Geopolintel

Elliott Abrams pivot essentiel du conflit israélo-palestinien

mercredi 8 novembre 2023

Elliott Abrams est un faucon néoconservateur américano-sioniste qui a organisé des « sales coups » tout autour de la planète sans que sa participation à ces guerres soit remise en question pour ses différents postes dans l’administration de Washington.

Elliott Abrams a été condamné pour avoir organisé et dissimulé des atrocités de masse au Nicaragua. Abrams avait plaidé coupable en 1991 pour avoir menti au Congrès au sujet de l’affaire Iran-Contra.

C’était un des personnages central dans l’affaire Iran-Contra, en finançant et en dirigeant les opérations des contre-révolutionnaires. Les Contras, un groupe composé principalement d’anciens fonctionnaires et de soldats de la dictature déchue d’Anastasio Somoza, n’ont pas réussi à renverser le gouvernement sandiniste au Nicaragua. Dans son livre intitulé « Undue Process », il relate avec colère les poursuites dont il a fait l’objet et dans lequel il qualifie les enquêteurs de l’affaire Iran-Contra de « misérables, sales bâtards » et de « suceurs de sang ». Ses faits d’armes se sont poursuivis sous l’administration Bush avec le « coup d’Etat » manqué contre le président vénézuélien Hugo Chavez en 2002.

Plus tard, il a été désigné comme l’un des principaux responsables du coup d’État raté du Fatah contre le Hamas en 2007, après avoir remporté les élections palestiniennes, ce qui a finalement permis au Hamas de prendre le contrôle de la bande de Gaza.

Elliott Abrams a-t-il trompé Israël sur l’attaque du Hamas ?
« Il s’agit d’un énorme échec en matière de renseignement de la part des Israéliens et des Américains », a déclaré Bruce Riedel, ancien analyste de la C.I.A., à NBC News.
Quelques semaines avant l’attentat, Elliott Abrams, néoconservateur et chargé d’études sur le Moyen-Orient au Council on Foreign Relations, a illustré ce type d’échec du renseignement en informant une commission du Congrès que le Hamas concentrait ses opérations terroristes en Cisjordanie et non à Gaza.
Le Hamas « veut limiter les attaques en provenance de Gaza », a déclaré Abrams au Congrès. En effet, « il veut éviter les frappes israéliennes sur Gaza, où il gouverne. Il veut que le calme règne dans la région. Il veut que les postes frontières soient ouverts ».

Elliott Abrams a orchestré la guerre civile palestinienne de 2007 entre le Hamas et le Fatah

Le Hamas a remporté les élections législatives de 2006 et cette victoire n’a pas été du goût d’Israël et des États-Unis en raison de l’agenda du Hamas en faveur de la résistance dans la lutte pour la libération de la Palestine, contrairement à l’approche du Fatah qui est davantage axée sur la négociation.

Il s’en est suivi un coup d’État contre un gouvernement démocratiquement élu avec le soutien des États-Unis, une situation comparable à celle qui a été mené au Venezuela. Dans les deux cas, Elliot Abrams a tout géré à partir des coulisses.

En 2007, George Bush, alors président des États-Unis, Condoleezza Rice, secrétaire d’État, et Elliott Abrams, alors conseiller adjoint à la sécurité nationale, ont élaboré un plan visant à renverser le Hamas en s’appuyant sur le Fatah.

David Wurmser, ancien conseiller pour le Moyen-Orient du vice-président Dick Cheney, a déclaré à l’époque : « Il y avait de graves mésenettentes entre les néoconservateurs à ce sujet », ajoutant : « Nous nous déchirions les uns les autres ».

Wurmser a démissionné quelques semaines après le début de l’affrontement sanglant entre le Fatah et le Hamas en 2007. Les puissances mondiales ont commencé à dire qu’il s’agissait d’un coup d’État du Hamas.

« Il me semble que ce qui s’est passé n’est pas tant un coup d’État du Hamas qu’une tentative de coup d’État du Fatah qui a été déjouée avant qu’elle ne se produise », a déclaré M. Wurmser.

Les élections palestiniennes de 2006 avaient remis en cause la politique de Bush au Moyen-Orient, qui consistait à mettre en place un gouvernement pro-occidental dans la région. En l’absence d’un tel gouvernement, le pays nord-américain et son allié Israël ont commencé à acheminer de l’argent et des armes aux milices fidèles au Fatah afin de les former en vue d’un coup d’État armé.

Mme Rice a également envoyé un ordre au président palestinien Mahmoud Abbas, lui disant : « Vous devriez exprimer clairement votre intention de déclarer l’état d’urgence et de former un gouvernement d’urgence ».

Pendant ce temps, Abrams rencontré un groupe d’hommes d’affaires palestiniens et a parlé de la nécessité d’un « coup d’État dur » contre le Hamas. Dans un rapport sur les événements du coup d’État de 2007 publié par le Palestinian Chronicle, les Palestiniens qui ont assisté à la réunion ont déclaré qu’Abrams était « inébranlable » dans sa détermination à évincer le Hamas.

Les Palestiniens ont proposé une approche plus diplomatique au Hamas, craignant qu’une confrontation « n’apporte davantage de souffrances à la population déjà appauvrie de Gaza, Abrams a rejeté leurs préoccupations en affirmant que ce ne serait pas la faute des États-Unis si cela se produisait ».

Les États-Unis ont également persuadé l’Égypte, la Jordanie, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis d’offrir des terrains d’entraînement.

Un rapport divulgué par l’envoyé de l’ONU au Moyen-Orient, Alvaro de Soto, à l’époque de ces événements, a révélé qu’Abrams avait menacé, après la victoire électorale du Hamas, de réduire les contributions américaines à l’ONU si celle-ci ne votait pas en faveur d’une suspension de l’aide à l’Autorité palestinienne par le quartet, composé de l’ONU, des États-Unis, de l’Union européenne et de la Russie.

Le Hamas s’est montré résistant et a tenu bon après que le groupe se soit réfugié à Gaza et y ait formé son propre gouvernement. Cependant, l’administration Bush n’était pas satisfaite.

Elle a tenté d’inciter les Palestiniens à se rallier au Fatah dans le cadre d’un plan en trois volets : amnistie de trois mois pour 178 soi-disant militants en Cisjordanie, libération de 250 prisonniers sur 11 000 et octroi d’une aide de 190 millions de dollars, recyclée pour l’essentiel à partir d’une aide déjà allouée et non déboursée.

Le conflit palestinien planifié par Abrams entre les deux factions les plus puissantes et les plus populaires de Palestine se poursuit à ce jour sans qu’aucune solution réalisable ne soit en vue.

Le blocus militaire brutal imposé par Israël et l’Égypte à la bande de Gaza est le résultat direct du coup d’État, puisqu’il a été imposé au territoire palestinien après que le Hamas y a établi son gouvernement au mépris des souhaits des États-Unis et d’Israël. La guerre civile entre le Hamas et le Fatah a surtout réussi à semer la division entre les Palestiniens eux-mêmes, affaiblissant leurs efforts de résistance et de lutte contre la machine coloniale israélienne.

Mais cette tournure des événements est loin d’être surprenante si l’on considère l’histoire d’Abrams en faveur d’un changement de régime.

Après être intervenu en Amérique centrale dans les années 1990, Abrams s’est tourné vers le Moyen-Orient. Il a été l’un des principaux artisans de l’invasion américaine de l’Irak en 2003, qui a vu le renversement de Saddam Hussein, la destruction d’une grande partie du pays et la mort de centaines de milliers d’Irakiens, conséquence directe de la guerre.

Telesurenglish

The Economist falsifie l’histoire politique de Gaza

Des documents confidentiels, corroborés depuis par des sources aux Etats-Unis et en Palestine, mettent à nu une initiative secrète, approuvée par Bush et mise en œuvre par la secrétaire d’État Condoleezza Rice visant à provoquer une guerre civile palestinienne.

Par Moon of Alabama

The Economist falsifie l’histoire :
Bibi Netanyahu est le mauvais homme au mauvais endroit – Economist – 31 octobre 2023
(Bibi Netanyahu is the wrong man in the wrong place)

En l’absence d’une orientation gouvernementale claire, c’est l’establishment de la défense israélien qui se charge de toute la planification. Sa solution préférée est de voir l’Autorité palestinienne revenir à Gaza, qu’elle contrôlait jusqu’au coup d’État du Hamas en 2007.

Il n’y a pas eu de « coup d’État du Hamas », ni en 2007, ni avant, ni après. Mais il y a bien eu une tentative de coup d’État à Gaza. Elle a été menée par Muhammad Dahlan du Fatah, qui contrôlait également l’Autorité palestinienne et qui, avec le soutien des États-Unis, tentait de renverser le gouvernement légalement élu du Hamas à Gaza.

La bombe de Gaza (The Gaza Bombshell) – Vanity Fair – 3 mars 2008

Après avoir échoué à anticiper la victoire du Hamas sur le Fatah lors des élections palestiniennes de 2006, la Maison-Blanche a concocté une nouvelle débâcle scandaleusement secrète et autodestructrice au Moyen-Orient : un peu d’Iran-contra, un peu de Baie des Cochons. À l’aide de documents confidentiels, corroborés par d’anciens et d’actuels responsables américains indignés, l’auteur révèle comment le président Bush, Condoleezza Rice et le conseiller adjoint à la sécurité nationale, Elliott Abrams, ont soutenu une force armée dirigée par l’homme fort du Fatah, Muhammad Dahlan, déclenchant une guerre civile sanglante à Gaza et laissant le Hamas plus fort que jamais.

Le président Bush a ensuite appelé Muhammad Dahlan “notre homme” et a fait tout ce qu’il pouvait pour favoriser un coup d’État :

Vanity Fair a obtenu des documents confidentiels, corroborés depuis par des sources aux Etats-Unis et en Palestine, qui mettent à nu une initiative secrète, approuvée par Bush et mise en œuvre par la secrétaire d’État Condoleezza Rice et le conseiller adjoint à la sécurité nationale Elliott Abrams, visant à provoquer une guerre civile palestinienne. Le plan prévoyait que les forces dirigées par Dahlan, et dotées de nouvelles armes fournies à la demande des Etats-Unis, donneraient au Fatah la force nécessaire pour écarter du pouvoir le gouvernement démocratiquement élu dirigé par le Hamas.

– Pour The Economist, « Netanyahu est le mauvais homme au mauvais endroit ».

Il s’agit d’une histoire longue et complexe. Finalement, l’administration Bush a renoncé et a simplement essayé d’ignorer le Hamas et Gaza. Cela n’a pas fonctionné non plus.

Comme l’article de Vanity Fair l’a conclu à l’époque :

Il est impossible de dire avec certitude si le résultat à Gaza aurait été meilleur – pour le peuple palestinien, pour les Israéliens et pour les alliés américains du Fatah – si l’administration Bush avait poursuivi une politique différente. Une chose, cependant, semble certaine : elle ne pourrait pas être pire.

En voyant l’impuissance des Palestiniens en Cisjordanie, où les colons et l’armée les torturent et les terrorisent, il est difficile d’être d’accord avec cette conclusion.

—  0 commentaires  —

© Geopolintel 2009-2023 - site réalisé avec SPIP - l'actualité Geopolintel avec RSS Suivre la vie du site