Une diversion utile voire nécessaire pour faire oublier le dégonflage d’une guerre voulue mais impossible à conduire dans les circonstances présentes… ce qui ne signifie pas que le parti des éradicateurs ait définitivement renoncé. Non point ! Les « agendas » sont là – et parlons plus volontiers à propos de l’Exécutif américain de “cahier des charges » - or tôt ou tard, d’une façon ou d’une autre, ils devront être suivis et remplis. Répétons-le, nous reculons pour mieux sauter. Le Proche-Orient est un baril de poudre et d’aucuns s’emploient assidûment à battre le briquet pour en allumer la mèche. Ce n’est au demeurant, pas d’une mais d’une douzaine d’attaques à l’arme chimique – sans parler les multiples tueries ayant fait l’objet de tentatives d’instrumentation à des fins d’embrasement général - dont il été jusqu’ici question sur le théâtre des opérations syrien de l’actuelle et tacite guerre mondiale. Mais, las, la mayonnaise n’étant pas parvenue à prendre, il faudra recommencer… « Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage, polissez-le sans cesse et le repolissez ; ajoutez quelquefois, et souvent effacez » [Nicolas Boileau 1636/1711].
Gageons que pour faire monter les enchères, le prochain acte de terrorisme chimique pourrait avoir lieu en Israël. Il ne s’agit pas tout à fait d’une hypothèse gratuite, mais d’un scénario sérieusement évoqué par quelques experts ès coups tordus [2]. De toute façon le feu couve, les djihadistes d’al-Nosra (entendez les mercenaires recrutés et payés par notre allié saoudien), tout comme « l’opposition démocratique » (celle des Frères musulmans syriens), refusent et dénoncent les accords Kerry/Lavrov. Dans le même temps les Turcs [AFP16sept13] abattent un hélicoptère syrien qui aurait « violé leur espace aérien » (!?)… tandis que M. Fabius veut pour sa part réinterpréter les termes de l’accord russo-américain en exigeant des « frappes automatiques » en cas de non respects des clauses contraignantes relative au calendrier de désarmement chimique de la Syrie.
Sur ce point le sieur Ban Ki-moon déjà cité, fait presque de la surenchère - sans toute fois parler précisément des frappes – en demandant « instamment au Conseil de Sécurité une Résolution claire… placée sous le Chapitre VII de la Charte des Nations Unies ». Lequel chapitre prévoit effectivement des sanctions pouvant aller jusqu’à l’usage de la force dans le cas où un pays ne respecterait pas une décision du dit Conseil. De là à pressentir que le processus diplomatique - qui a suscité tant d’espoirs et fait pousser un ouf de soulagement à la planète toute entière – s’achemine à grande vitesse vers le fond de l’impasse, le pas est tôt franchi. Car enfin pour négocier, il faut deux choses indispensables : de la bonne foi et de la bonne volonté. Resterait d’ailleurs à savoir si la guerre de Syrie aurait jamais eu lieu et se serait aussi longtemps prolongée si ces deux traits de caractère avaient prédominé dans la classe des petits maîtres de la politique occidentale ? Chacun apportera à la question la réponse de son choix, au reste la clef du problème est là, et bien là.
Ce pourquoi in fine nous devons nous garder de pavoiser à l’instar de ceux qui vont trop vite en besogne et affichent une fâcheuse tendance à prendre leurs désirs pour des réalités. Nous pensons à tous ceux qui voient dans la reculade de Washington – et accessoirement dans le largage du pitre élyséen – l’occasion de se réjouir bruyamment : « les russes expulsent de facto les américains de leur plus forte zone d’influence sans avoir tiré un seul coup de feu, qui plus est en les humiliant de façon historique et en les transformant en parias diplomatiques » ! N’est-ce pas cependant quelque peu excessif au regard du fil réel des événements ?
Ne conclurons pas pour autant en misant à fonds perdus sur les tocards qui nous gouvernent - sachant que le pouvoir véritable se trouve derrière le rideau – et particulièrement sur celui qui fait « la guerre sans l’aimer »… le premier président oscarisé « Noble de la Paix » avant même d’être entré en fonctions. N’est-ce pas merveilleux ? Finalement nous devrions pouvoir dormir sur nos deux oreilles puis que dans le Meilleur des Mondes orwellien possible « la Paix c’est la guerre » et vice vers. Ah les beaux jours à venir !
Léon Camus