Geopolintel

Toulouse « stratégie de la tension » ?

Léon Camus

vendredi 23 mars 2012

Difficile, au moment de boucler d’anticiper vraiment le dénouement de la sale affaire de Toulouse, ni de réécrire de fond en comble l’article initialement prévu dont cependant la substance reste inchangée. Au moment présent le tueur identifié (et pas seulement présumé puisque la plume libre n’est pas serve !) est retranché dans un appartement. En toute logique, le suspect ne devrait finalement répondre aux questions des enquêteurs qu’à la morgue. La chronique des heures suivantes, sera vraisemblablement celle d’une « mort annoncée ». C’est d’ailleurs la prophétie auto-réalisable de M. Marc Stzulman, secrétaire général du Conseil représentatif des Institutions juives de France de Midi-Pyrénées qui déclarait ce mercredi matin 21 mars : «  Il semblerait » qu’au moment même où les dépouilles de ses victimes arrivaient en Israël, l’individu cerné par le Raid à Toulouse, « ne veuille pas se rendre ». On s’en douterait ! Ce genre d’affaire s’achève rarement par un procès en bonne et due forme !

Le tueur de Béziers qui le 2 septembre 2001 liquidait le directeur de cabinet du maire et tirait au bazooka sur les véhicules de police, Samir Berkera, un repris de justice de 27 ans, fut attiré dans un guet-apens et proprement liquidé. Le tirailleur du Conseil municipal de Nanterre (27 mars 2002 - 8 morts, 19 blessés), se défenestrera (spontanément ?) le lendemain lors de son interrogatoire… Pensons également à Lee Harvey Oswald, assassin présumé solitaire de John Kennedy le 22 novembre 1963, abattu par un membre de la mafia de Chicago, le judéo-américain Jack Ruby, 48 h après son arrestation… Ruby décédera lui-même de « mort naturelle » quelques années plus tard avant son second procès. Quant au protagoniste de l’affaire de Carpentras (note 3), il connut un sort analogue… pour ne pas parler des auteurs (présumés) des grands attentats de Madrid, de Bali ou de Londres qui disparurent dans les cendres de leur repaire ou dans le fracas de leurs bombes.

Mais dès à présent certaines questions et réflexions s’imposent. Pourquoi la police n’a-t-elle pas procédé immédiatement à l’arrestation de cet individu bien connu des services de police, notamment de la section anti-terroriste pour ses séjours en Afghanistan, cela immédiatement après le premier assassinat d’un militaire à Toulouse ? Serait-ce à dire qu’ « on » l’aurait volontairement laissé poursuivre son parcours sanglant en toute connaissance de cause ? Que toute cette affaire pourrait en un mot relever d’un savant montage ? La question n’est pas du tout oiseuse …

Retour sur quelques faits. Le meurtrier avait donné rendez-vous à sa victime via Internet en vue de lui racheter une moto. Ayant utilisé l’ordinateur de son frère pour établir le contact, le tueur vient d’être identifié maintenant – mais un peu tard - par son adresse IP. Pourquoi ne pas l’avoir fait plus tôt. Ou bien la mort d’un soldat n’a-t-elle aucun intérêt aux yeux de l’Administration ? C’est peu probable. La cible toulousaine avait servie en Afghanistan et l’affaire était d’entrée de jeu « sensible ». Car comment se fait-il que le meurtrier, suivi pour différents séjours en zone de guerre et avec un passé de délinquance – il aurait été arrêté pour des faits de droit commun à Kandahar à la frontière afghane [1]. À l’instar du tueur de Béziers, notons la connexité de crimes supposés politiques ou religieux, avec la criminalité ordinaire, mais à caractère « explosif » dans le sud de la France, notamment en relation avec les narcotrafics.

Résumons-nous : si les services de police avait matériellement tous les éléments en mains pour procéder à une arrestation quasi immédiate du tueur, pourquoi ne l’ont-ils pas fait ? Est-ce par défaillance ou volontairement que l’enquête primaire n’a pas abouti avant la prolongation de la série ? Si c’était le cas, faut-il imaginer que l’homme a été sciemment laissé dans le circuit sachant qu’il allait poursuivre son sanglant parcours ? Là, il s’agirait de remonter la chaîne des responsabilités, de démonter le mécanisme de cette machine infernale qui a explosé au visage de la Nation à un tournant décisif de la campagne des présidentielles…

Questions qui sont très loin d’être gratuites surtout si l’on se demande en outre comment un homme suivi par la Sécurité intérieure peut acquérir et conserver un nombre indéterminé d’armes de guerre ? En effet, il aurait également utilisé un pistolet mitrailleur compact Uzi chambré en 9 mm Parabellum… une arme peu courante sur le marché, de fabrication israélienne. Rappelons au passage que certains éléments de nos Forces spéciales ont suivi des entraînements à la guérilla urbaine, justement en Israël dont l’excellence en la matière est universellement reconnue, notamment par les Palestiniens qui en font les frais !

À l’évocation de ces quelques faits, on aura compris que l’affaire a des chances d’être beaucoup moins linéaire qu’il n’y paraît de premier abord… et dans ce qui en surnagera dans la soupe médiatique des prochains jours. À savoir, l’histoire somme toute banale de nos jours, d’un jeune type de 24 ans qui pète les plombs et passe à l’acte pour venger les innocents martyrisés en Palestine et ailleurs… Ça ce n’est cependant qu’un aspect de l’histoire, mais pas toute l’histoire… uniquement la version utile à repaître l’Opinion. L’analyse (ci-dessous) rédigée avant l’identification du présumé coupable, se proposait de montrer que dans tous les cas similaires nous avons à faire à des « poupées russes », des emboîtements gigognes, des affaires qui - comme les trains – peuvent en cacher beaucoup d’autres.

À ce stade, ne perdons pas de vue que nos Forces spéciales ont été clandestinement à l’œuvre en Libye avec un PC de campagne à Benghazi et pire, étaient encore il y a peu sur le terrain de la guerre subversive que l’Occident mène actuellement en Syrie par djihadistes irakiens et commandos de choc qataris et saoudiens interposés. Qu’à ce titre les missions confiées à notre armée (ou à ce qu’il en reste : la totalité des forces françaises tiendraient dans le Stade de France !), n’ont plus rien à voir avec la défense de nos intérêts vitaux, mais s’inscrivent dans une stratégie d’empire dont nous ne sommes plus que les exécutants serviles. Cela pour dire que l’Armée française (nous ne parlons pas des hommes qui n’en peuvent mais et ne sont que du « matériel » expandable, du « consommable » en dépit des discours ronflants et des larmoiements de circonstances), n’est pas « blanc-bleue » et qu’elle doit se percevoir comme un calque de sa grande sœur américaine… À ce titre, rien n’exclut qu’elle n’autofinance ses opérations clandestines de guerre subversive, de la même façon que l’Armée américaine… laquelle inonde putativement la planète de l’héroïne produiet en Afghanistan, premier Narco-État depuis la chute des Taliban en novembre 2001 : à cette date l’Émirat islamique ne produisait plus – après la promulgation de fatwas ad hoc - que 140 T d’opium, sept ans plus tard la production était passée à quelque 8 mille T sous l’œil indifférent des soldats de l’Otan. C’est dire que derrière les guerres fraîches et joyeuses que livrent le Monde (dit) libre aux « barbus rétrogrades », sont des cloaques. Des sentines que l’on se garde bien de laisser entrevoir aux opinions publiques sempiternellement intoxiquées et baladées.

Un dernier mot pour signaler qu’en Irak, ce mardi 20 mars, jour du neuvième anniversaire de l’invasion américaine, une série d’attentats coordonnés a touché une quinzaine de villes causant une cinquantaine de morts… À Paris, notons l’explosion d’une bombe artisanale déposée devant l’ambassade d’Indonésie dans le XVIe arrondissement de Paris, sans victime collatérale. Pour ceux qui s’entêteraient à l’ignorer, la jonchées de cadavres qui traverse le continent, de Kaboul à Bagdad et de Damas à Paris via Toulouse, doivent nous rappeler que la guerre est là et que les stratèges de la Terreur – ceux qui sèment les morts anonymes - savent à merveille manipuler les peurs collectives pour faire accepter aux peuples l’inacceptable. Et l’inacceptable c’est la servitude et la guerre accueillies comme le salut !

21 mars 2012

L’importation en France des sales guerres d’Orient ?

Que se passe-t-il à Montauban et à Toulouse ? Les assassinats non ciblés qui se multiplient ces jours-ci semblent à première vue totalement irrationnels. Le 11 mars, un sous officier du 1er régiment du train parachutiste de Toulouse est abattu d’une balle en pleine tête. Le 15 mars ce sont trois hommes du 17e RGP de Montauban qui sont tirés à vue. Lundi 19 mars une école confessionnelle juive est prise pour cible : quatre décès, un adulte et trois enfants. Il s’agit du premier attentat visant spécifiquement des juifs depuis la fusillade de la rue des Rosiers à Paris le 8 août 1982, laquelle avait fait six victimes. La piste suivie à l’époque fut celle du Fatah-Commandement révolutionnaire d’Abou Nidal, thèse par la suite avantageusement concurrencée par celle de néo-nazis allemands… selon le saint principe que ce sont dans les vieux pots que se font les meilleures soupes !

Du « terrorisme », ici et maintenant, qui ressemble à s’y méprendre à du terrorisme mais qui n’en est sans doute pas ! Le terrorisme sème la terreur en signant son crime, il revêt à ce titre un aspect éminemment publicitaire [2]. Terroriste dans la forme, les trois attentats et les sept morts de Montauban et Toulouse, n’ont pas été revendiqués et de ce fait ressemblent d’avantage à des « actes gratuits » qu’à autre chose [3].

Ajoutons que les faits tels qu’ils se présentent, ne collent absolument pas avec l’action d’un isolé, un solitaire, éventuellement mentalement dérangé. S’ajoute à notre grande perplexité, un mode opératoire similaire à celui d’un petit truand remplissant un contrat : « gros calibres et moto » (ou scooter vitaminé), faisant ressembler à s’y méprendre ces crimes à ceux du mitan lors de classiques règlements de comptes : recours à des armes encombrantes et bruyantes mais dont la puissance létale ne laisse aucune chance à la victime… on en trouvera d’abondants exemples dans l’impressionnante série d’assassinats intervenus dans le secteur du narcotrafic au cours de ces onze derniers mois à Marseille [4].

En outre, à Toulouse, le sang-froid et le professionnalisme de l’individu n’indique surtout pas, a priori, une quelconque démence. Reste qu’étant pour l’heure réduit aux conjectures « dans un fauteuil », seul un répertoire des faits tangibles est envisageable et, à partir de là, de poser les bonnes questions auxquelles le temps n’apportera d’ailleurs pas forcément de bonnes réponses.

Au demeurant, précisons tout de suite que si l’une des deux pistes mises en avant dans les premiers commentaires - islamiste ou ultra-droite, pour cette dernière voir Le point.fr - devenait la thèse privilégiée des autorités, et qu’alors un suspect type Anders Breivik, le tueur « fou » d’Oslo, soit identifié, il est peu près certain, qu’il n’arrivera jamais vivant devant ses juges… Comme pour la tuerie de Nanterre le 27 mars 2002 dont l’auteur c’était opportunément défenestré, ou encore, comme dans l’affaire de Carpentras « il n’y a de bon et vrai coupable que mort » : celui qui n’est plus en mesure de parler et de démentir quoi que ce soit !

Campagne suspendue, le pouvoir « la joue en douceur »… Habile gestion de crise avec à la clef un rendement politique maximal assuré

Au contraire de mai 1990, où, selon Yves Bertrand - ultérieurement patron des Renseignements généraux de 1992 à 2004 - le président Mitterrand aurait enjoint aux services de police de privilégier la piste du Front national, le pouvoir actuel devrait laisser faire les choses de façon moins rudimentaire [5]. Jouant sur l’ambiguïté, les réflexes conditionnés, les associations d’idées incrustées dans l’inconscient collectif après des années de martelage idéologique et médiatique, le pouvoir et l’opposition se garderont bien de désigner précisément le coupable… mais ce faisant, tous s’attacheront à relier, plus ou moins indirectement le camp des « réprouvés » aux crimes de Toulouse au moyen de déclarations et de sous-entendus bien pesés, maniant conjointement la psychose du terrorisme islamiste et celle du péril fasciste. À ce petit jeu de la peur, la demande sécuritaire jouera bien évidemment en faveur de l’homme qui incarnera le mieux la fermeté, l’esprit de décision, celui dont les « certitudes » seront le plus affirmées, autant dire le candidat sortant.

D’ailleurs M. Sarkozy n’a pas tardé à annoncer la couleur : « éviter à tout prix le syndrome de Carpentras ou celui liés aux attentats [supposés] d’Al-Qaida le 11 mars 2004 à Madrid », se voulant, à cinq semaines du premier tour du scrutin présidentiel, « se présenter en garant de la cohésion nationale ». Le danger, de son propre aveu étant de se voir « accusé d’instrumentaliser l’affaire » [6]. Que M. Sarkozy se rassure, c’est déjà fait ! En conséquence de quoi, M. Sarkozy grand seigneur, déclarait : « Je suspends ma participation à la campagne électorale… au moins jusqu’à mercredi » et il recevait de concert, dès lendemain, les représentants des communautés juives et musulmanes… « Je les recevrai ensemble pour qu’ensemble nous disions que c’est toute la République qui est à leurs côtés, pour que chacun puisse vivre sa foi et sa différence dans le cadre de la République ». On appréciera l’élégance du style présidentiel.

Carpentras et Handers Breivik bis

Cependant, dans l’entourage de M. Sarkozy si l’on se préoccupe apparemment de ne pas « rejouer Carpentras en projetant des interprétations a priori, lesquelles seraient dangereuses pour la cohésion nationale », mezzo voce, au palais de l’Élysée, la chanson est toute différente… l’hypothèse retenue étant celle d’un tueur issu de l’extrême droite façon Breivik, le Norvégien allumé, mais « difficilement identifiable car sans attache »… « L’homme serait de peau blanche, familier du maniement des armes à feu et aguerri car n’ayant laissé aucune empreinte ou trace d’ADN sur les étuis de ses munitions »… Le tueur était certes muni de deux armes automatiques, un 11.43 déjà utilisée pour abattre les parachutistes, et un 9 mm. Cette dernière ayant servi à l’extérieur du collège mais s’étant enrayée, le 11.43 avait repris du service.

En vérité, Carpentras, formidable opération de communication et de rassemblement de la gauche « unie », est dans tous les esprits et la récupération politique va bon train… La fine-gueule Mélenchon faisait une allusion à peine voilée à Jean-Marie Le Pen… qui avait récemment suscité l’indignation chez les bien-pensants - dont la sensiblité de « gôche » est toujours à vif - en citant Robert Brasillac, fusillé lors de l’Épuration (des Tutsi par les Hutus). Mélenchon donc n’a pas manqué l’occasion d’ «  inviter d’aucuns à mesurer mieux le poids des mots et le choix des citations. D’ici là, nos cœurs saignent » ! Pathos quand tu nous tiens ! De son côté, le président du MoDem, M Bayrou, dénonce un «  inacceptable degré de violence et de stigmatisation dans la société française qui est en train de grandir ». À tout prendre, combien faut-il que la fraction patriotique et nationalitaire qui subsiste résiduellement en France, les terrifie et les mette en rage ?

Une sale affaire d’État à dimension internationale

Une chose est certaine la campagne des présidentielles vient de prendre un tour nouveau et sera dominée par les questions de sécurité intérieure mais aussi à l’internationale puis que les quatre victimes de l’école confessionnelle communautaire possédaient la double nationalité française et israélienne… [AFP] Le président Sarkozy s’est ainsi immédiatement porté sur les lieux du drame accompagné de M. Bernheim, grand rabbin de France et du président du Conseil représentatif des institutions juives de France, M. Prasquier, qui pour sa part opte pour la piste de « l’Islam radical ». L’ambassadeur d’Israël s’est également rendu sur place en compagnie du candidat socialiste à la présidence, M. Hollande qui entendait marquer sa « solidarité aux familles et à la communauté juive de France » [7]. Alors que la classe politique unanime fait part de son émotion et de sa condamnation, la compagne électorale est de facto suspendue, la France médiatiquement tétanisée retient son souffle !

Radios et télévisions israéliennes ont interrompu leurs programmes pour relater par le menu les circonstances de l’attaque. Pour le ministre israélien des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman « seule une personne possédée par le démon peut massacrer de cette façon des enfants dans une école »… Quant au Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, celui-ci ne pouvait pas faire moins que de condamner « le meurtre odieux de Juifs » laissant le quotidien Maariv, à l’instar de toute la presse hébreu, dénoncer « l’apathie des institutions internationales et le soutien [général] dont cette haine [anti-sémite] bénéficie » en France et dans le monde… considérant « cette attaque sanglante contre des enfants juifs comme une alerte », stigmatisant enfin « l’étrange convergence [existant], particulièrement en France, entre l’extrême-droite, l’extrême-gauche et le Jihad mondial, autour de la haine d’Israël et des juifs »… éternelles victimes d’ennemis ici clairement désignés. Le ton est donné.

Autre contrée, autre point de vue, pour l’éditorialiste Ergun Babahan, du quotidien turc de langue anglaise, Today’s Zaman [8] « L’attaque en France contre les enfants juifs est le prix élevé à payer pour la politique d’ostracisme que le président Nicolas Sarkozy mène depuis des années ». Ce qui veut dire traduit en hexagonal, que les « juifs de France » payent aujourd’hui pour la politique islamophobique - et accessoirement hostile à la Turquie – que mène la présidence française depuis 2007 !

Cependant, parce que tous les discours de circonstances éclairent peu l’événement sur le fond, il convient d’examiner quelques hypothèses provisoires, de celles qui se présentent aussitôt à l’esprit… à commencer par la piste « afghane » !

La piste « afghane » I : représailles… L’importation en hexagonie des guerres asiatiques

La France est en guerre. Elle paraît le découvrir inopinément le 19 août 2008 lorsque les forces françaises perdent dix hommes dans l’embuscade d’Uzbin. Le 20 janvier 2012, ce sont quatre hommes qui trouvent la mort (quinze autres blessés) sous les balles d’un soldat afghan alors que les victimes achevaient de participer à une séance de sport et ne portaient pas de gilet pare-balles. Les Afghans venaient d’apprendre que des exemplaires du Coran confisqués à des détenus du camp de concentration de Bagram avaient été brûlés… Immédiatement deux militaires américains, dans la province de Nangarhar, étaient abattus tués par un soldat afghan. Témoignage du gouverneur de la province : « Alors que les manifestants s’approchaient de la base américaine, un soldat afghan à ouvert le feu sur des militaires américains, en tuant deux. Il s’est ensuite enfui dans la foule » !

Quand l’on est en guerre, il faut logiquement s’attendre à des représailles. Et dans une guerre radicalement « asymétrique », les coups arrivent souvent d’où on ne les attends pas. Il est à ce propos assez consternant d’entendre les pleurs et les grincements de dents de la coalition occidentale lorsqu’elle subit des pertes, dénonçant régulièrement comme déloyal, voire comme inacceptable, que les aborigènes de l’Hindou Koush aient l’insolence de répliquer, de leur porter et de leur rendre leurs coups. Nous avons en effet des armées modernes semi schizophréniques qui voudraient que la guerre soit non seulement « asymétrique » mais plus encore « unilatérale ». À croire que l’insane doctrine du « zéro mort » a causé d’irrémédiables dommages dans les cervelles malades de l’Occident décadent !

Il est à constater que les attentats suicidaires perpétrés par des soldats locaux incorporés aux unités coalisées, se sont multipliés en Irak, sur le sol américain même et bien sûr en Afghanistan. Peut-on en l’occurrence parler de terrorisme, d’acte de résistance ou de vengeance ? Cela dans le contexte d’un rejet massif des forces d’occupation après une très longue série d’actes inexcusables, témoignant autant d’une bêtise exemplaire que d’un profond mépris des populations que les GI’s sont censés être venus libérer du joug taleb, de la dictature baasiste ou plus largement de l’islamisme radical et de la burka… En Afghanistan, aux Coran incinérés à Bagram, se sont ajoutés ces derniers temps, les scandales de la vidéo où s’exhibent des soldats américains urinant sur des cadavres de combattants afghans, et, dernier en date, le sinistre épisode d’un sous-officier yankee assassinant froidement plusieurs familles afghanes (seize civils) le 11 mars dans la province de Kandahar… Alors, dans ces circonstances, que la guerre puisse émigrer chez nous, pourquoi pas, nous devions nous y attendre, non ?

Piste « afghane » II : narcotrafic

Des assassinats de militaires professionnels passés par l’Afghanistan. Des meurtres pour reprendre la formule d’un haut fonctionnaire de l’Intérieur, qui « puent le contrat à plein nez ! ». Des assassinats qui en effet, s’il n’y avait pas eu l’affaire de l’École juive, ressembleraient furieusement à des règlements de comptes sur fond de trafic d’héroïne. Car rien n’interdit de penser que le cas échéant les victimes – mais ce n’est là bien entendu que pure hypothèse d’école sans aucun fondement – auraient pu être de ces « mules » assurant l’acheminement de la marchandise pour certains réseaux du Sud de la France… et peut-être même au profit de certains services très spéciaux devant financer des opérations de guerre sous « faux drapeau » !?

Un trafic qui pourrait être à deux faces… l’on sait que c’est un grand classique des Services, notamment américains, de s’autofinancer via le narcotrafic. Cela semble établi que depuis la guerre du Vietnam et la publicité faite autour des activités d’une compagnie aérienne très particulière, Air America, laquelle assurait le transport l’héroïne du Triangle d’or au profit de la CIA.

Le 22 août 2009 l’ancien commandant de l’armée soviétique en Afghanistan, le général Mahmut Gareev déclarait sur Russia Today que « L’armée américaine n’empêche pas la production de drogue en Afghanistan, car elle leur rapporte au moins 50 milliards de dollars par an ; l’armée se charge de transporter la drogue à l’étranger à bord de ses avions militaires ; ce n’est pas un mystère ». Quand on connaît les enjeux, l’idée d’une French connection n’a donc rien d’aberrant. « Loin devant l’Asie du sud-est et l’Amérique du Sud, l’Afghanistan produit 80% de la drogue mondiale. Trente mille jeunes gens en Russie meurent chaque années de l’usage des drogues qui en sont issues ». Suivant le général Gareev (mais les experts des Nations Unies disent exactement mezzo voce la même chose) « les États-Unis utilisent le trafic de drogue pour couvrir limiter leurs dépenses exorbitantes… Ce trafic, à partir de l’Afghanistan, leur apporte environ 50 mds de $ l’an, cela couvre presque entièrement les frais liés au maintien de leurs troupes. Alors pourquoi arrêteraient-ils la production de stupéfiants ? ». Oui, on se le demande bien, et l’on ne voit pas pourquoi les Français si malins, seraient en reste ?

En un mot, des militaires qui avaient peut-être effectués des missions très sensibles, ou qui étaient mouillés dans certaines filières économiques « parallèles », c’est-à-dire qui en savaient trop, ont été exécutés pour être sûr qu’ils ne parleraient pas ? Dans ce cas de figure, l’affaire de l’école serait une diversion, un écran de fumée – au demeurant assez bien venu pour susciter dans les populations et les minorités ethno-confessionnelles, un surcroît de demande sécuritaire, profitable avant tout au candidat sortant et à une politique étrangère de soutien inconditionnel à l’État hébreu et à ses probables, voire imminentes, aventures guerrières et in fine, potentiellement suicidaires !

D’une pierre deux coups ? L’hypothèse du pire, la pire des hypothèses

Toujours au chapitre des hypothèse paranoïaques et « conspirationnistes », peut-être quelques uns auront également vu dans la liquidation de militaires gênants, l’occasion de relancer en France et à internationale, la question du peuple hébreu, peuple persécuté ubi et orbi. Un moyen déjà utilisé pour démarrer puis légitimer la guerre en terrassant des opinions publiques placées en totale communion compassionnelle avec les familles meurtries par le deuil de leur progéniture. À cette nuance près toutes les souffrances ne se valent pas : Mme Catherine Ashton, Haute représentante de l’Union européenne, en fait à cette heure la dure expérience. Elle devra faire techouva, aller à Canossa le chef couvert de cendre pour y faire repentance, cela pour avoir évoqué les cadavres d’enfants palestiniens en les plaçant sur un pied d’égalité avec les petite victimes de Toulouse. Comment comparer l’incomparable ? Déjà partout en Europe des voix s’élèvent exigeant la démission de la délinquante !

Une opinion réduite au silence et en complète soumission avec les décisions politiques les plus condamnables, voilà ce que peut être le fruit vénéneux de l’affaire toulousaine. Car qui peut ignorer que plusieurs guerres sont en ce moment sur le feu : Syrie, Iran, des conflits qui ne demandent qu’un étincelle peut à chaque instant faire éclater un conflit majeur au Proche-Orient ? Avec l’appui ou à l’initiative des forces occidentales et de leur commandant en chef, MM. Obama, Cameron et Sarkozy ?

Alors pourquoi l’école confessionnelle ? La tentation pouvait être forte pour certains de faire d’une pierre deux coups. Les fous ne manquent pas de par le vaste monde, et tous ne se situent pas exclusivement chez les Salafistes et dans l’ultra droite ! L’histoire nous a appris que le peuple hébreu est capable pour sa survie et pour son expansion, des plus grands sacrifices. De nombreux précédents existent. Là encore, il ne s’agit que de « folles » hypothèses mais en ces temps de démence, alors que les gouvernements anglo-franco-américains semblent rivaliser dans la course à l’abîme, rien n’interdit d’imaginer le plus effroyable ! Désormais, tout est devenu possible… et la tragédie de l’école juive devrait dans ce cas être mise au compte d’une poignée de machiavéliens souhaitant exploiter un fait divers sanglant pour s’efforcer d’accélérer la roue de l’Histoire [9].

Surtout ne pas conclure !

Les militaires en question en savaient-ils trop ? Avaient-ils été mêlés ici ou là à des affaires sensibles, relevant du secret d’État ? On sait que l’Élysée fera tout pour maintenir sous le boisseau l’information selon laquelle des conseillers français auraient été présent à Homs aux côtés des Djihadistes wahhabites (ces éléments armés et mercenaires du Qatar et de l’Arabie saoudite que la presse occidentaliste se complaît à désigner comme l’Armée syrienne libre). Parce que nul ne croira que se puissent être des troufions déserteurs qui posent les bombes dévastatrices ravageant et semant la mort dans certains quartiers de Damas et d’Alep ? Il est en tout cas certain que si l’information venait à s’ébruiter en France malgré l’omerta remarquablement hermétique des médias – et de l’AFP – une telle révélation serait un séisme, notamment pour le candidat Sarkozy. La France est en guerre non seulement en Afghanistan mais aussi sur le front syrien et elle ne le sait pas ! Chut, ne réveillons pas les vieux démons !

20 mars 2012

Notes

[1Ouest-France 21 mars

[2Lorsque Pierre Georges, dit Frédo, mieux connu sous l’alias de « colonel Fabien », membre de l’organisation communiste « Franc tireurs et partisans » commet à Paris le 21 août 1941 en abattant de deux balles tirées dans le dos sur le quai du métro Barbès-Rochechouart l’aspirant Moser de la Kriegsmarine, cet acte terroriste – en fait le premier attentat meurtrier dirigé contre les troupes d’occupation - va connaître un retentissement extraordinaire en révélant au grand public l’existence de réseaux actif de résistance. Cette action sera regardé comme « un chef-d’œuvre d’action politico-militaire réalisé avec des moyens dérisoires : deux balles de 6.35 » [Cf. Wikipedia]. De Gaulle depuis Londres exprime à la fois son désaccord tactique (a contrario des communistes, il s’oppose à toute guérilla urbaine en France métropolitaine), et son soutien moral aux FTP : « Il est normal, il est tout-à-fait justifié que des Allemands soient tués par des Français ». Puis, après les représailles allemandes « C’est dans ce sang que se noiera la Collaboration ». Ce faisant de Gaulle, justifiait par anticipation la guerre terroriste qui devait opposer le FLN algérien à la France et à partir déc. 1954.

[3Depuis cet article, on parle de revendication « signée par l’organisation Jund al-Khilafah (les soldats du Califat), qui a par le passé revendiqué des attaques en Afghanistan et au Kazakhstan, a été publié sur le site Shamekh, qui diffuse généralement les communiqués d’Al-Qaïda » http://www.leparisien.fr/toulouse-3...

[4En un an la cité phocéenne est devenue le théâtre d’une véritable guerre des gangs, multiplication des attaques à l’arme de guerre et meurtres à répétiton sont la tile de fond de la vie dans les Bouches du Rhône. Un grand banditisme à la violence sans limites, dont le modus operandi - lors des exécutions des rivaux - est très analogue à celui du tueur de Toulouse ! 23 fév. 2012 un homme est tué de deux projectiles en pleine tête ; 25 déc. 2011, trois hommes sont carbonisés dans une voiture. Deux d’entre eux étaient connus pour des affaires de stupéfiants ; 22 déc. un mineur de 17 ans est abattu d’une rafale de kalachnikov ; 1er déc. un homme est abattu, un autre est grièvement blessé ; 24 nov. un homme meurt à l’hôpital Nord de Marseille des suites de blessures par balle ; 24 sept. un homme est abattu d’une rafale de kalachnikov ; 29 juil. Souhel Hanna-Elias, dit le « Cobra », alias Joël le Turc, ancien lieutenant de Francis le Belge assassiné aux Champs-Élysées en sept. 2000, est abattu de plusieurs balles de gros calibres par des individus se déplaçant à moto ; 20 juillet, Roland Gaben, le « parrain » du Panier, tombe à son tour ; 2 juil. un individu est tué et un autre blessé peu avant midi dans une fusillade sur fond de trafic de stupéfiants ; 9 juin un homme est abattu dans un bar du Vieux-Port : le passager d’un scooter a fait irruption dans l’établissement et tiré à trois reprises sur sa cible ;11 mai deux « jeunes » connus pour des affaires de stups sont criblés de balles de 7,62 craché en rafales par des kalachnikov ; 27 avril 2011, un homme de 60 ans, connu pour son implication dans le trafic de stupéfiant, est assassiné de deux balles dans la tête…

[5Le lendemain des fait, le soir du 9 mai 1990, le président du Front national M. Le Pen, est l’invité de l’émission vedette « l’heure de vérité » sur la chaîne publique Fr.2 Une telle concomitance entre la profanation de tombes dans le cimetières de Carpentras et ce rendez-vous politique avec le représentant d’une formation alors en pleine ascension dans l’opinion, a de quoi laisser rêveur. Six ans plus tard, en juillet 96, un homme s’accuse spontanément d’avoir participé à la profanation par antisémitisme, nommant leur meneur, Jean-Claude Gos, membre d’un groupuscule idéologiquement proche du front national. Celui-ci avait miraculeusement trouvé la mort le 23 décembre 1993 en moto sur une route de la banlieue avignonnaise. Il avait été heurté par une voiture dont le conducteur - Rachid Belkir - sera retrouvé en 1995 dans le Rhône, frappé de deux balles dans le torse et deux lourdes pierres en guise de lest.

[6Jose Maria Aznar, chef gouvernement du conservateur, avait hâtivement attribué les attentats du 11 mars à l’organisation séparatiste basque ETA. Alors que les faits étaient ensuite attribués à des éléments franchisés d’Al Qaïda, lesquels se « suicideron »t au moment de leur arrestation. Ce qui était apparu alors aux yeux de l’opinion comme une manipulation, ceci ayant conduit M. Aznar à la démission puis à un changement de majorité.

[7On notera avec intérêt que l’usage s’est définitivement perdu de parler de « juifs français » au profit de l’expression de « juifs de France » ce qui, sémantiquement parlant, fait de la communauté juive une sorte de pièce rapportée, juifs en France mais non pleinement assimilés et par conséquent « français » à part entière ! Une anomalie linguistique – peut-être reflet d’un mal être ou d’un divorce latent qui n’osent dire leur nom ?- sur laquelle il conviendrait de se pencher … Les quatre victimes ayant été inhumées en terre d’Israël, faut-il en déduire que la communauté des « juifs de France » est en réalité une communauté étrangère bénéficiant sur le territoire national des largesses de l’État et les privilèges attachées à leur double statut. On comprendra mieux [France Inter 20 mars] qu’aujourd’hui un Français sur trois et un Espagnol sur deux admettent porter des « sentiments négatifs » à l’égards des musulmans… et des juifs.

[8Today Zaman « The end result of France’s discourse of hatred » http://www.todayszaman.com/columnis...

[9Le 17 mars 1992 une puissante explosion détruit l’ambassade d’Israël à Buenos Aires, 29 personnes sont tuées et 242 blessées. L’enquête s’oriente aussitôt vers la piste islamiste. L’attentat aurait été perpétré par un shahid (martyr) palestinien du Jihad islamique au moyen d’un véhicule piégé. 18 juillet 1994, une seconde explosion dévaste l’immeuble de l’Association mutuelle israélite argentine, 85 morts et plus de 300 blessés. L’enquête initiale s’orienta également sur la piste islamique, cette fois le Hezbollah libanais et l’Iran. L’ambassadeur d’Iran en Argentine interpellé au Royaume-Uni puis relâché faute de preuves. Au fil des ans les enquêteurs déconstruisent peu à peu les échafaudages américano-israéliens. Pourquoi avoir en effet attendu que l’ambassade soit vide pour la faire sauter alors qu’un peu plus tôt s’y pressait une centaine de personnalités juives ? Le véhicule piégé était également une chimère, les explosifs ayant été placés dans les bâtiments, aussi bien à l’ambassade qu’à l’AMIA. Finalement les conclusions de la Cour suprême brésilienne devaient laisser un goût amer : les attentats avaient montés et perpétrés par les services israéliens eux-mêmes. Le porte-parole de l’ambassade d’Israël à Buenos Aires devaient déplorer les conclusions entachées d’antisémitisme. Le mot de la fin.

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