Le monde en flammes… c’est la faute à Poutine
Or pendant que l’on braquait les projecteurs sur l’Amazonie et sur le populiste Bolsonaro, tête de Turc désignée du moment, l’on oubliait magistralement, qu’au mois de juillet, en Sibérie, plus de douze millions d’hectares de taïga étaient partis en fumée, l’équivalent en superficie de la Belgique. Idem en Colombie-Britannique, sur la côte pacifique du Canada, où la haute selve – celle qui n’avait pas encore été coupée à blanc par les mégas industries japonaises du bois – se consumait à l’instar d’une vulgaire Californie ou des forêts portugaises d’eucalyptus. Deux régions suffisamment septentrionales pour qu’on eût pu les croire à l’abri de telles dévastations. Au reste les satellites, témoins vigilants et muets robots, savent que l’Afrique brûle autant sinon plus que l’Amazonie : République Démocratique du Congo, Gabon, Cameroun, Centrafrique… Mais il n’y a pas, là, de Poutine ou de Bolsonaro à incriminer ni accessoirement de Donald Trump, ces pelés ces galeux d’où nous viennent tout le mal !
Pour ce qui est du président américain, comme on ne peut l’accuser de tout en même temps, on le suppose – ce qui est terriblement tendance - de collusion avec le duo prédateurs sexuels Weinstein et Epstein [3] , les Dupont et Dupond de la pornocratie friquée judéo-américaine. Le dernier des deux, accusé par la justice américaine de prostitution infantile, étant trépassé à la suite d’un très opportun suicide, ne sera certes plus en mesure de marchander sa peine en échange de révélations désobligeantes… notamment pour l’ex président Bill Clinton (un abonné des vols du Lolita Express [4]) et le camp Démocrate. Toutefois Epstein à l’état de cadavre se révèle encore fructueusement utile dans l’impitoyable guerre de tranchées que l’establishment judéo-protestant livre à son président mal aimé. Car en effet, grâce à des femmes ambitieuses comme Miss Ursula Macfarlane et notre lamentable de cujus, le nom de Trump a désormais sa place dans la galerie des monstres sacrés et autres prédateurs sexuels aux fortes appétences pour la chair fraîche. Ce sont d’ailleurs les mêmes grandes âmes qui dénoncent tout manquement à l’éthique politique et aux attaques ad hominem qui s’emploient avec ardeur à fouiller dans les poubelles et les latrines publiques (entres autres celles où se complaît une certaine presse) pour en extraire des pépites fièrement exhibées et jetées en pâture à un public devenu plus ou moins coprophile.
De fervents pyromanes
Mais il est d’autre feux que de fervents pyromanes s’acharnent à faire prendre fort heureusement avec un médiocre succès… Par exemple l’État hébreu poursuit avec constance ses campagnes de bombardement sur la Syrie. Pour le dernier en date, étaient visées des positions iraniennes. En réalité occupées par le Hezbollah -– libanais dont le chef charismatique, Hassan Nasrallah, a sévèrement accusé Israël pour avoir envoyé dimanche à l’aube, dans la partie sud de Beyrouth, deux drones de combat, l’un ayant explosé contre le centre de communication du Parti de Dieu. Nasrallah qui généralement ne parle pas pour ne rien dire, a annoncé une riposte inévitable à cette attaque et à la mort de deux combattants quelques heures auparavant au sud de Damas…
Il faut retenir de ce énième épisode de guerre semi-ouverte, est sans doute le remarquable sentiment d’impunité qui habite (ou taraude) les responsables israéliens. Lesquels doivent pourtant savoir qu’il ne faut jamais aller trop loin et qu’à jouer avec le feu l’on risque, à un moment ou à un autre de se brûler les doigts. En fait les likoudniki à la tête d’Israël se flattent – pour le moment - de la réserve observée par la diplomatie russe et aussi par les forces de la Fédération présentes sur le sol syrien. Moscou entend apparemment ménager l’État hébreu - pour le moment et en faisant preuve d’une admirable patience – au sein duquel la communauté russophone, confessionnellement juive ou pas, pèse d’un grand poids démographique et politique. Mais le parapluie russe, volens nolens, sous lequel Tsahal accompli ses mauvais coups, peut très bien se déchirer si le vent souffle trop fort : on se souviendra de l’affaire de l’Iliouchine 20 abattu avec ses quinze membres d’équipage le 18 septembre 2018, sans doute ou vraisemblablement par un missile français tiré depuis la frégate « Auvergne » croisant au large des côtes syriennes, mais leurré ou trompé par une manœuvre vicieuse de la chasse israélienne [5]. La réaction de Moscou avait été alors sans ambiguïté. Un sévère avertissement était envoyé à ses bons amis de Tel-Aviv. Il n’empêche, les brandons de discorde à l’œuvre par le truchement de leurs mercenaires takfiristes de l’État islamique ne sont pas en reste : plusieurs attentats suicides viennent d’être perpétrés dans la nuit du 7 au 8 septembre contre les points de contrôle du Hamas dans la bande de Gaza. Les précédentes provocation du même type remontaient à la mi-août 2017. Faits ou symptômes qui s’inscrivent dans une séquence et participent d’une stratégie de la tension… La subtilité du jeu consistant à battre le briquet et à allumer la mèche tout en se tenant à distance respectueuse de l’éventuelle explosion. Dans ce jeu de dupe, la victime est automatiquement désignée comme le coupable et devra le cas échéant payer les pots cassés sous forme d’amputation territoriale, d’annexions en tous genres voir, le cas échéant de boucs émissaires traînés devant une juridiction pénale internationale ou ses juges et gardiens s’entendent pour le faire mourir en silence. Pensons à feu Milosevic.
Un G7 tout en selfies et en paillettes
Le G7 aura ainsi été l’occasion pour M. Macron de parader et de se gonfler d’importance comme la grenouille de la fable qui entendait concurrencer son voisin le bœuf. À très bon compte en faisant la morale écologique au président brésilien et en invitant en marge du sommet le président iranien Hassan Rohani… qu’il rencontrera brièvement et qui pour l’essentiel se sera entretenu avec le ministre français de la Défense Jean-Pierre Le Drian. Au reste, D. Trump décidément en désaccord avec les néoconservateurs qui dirigent l’Amérique, se sera déclaré prêt à une rencontre avec son homologue iranien. Toutes ces simagrées restent toutefois du théâtre et du spectacle à la mesure des impasses diplomatiques, économiques, financières actuelles… quand la bulle de l’endettement éclatera-t-elle ? Demain, jamais ?
Ce G7 dont l’inutilité était criante et à l’évidence basée sur de piteux coups médiatiques – tel la présence officielle et scandaleuse aux côtés de M. Macron d’Inna Shevchenko [6], cheftaine des Femen et membre du Conseil consultatif pour l’égalité hommes-femmes depuis le début de l’année, organe chargé de présenter des recommandations sur ce thème à l’occasion du G7 - aura posé les limites d’un multilatéralisme dogmatique parvenu à son terme. Le cas du Mercosur – le traité d’échange commercial Europe-Amérique latine - montre bien à quel degré les grands accords transcontinentaux ou transatlantiques vont à l’encontre des intérêts des États membres de l’Union européenne et de ceux de la soi-disant sauvegarde de la planète. Cet vain épisode démontre que ce G7 n’aura en tout cas pas fait avancer le schmilblick d’un iota pour ce qui regarde un dénouement de la crise aiguë opposant l’Iran et les États-Unis, situation dont ils sont les seuls et uniques responsables… Crise prenant sa source dans la dénonciation unilatérale par l’Administration Trump de l’accord relatif au contrôle du programme nucléaire persan ! Le plus cocasse dans l’affaire est que maintenant les dirigeants occidentaux – effrayés par la reprise de l’enrichissement d’uranium dans les centrales de la République islamique, matières fissiles précurseur et préalable à la confection d’une bombe atomique - s’évertuent à faire rentrer l’Iran dans le cadre d’un accord que celui-ci avait respecté à la lettre jusqu’alors et dont l’arrogance provocatrice de la diplomatie américaine les a justement fait sortir.
Iran : impasse ou issue ?
En ce qui regarde la venue de Rohani à Biarritz, gageons qu’il n’y est pas venu comme l’on irait à Canossa. Son passage doit être interprété comme un geste de bonne volonté. Un signe de non fermeture au dialogue, mais rien de plus parce que la société iranienne reste lestée par un noyau dur, les Gardiens de la Révolution issus de la masse du peuple profondément patriote quelque soit l’appartenance ethnique des uns ou des autres [7]. L’une des raisons pour lesquelles les Iraniens, gouvernement comme masses populaires, n’en démordront pas.
Les EU ont placé l’Iran le dos au mur et, dans la diplomatie du fort au faible (au moins du point de vue l’avantage des armes et de la suprématie technique en matière de destruction de masse), Washington et les maître de l’État profond américain et mondialiste, pousseront les choses aussi loin que possible et peut-être plus loin que nécessaire au risque de voir dégénérer la situation en guerre totale. À l’heure actuelle, le feu couve en de multiples endroits, au Yémen, en Mésopotamie, en Syrie et bien sûr dans le Golfe. Surtout et d’autant que l’Iran, instruit par le cas de l’Irak qui a connu la guerre en 2003 puis le chaos après avoir été soumis à un dur blocus économique de huit ans. L’expérience et la peur sont bonnes conseillères et empêchent de se laisser séduire par les sirènes de la démocratie participative, méchant cache sexe qui anticipe le pillage économique du pays converti à la démocratie de marché par les oligarchies prédatrices acheminées dans les fourgons des vainqueurs et du malheur.
Aussi corrompus les mollahs soient-ils pour nombre d’entre eux, le régime iranien ira jusqu’au bout des convictions politiques, théologiques qui structure cette vieille et haute culture. Le dos au mur il ne restera pas sans réaction face à l’asphyxie de l’économie celle-ci ayant atteint les limites du supportables et de l’admissible. Il est des lignes rouges infranchissables. Washington compte là-dessus pour obtenir une reddition en rase campagne mais, semble-t-il, c’est commettre-là une mortelle erreur. Car il ne s’agit pas seulement - nous avons déjà eu maintes occasions de le dire et de l’écrire – de la simple lutte d’un régime pour sa survie, mais bel et bien de l’un des fronts de la guerre civilisationnelle opposant le Vieux monde et l’Amérique du Veau d’or.
Le Vieux monde doit être compris comme l’Europe déliquescente, décomposée par la démocratie parlementaire - les exemples du Royaume-Uni en proie à un résistible Brexit [8] et l’Italie qui, par un jeu de bonneteau politique, évince Mattéo Salvini, pourtant largement plébiscité par les foules de la Péninsule – associée à la Russie néo-orthodoxe et à la Chine populaire néo-confucianiste. Si l’Occident moderne était un peu moins ethnocentré, un peu plus curieux des vieilles cultures (le chiisme iranien duodécimain est un rameau ayant poussé sur le terreau mazdéen), un peu plus lucide aussi, nous apercevrions les arrières plans métaphysiques irriguant toutes les guerres modernes dans et pour lesquelles ce sont, la plupart du temps, des conceptions du monde antagonistes qui s’affrontent dans des duels à mort… Ceci a été vrai pour la destruction de l’Allemagne, et dans le cadre de la Guerre froide, pour les deux systèmes messianiques rivaux (mais sur le fond complémentaires et convergents) qui tentèrent pendant quarante ans de se neutraliser réciproquement, avant paradoxalement, de fusionner dans le mondialisme dernier avatar de l’internationalisme prolétarien.
Ceux qui parlent uniquement de pétrole, de marchés n’ont bien entendu pas complément tort, mais il n’en demeure pas moins qu’ils ont la vue courte et confondent le support matériel, les objectifs et les gains à court ou moyen terme et la nature substantielle des guerres que se livrent l’Ancien et le Meilleurs des Nouveaux Mondes. Lutte de l’ordre naturel, contre un darwinisme social, politique et eschatologique qui n’est au fond qu’une forme de la lutte essentielle et existentielle pour la domination des forts et l’élimination des faibles ou des « inutiles »… Idée qui n’est pas si éloignée que ça des arrières pensées du président Macron [9], lequel se préoccupe davantage du commerce des embryons, des gamètes et des ovules que des caisses de retraite ! Ceci dans une société vieillissante, sans horizon, condamnée à la relégation du chômage après cinquante ans et pire, sans guère d’espoir de postérité autre que celle des ventres fécond du tiers et que quart-monde colonisateur à rebours et à bas-bruit. Populations victimes des fous et des terroristes surineurs du dimanche – Villeurbanne ! – mais aussi et surtout victimes expiatoires, outre une dénatalité galopante, de ces feux épidémiologiques que sont véritablement l’explosion des cancers, rançon de tous les pseudo conforts chimiques, mécaniques, agraires et alimentaires. Conforts mortels dont débordent les caddies de supermarchés remplis à raz bord, abondance létale dont se trouvent tissés une modernité trompeuse et un progrès involutif à contresens.
1er septembre 2019