La mort suspecte d’Arafat qu’on suppose par empoisonnement et sur laquelle sa veuve a demandé récemment une enquête, a laissé la place à un Fatah [1] rival d’un Hamas légitimé par un soutien populaire, fortifié par la barbarie sioniste, mais aussi né avec complicité de la puissance occupante. Car l’on murmure en effet que l’insertion du Hamas – sa génération équivoque peut-on dire - dans la bande de Gaza n’avait pas déplu aux Israéliens qui y ont vu une occasion de briser le front nécessaire à toute résistance contre un ennemi supérieurement armé et disposant, depuis toujours, d’une complicité mondiale.
Le Hamas, lisons-nous sur un blog alsacien germanophone [2] a commis une erreur : il a soutenu la chute de Khadafi et s’est placé en Syrie au côté des terroristes contre le président Assad qui a soutenu, comme son père la résistance palestinienne. Le Hamas, précise l’auteur alsacien, a ainsi roulé pour le « Divisez et régnez » des impérialistes. Ainsi les agresseurs peuvent-ils éliminer les États arabes séculiers et les Chiites (à quoi participent les sunnites radicaux comme des courroies de transmission), et ensuite font table de radicaux sunnites comme le Hamas. Ce n’est qu’ensemble, en dépassant tous les fronts religieux et politiques, conclut ce blog, que le monde musulman peut s’opposer à « l’axe du mal » (USA-Grande-Bretagne et Israël)
Pour approfondir ce point, il convient de citer une étude peu commune, déjà ancienne, sur le Hamas et la stratégie américano-sioniste, du journaliste anglais de Sheffield, Paul Joseph Watson [3].
L’enquêteur anglais, avec l’indépendance d’esprit qui est le trait du caractère national, peu influencé par la mode, comme il sied davantage en France et dans les pays où la politesse supplée au sentiment ou à l’intelligence même, relève ce qui n’a rien, en soi, d’une découverte, mais qu’on lit rarement noir sur blanc. Ce Paul Joseph Watson voit dans certains actes du Hamas une cause occasionnelle d’intervention sioniste : « Ceci – à savoir les frappes locales du Hamas - donne à Israël la justification nécessaire pour refuser tout accord et poursuivre leur occupation des territoires » [4].
Au départ de cette création du Hamas aurait été, selon lui, la volonté de bloquer l’influence de la révolution de l’Imam Khomeiny, d’heureuse mémoire, en créant une sorte de contre-feu : Israël a voulu radicaliser la dispute (avec le Fatah) en engageant le Hamas dans une croisade militante fondamentaliste pour singer la révolution iranienne de Khomeiny. [5]
C’est allé au point que Israël a préparé les leaders potentiels du Hamas, (ces derniers) pressant les autorités israéliennes de leur donner les autorisations de monter des cuisines d’alimentation, des cliniques, des écoles, des centres de soins journaliers afin de créer une structure alternative au Fatah d’Arafat. Ces installations étaient connues comme des « ligues de village » (Village Leagues) et ont fourni aux futures opérations du Hamas une assise politique et gouvernementale. Ceci a commencé en 1978 quand le Premier ministre Menachem Beguin, lui-même ancien chef terroriste, a approuvé une demande du Sheik Ahmad Yassin – mort martyr - d’autoriser une association islamique, qui produirait l’aile militaire du Hamas en 1987. Le parti du Likoud israélien a propulsé Yassin parce que les deux avaient le même agenda, déstabiliser le Fatah d’Arafat.
« Les ligues de village ont ensuite été infiltrées par l’agence du Renseignement israélien Shin Bêt qui a fourni des armes pour entraîner les Palestiniens et ils ont ainsi créé un réseau de milliers d’informateurs. Ce financement et ce soutien ont continué même après la signature des Accords d’Oslo en 1993. »
« L’insertion délibérée d’une faction rivale entendait affaiblir l’Organisation de Libération palestinienne (OLP). Le Premier ministre d’Israël en exercice, Ariel Sharon, a eu un rôle clef dans la formation de cette politique. Après la première vague d’attaques par suicide, à la bombe, qui a commencé en 1994, Israël a pu ainsi discréditer l’OLP en la connectant au Hamas après chaque atrocité terroriste. La ligne dure du Likoud a pu ainsi augmenter sa réputation dans le peuple israélien en promettant de sévères mesures contre le terrorisme palestinien. Le chaos et l’anarchie sur la rive gauche sont sur ordre du Likoud ! »
« Le gouvernement US » l’observe très justement l’auteur anglais « a employé de façon analogue la tactique de radicalisation d’un groupe ou d’un pays quand il a envoyé des millions de manuels intégristes islamistes en Afghanistan, sous George Bush senior. Les livres encourageaient le djihad violent et appelaient à la chute du gouvernement Afghan alors séculier. Ceci a conditionné toute une génération à accepter tranquillement le régime Taliban à venir, lequel a été placé par la CIA au pouvoir en 1996. » [6]
La suite de l’article de Paul Watson, auteur de l’ouvrage « Out of Chaos », intitulé « Puppet on a string, Hamas dances for Israël’s tune » (Le Hamas danse sur une corde pour Israël), qui démontre que Abou Nidal, par exemple, était entre les mains du Mossad et fut exécuté, le corps criblé de balles, par les autorités irakiennes dans l’hôtel de Bagdad, porte sur les raisons de l’assassinat de Rabin, qui est, selon lui, l’œuvre du Likoud, et sur la personnalité d’Arafat dont il donne le lien avec le fameux groupe cosmopolite financier du Bilderberg. Certain extrait d’un entretien d’Arafat au « Corriere della Sera » insiste sur l’encadrement du Hamas auquel Watson fait allusion, les facilités qu’il a reçues et aussi, ce sera notre conclusion, sur la politique du chaos et du terrorisme organisé qui permet à Israël de survivre, et lui donne certainement un sens politique international, une utilité pour le leadership US.