Gabriel Attal a été nommé Premier ministre, en remplacement d’Élisabeth Borne. Plus jeune Premier ministre de l’Histoire de la République, il est peu connu du secteur agricole. Marc Fesneau reste, quant à lui, ministre de l’Agriculture.
« La France doit reprendre son destin en main. » C’est en reprenant les propos du nouveau Premier ministre, Gabriel Attal, que le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, a introduit sa conférence de presse, pour les voeux du nouvel an, le 10 janvier.
Cela signifie pour les agriculteurs de ne pas être privés des moyens de production, qu’il s’agisse d’accès au foncier, à l’eau et aux produits phytosanitaires notamment. Cela signifie aussi que le métier d’agriculteur doit conserver une certaine attractivité, pour remplacer les agriculteurs qui vont être nombreux à partir à la retraite. Cela veut dire aussi que les agriculteurs doivent être accompagnés pour s’insérer dans la transition écologique tout en assurant la souveraineté alimentaire que la société et les pouvoirs publics appellent de leurs voeux.
Et le président de citer un certain nombre de dossiers sur lesquels les pouvoirs publics et les partenaires des filières sont très attendus. D’abord sur les négociations entre les industries agroalimentaires et la grande distribution qui vont entrer dans une phase cruciale, Arnaud Rousseau a réitéré « la non-négociabilité de la matière agricole », comme le prévoit la loi, alors que les grandes surfaces ont ouvert les discussions en demandant une baisse de 3 à 6 % des tarifs aux industriels.
Aux pouvoirs publics « de donner des signes » et de faire les contrôles nécessaires pour éviter toute pression déflationniste sur la matière première agricole, a insisté le président de la FNSEA. Sur la disponibilité en eau, il a déploré le décalage entre la parole publique et les réalités du terrain. Alors que la pluviométrie de cet automne a montré une fois de plus l’intérêt de stocker l’eau quand elle est abondante pour la restituer l’été quand les besoins s’en font sentir.
Idem sur les produits phytosanitaires. Les pouvoirs publics auront-ils le courage d’intensifier la recherche pour trouver des mesures alternatives aux produits interdits, dans le cadre du plan Écophyto et de préserver ainsi, voire d’améliorer la compétitivité de l’agriculture française.
Élections européennes
Quant à la simplification administrative, priorité du Premier ministre, « nous allons nous engouffrer dans la brèche », a plaidé Arnaud Rousseau. « Cela passe par le nettoyage de normes », a-t-il précisé. Et d’évoquer en exemple la plantation des haies pour lesquelles le gouvernement a débloqué 110 MEUR, mais pour lesquelles il existe quatorze textes réglementaires.
De quoi décourager les meilleures volontés Ces normes et contraintes, cette marche forcée vers la transition écologique, les agriculteurs français ne sont pas les seuls à les dénoncer. Les Néerlandais, Allemands sont de plus en plus nombreux à s’élever contre toutes les entraves environnementales et administratives qui les empêchent d’entreprendre et de produire.
D’où l’importance que la FNSEA accorde aux prochaines élections européennes, en juin prochain, pour lesquelles le syndicat présentera une plateforme de revendications, en veillant à ce que tous les partis présentent suffisamment de candidats ayant une sensibilité agricole pour peser sur les décisions. Notamment pour « revisiter » ce Green Deal qui est figé sur une vision décroissante de l’agriculture. BCAE 2, ration prairies, jachère... À court terme, les agriculteurs attendent plus précisément des pouvoirs publics une clarification sur la BCAE 2 concernant les zones humides. À ce stade, selon la définition actuellement proposée, elles représenteraient 29 % de la surface du pays.
« Inacceptable » pour la FNSEA, d’autant plus que les textes européens se contentent d’évoquer la protection des tourbières. Un bel exemple de surtransposition à la française ! Autre sujet de crispation immédiat, le ratio « prairies » que les agriculteurs doivent absolument préserver, alors qu’ils ont abandonné ou réduit la taille de leur élevage... Décision également attendue : l’abandon du taux de jachère à 4 % « qui correspond à une amputation équivalente du chiffre d’affaires », souligne Hervé Lapie, secrétaire-général de la FNSEA. « On ne se contentera pas de petits satisfecit », a conclu Arnaud Rousseau. Rendez-vous au Salon de l’Agriculture où la parole présidentielle et gouvernementale sera strictement scrutée.