Pourquoi Ahmed Jabari ?
Israelinfos.net [19 nov 2012] insiste sur le rôle d’Ahmed Jabari à Gaza : il était l’un des hommes clefs du gouvernement du Hamas [2] et l’un des artisans de la prise de contrôle en juin 2007 de Gaza par la résistance islamique ; il était également l’un des plus solides soutiens d’Ismaël Haniyeh, ancien Premier ministre de l’Autorité palestinienne entre février 2006 et juin 2007. Ce que ne dit pourtant pas la presse israélienne, c’est que Jabari assurait la sécurité du territoire israélien en faisant la police dans le Bande de Gaza afin d’y prévenir toute provocation et tir intempestif de roquettes par des dissidents ou des agents stipendiés, vers Eretz Israël. En l’éliminant celui qui a été médiatiquement présenté comme le « Ben Laden palestinien », le Shin Beth a donc détruit l’interface nécessaire au maintien d’un cessez le feu durable. En affaiblissant le Hamas, Tsahal, remet la bride sur le cou des milices [3] qui offrent et continueront d’offrir par leurs tirs de roquettes tous les prétextes utiles à Tel-Aviv pour procéder à autant d’assassinats ciblés que nécessaires… en fonction des besoins du moment, politiques, publicitaires, militaires ou stratégiques.
L’un des buts spécifiques de l’assassinat de Jabari était donc clairement de décapiter le dispositif militaire du Hamas et ce faisant, à lui « casser les reins » ou à lui infliger des dommages suffisamment importants pour qu’il mette des années à se reconstituer… le temps que les rivalités politiques, la défaite morale et l’usure finissent, peut-être, par le mettre hors jeu. Ne pas détruire l’ennemi mais le blesser suffisamment pour le neutraliser durablement. Si l’on adopte pour principe directeur que contrairement à l’idéologie ordinaire « tout le monde n’est ni automatiquement remplaçable ni interchangeable, il faudra probablement de ce point de vue, des mois voire des années pour remplacer les cadres du Hamas éliminés physiquement » [Isrlinfos] … L’un des objectifs avoués mezzo voce de l’Opération « Colonne de Défense » qui à ce titre n’a aucune raison de s’arrêter avant d’avoir rempli son cahier des charges !
On comprend mieux alors que, si la désorganisation en profondeur de l’ennemi est l’un des buts principaux de l’opération, pourquoi l’attaque aussitôt après la frappe contre le véhicule de Jabari, ne s’est pas arrêtée et n’a aucune chance de déboucher rapidement sur une trêve négociée… ce que tendrait à démontrer l’actuelle escalade, le gouvernement procédant au rappel de 75 000 réservistes… ce qui n’est pas la voie à suivre dans le cadre d’une simple intervention de police ! Pourquoi en effet avoir massé 16.000 soldat aux abords de Gaza [AFP 16 nov] si ce n’est en prévision d’une entrée massive dans l’enclave palestinienne ? Rappelons à titre de comparaison que l’Opération Plomb durci de janvier 2009 n’avait mobilisé qu’une dizaine de milliers d’hommes. La machine étant lancée rien ne semble désormais devoir l’arrêter en dépit des annonces réitérées d’une « possible trêve ».
Certes il fallait faire cesser le « calvaire » - l’expression particulièrement « appropriée » est de l’ancien ambassadeur hébreu à Paris, Freddy Eytan - enduré par « deux millions d’Israéliens » exposés à la menace d’une « pluie de missiles et de roquettes » dont l’intensité va crescendo. La première des roquettes artisanales Kassam fut tirée le 10 février 2002, depuis 8000 roquettes – 12 000 selon d’autres pages des sites gouvernementaux hébreux qui semblent assez fâchés avec les statistiques - se sont officiellement abattues sur Israël causant la mort, en une décennie, d’un nombre indéterminé de personnes, n’excédant vraisemblablement pas la vingtaine… Estimation due au flou artistique qui entoure des données fragmentaires artificiellement gonflées sous formes de listes nominatives [Voir le site de « l’Armée de défense d’Israël » [4].
Bref, la mort de Jabari n’était évidemment pas une fin en soi, même en ayant été annoncée comme « la première phase d’une campagne d’envergure visant à protéger les civils israéliens et paralyser les infrastructures terroristes »… et en effet dans les heures qui suivirent la destruction du chef militaire du Hamas, les missiles de Tsahal tombèrent tous azimuts et densément à travers la bande de Gaza.
Vrais buts de guerre… d’abord à court terme
Le premier, le plus visible, les échéances législatives fixées au 22 janv. 2013. Le Premier ministre Netanyahou ayant dissout la chambre le 16 octobre il s’agit de faire reconduire le Likoud majoritaire avec, si possible, une confortable avance. Or quel que soit « l’agenda » politique et militaire du Likoud, celui-ci ne pourra agir que les mains libres, c’est-à-dire avec une assise électorale suffisamment étoffée pour soutenir et légitimer ses initiatives… telle par exemple une offensive, en principe conventionnelle, contre les sites nucléaires iraniens.
« Dans moins de cent jours, le peuple d’Israël décidera qui le dirigera face aux plus grands défis que nous ayons connus en termes de sécurité depuis la fondation de l’État, et qui le conduira face à la pire crise économique que le monde ait connue depuis quatre-vingts ans… Celui qui minimise le danger qu’un Iran nucléaire pose à Israël ne mérite pas de diriger le pays ne serait-ce qu’un seul jour… Aujourd’hui, nous avons les capacités d’agir contre l’Iran et ses satellites, des capacités que nous n’avions pas auparavant ». Tel est le programme de M. Netanyahou, et il a le grand mérite d’être lisible.
Ainsi jouer sur la peur de populations qui n’ont pas entendu retentir les sirènes depuis février 1991 et les missiles Scud de feu Saddam Hussein, c’est jouer sur du velours. Mais peut-on toujours rejouer la même partie : en 2009, 70% de la population a soutenu l’Opération Plomb durci contre le Hamas ; aujourd’hui seulement 30% des Israéliens se déclarent en faveur d’une intervention au sol. En effet chaque israélien garde en mémoire l’offensive lancée contre Gaza le 27 déc. 2008, laquelle s’était soldée par la mort de 1400 Palestiniens dont trois cents femmes et enfants… et de 13 Israéliens. Une opération qui n’avait guère consolidé la sécurité de l’État hébreu qui de surcroît, après coup, a dû faire face à un mépris international inégalé dans son histoire en raison de son « usage excessif de la force » et pour avoir délibérément visé et détruit des objectifs civils perpétrant autant de crimes de guerre, à ce jour non poursuivis et a fortiori non punis. Les manipulations et la censure des rapports rédigés sur ce sanglant épisode ne purent finalement pas parvenir à effacer la tache qu’Israël dans son orgueil démesuré s’est infligé à lui-même.
Chacun comprendra qu’avec ce passif, il importe aujourd’hui que les médias tracent un tableau apocalyptique des nuées ardentes que les terroristes gazaouis font pleuvoir sur les citoyens d’Israël… Il n’en reste pas moins que les « armes de terreur » mises en œuvre par l’ennemi, aussi désagréables soient-elles, sont moins dangereuses qu’une fin de semaine ordinaire sur les routes. Ce fut déjà le cas des Scud irakiens, essentiellement des armes de « terreur psychologique ». Mais chut, cela, il est interdit de le dire.
Précisons à ce titre, que le projectile qui s’est abîmé en mer le 15 novembre [AFP LeMonde], à 15 km au sud-est de Tel-Aviv, serait une roquette Fajr 5 fabriquée en Iran, d’une portée maximale de 70 km contre une quinzaine pour les roquettes artisanales Kassam. Un fait inédit dont les Brigades Al-Qods [voire note 3], branche armée du Jihad islamique auraient mieux fait de ne pas se vanter parce que cela procure à Tsahal un prétexte en or pour redoubler les frappes sur Gaza et justifier a priori une opération terrestre. Une victoire purement symbolique d’ailleurs, sans aucune incidence militaire puisque les super roquettes avaient été au préalable débarrassées de leur ogive conventionnelle et par conséquent n’étaient qu’une enveloppe de métal inerte. Une remarque au passage : le fameux « Dôme de fer » [5] censé protéger les Israéliens des menaces venues du ciel n’est actuellement qu’un parapluie un peu percé.
Deuxième objectif à très court terme : bloquer la demande à l’Assemblée générale des Nations Unies, le 29 novembre prochain (date anniversaire de l’adoption du plan de partage de la Palestine en 1947), du statut d’État observateur non membre par et au profit de l’Autorité palestinienne… un vote quasiment acquis, une majorité d’États ayant annoncé leur intention de se prononcer en faveur d’une Palestine au demeurant « sans droit » depuis soixante-cinq ans et sans frontières depuis 1967. L’Autorité palestinienne, aujourd’hui toujours présidée par Mahmoud Abbas, a récemment engagé le Fatah dans un processus de réconciliation avec le Hamas, un danger pour le pouvoir israélien qu’il convient évidemment de contrer. Alors pourquoi craindre à ce point la demande de reconnaissance internationale des Palestiniens, le statut d’État observateur ne conférant aucun droit de vote ?
Casus belli
Oui certes, mais cela ouvre une brèche dans le dispositif israélien de confinement des Palestiniens. Cela crée un précédent fâcheux – une première étape vers une émancipation complète - qui pourrait influer sur des décisions et des votes ultérieurs, notamment au Conseil de Sécurité seul habilité à reconnaître un nouvel État, membre de plein droit. Vu sous cet angle, la guerre unilatérale de Gaza pourrait renvoyer le vote du 29 novembre de l’Assemblée générale aux calendes grecques… Reste que l’actuelle offensive pourrait aussi avoir l’effet inverse, accélérer le processus et même inciter Abbas à revoir sa copie lui qui croyait pouvoir monnayer un strapontin à l’Assemblée générale en contrepartie d’une reprise sans condition des négociations avec Israël. Pauvre M. Abbas qui croit encore à la bonne volonté de ses interlocuteurs, à leur désir de sortir de l’impasse et de souscrire sans réserve à la « solution des deux États »… Le bon M. Abbas qui n’a pas compris que l’entrée de la Palestine aux Nations Unies, même par une porte dérobée, est en soi un casus belli !
En attendant, alors qu’une large majorité de Français - 75% - se prononcent en faveur de la reconnaissance d’un État palestinien (63% des Anglais, 59% des Allemands et 85% des Espagnols), M. Hollande opère un virage sur l’aile à 180° : contrairement à la position de M. Sarkozy favorable à l’octroi du statut d’État non membre à la Palestine, l’arrivée des socialistes aux Affaires a modifié la donne. Lors de son passage à Paris et à Toulouse le 1er novembre, M. Netanyahou a « briefé » d’importance son homologue français tout aux ordres. Recadrage qui a conduit le titulaire de l’Élysée à souhaiter très sérieusement « une reprise des négociations israélo-palestiniennes sans condition », mettant les Palestiniens en garde contre « la tentation d’aller chercher à l’Assemblée générale de l’ONU ce qu’elle n’obtient pas dans la négociation »[Le Point.fr 13 nov 2012]. Tourne le manège. À ce train, d’ici un siècle, il ne restera plus rien des territoires palestiniens caviardés, pour ne pas dire cannibalisés par les colonies légales ou non. Le nombre des colons en Cisjordanie a en effet été multiplié par 40 depuis 1967 et la guerre des Six Jours pour atteindre 536.932 personnes fin 2011.
Objectifs stratégiques à long terme
Depuis l’an 2000 on sait que de gigantesques poches de gaz naturel s’étendent le long du littoral de la Méditerranée orientale, depuis le Bassin levantin jusqu’à la Mer Égée. Inutile de dire qu’Israël n’a aucune intention de lâcher sa proie et de renoncer à ces richesses naturelles au profit de populations considérées comme moins que rien. Les témoignages abondent dans la presse israélienne quant au mépris sans fard qu’affichent nombre de judéens, toutes catégories sociales confondues à l’égard de l’indigénat palestinien. Inutile d’insister par ailleurs sur la dimension géoénergétique des conflits au Levant, entre autres l’actuelle guerre de Syrie, détentrice de considérables réserves gazières et couloir énergétique stratégique pour l’évacuation des hydrocarbures du Bassin de la Caspienne… Un aspect qui explique beaucoup de choses, mais n’explique cependant pas tout. Il faut pour cela ouvrir patiemment les boîtes gigognes les unes après les autres… Ainsi, beaucoup pense que Gaza n’est que la première phase d’une escalade vers un conflit qui s’étendra au Liban en décembre suivant un calendrier déjà arrêté qui pourrait ensuite déboucher ensuite en janvier sur une confrontation directe avec l’Iran. M. Obama qui vient de rappeler son soutien inconditionnel à Israël et à l’exercice de son droit à la légitime défense, n’est plus en mesure de faire barrage. L’affaire du généralissime Petraeus, au ridicule prétexte d’une liaison extraconjugale, n’est que la première salve tirée contre un Président américain qui va devoir faire face à de dures manœuvres d’éviction : nombreux sont ceux dans tous les camps, et non des moindres, qui veulent la peau d’Obama. N’en doutons pas, ils s’emploieront assidûment à l’obtenir, car ces gens ont le goût du sang.
Lettre de gaza
De : Ziad Medoukh
Date : 19 novembre 2012 09:56
Objet : Il est 11h à Gaza. Les dernières nouvelles en direct
Bonjour de Gaza la martyre… Il est 11 h ce lundi 19 novembre 2012, le sixième jour de l’offensive. La matinée la plus sanglante depuis le début de l’agression israélienne contre les civils de Gaza… 20 martyrs depuis ce matin : 5 enfants, 4 femmes, 5 personnes âgées, 70 blessés… 200 raids aériens depuis ce matin… 40 maisons détruites, 15 bâtiments publics bombardés… Le bilan est très lourd : 95 tués, 700 blessés, en majorité des civils. Aujourd’hui on parle en dizaines, demain on commencera à parler de centaines de morts, avec le silence complice du reste du monde. Gaza la courageuse résiste ! Ziad
Une remarquable comparaison : Gaza/Dresde même combat
Pour mieux comprendre la situation, et l’état d’esprit qui anime les vengeurs qui ravagent depuis les airs le vaste camp de concentration à ciel ouvert qu’est la bande de Gaza, rendons nous un instant sur http://philosemitismeblog.blogspot.fr/ et lisons sans plus de surprise : « Comme il est curieux de constater qu’il ne viendrait à l’esprit de pas grand monde de plaindre les habitants d’une Allemagne nazie lorsque la chute de celle-ci s’accompagnait d’une tempête de bombes sur ses populations civiles. Qui a pleuré Dresde ? Et curieux surtout de constater à quel point sont nombreux ceux qui plaignent, non pas les civils israéliens vivant sous une incessante pluie d’explosifs en provenance de Gaza, mais les “pauvres civils de Gaza“… Eh bien, rappelons tout de même que c’est la population de Gaza qui a mis au pouvoir par les urnes en 2006 le mouvement islamonazi du Hamas. Par conséquent, tout comme pour les Allemands du IIIe Reich, la population de Gaza se doit d’assumer la responsabilité des ripostes aux agissements terroristes de son gouvernement de criminels ». Gaza/Dresde même combat. Intéressant. Surtout lorsqu’on a en mémoire ce qu’il advint de la ville et de la population de Dresde à l’occasion des bombardements alliés de la nuit du 13 au 14 février 1945 !
Nous l’avons bien compris, les islamonazis n’ont que ce qu’ils méritent. L’auteur des lignes qui précédent n’est malheureusement pas le seul à penser de cette manière : à la Knesset, le parlement israélien, Michael Ben-Ari appelle Israël à éradiquer – erase – purement et simplement Gaza [6]. Et comme M. Netanyahou le disait si bien ce 19 novembre « Il n’y a aucune symétrie, aucune équivalence morale entre Israël et les organisations terroristes de la bande de Gaza. Ces terroristes commettent un double crime de guerre. Ils tirent sur des civils israéliens et ils se cachent derrière les civils palestiniens. En revanche, Israël prend toutes les mesures possibles pour éviter les victimes civiles » [7]. Qui eut pu en douter ?
Léon camus
Les 11 règles d’or des médias français -17 déc. 2009 par Parallax
Voici les règles que tout le monde doit avoir à l’esprit lorsqu’il regarde le JT le soir ou quand il lit son journal le matin. Alors tout devient simple.
Règle numéro 1 : Au Proche Orient, ce sont toujours les Arabes qui attaquent les premiers et c’est toujours Israël qui se défend. Cela s’appelle des représailles.N°2 : Les Arabes, Palestiniens ou Libanais n’ont pas le droit de tuer des civils de l’autre camp. Cela s’appelle du terrorisme.N°3 : Israël a le droit de tuer les civils arabes. Cela s’appelle de la légitime défense.N°4 : Quand Israël tue trop de civils, les puissances occidentales l’appellent à la retenue. Cela s’appelle la réaction de la communauté internationale.N°5 : Les Palestiniens et les Libanais n’ont pas le droit de capturer des militaires israéliens, même si leur nombre est très limité et ne dépasse pas un soldat.N°6 : Les israéliens ont le droit d’enlever autant de Palestiniens qu’ils le souhaitent (environ 12 000 prisonniers à ce jour). Il n’y a aucune limite et n’ont besoin d’apporter aucune preuve de la culpabilité des personnes enlevées. Il suffit juste de dire le mot magique “terroriste”.N°7 : Vous, quand vous dites “Résistance”, il faut toujours et obligatoirement rajouter l’expression « soutenue par la Syrie et l’Iran ».N°8 : Quand vous dites “Israël”, Il ne faut surtout pas dire : « soutenu par les États-Unis, la France et l’Europe » car on pourrait croire qu’il s’agit d’un conflit déséquilibré.N°9 : Ne jamais parler de “Territoires occupés“, ni de résolutions de l’ONU, ni de violations du droit international, ni des conventions de Genève. Cela risquerait de perturber le téléspectateur ou l’auditeur.N°10 : Les israéliens parlent mieux le français que les arabes. C’est ce qui explique qu’on leur donne, ainsi qu’à leurs partisans, la parole aussi souvent que possible. Ainsi, peuvent-ils nous expliquer les règles précédentes (de 1 à 9). Cela s’appelle de la “neutralité journalistique“.N°11 : Si vous n’êtes pas d’accord avec ces règles ou si vous trouvez qu’elles favorisent une partie dans le conflit contre une autre, c’est que vous êtes en réalité un dangereux antisémite.