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600 millions d’euros de doses de vacins à la poubelle

dimanche 2 octobre 2022

La campagne de rappel ne sera probablement pas suffisante pour consommer le stock de 30 millions de doses dont dispose la France. Quel avenir donc pour ces doses en trop ?

Selon les chiffres communiqués par la direction générale de la Santé à l’Express, la France possédait en stock 1,85 millions de flacons de Moderna et 1,7 millions de flacons de Pfizer, soit un peu plus de 30 millions de doses de vaccins pouvant être injectées.

NB : la dose de vaccin coûte près de 20 euros.

Covid-19 : la France va-t-elle devoir détruire ses 30 millions de doses de vaccins ?

Faudra-t-il bientôt se résoudre, comme la Suisse, à détruire des millions de doses de vaccins dormant dans nos entrepôts ?

La semaine dernière la Confédération a annoncé devoir être contrainte de jeter 10,3 millions de doses du vaccin Moderna contre le Covid-19, en raison de leur date de péremption. La France n’est, elle non plus, pas à l’abri d’un tel gâchis. Selon les chiffres communiqués par la direction générale de la Santé à L’Express, la France possédait en stock au 27 septembre, 1,85 million de flacons de Moderna et 1,7 million de flacons de Pfizer, soit un peu plus de 30 millions de doses de vaccins pouvant être injectées. Et alors que le pays continue de voir une hausse des nouveaux cas de Covid-19, ces stocks restent pourtant largement sous-utilisés. La campagne de vaccination de rappel ne s’amplifie pas, et reste en moyenne en dessous de 20 000 injections quotidiennes. Pas de quoi éponger le surplus.

D’autant que si une nouvelle campagne de vaccination de rappel commence bien début octobre pour les personnes les plus fragiles, celle-ci ne devrait pas se faire avec ces vaccins dits de première génération. « D’ici fin octobre, plusieurs millions de doses de vaccins adaptés (aux variants, NDLR) seront livrées en stock national par les laboratoires », assure la Direction générale de la santé (DGS). Selon les recommandations de la Haute autorité de Santé (HAS), ce sont ces nouveaux vaccins qui seront utilisés en priorité pour les publics les plus fragiles. Les doses de vaccin « monovalent », ciblant la souche « Wuhan » du SARS-CoV 2, la première en circulation, seront bientôt réservées à la primo-vaccination. De quoi fixer définitivement l’avenir des encombrants flacons ?

Maintenir l’accès à la primovaccination

Sans-doute pas, car toutes ces doses ne devraient pas être inutiles. « A court terme, les vaccins classiques resteront injectés jusqu’à l’arrivée des nouveaux vaccins bivalents. De plus, ces vaccins bivalents n’ont reçu une autorisation de mise sur le marché que dans le cadre du rappel vaccinal. Le stock de vaccins classiques permettra donc de maintenir l’accès à la primovaccination », assure la Direction générale de la santé. En effet les doses de rappel pour une quatrième injection même si elles ne sont pas encore recommandées pour toute la population (notamment pour des raisons d’acceptabilité), peuvent être administrées aux personnes de moins de 50 ans qui en font la demande. « Ce n’est pas interdit et c’est bien la différence entre ce qui relève de l’autorisation de mise sur le marché et ce qui relève des recommandations faites par la Haute autorité de santé », confirme Jean-Daniel Lelièvre, immunologue et expert au sein de la HAS. La Haute autorité de santé, prévient également qu’en cas d’indisponibilité de vaccins « bivalents », il vaut mieux pour les personnes fragiles ne pas les attendre et se faire vacciner avec les vaccins à disposition.

Pour écluser le stock il faudrait surtout que les Français souhaitent massivement une quatrième injection. Pour le moment, la Chambre syndicale de la répartition pharmaceutique estime les livraisons hebdomadaires aux pharmacies à 150 000 doses de vaccins de première génération. Même si ce niveau augmentait il serait insuffisant pour parvenir à bout des 30 millions d’injections en attente.

« Qui paie le plus en aura le plus »

C’est donc surtout au-delà de la France, que ces doses pourraient trouver leur utilité. Dans le monde des millions de personnes n’ont encore reçu aucun vaccin contre le Covid-19. « Il peut être intéressant, comme le gouvernement l’a déjà fait à plusieurs reprises, sur des gros volumes, d’envoyer des dons de vaccins dans certains pays », confirme David Lepoittevin, le directeur activité vaccins de Pfizer France. Mais pour cela non plus il ne faudra pas tarder, car ces doses devraient avoir une durée de vie très courte. Actuellement les vaccins à ARN de Pfizer atteignent leur date de péremption au bout de douze mois après leur sortie d’usine, mais selon la firme des essais permettraient de déterminer jusqu’à quand il est possible de dépasser ces limites. « On a mis en place beaucoup d’essais sur la stabilité pour pouvoir prolonger cette date de péremption, les choses sont en cours », promet le directeur de Pfizer France.

Le sujet est sensible, et la Direction générale de la Santé refuse pour le moment de communiquer sur cette possibilité. Il témoigne aussi d’un système très inégalitaire, où le trop-plein est la conséquence de politique d’achats visant à sécuriser l’approvisionnement des pays riches au détriment des pays les plus pauvres. « Comme on est dans une logique de concurrence et de marchandisation, la règle de l’achat des vaccins a surtout été que celui qui paie le plus en aura le plus, mais derrière se pose la question de la capacité à utiliser ces stocks comme il faut », fustige Jérôme Martin, cofondateur de l’Observatoire de la Transparence des politiques du médicament.
L’Express

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