjeu économique considérable lié à la mise sur le marché d’un vaccin, il n’y a qu’à voir, à la bourse, les titres pharmaceutiques seuls en point de mire depuis l’annonce de l’OMS.
Tous ces laboratoires travaillent à partir des souches actuelles de ce nouveau virus distribuées par l’OMS. On nous répète que ce virus est changeant, qu’il muterait de la même façon que tous les virus grippaux. A quoi servira alors le vaccin produit maintenant si d’ici à cet automne le virus change d’antigènes par mutations ? Plus clairement, soit le nouveau virus ne change pas et il reste aussi peu virulent que maintenant, soit le virus mute, devient très agressif et mortel et alors le vaccin produit ne sera pas adapté à ce virus muté.
Ne nous refait-on pas avec cette grippe du porc le coup de la grippe du poulet ? De crise financière en crise économique et de crise climatique en crise sanitaire, tous les thèmes sont bons pour affoler les populations qui ne savent plus à quelle crainte se vouer. Cette catastrophe hypothétique n’est pas une mauvaise nouvelle pour tout le monde. Les épidémies tout comme les guerres ne sont funestes que selon le point de vue où l’on se place.
Rédaction Geopolintel