« Aujourd’hui, je suis Américain. Aujourd’hui, je suis citoyen du pays que je sers. Aujourd’hui, je peux m’inscrire sur les listes électorales.
775 personnes, réunies dans un théâtre, ont participé à la cérémonie de naturalisation du 19 septembre 2024 représentant la nouvelle vague de citoyens américains qui prêtent serment dans tout le pays, avec l’appui des services d’immigration qui valident les demandes en mode express.
Selon l’administration Biden, l’augmentation du nombre de nouveaux citoyens est due à la volonté de réduire l’arriéré de demandes qui a débuté sous l’administration Trump et qui a explosé au moment de la pandémie de COVID-19. Les responsables de l’immigration ont déclaré que ces naturalisations n’étaient pas motivé par les élections ou par un quelconque agenda politique.
Le département de la sécurité intérieure « ne prend pas de mesures en fonction de la politique électorale ou des élections à venir. Un point c’est tout », a déclaré la porte-parole Naree Ketudat. Elle a ajouté que l’agence s’efforçait de traiter les demandes de naturalisation dans un délai de six mois depuis des décennies.
L’ancien président Trump et les républicains répètent depuis longtemps des affirmations sans fondement selon lesquelles les démocrates attirent des immigrants aux États-Unis à des fins politiques et les autorisent à voter illégalement. La question a même fait son entrée dans le projet de loi sur les dépenses publiques ce mois-ci, lorsque le président de la Chambre des représentants, Mike Johnson, a tenté en vain d’insérer une proposition du parti démocrate visant à obliger les États à obtenir une preuve de la citoyenneté américaine lorsque les citoyens s’inscrivent sur les listes électorales.
Seuls les citoyens américains peuvent voter aux élections fédérales, et il faut généralement plusieurs années avant que les immigrants en situation régulière puissent demander la citoyenneté.
Toutefois, les années d’élections sont généralement marquées par une recrudescence des demandes de citoyenneté, et c’est en Californie que l’on trouve le plus grand nombre de résidents permanents légaux susceptibles d’être naturalisés. Des milliers d’entre eux le font à temps pour pouvoir voter lors des élections du 5 novembre.
« En cette année électorale, l’efficacité de la bureaucratie est un enjeu politique », a déclaré Xiao Wang, cofondateur de Boundless, une société qui aide les gens à s’y retrouver dans le système d’immigration et qui analyse les tendances.
« Il ne s’agit pas d’un complot visant à inonder le pays de nouveaux électeurs démocrates. De nombreuses statistiques montrent que beaucoup d’immigrés partagent davantage les valeurs républicaines. »
C’était évident lors de la cérémonie de citoyenneté à Riverside, où Victoria Van Valen, 54 ans, prêtait serment. Elle avait déjà rempli son formulaire d’inscription sur les listes électorales et n’avait besoin que de son certificat de naturalisation après la cérémonie pour que tout soit officiel. Victoria Van Valen, qui a quitté le Mexique pour les États-Unis à l’âge de 15 ans, a vécu en tant que résidente permanente légale pendant des décennies.
Récemment, elle a décidé de devenir citoyenne, en partie pour pouvoir voter pour le président cette année. Elle a déclaré qu’elle prévoyait de voter pour Trump, citant sa position ferme sur l’immigration et ses politiques économiques, et notant que les prix des maisons ont grimpé en Californie du Sud depuis la fin de sa présidence.
« J’étais impatiente et excitée d’arriver à ce jour avant le jour de l’élection », a-t-elle déclaré. « C’est un honneur d’exercer ma liberté.
Près de 4 millions d’immigrants ont obtenu la nationalité américaine depuis les élections de 2020, selon les chiffres du gouvernement fédéral. Cela ne représente qu’une infime partie des plus de 158 millions de personnes qui ont voté en 2020.
Selon M. Wang, 9 millions de personnes supplémentaires sont éligibles à la naturalisation, bien que la plupart d’entre elles soient concentrées en Californie, à New York, au Texas et en Floride, des États qui ne sont pas des champs de bataille pour l’élection présidentielle, et il est peu probable qu’elles obtiennent la citoyenneté avant l’élection.
L’influence que les nouveaux citoyens pourraient avoir sur l’élection présidentielle dépend donc, comme beaucoup d’autres facteurs dans cette course, de l’État dans lequel ils vivent et du fait qu’ils votent ou non. C’est dans les États où les marges sont très faibles que leur potentiel d’influence sur le résultat est le plus grand.
« En Arizona, nous ne cessons de parler d’une marge de victoire de 10 000 voix », a déclaré Nicole Melaku, directrice exécutive du National Partnership for New Americans (partenariat national pour les nouveaux Américains), en référence à la victoire de Joe Biden dans cet État en 2020, avec 10 457 voix d’avance.
« Cette part de voix augmente et si les gens s’assurent que les personnes [naturalisées] s’engagent dans l’élection de cette année, ils peuvent faire une différence significative.
Un sondage publié ce mois-ci par le National Partnership for New Americans a révélé que 97 % des citoyens naturalisés dans les États clés et en Californie ont déclaré qu’ils voteraient probablement à l’automne, tandis que 76 % ont déclaré qu’ils voteraient certainement.
Le sondage, réalisé le mois dernier, a porté sur 2 678 citoyens naturalisés inscrits sur les listes électorales, ainsi que sur un échantillon de 200 autres électeurs inscrits en Californie, en Arizona, en Floride, au Michigan, au Nevada et au Texas. L’étude a été analysée par le U.S. Immigration Policy Center de l’université de San Diego.
Les électeurs naturalisés représentent environ 10 % de l’électorat américain.
Les nouveaux citoyens sont généralement démocrates. Environ 54 % des personnes interrogées ont déclaré qu’elles voteraient pour la candidate démocrate à la vice-présidence Kamala Harris, tandis que 38 % ont déclaré qu’elles voteraient pour Trump.
En Californie, l’une des organisations qui s’efforcent d’impliquer les nouveaux citoyens est le TODEC Legal Center, une organisation à but non lucratif qui aide les immigrants de l’Inland Empire et de la vallée de Coachella.
Sa directrice, Luz Gallegos, explique que l’organisation donne des cours d’éducation pour les nouveaux électeurs dans les communautés rurales, notamment à Coachella et à Perris. Les salles de classe sont aménagées comme des bureaux de vote fictifs, avec des écrans. Ces derniers temps, les classes sont pleines à craquer.
Le délai moyen de traitement d’une demande de citoyenneté a été divisé par deux, passant d’un record de 11,5 mois en 2021 à 4,9 mois cette année fiscale, selon les données des services américains de la citoyenneté et de l’immigration au 31 juillet. Il y a dix ans, en 2014, il fallait également 4,9 mois en moyenne pour traiter une demande de citoyenneté.
Dans le sillage de la pandémie de 2020, l’arriéré des demandes de citoyenneté a atteint près de 943 000, selon un rapport de Boundless.