JMV :
Daria Aleksandrovna Douguina (fille d’Alexandre Douguine) se faisait également appeler, dans sa profession de journaliste, Daria Platonova (fille de Platon). Ce qui en dit long sur les sentiments politiques de Daria Douguina quand l’on connaît le peu d’amour que le divin Platon portait à la Démocratie ! Un système qui, au demeurant, à l’époque où vivait le philosophe, portait encore l’empreinte d’un ordre naturel et humain aujourd’hui totalement absent de la démocratie moderne. Laquelle n’est qu’un ordre juridique artificiel reposant sur la soi-disant volonté d’une soi-disant majorité électorale. Rappelons que les mêmes mots désignent rarement les mêmes réalités selon les lieux et les époques…
Maintenant faut-il vraiment revenir sur la personne et la personnalité de Daria car toute la presse non-conformiste a dressé d’elle des portraits déjà très complets ?
Francophone, diplômée en histoire de la philosophie de l’Université Lomonossov de Moscou, elle était également journaliste de terrain très présente sur le champ de bataille du Donbass. Son combat intellectuel et moral se situait résolument dans le camp anti-globaliste au sein de la mouvance eurasiste et slavophile. Raison pour laquelle elle figurait sur la liste des bannis établie entre autres par le Foreign Office.
Pour parler le globish – l’exception, pour l’occasion, confirmant la règle – Daria était une “belle personne”, dans tous les sens du terme. Élégante, néanmoins sobre dans son allure, elle avait ce que l’on appelle de la tenue, d’aucun dirait qu’elle avait de la classe. Au fond, l’extérieur était conforme à l’intérieur. Et puis elle ressemblait à l’idée que l’on se fait d’une femme ! Ici on la voit avec une voilette, ce petit ustensile d’élégance que les femmes portaient encore parfois - et même souvent - dans le métropolitain de ma prime jeunesse. Un temps où le sexe féminin – qui n’était pas encore tourné en ridicule – ne sortait pas sans un bibi, un chapeau confectionné par l’une de ces innombrables modistes qui prospéraient alors. Aujourd’hui les femmes sont en cheveux, leurs jupes sont à mi-cuisses et les chevelures des ministresses dégoulinent. Le règne de la porno[démo]cratie que dénonçait le fondateur du socialisme, Pierre-Joseph Proudhon, est arrivé. Pauvre Daria, elle n’aura même pas eu en Europe occidentale cette gloire posthume réservée aux viragos anti-Poutine et féministes, de celles que la presse internationale idolâtre à la folie lorsqu’elles tombent sur un bec et mangent le bitume…
• Que dire de son combat idéologique et politique ?
Daria était jeune, élégante, modeste, engagée, mais elle était dans le mauvais camp, celui de la foi orthodoxe, de la fidélité à sa patrie et à son père, fidèle enfin à la vérité qui doit gouverner la vie des peuples et des nations…
Le 5 mai 2022, Daria Douguina parlait d’or avec la droite simplicité qui était la sienne. Écoutons, pour en prendre de la graine, l’écho de sa voix non encore étouffée par le tintamarre de l’actualité : « L’Europe est le champ de bataille de deux visions du monde – mondialiste et antimondialiste. C’est désormais évident dans tous les pays… Aujourd’hui, l’Europe est un champ politique subordonné à la dictature de l’hégémonie américaine. Malheureusement, les élites européennes suivent aveuglément les ordres des États-Unis… De nombreux signes, voix et manifestations politiques de l’approche alternative émergent sous nos yeux – il y a des forces en Europe qui veulent la multipolarité. Ce sont les mouvements antiglobalistes. Ils sont l’avenir de l’Europe, le mondialisme et les élites de l’UE sont dépassés »…
Mais nul ne saurait mieux parler de Daria que son père lui-même. Un homme que la presse d’ici présente comme l’idéologue, l’éminence grise du président Poutine, un dictateur à l’esprit enténébré par de funestes rêves d’empire. Bref c’est cette sorte de “Raspoutine” qui s’exprimait ainsi le 23 août lors des funérailles de sa fille chérie. Extraits : « J’ai voulu élever ma fille de la manière dont je vois l’idéal d’un homme. C’est avant tout la foi, elle a passé toute son enfance dans des camps de vacances orthodoxes, elle allait à l’église. Et c’est important, mais je voulais aussi qu’elle soit une orthodoxe intelligente. Sa mère et moi lui avons donc conseillé de devenir philosophe. Et elle l’est devenue.
Et depuis son enfance, ses premiers mots, que nous ne lui avons bien sûr pas appris, étaient « Russie », « notre puissance », « notre peuple », « notre empire ». Et c’est ce qui la rendait si parfaite. En traversant des épreuves difficiles, elle est réellement devenue bien meilleure que nous.
Dans notre famille, dès l’origine, un impératif était gravé dans le marbre : tu dois devenir meilleur, tu dois devenir supérieur, tu dois devenir plus courageux, tu dois devenir plus intelligent, tu dois devenir presque parfait…
Elle n’avait vraiment pas peur. Et la dernière fois qu’elle et moi avons parlé, quelques heures avant sa mort, elle m’a dit : « Papa, je me sens comme un guerrier, comme un héros, je veux être comme ça, je ne veux pas d’autre destin, je veux être avec mon peuple, avec mon pays, je veux être du côté des forces de la lumière, rien de compte davantage ».
Lors de ma dernière conférence donnée avec elle, je lui ai dit que l’histoire est une bataille de la lumière et des ténèbres, de Dieu et de son adversaire. Et que l’actuelle situation politique, notre guerre en Ukraine - mais pas avec l’Ukrain - fait également partie de cette guerre entre la lumière et de l’obscurité… Le sens de sa vie était pour elle marqué par l’exigence… et elle a toujours avancé sur cette ligne, dans cette logique…
Elle était ce qu’elle était. Elle était entière… C’est ainsi qu’elle n’aurait pas voulu d’un autre destin, d’une autre vie… Pour elle, la vie avait un sens et ce sens était la chose la plus importante pour elle, elle a vécu suivant cette logique… Si elle était encore là, elle n’aurait qu’un seul souhait : ne vous souvenez pas de moi, ne me glorifiez pas, battez-vous pour notre grand pays, défendez notre foi, notre sainte orthodoxie, aimez notre peuple russe, car elle est morte pour le peuple, elle est morte pour la Russie au front, et le front est ici. Pas seulement là-bas – ici, en chacun de nous.
Et le prix le plus élevé que nous devons payer ne peut être justifié que par l’accomplissement ultime, par la victoire. Elle a vécu au temps de la victoire, et elle est morte au temps de la victoire. Notre victoire russe, notre vérité, notre orthodoxie, notre pays, notre puissance ».
Que dire de plus ? Un discours que l’on ne risque pas d’entendre en notre douce France, pays de la crapulerie au pouvoir, au sommet de l’État et dans la rue. Un pays dont les citoyens productifs et contribuables entretiennent et subventionnent une racaille proliférante dont ils sont de facto les esclaves puisqu’ils peinent et travaillent jour après jour pour entretenir cette engeance. Aucun système socialiste au cours de l’histoire n’a d’ailleurs existé et ne s’est maintenu tant soit peu sans une masse de manœuvre servile du haut en bas de l’échelle sociale, en un mot sans esclaves dévolus au service d’un lumpenprolétariat devenu le sel de la terre aux yeux des (im)puissants qui nous dirigent… droit à l’abîme.
• Mais qui ? À qui est imputable ce crime particulièrement lâche ?
Daria est morte à 29 ans dans la plénitude de sa jeune vie… et dans l’embrasement de sa voiture qui précédait de peu celle où se trouvait son père. Une opération de toute évidence orchestrée avec maestria c’est-à-dire portant la signature d’un grand Service action. À Moscou la vox populi – celle des milieux dit bien informés – a immédiatement pointé le doigt vers les Services de l’État hébreu. Pourquoi pas, on ne prête qu’aux riches n’est-ce pas ? Nous nous trouvons dans une conjoncture géopolitique tout à fait particulière : face aux sanctions économiques imbéciles, la Russie a ralenti ses exportations de gaz vers l’Europe, 20 % du volume habituel et les prix s’envolent1.000 euros le mégawattheure au lieu de 85 il y un an. Un marché ultra juteux vient de s’ouvrir qui fait saliver le producteur israélien. Las la Russie et l’Iran sont en train de mettre sur pied un cartel gazier – sur le modèle de l’Opep – représentant quelque 60% des ressources en gaz naturel mondiales. Un danger mortel pour Tel-Aviv et une raison à agir… À savoir, envoyer un signal fort à l’élite politique russe-orthodoxe sachant que les oligarques – toujours en embuscades - ne sont pas eux, des patriotes de premier plan mais plutôt des ultra-libéraux internationalistes non-prolétariens.
Et puis cet attentat a suivi un modus operandi (un protocele opératoire) bigrement semblable à celui que suivait en Russie la Mafia khazar dans les années quatre-vingt-dix lorsque l’oligarchie naissante s’entredéchirait pour dépecer à belles dents les reliefs de l’empire industriel et minier de l’ex-Union soviétique. Cette explosion meurtrière n’est pas sans rappeler non plus les multiples attentats ciblés qui, en plein cœur de Téhéran frappent régulièrement l’élite scientifique iranienne après avoir décimé les rangs irakiens avant la chute du raïs Saddam Hussein. Mêmes méthodes, mêmes acteurs, non ? Concluons provisoirement que les exécutants de tels crimes n’en soient pas nécessairement les commanditaires.
Ajoutons que la main armée qui a été très voire trop vite identifiée, est un agent ukrainien aussitôt s’est réfugié après l’attentat en Estonie voisine ? Au reste tout cela est trop beau – et trop tiré par les cheveux – pour être vraiment vrai. Parce que resterait à savoir dans quelle configuration exacte il faut replacer cet assassinat. Voir à qui et à quoi il est ou serait réellement utile au-delà de la bataille mondiale pour le gaz. Dans ce type d’affaire le billard à cinq bandes est de mise. Et nous sommes ici – par définition - dans un jeu de poupées russes !
• Revenons précisément sur les circonstances de ce drame et tentons d’en saisir les tenants et les aboutissants. Vous venez de parler d’un jeu de poupées russes, qu’est-ce à dire ? Qui était visé ? Était-ce le supposé conseiller du président Poutine, Alexandre Douguine, ou sa fille, ou les deux ?
La seconde question n’a qu’une pertinence limitée. Il s’agissait de frapper là où ça fait mal et avec le maximum d’impact. Deux morts, c’eut été faire coup double. Mais Daria représentait une cible symbolique à très haute valeur ajoutée.
René Quinton – grandiose auteur posthume des « Maximes sur la guerre » - disait que le héros ne devait et ne pouvait survivre à la guerre. Daria n’a pas survécu à son combat, en cela elle est grande et le restera. Elle est pour nous, pour toutes les jeunes femmes qui chez nous ne se sont pas converti au tribadisme et au progressisme transsexualiste et transracialiste, un modèle d’engagement à suivre autant que faire se peut. Sans être Jeanne d’Arc, elle possède assurément un peu de son caractère et en partage l’aura. L’exemple à suivre ! Ce pourquoi il fallait l’abattre, avec ou sans son père.
À travers elle, il s’agissait en outre de montrer que les ennemis de la Russie sont en mesure de frapper au cœur de la citadelle moscovite. Tuer pour montrer, démontrer la vulnérabilité de l’État russe et des premiers cercles du pouvoir. Quelques jours plus tôt une base aérienne de Crimée avait été durement touchée, puis ce fut un dépôt de munitions, toujours dans la Péninsule. Kiev veut à l’évidence montrer qu’il mène le bal et que les forces de la Fédération en sont réduites à encaisser des coups, qu’elles sont sur la défensive. En frappant la cible symbolique – mais accessible parce que non protégée – des Douguine père/fille, les commanditaires savaient qu’ils obtiendraient un maximum de retentissement… Surtout à travers le monde, spécialement extra-européen parce qu’en France lundi matin, passée l’information à chaud du dimanche soir, silence radio… Les ordres étaient tombés et les rédactions respectèrent honteusement l’omerta. Mardi matin changement de programme, les barrages avaient cédé et il fallut bien, volens nolens, revenir sur un acte terroriste que l’on se gardait bien toutefois de dénoncer comme tel. Bref, un épisode qui participe indéniablement d’une guerre terroriste – pensons aux sicaires dont parle Flavius-Josèphe – et qui aura été pour notre bonne presse, un non-événement.
• Alors les poupées russes ?
L’agent ukrainien qui est ou serait poseur de bombe avait assisté à la fête folklorique à laquelle les Dougine ont eux-mêmes participé. Citoyenne ukrainienne âgée de 43 ans, Natalia Vovk née Sofia Shaban (!) en 1979, est identifiée par le FSB (KGB nouvelle mouture) comme Natalia Vovk, ex-membre du Bataillon Azov, arrivée en Russie en juillet avec sa fille mineure, née en 2010. Toujours selon le FSB, Sophia Shaban alias Nathalie Vovk avait loué un appartement dans l’immeuble où vivait Daria Douguina… Ce qui de ce seul point de vue semble désigner Daria comme la cible prioritaire. Observons par parenthèses que les tactiques modernes sont d’abord vulnérantes : il ne s’agit pas de seulement de tuer. Blesser est d’un bien meilleur rendement opérationnel. Dans ce cas l’inguérissable plaie morale d’Alexandre Douguine – de la même façon le fils du virulent polémiste et royaliste Léon Daudet avait été assassiné par la Sureté nationale - pourrait le pousser à des prises de positions extrêmes utilement exploitables par la propagande de guerre idéologique occidentaliste.. Cet acte terroriste devrait alors se concevoir comme une provocation destinée à pousser les cercles dirigeants russes à la faute diplomatique, politique ou militaire s’ils venaient à prendre des mesures de rétorsions dangereusement inopportunes.
Identifiée en tant que membre des Services spéciaux ukrainiens, Nathalie Vovk serait parvenue immédiatement après l’assassinat de Daria Dougina, à fuir en Estonie avec sa fille sans que nous ne comprenions comment elle a pu couvrir la distance en seulement quelques heures, ni pourquoi elle n’a pas été arrêtée puisqu’apparemment elle était bien connue et pistée par le FSB ?
Maintenant si l’on admet la possibilité que Natalie Vovk n’ait été chargée que de la surveillance de Daria Dougina, il en ressort que celle-ci ne serait dans cette affaire qu’un leurre – du type de Lee Harvey Oswald - destiné à occulter l’identité et les mobiles des véritables organisateurs. Le cousin et le père de Nathalie Vovk ont d’ailleurs émis l’hypothèse que celle-ci aurait pu être manipulée étant l’objet d’un chantage après la mobilisation forcée son fils Danil dans l’armée de Kiev.
Quoiqu’il en soit, nous devons replacer cet assassinat ciblé dans le contexte d’une montée vertigineuse de la tension Ouest/Est. Le Royaume-Uni lance en ce moment une campagne de communication dans le but de préparer l’opinion publique anglaise à une participation directe de l’armée britannique dans conflit ukraino-russe et annonce son intention de former sur son propre sol, quelque dix-mille combattants ukrainiens par mois ! L’on évoque en outre la présence d’un dépôt de plutonium – utile à la confection de l’arme atomique - d’origine française dans la centrale de Zaporijia… Ce pourquoi les inspecteurs de l’Agence internationale de l’Énergie atomique tarderaient tant à se rendre sur les lieux !
Nous sommes donc aujourd’hui parvenus à un tournant crucial du conflit et, à entendre le président Macron – lequel vient d’être chaudement conspué à Alger où il était venu quémander quelques molécules de gaz en échange de 38.000 visas étudiants aux frais de la Nation - dans son intervention de Bormes-les-Mimosas le 19 août, la cobelligérance n’a jamais été autant à l’ordre du jour…