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Produits alimentaires : la part d’ombre des importations chinoises en France

dimanche 13 janvier 2013

Concentré de tomates, champignons déshydratés, fraises...
De plus en plus de produits alimentaires chinois arrivent dans les assiettes des Français, sans contrôle systématique, en dépit des craintes sur les conditions de production locale après le scandale du lait contaminé. Premier producteur agricole du globe, la Chine a vu ses exportations alimentaires bondir vers l’Hexagone de 44% en valeur entre 2005 et 2007.

Cette expansion concerne essentiellement des produits dits « de première transformation » - notamment le concentré de tomates, les fraises, les champignons déshydratés ou les asperges - qui sont destinés à la préparation de yaourts, confitures, jus de fruits ou plats cuisinés.

Entre 25 et 30% du concentré de tomate utilisé en France vient aujourd’hui de Chine, selon l’Association nationale des fruits et légumes transformés (Anifelt). De même, une asperge sur deux en France est « made in China », d’après Eric Marescassier, patron d’une société de négoce entre producteurs chinois et industriels européens. L’explication en est, selon lui, très simple : « L’asperge vaut quatre fois plus cher quand elle est produite en France ». Comme dans le secteur industriel, les faibles coûts de la main-d’œuvre en Chine défient toute concurrence, résument les professionnels.

Mais l’afflux de ces aliments soulève des inquiétudes, amplifiées par le scandale du lait contaminé à la mélamine - substance toxique utilisée dans les résines et les colles - qui a tué en Chine quatre nourrissons et rendu malades environ 53.000 enfants.
« C’est difficile de savoir si les produits (chinois) sont sûrs », relève-t-on au Bureau européen des Unions de consommateurs (Beuc). "Le nombre d’échantillons sur lesquels on fait des tests est très limité. (...)

Ce n’est pas possible de tout analyser. Selon Hélène le Bail, chercheuse à l’Ifri, la Chine est confrontée à « de gros problèmes d’insécurité alimentaire », dus principalement à une pollution « en profondeur » de l’eau. Par ailleurs, certains pesticides interdits en Europe « sont utilisés » en Chine, souligne Sébastien Breteau, directeur général d’Asia Inspection, qui réalise des inspections d’usine notamment en Chine.

« Sans faire d’ostracisme, les faits sont là : il y a une pollution majeure en Chine et des retards dans les contrôles », relève François Veillerette, président de MDRGF, une ONG de défense de la sécurité alimentaire.

Signe des temps, la Commission européenne a jugé que la Chine n’était pas « à la hauteur » en matière de sécurité et l’Agence américaine des produits alimentaires et des médicaments (FDA) vient d’ouvrir ses premiers bureaux en Chine afin de renforcer les contrôles.
Le réseau d’alerte rapide européen (Rassf) a, de son côté, déjà identifié depuis le début de l’année 432 produits alimentaires jugés dangereux provenant de Chine continentale, contre 355 sur la totalité de 2007. L’inquiétude tient également à une zone d’ombre du système : les règles d’étiquetage n’imposent pas de mentionner la provenance géographique d’un ingrédient quand il est intégré à un produit « transformé » (plat cuisiné, yaourt, jus de fruits...).

« L’agroalimentaire devient de plus en plus une industrie d’assemblage de produits venus du monde entier. Mais ça devient plus dangereux quand on se fournit dans des pays tels que la Chine qui n’ont pas les mêmes règles sanitaires », commente Olivier Andrault, d’UFC-Que Choisir.
Un projet de la Commission européenne, présenté en janvier et qui doit être examiné en séance plénière début 2009, prévoyait de rendre cette mention obligatoire mais « l’industrie agroalimentaire a fait jouer son lobby » pour la gommer, affirme M. Andrault.

Aucune des six sociétés agroalimentaires contactées par l’AFP n’a souhaité répondre à ses questions.

Voir en ligne : leparisien.fr

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