La création de son mouvement
Les français, désabusés après des décennies d’alternance politique sans amélioration de leur sort, ne croient plus en la classe politique et dans sa capacité à diriger le pays. Tel un charmeur de serpent, Macron a su influencer ses électeurs en leur soufflant l’idée de la nécessité de la création d’un nouveau mouvement qu’il a nommé “En Marche”. « J’ai mis du temps, j’ai réfléchi, j’ai consulté, j’ai associé beaucoup de gens et j’ai décidé qu’on allait créer un mouvement politique, un mouvement politique nouveau ». Pour persuader son public, Macron a innové en usant de l’hypnose collective. En se présentant comme le candidat sans reproches, il a réussi à faire oublier son parcours de banquier d’affaires dont l’unique but est de rechercher le gain maximal. Pourtant, son bilan au ministère des finances est catastrophique au point que la Cour des comptes estime que la prévision de solde publique pour 2017 sera « très difficile à atteindre, du fait à la fois d’un risque de surestimation des recettes et d’une sous-estimation probable de certaines dépenses ». Par ailleurs, la Cour estime que « le projet de loi de finances pour 2017 n’est porteur d’aucune économie structurelle ». Il va falloir trouver des arguments pour que le miracle Macron soit possible.
La séduction de la jeunesse
L’observation du jeune public présent aux meetings de Macron nous questionne sur le fait de savoir comment il a pu obtenir 20 % d’intentions de vote sans même l’ébauche d’un programme ?
La raison vient de son projet d’abaissement de l’âge légal du droit de vote à 16 ans. Il sait qu’un électeur n’est socialement responsable que confronté à la réalité du monde du travail. La jeunesse peu politisée subit la vie économique, c’est une proie facile pour les manipulateurs de tous poils. Elle a une très mauvaise image des élus qu’elle considère comme de vieux ringards inefficaces. Ces futurs chômeurs ne seront pas à la fête avec la loi du travail mise en œuvre sous Macron/Hollande aussi il leur promet du divertissement avec le « Pass culturel » à 500 euros comme seul espoir d’avenir. Au travers de cette proposition, Macron utilise la stratégie du « tittytainment », élaborée par Vance Packard, le penseur de la manipulation mentale et psychologique. Lorsqu’il développe cette idée dans son livre « The Hidden Persuaders » écrit en 1957, il théorise le « totalitarisme tranquille » capitaliste. Le tittytainment est aussi très important pour Zbigniew Brzezinski, qui est partisan d’un monde où 20 % de la population mondiale suffirait à faire tourner l’économie et dans lequel divertissements et nourriture seraient offerts aux « inutiles » démunis afin qu’ils se tiennent tranquilles. Ces techniques de soumission des groupes utilisées par Macron suivent les mêmes processus que sous la naissance des dictatures.
La fin de la Cinquième république
Si macron est un pervers narcissique il est aussi adepte de la théorie de la schizophrénie. « Moi je suis socialiste et je l’assume, l’honnêteté m’oblige à vous dire que je ne suis pas socialiste. Maintenant je suis de gauche et de droite ».
Macron nous dit que contrairement aux autres élus socialistes, il est vraiment de gauche et n’en éprouve pas de complexe. Après les premiers ralliements, chaque politique endosse le rôle du traitre et ne peut plus espérer un hypothétique retour en arrière.
Cette déconstruction des partis PS et LR annonce l’émergence d’une nouvelle alternative politique. D’après Jacques Attali, qui a introduit Macron auprès de Hollande, notre système politique est un des derniers à avoir gardé sa stabilité. C’est donc bien l’adage de Machiavel qui est ici mis en œuvre : « Divide et impera », diviser pour mieux régner. La seule fois où Macron dit vrai dans ses déclarations, c’est quand il affirme qu’il est un candidat anti système dans le sens où il veut détruire le système actuel. Ceux qui prétendent l’élire à la tête de l’Etat vont déchanter, Macron estime que « : Le président ne s’engage pas dans le quotidien de la vie gouvernementale ». Si le chef de l’Etat est détaché de son gouvernement comme il le dit, il est alors cantonné à un rôle d’apparat tels les souverains européens. Ainsi Macron pourra transférer le pouvoir à la commission européenne qui ne s’encombre pas du suffrage universel direct.
Dans le Wall Street Journal, Macron a évoqué sa véritable nature en tant que banquier : « On est comme une sorte de prostituée. Le job, c ’est de séduire ». Depuis qu’il est en pleine ascension, le petit Prince s’est mué en« loup de Wall Street » en dévoilant son programme « révolutionnaire ». Il se compare sans complexe à Mao par sa proposition de renouvellement révolutionnaire de la politique française, « révolution culturelle » et « longue marche » sont maintenant ses deux crédos. « Je suis maoïste car, pour Mao, un bon programme c’est ce qui marche » et « peu importe qu’un chat soit blanc ou noir, ce qu’on lui demande c’est d’attraper la souris ». A bien regarder pourtant, il n’y a pas plus de Mao dans Macron que de Macron en Mao, c’est juste la citation qui assure la promotion de son livre « Révolution ». Même si cette image a pu prêter à sourire, elle est calculée. Macron pense incarner l’homme fort et providentiel tel le révolutionnaire chinois. Si Mao a lancé sa révolution culturelle pour consolider son pouvoir à l’aide de la jeunesse, il surtout purgé le parti communiste des éléments « révisionnistes » et limité le pouvoir bureaucratique. Maintenant, la question que nous devons poser est : Macron, tout comme le guide chinois, va-t-il tenter d’instrumentaliser les banlieues pour amener le chaos d’une guerre civile ? C’est peut -être son nouvel ami et conseiller, Daniel Cohn-Bendit, qui lui souffle cette stratégie, lui qui fit exploser la République française en mai 68...
Le prophète Macron
La prophétie biblique, en particulier apocalyptique est apparente chez Machiavel, le plus grand inspirateur de Macron. Ces temps de crises sont fertiles pour un candidat machiavélique. Tel un prophète, Macron arrive, il est en marche, avec ses lobbies pour imposer un renouveau des temps par le moyen d’une réforme spirituelle et nous faire croire que maintenant tout est possible.
L’inquiétude des français est palpable et la communication de Macron se veut être une opposition au sermon des politicards et des souverainistes. Comme Macron, Machiavel a eu dans sa vie à effectuer une mission à Carpi, afin de choisir un prédicateur sage pour le Carême. Machiavel choisit tout le contraire et prit un homme « plus fou que Ponzo, plus roué que frère Jérôme, plus hypocrite que frère Albert ». Dans le même esprit, Macron, qui cherche à faire oublier sa politique économique sous le gouvernement Hollande, s’est dédouané de sa fourberie en accueillant des hommes politiques de tous bords, niant être de droite ou de gauche, et espérant incarner l’homme providentiel du renouveau.
« Il est sans doute très louable aux princes d’être fidèles à leurs engagements ; mais parmi ceux de notre temps qu’on a vus faire de grandes choses, il en est peu qui se soient piqués de cette fidélité, et qui se soient fait un scrupule de tromper ceux qui reposaient en leur loyauté. Vous devez donc savoir qu’il y a deux manières de combattre, l’une avec les lois, l’autre avec la force. La première est propre aux hommes, l’autre nous est commune avec les bêtes ; mais lorsque les lois sont impuissantes, il faut bien recourir à la force ; un prince doit savoir combattre avec ces deux espèces d’armes ; c’est ce que nous donnent finement à entendre les anciens poètes dans l’histoire allégorique de l’éducation d’Achille et de beaucoup d’autres princes de l’Antiquité, par le centaure Chrion, qui sous la double forme d’homme et de bête apprend à ceux qui gouvernent, qu’ils doivent employer tour à tour l’arme propre à chacune de ces deux espèces, attendu que l’une sans l’autre ne saurait être d’aucune utilité durable. Or, les animaux dont le prince doit savoir revêtir les formes sont le renard et le lion. Le premier se défend mal contre le loup, et l’autre donne facilement dans les pièges qu’on lui tend. »
L’imposture de Macron se résume dans l’impossible conciliation du capitalisme en la personne d’Alain Minc et du communisme avec Robert Hue. Le « Prince » Macron devra toujours s’attirer la sympathie du peuple et s’appuyer sur les puissants. Un bon prince, selon Machiavel, doit posséder les vertus morales et politiques basées sur la ruse et la force. L’unique objet du pouvoir est la guerre.
Geopolintel Mars 2017