Incident qui intervient à deux semaines de la commémoration de la prise d’otages, le 4 novembre 1979, de l’ambassade américaine à Téhéran et trois jours après qu’ait été rendu public le rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique, chargeant l’Iran des pires mauvaises intentions nucléaires… Un rapport impartial soyons en certain, cependant atteint de ce strabisme divergent habituel chez les expert de l’AIEA qui persévèrent à ignorer les trois cents têtes nucléaires de l’État hébreu… Lequel, il est vrai n’a pas ratifié les Accords de non prolifération à l’instar de l’Inde et du Pakistan et ne menace personne, ni la Région, ni l’Europe, même au cas où elle ne marcherait pas droit !
Un incident qui s’inscrit dans une longue et impressionnante série évidemment sans lien direct repérable avec le divin hasard… Qu’on en juge ! Même si l’Iran connaît de graves problèmes persistants avec sa flotte aérienne, vétuste et mal entretenue, principalement en raison de l’embargo international des années 1980 qui lui rend difficile les approvisionnements en pièces de rechange, comment expliquer la quinzaine de catastrophes aériennes qui au cours des dix dernières années firent un bon millier de morts [2]
? Certaines de ces tragédies semblent en effet avoir rencontré l’ange du bizarre : ainsi, en décembre 2006, un avion militaire iranien s’écrasait au décollage à Téhéran, tuant 39 passagers parmi lesquels 30 membres de l’état-major des Gardiens de la révolution. Mieux, en juin 2011, ce sont cinq ingénieurs et scientifiques russes ayant œuvré à la construction de la centrale atomique de Bouchehr qui passent de vie à trépas dans l’embrasement d’un Tupolev-134 contraint à un atterrissage d’urgence pour raison inconnue au nord de la ville de Petrozavodsk… Un coup du sort qui ressemble à s’y méprendre à un coup de Jarnac ! Immédiatement les rumeurs d’une implication du Mossad ont couru, et en premier lieu en Israël même parce qu’en prenant les devants, la revendication d’un crime – en l’occurrence d’un acte de terrorisme, fût-il d’État - peut constituer dans certaines circonstances un sujet de gloire… et puis, si « ces événements nous dépassent, feignons d’en être les organisateurs » [Cocteau « Les mariés de la tour Eiffel »].
Un incident a rapprocher également des recommandations effectuées le 26 octobre dernier par deux experts lors d’une audition au Congrès américain en vue de procéder à des assassinats ciblés de responsables des Gardiens de la révolution… et Jack Keane, ancien chef d’État major de l’armée de terre américaine, de déclarer « Pourquoi ne les assassinons-nous pas ? Je ne suggère pas une action militaire, je suggère des opérations clandestines ». Nous y voilà ! Or çà, le gouvernement iranien aura beau dire et beau faire, le passage à l’acte – peut-être par le truchement des réseaux dormants des Mujaheddin-e-Khalq qui n’en seraient pas à leur coup d’essai [3] ? - semble effectivement à l’ordre du jour. D’autant que la liquidation physique des ennemis sans tambour ni trompette est devenue une doctrine officielle et une pratique non dissimulée pour la libre Amérique du XXIe siècle… tout comme le water boarding louangé au Capitole, moyen de faire causer les gens qui n’est pas une forme de torture comme chacun sait, lequel soulevait pourtant d’horreur les populations lorsque la Gestapo y recourait sous le nom de « baignoire » ! À présent la présidence Démocrate n’hésite plus à légaliser – du jamais vu ! – l’élimination de citoyens américains [4]. Et lorsque nous parlons de « guerre universelle », c’est bien de cela dont il s’agit quand les dirigeants d’États de droit entrent en guerre contre leurs propres concitoyens à l’instar des grossières dictatures du Tiers-monde, en ce moment et particulièrement arabe et musulman.
Un nombre indéterminés d’assassinats ciblés ont en outre visé ces dernières années des scientifiques iraniens abattus en pleine rue, devant chez eux comme le dernier en date, Darioush Rezaie e 35 ans, tué en juillet 2011de cinq balles tirées par des inconnus se déplaçant à moto, devant son domicile et en compagnie de sa femme, atteinte elle aussi. Le 29 novembre, des grenades avaient été jetées contre les véhicules de deux experts nucléaires également par des motards. En janvier 2010, c’était un scientifique en vue, Massoud Ali Mohammadi, qui périssait dans l’explosion d’une moto piégée…
Ajoutons à cette liste non exhaustive de faits hasardeux, la puissante cyber-attaque lancée vraisemblablement fin 2009 contre les centrales atomiques iraniennes – spécialement pour bloquer contre les centrifugeuses enrichissant l’uranium - au moyen du virus Stuxnet, au grand dam des ingénieurs de Siemens responsables de leurs systèmes informatiques. Le 16 janvier 2011 le New York Times signalait que le virus aurait été développé conjointement par Israël et les É-U, son efficacité ayant même été testée dans le Néguev à la centrale israélienne de Dimona. Une attaque censée avoir ralenti de plusieurs années le programme militaire iranien (?!)… mais finalement inefficace si l’on en croit la crise d’hystérie qui a secoué ces deux dernières semaines, un peu avant la publication du rapport de l’AIEA, la classe politique anglo-israélo-américaine annonçant à qui mieux mieux une imminente apocalypse vengeresse devant s’abattre sur la théocratie iranienne [5] .
Mais parce que l’on ne prête qu’aux riches, coury actuellement sur la Toile une méchante rumeur tout aussi apocalyptique selon laquelle – Mossad ou CIA ? – Stuxnet aurait été utilisé au Japon contre la centrale de Fukushima, après l’arrêt de ses circuits électriques de refroidissement noyés par la vague géante du tsunami [6]. Cyber-attaque aussi vicieuse que monstrueuse qui serait la véritable cause de la perte de contrôle sur la centrale ayant entrainé la fusion des réacteurs. Pourquoi cela ? Parce que Tokyo aurait annoncé son intention de reconnaître un éventuel nouvel État palestinien ! Ou mieux, parce que l’Archipel du Soleil Levant, délivré du tabou nucléaire, aurait disposé, précisément à Fukushima, des installations d’enrichissement et de recherche propre à le doter de l’arme atomique dans les meilleurs délais ? Ce qui d’ailleurs n’est pas un secret ! Si l’affaire était vraie - et vérifiable, mais jamais, oh grand jamais, les autorités japonaises ne transgresseront l’omerta – cela signifierait en effet que la guerre mondiale fait déjà rage dans l’ombre et qu’aucune déclaration ne sera jamais nécessaire pour lui faire franchir toutes les étapes intermédiaires conduisant aux pires extrêmes de la guerre ouverte. Car enfin, si cette effroyable information se trouvait vérifiée, cela signifierait qu’une attaque équivalente au 11 septembre a été lancée contre le Japon, mais que paradoxalement elle est restée invisible, inconnue de presque tous sauf d’une poignée d’initiés ! Pour invraisemblable que paraisse cette hypothèse elle ne peut être in fine totalement ignorée lorsque l’on sait que dans les cercles restreints de la Défense, l’on débat aujourd’hui de l’éventualité d’une guerre de l’Occident contre l’Asie, spécifiquement de l’Amérique contre la Chine [7] . Et au fond, n’est-ce pas la Chine que les États-Unis visent à travers l’Iran grand pourvoyeur de gaz – le futur substitut du pétrole – à l’Empire du Milieu ?
Léon Camus 15 novembre 2011