Le Qatar est chez lui en France.
En août 2008, en vacances dans la résidence tropézienne de son ami milliardaire François Pinault, Jacques Chirac se rend au Cap Nègre visiter le couple Sarkozy-Bruni, prévenant le président qu’il fait fausse route et que « la France a tout à perdre à aller à Damas. Tous nos amis libanais sont furieux ».
L’ancien président raconte à son successeur que le Premier ministre du Qatar, Hamad Jassem al-Thani a même tenté de le corrompre, venant à l’Elysée avec des valises remplies de billets : « Nicolas, fais attention. Des rumeurs de corruption fomentée par le Premier ministre qatari te concernant circulent dans Paris…Fais vraiment attention ».
Toujours en 2008, l’émir de Doha raconte que le président français en a même pleuré sur son épaule : « Sarkozy pleurait presque. Il m’a raconté que sa femme Cécilia lui demandait 3 millions d’euros pour divorcer. C’est moi qui ai payé », confie-t-il à l’ancien activiste libanais Anis Naccache, condamné à la réclusion criminelle à perpétuité en 1982 pour avoir tenté d’assassiner l’ancien Premier ministre du shah d’Iran, Shapour Bakhtiar. Marianne Une France sous influence. Quand le Qatar fait de notre pays son terrain de jeu, Vanessa Ratignier et Pierre Péan, Fayard, septembre 2014.
La France paradis fiscal pour le Qatar
Les plus-values immobilières faites sur des biens détenus France sont exonérées d’impôts. Le Qatar ou ses entités publiques comme le fonds Katara Hospitality Qatar détiennent notamment des hôtels de luxe comme le Royal Monceau et Peninsula à Paris, ou le Carlton à Cannes. Les dividendes obtenus en France ne sont pas imposés en France mais au Qatar, où les taux d’imposition sont bien moins élevés. Les résidants du Qatar qui détiennent des biens immobiliers en France sont ainsi exonérés d’ISF.
Si le Qatar achète les droits de télévision de la ligue de football, et finance les dix milliards de la transition écologique française, Macron devra militer pour la création d’un Etat Palestinien indépendant et assumer de s’attrer les foudres de ses amis israéliens.
Le Qatar qui accueille sur son sol la direction politique du Hamas, va négocier avec Macron la libération des otages à Gaza et l’arrêt des combats.
Au premier jour de sa visite d’Etat en France, l’émir al-Thani a signé un accord scellant des investissements qataris de 10 milliards d’euros dans l’économie française à l’horizon 2030.
Il n’est pas venu les mains vides. L’émir du Qatar Tamim ben Hamad al-Thani a signé mardi 27 février, au premier jour de sa visite d’Etat en France, un accord portant sur des engagements d’investissements qataris à hauteur de 10 milliards d’euros dans l’économie française à l’horizon 2030. « Nous avons signé un plan ambitieux d’investissements de 10 milliards d’euros », a annoncé le président Emmanuel Macron lors de l’échange de toasts avec son hôte, en ouverture du dîner donné en son honneur à l’Elysée. « Ces investissements iront renforcer les partenariats stratégiques entre nos deux pays », a renchéri l’émir. Ils interviendront dans des secteurs tels que la transition énergétique, les semi-conducteurs, l’aérospatial, l’intelligence artificielle, le numérique, la santé et les industries de la culture.
Cette première visite d’Etat d’un émir du Qatar depuis 15 ans en France, et la première pour Tamim ben Hamad al-Thani, parfait francophone, depuis son accession au trône en 2013, est un « immense honneur pour la France », a souligné Emmanuel Macron. « Votre pays est un pays ami de la France, un partenaire fidèle, stratégique, sur lequel elle sait pouvoir compter dans les situations difficiles », a ajouté le président, en rappelant l’agenda commun de « défense et de sécurité » que les deux Etats sont « en train de renforcer » ou celui dans la « lutte contre le terrorisme ».
L’ex-président Nicolas Sarkozy, ardent artisan du renforcement des liens avec le Qatar durant son mandat (2007-2012), était à la table d’honneur, entre l’épouse du chef de l’Etat, Brigitte Macron, et le président du club de foot parisien PSG, l’homme d’affaires qatari Nasser al-Khelaïfi, membre du premier cercle de l’émir. De Kylian Mbappé, capitaine de l’équipe de France de football et attaquant vedette du PSG, au PDG de LVMH Bernard Arnault ou à Xavier Niel, actionnaire principal du groupe français de télécoms Iliad, les invités sont arrivés à l’Elysée au son de valses viennoises jouées par la Garde républicaine.
Coopération humanitaire à Gaza
Auparavant, l’émir, dont le pays joue un rôle clé dans les négociations avec Israël et le mouvement islamiste palestinien du Hamas, et le président Macron ont réitéré durant leurs entretiens leur volonté d’arriver « très rapidement à un cessez-le-feu » à Gaza, a indiqué l’Elysée. « Continuons à œuvrer ensemble pour la paix au Proche-Orient et le respect du droit international partout dans le monde », a lancé le chef de l’Etat français dans un message posté mardi soir sur X. La libération des otages est une « priorité » absolue pour la France, a rappelé Emmanuel Macron. L’émir a dénoncé pour sa part un « génocide du peuple palestinien », avec des « déplacements forcés » et des « bombardements sauvages ».
« L’avenir de Gaza se joue dans le cadre d’une solution à deux Etats avec un Etat palestinien vivant en paix avec Israël et une Autorité palestinienne confortée à sa tête », a insisté le président français. L’émir a salué de son côté le rôle que pourrait jouer la France pour « instaurer la justice des deux Etats ».
En outre, le Qatar et la France ont signé une déclaration d’intention en matière de coopération humanitaire, notamment à Gaza, dont un engagement conjoint de 200 millions d’euros en faveur des Palestiniens. Trois avions-cargos franco-qataris ont aussi affrété une aide humanitaire et médicale vers Al-Arish, ville égyptienne proche de Rafah, comprenant 75 tonnes de fret, dix ambulances, des rations alimentaires ainsi que près de 300 tentes familiales, a annoncé l’Elysée.
Ce mercredi, les Premiers ministres, Gabriel Attal et Mohammed ben Abdelrahmane al-Thani, le ministre des affaires étrangères du Qatar, présideront un Forum économique sur les opportunités d’investissements entre les deux pays dans l’intelligence artificielle, la décarbonation, les semi-conducteurs, les biotechnologies et la santé. Les deux Etats vont acter également une relance de leurs relations culturelles avec une prochaine visite de la ministre française de la Culture, Rachida Dati, au Qatar