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L’arme terroriste dans la géopolitique étasunienne et britannique

Pierre Dortiguier

lundi 14 mai 2012

Si nous spécifions ainsi un ensemble historiquement établi et dont on peut par conséquent suivre l’évolution politique, ou d’expansion de l’autorité internationale, c’est qu’il est encore à l’œuvre, avec ses moyens avérés : la subversion et le désagrégement des Etats qui lui font obstacle, par la formation de brûlots terroristes à l’intérieur de ceux-ci.

Nous voyons le tableau affligeant de la Syrie que vient de décrire fidèlement, pour l’IRIB, M. Meyssan ; et le passage à l’action terroriste n’y est pas seulement une réaction à quelque échec d’intervention militaire turque, qatarie ou saoudienne, par exemple, mais davantage le degré supérieur d’une terreur mûrie, préméditée, infligée à toute une population, dont on s’apercevra bientôt que la partie chrétienne sera touchée sans que l’Occident en général ne s’en émeuve, ni particulièrement en France les élus frontistes de gauche ou socialistes des futures législatives pour qui la laïcisation du monde arabe chrétien et musulman passe par le tsunami qatariste formant sa « légion étrangère » auto-financée !

Cet alignement occidental sur la stratégie terroriste est une tradition anglaise, par la formation, dès la naissance de l’Empire, à la fin du 17e siècle, de l’Intelligence Service, qui n’est pas, comme son nom le fait accroire, un bureau d’étude à des fins commerciales, pour découvrir et gagner des marchés, mais une centrale d’assassinats et de soulèvements appuyés sur la corruption, et qui est, par exemple, la clef de la domination durable des Indes, avec très peu d’hommes, jusqu’au dernier succès qu’aura été la partition pakistanaise de 1947 : par cela, l’influence musulmane sur l’Inde s’est trouvée durablement affaiblie, et, sous prétexte d’une sauvegarde de la foi par la partition pakistanaise, diminuée en efficacité.

Tous les moyens du terrorisme se sont alors déployés pour créer entre les deux peuples issus de la même fraternité traditionnelle, une méfiance dont les bénéficiaires sont les places de Londres et de Washington.

Le Pakistan lui-même est menacé par ce déploiement de l’action terroriste qui s’installe par degrés et mine déjà toute stabilité politique en Afghânistân, comme elle s’y efforce en Irak.

On ne peut détacher les actes terroristes d’Alep, Damas et bientôt du pays même, ainsi meurtri aveuglément, de ce qui se produit dans le voisinage : ce ne sont pas des guerres entre Etats, qui s’y produisent, comme, il y a trente ans, la guerre irano-irakienne favorisée par l’Occident, mais des guerres dans l’Etat même soutenues par les troupes d’occupation : elles viennent non pas combattre, mais semer les graines du terrorisme en espérant que ce modèle de subversion favorisé par les destructions et les ruines déjà apportées, et aussi par la « Cavalerie Saint-Georges » –comme on nommait, à côté de l’Intelligence Service l’arme dernière de la corruption financière des personnes-, s’étende aux grands ensembles environnants.

Tel a été le sens de la formation de l’émirat de Tchétchénie et aussi – on ne le dira jamais assez clairement - l’intention politique de formation des groupes de talibans. Les recrutés croyaient combattre une occupation d’Infidèles russes appelés par les communistes afghans, alors qu’ils offraient à l’Angleterre et aux U.S .A le prétexte du scénario du 11 septembre, d’une intervention, et d’une guerre fratricide où nul ne peut dire à qui profite toute action militaire ! Est-ce à l’indépendance du pays ?

Comment fonder une telle sûreté sur un bain de sang fratricide ?

En tout cas, la réalité bien calculée de ce terrorisme pourrait aussi s’appliquer à l’Afrique et même – comme les années 70 le faisaient pressentir - à l’Europe. Nous savons aujourd’hui que des organisations comme le Gladio en Italie, et autres structures naïvement anticommunistes servaient, pour la CIA. à exciter et donc à manipuler précisément des groupes de terroristes de gauche. Cette opération pourrait trouver un nouvel essor dans des Etats européens en crise, et chacun sait que les USA font tous leurs efforts pour pécher en eau trouble de l’immigration ou de la contre-immigration, afin de pouvoir, le cas échéant, briser tout Etat qui refuserait de se laisser dicter une loi de conduite.

Le développement d’organisations extrémistes nouvelles fort riches dans les Etats du Nord et en Allemagne pourrait aller en ce sens.

C’est pour cette raison que le développement conjoint de milices occidentales anti-islamiques ou violemment xénophobes d’une part, et, en face, le recrutement et financement de « djihadistes » dans des camps d’instruction situés dans des aires trop proches des troupes otaniennes pour être véritablement d’authentiques « résistants », comme la malheureuse affaire toulousaine Merah a levé un coin de voile vite refermé ! - amène aux conclusions suivantes :

  • sans une unité politique islamique tous les Etats musulmans et leurs diverses confessions religieuses alliées –dont les chrétiennes- seront en Orient et en Afrique exposés à la dissolution terroriste.
  • le soutien matériel et humain des actes de subversion par quelques potentats les dénonce comme des bases de ce terrorisme traditionnel qui a permis à l’ancienne puissance occupante et à sa prolongation états-unienne de se maintenir en position de force.
  • le terrorisme syrien est l’application d’une doctrine subversive dont il importe que les Etats tiennent compte pour la suivie, non d’une élite partisane, mais de la liberté nationale même.
  • parler de la fin de l’intervention anglo-américano-otanienne est une illusion dangereuse, car le but de cette intervention a été de créer des foyers de terrorisme, dont l’Iran a déjà été, sera, et demain la Chine et la Russie, la victime désignée.
  • partie d’Afrique la subversion terroriste –sur l’exemple libyen, retournera sur le Continent africain dont la possession est vitale à ce qu’on nommait autrefois l’impérialisme et qui a l’éternel visage du terrorisme, comme mode de pensée et d’action, de rébellion, en bref, contre l’ordre naturel. Le terrorisme est ainsi cette fameuse lutte finale que le communisme marxiste affirmait dans son chant de « L’Internationale », mais que l’impérialisme sait faire passer dans les actes, au besoin sur les conseils de ces mêmes idéologues convertis au libéralisme, mais avec le même bagage de haine insensée contre tout ce qui n’est pas le profit parasitaire !
  • la solidarité antiterroriste avec la Syrie est donc un impératif de survie des peuples, et c’est ce sentiment qui explique l’attitude défensive perspicace de la Russie et le la Chine ; et fait enrager les prétendants à la main de notre Marianne qui n’on retenu de nos révolutions que le masque de la Terreur, du « fanatisme abstrait », selon le mot exact de Hegel dans une note de ses berlinois « Principes de la Philosophie du Droit » !

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