Le pessimiste est un optimiste repenti. Ou que la vie a guéri d’un vice intellectuel toujours coûteux. À ceux qui chantent que les néocons de Washington ont définitivement enterré la hache de guerre, nous répondrons qu’outre-Atlantique une vaste coalition aussi hétéroclite que motivée, veut la peau d’Obama. Ce n’est pas l’Amérique impériale qui a chuté le 31 août avec le renoncement à des frappes sur Damas, mais, au sein des deux camps Démocrate et Républicain, les promoteurs d’un certain mondialisme centralisé et institutionnalisé, celui par exemple, que représentent l’ancien Directeur du FMI, le priapique Strauss-Kahn, ou plus modestement en France, un certain M. Mélenchon… Car cette faction internationaliste se trouve en guerre ouverte contre l’autre mondialisme, décentralisé, diffus, oligopolistique. L’opposition en quelque sorte entre le Lénine de la NEP [Nouvelle politique économique] après 1921 et Trotski, le tenant de la Révolution universelle. La guerre entre le « capitalisme monopoliste d’État » et le collectivisme antibureaucratique, celui qui triomphe aujourd’hui dans la « démocratie participative » et la fumisterie de la cogestion entrepreneuriale.
La distinction droite/gauche est suivant cette grille de lecture, devenue depuis longtemps totalement ringarde. Elle n’est plus qu’un instrument de propagande parmi beaucoup d’autres. Un outil qui fait appel à une mémoire collective populaire plus ou moins transmutée en mythologie héroïque sur fond de la grande peur d’un ordre social et moral contraignant… Reste que le politiquement correct, la dictature hygiéniste, l’amour obligatoire de toutes les tares et déviances, ne constituent-ils pas de leur côté un super ordre moral ? Et passablement coercitif dans les faits ? Une certaine « gauche » n’est-elle pas aujourd’hui l’expression de l’aspiration au retour à cet ordre totalitaire que constitue la promiscuité primitive, dans l’indifférenciation de tous, en un mot dans sa volonté d’absolu nivellement égalitariste ?
Faut-il encore le répéter, les Démocrates américains ne sont pas des gens de gauche, pas plus que les Républicains ne sont automatiquement d’infâmes réactionnaires… Non, l’Amérique est le théâtre d’un affrontement entre deux forces concurrentes qui transcendent les Partis et s’actualisent l’une et l’autre à travers deux modèles de puissance bien distincts [1]. Les buts sont les mêmes et ne divergent que sur les voies et moyens, le partage des tâches et la distribution des rôles, soit à l’arrivée la configuration ou la forme que doit prendre l’État universel et les pouvoirs appelés à en exercer les directive… pouvoirs centralisés ou non, concentrés ou diffus, visibles ou invisibles. À la marge, mais rédhibitoirement exclus du jeu, les nationalitaires, les communistes idéalistes, les tenants d’une harmonie sociétale équilibrant justice et liberté sous le signe la responsabilité individuelle.
Israël relance la guerre
Selon les chaînes américaine CNN et séoudienne Al-Arabiya émettant depuis Dubaï, Tsahal [Armée de défense d’Israël] aurait effectué le 31 oct. une frappe aérienne contre une base du nord-ouest de la Syrie [2]. Motif invoqué : détruire un lot de missiles antiaériens de fabrication russe SA-8 de courte portée, apparemment destiné au mouvement chiite libanais du Hezbollah. Un responsable – resté anonyme - de l’Administration américaine précise que l’attaque aurait été conduite par des chasseurs-bombardiers israéliens [AFP1nov13]… un acte de guerre qui en soi ne serait pas une nouveauté puisque autour du 19 mai dernier, Israël revendiquait en Syrie deux frappes aériennes en trois jours déjà au motif de contrer les approvisionnements du Hezbollah… et le 5 juillet le Pentagone annonçait le bombardement d’un dépôt de missiles anti-surfaciers Yakhont [haaretz.com13juil13].
Comment faut-il lire ce type d’intervention et leur renouvellement alors même que les « Grands » - Russie, États-Unis, l’Iran et… l’Arabie séoudite ? – préparent courant novembre des pourparlers de paix dits Genève II ? Au moment où une issue semble se dessiner pour la Syrie, Israël prend intempestivement des initiatives bellicistes. Des faits qui manifestent un troublant et presque inédit « découplage » entre Washington et Tel-Aviv. Est-ce parce que les israéliens veulent engranger quelques avantages stratégiques avant les prochaines négociations qu’ils agissent ainsi ? Ou parce que résolument hostiles à la politique de détente poursuivie maintenant par l’Administration Obama, ils ont commencé à prendre le relais du Qatar désormais hors jeu [voir infra], c’est-à-dire à s’engager dans la voie hasardeuse de la guerre ouverte ? Les pessimistes que nous évoquions plus haut, opteront en faveur de la seconde éventualité. Car Israël et l’Arabie sont les deux grands perdants du revirement américain et, toujours assurés de l’appui des néocons de Washington qui n’ont pas eux non plus désarmé, ils ont décidé, ne pouvant plus faire endosser la guerre par les anglo-américains, de poursuivre le conflit pour leur propre compte. Accessoirement avec le soutien diplomatique de Paris [3] et les armes produites par nos transnationales… Thales, EADS, Dassault aviation, DCNS, MBDA, et cætera.
Le 25 juin 2013, l’émir du Qatar, Kalifa al-Thani, abdique en faveur de son fils cheikh Tamim. Le Département d’État américain est passé par là pour neutraliser la politique excessivement agressive de Doha qui approvisionnait les Frères musulmans combattant sur le sol syrien. Aussitôt, dès le 15 juillet, Israël prend la suite de l’émirat dans la livraison d’armes aux rebelles [haaretz.com15juil13]. Ce qui va se traduire par l’ouverture sur la frontière du Golan - occupée de part et d’autre par la communauté druze [4] et théâtre d’incidents récurrents - d’un nouveau boulevard de transit d’armes et d’équipements au profit des divers fronts de guerre du Levant, syrien mais aussi libanais et accessoirement irakien.
Sous couvert d’un « silence radio » quasi intégral, le Premier ministre Netanyahu, inquiet des conséquences d’une possible victoire de Damas soutenu par le Hezbollah libanais et l’Iran, a très clairement voulu - en autorisant la livraison d’armes, par Israël, aux « rebelles » - se substituer au Qatar… Pour mémoire Doha, dans le cadre d’une juste répartition des tâches, approvisionnait, de concert avec Ankara, les Frères musulmans et les islamistes de l’ASL [Armée syrienne libre], alors que Riyad assurait la logistique des katibas salafo-wahhabites. Depuis mars 2013, très officiellement les États-Unis quant à eux supervisaient via la CIA des livraisons d’armes aux insurgés syriens dans la zone des trois frontières entre la Jordanie, la Syrie et l’Irak. Les armes fournies par la France [5] ou la Grande Bretagne, étant financées par l’Arabie et achetées sur le marché noir ukrainien ou bulgare [franceinfo.fr/monde29oct13].
Effectivité de l’axe Tel-Aviv/Ryad
Le 26 octobre, « Le Quotidien d’Oran » publiait un intéressant point de vue suivant lequel « c’est en toute conscience que les monarchies arabes se sont attaquées à la Syrie » pour avoir passé, de facto, « une alliance stratégique avec Israël ». Alliance qu’a par ailleurs confirmée Tsipi Livni, ex ministre israélienne des Affaires étrangères et actuel ministre de la Justice de Benyamin Netanyahu … lequel se serait lui-même vanté d’entretenir depuis 1991 des relations secrètes avec Riyad et Doha [french.irib.ir21oct13]. À entendre Mme Livni, Israël et les monarchies arabes œuvrent ensemble pour faire obstacle à l’influence régionale de l’Iran et de ses alliés, en tête desquels le régime de Damas. Pacte informel peut-être, mais alliance objective sûrement.
Or Bandar Ben Sultan, chef des Services de renseignement séoudiens - et peu ou prou de l’armée via son demi-frère, le vice-ministre de la Défense Salman ben Sultan [mestrategic.com7août13] - est a priori l’actuel homme fort de l’Arabie. Il est également l’architecte de cette convergence d’intérêts stratégiques israélo-arabes, à l’unisson avec les pétromonarchies du Golfe, qui commencent à considérer le « parapluie nucléaire israélien comme un substitut » à la protection américaine devenue imprévisible. Protection qui semble se dissoudre depuis que le Président Obama en est arrivé à appliquer les conclusions du rapport [6] Brzezinski-Gates du Council on Foreign Relation … daté de juillet 2004 ! Dans un tel contexte, l’axe israélo-saoudien prend effectivement tout son sens, il n’est plus une simple vue de l’esprit mais s’inscrit dans une nouvelle dimension diplomatique… dont les conséquences ne vont certainement pas tarder à impacter la région.
Washington a tiré toutes les conséquences du chaos irakien
Arrêtons-nous un instant sur ce qui est apparu comme un revirement imprévisible de la part de la nouvelle Administration Obama alors que le déclenchement de frappes massives sur la Syrie étaient de toute évidence devenues inéluctables. Nous ne reviendrons pas sur le faisceau de circonstances qui ont annulé, à la dernière minute, le samedi 31 août l’entrée en guerre de la maigre coalition franco-américaine, notamment le vote négatif du Parlement britannique, deux jours auparavant, le 29. Comprenons que le changement de cap n’a pas du tout été improvisé mais qu’il a correspondu à un changement de rapports de forces - un basculement - au sein de l’élite judéo-protestante : en un mot ce fut l’échec des Likoudniki néocons chauds partisans du recours à la force face aux tenant des conclusions du Rapport Brzezinski-Gates « Iran : a time for a new approach » publié en juillet 2004… Un quelconque triomphe de la démocratie et des sentiments pacifistes n’ayant évidemment rien à voir dans cette affaire.
Le dit rapport recommande l’adoption par les É-U d’une politique « d’engagement limité et sélectif avec l’actuel gouvernement iranien » et à ce titre se trouve en rupture avec la voie qui aura été suivie ostensiblement jusqu’à ces derniers mois. Rappelons que Zbigniew Brzezinski avait été en 1976 le Conseiller à la Sécurité nationale du président Carter et que, dans cette fonction - la Révolution islamique étant intervenu en Iran - il supervisa l’Opération « Eagle claw » [Serres d’aigle] lancée le 24 avril 1980. Raid qui était censé libérer les 53 otages capturés dans l’assaut de l’Ambassade américaine un an auparavant, le 7 novembre 1979. Opération qui se transforma en un sinistre fiasco. Plus tard Brzezinski, professeur à Harvard, deviendra le mentor du jeune Obama dont aujourd’hui il est encore le conseiller officieux.
Or la synthèse du binôme Brzezinski-Gates va rapidement avoir une postérité - laquelle se révèle aujourd’hui historiquement déterminante - dans les conclusions rendues publiques le 6 décembre 2006 - l’exact lendemain de la nomination de Robert Gates par GW Bush au poste de Secrétaire à la Défense - de la Commission Baker-Hamilton, [alias Iraq Study Group]. Groupe d’étude auquel participa Robert Gates, lequel s’était préoccupé des voies et moyens utiles à mettre un terme au chaos irakien… et dont les recommandations ne pouvaient pas ne pas tenir compte de l’environnement régional, en premier lieu, de l’axe Téhéran/Damas.
« Stabilité d’abord »
Le Rapport Baker-Hamilton posait en préambule que : « Les politiques et les actes des pays voisins de l’Irak affectent grandement sa stabilité et sa prospérité… quelques uns agissent même dans le sens de sa déstabilisation. Les États-Unis devraient [en conséquence] lancer immédiatement une nouvelle offensive diplomatique visant à construire un consensus international pour la stabilité de l’Irak et de la région ». En clair le Rapport Baker proposait tout bonnement d’associer les États réputés perturbateurs, l’Iran et la Syrie, dans le processus de construction de l’État irakien afin de faire cesser la guerre civile de basse intensité qui continue aujourd’hui encore à y sévir depuis le tournant de 2004 avec, en cette fin 2013, un petit millier de morts chaque mois [7].
C’est cette option, baptisée la « Stabilité d’abord » qui l’a emporté in extremis, le 31 août alors que les aéronefs français avaient déjà reçu leurs ordres de mission et leurs objectifs désignés [lci.tf1.fr30août13]. James Baker aurait d’autre part livré le fond de sa pensée, celle qui aujourd’hui oriente la toute nouvelle diplomatie américaine au Levant, en disant : « Je crois personnellement qu’il faut parler à ses ennemis. Ni les Syriens ni les Iraniens ne veulent le chaos en Irak »… parce qu’au bout du compte « il serait déraisonnable de vouloir stabiliser l’Irak et en même temps vouloir déstabiliser l’Iran et la Syrie ».
Un plan qui refonde ou remanie de fond en combles la géopolitique américaine… et comporte néanmoins un but plus lointain : extraire le régime iranien de l’orbite russe. Une Russie qu’il convient d’isoler, endiguer ou contenir selon la terminologie choisie. Le Rapport Baker-Hamilton constitue de cette façon un authentique plan « B » devenu urgemment nécessaire dès lors que la guerre de Syrie commençait à se jouer à front renversé. Ce pourquoi il est opportun de ne pas se féliciter trop hâtivement d’une défaite américaine alors que nous assistons in vivo à une formidable partie d’échecs dont l’issue n’est pas encore définitivement claire.
Les boutefeux n’ont pas désarmé
Israël bombarde en Syrie et à Gaza, sans que nul ne s’en émeuve [franceinfo.fr29oct13], et se moque ouvertement de la Communauté internationale en ouvrant toujours davantage de chantiers afin d’établir de nouvelles colonies en Cisjordanie et à Jérusalem-Est… 70% de plus, au cours du premier semestre 2013 qu’en 2012 pour la même période ! À Riyad le roi Abdallah serait à l’agonie. L’une des raisons non ébruitée du séjour en Arabie depuis le 3 octobre du Secrétaire d’État John Kerry. Reste que si le prince Bandar accédait au trône - quoiqu’il ne soit pas l’héritier désigné - la rupture avec Washington risquerait d’être consommée. Ce serait la fin du Pacte du Quincy conclut le 14 février 1945 sur le Canal de Suez entre Ibn Séoud et Roosevelt, que l’on peut résumer ainsi : « Pétrole contre protection ». Plus précisément étaient garantis la sécurité du Royaume et son leadership sur la Péninsule arabique en contrepartie de l’assurance d’un approvisionnement en hydrocarbures des É-U sans solution de continuité. Les opérateurs étrangers n’étant que concessionnaires des zones d’exploitation, Washington garantissait in fine une complète non ingérence dans les Affaires intérieures séoudiennes.
Bandar ben Sultan, né du défunt prince héritier Sultan et protégé de l’ancien roi Fahd, a été ambassadeur à Washington durant vingt-deux années. Il est considéré comme un « dur » très hostile à l’Iran chiite et tout à fait décidé à régler son compte à Bachar el-Assad… Ce pourquoi il n’est pas surprenant qu’il ait déclaré devant des diplomates européens que « l’Arabie voulant rompre avec son actuel état de dépendance [vis-à-vis de Washington], a l’intention de prendre ses distances avec les États-Unis eu égard à leur passivité en Syrie, en raison de la politique de détente engagée avec l’Iran et parce qu’ils n’ont pas épaulé Doha à l’occasion du soulèvement de la majorité chiite à Bahreïn » [Reuters22oct13]. Une menace qui n’est pas vraiment à prendre à la légère : parce qu’ils le veuillent ou non, les É-U restent pour l’heure dépendants des fournitures de brut séoudien – une complète autonomie grâce au gaz de schistes n’étant vraisemblablement pas pour demain la veille - et le royaume est en matière d’achat d’armements, un client de choix qu’il conviendrait de ne pas perdre… Sans évoquer en outre les 690 milliards de dollars d’actifs étrangers, en grande partie sous forme de bons du Trésor américain, que détient sa Banque centrale. Une conjoncture dangereuse qui pourrait se solder par une nouvelle et grande « défaite géopolitique de la Maison blanche » – après celle liée à la chute du gouvernement égyptien des Frères musulmans - ainsi que l’écrit l’influent quotidien russe Kommersant du 24 octobre.
Succession à Riyad, qui l’emportera
Joignant le geste à la parole, Riyad, après avoir été élue pour la première fois le 17 oct. membre non permanent du Conseil de sécurité, l’Arabie saoudite a dès le lendemain refusé ce siège en signe de protestation contre l’incapacité du Conseil à résoudre les conflits syrien… et israélo-palestinien ! Ce dernier conflit auquel Ryad s’est bien gardé de se mêler – hormis l’Arab Peace Initiative, autrement nommée « Plan Abdallah », présenté en mars 2002 au sommet de Beyrouth – alors qu’elle intervient directement depuis 2011 – c’est-à-dire depuis le début - dans le premier [AFP18oct13] !
L’Arabie n’a en effet pas supporté qu’à trois reprises des Résolutions ouvrant la porte à l’intervention armée en Syrie, aient été retoquées par la Russie et la Chine. Au demeurant l’Arabie n’est pas seule puisque sans tarder la France quelques heures après l’annonce séoudienne de refuser son siège, devait proclamer « partager la frustration des Séoudiens » quant à la gestion du dossier syrien ! Bandar devait préciser à ce propos : « Ce signal ne s’adresse pas à l’Onu mais aux Américains… Un tournant décisif nous attend : les Saoudiens ne veulent plus être dépendants des É-U »… Et « Toute cette pitrerie sur le contrôle international de l’arsenal chimique d’Assad n’aurait été qu’un épisode ridicule si elle n’avait pas été aussi une flagrante trahison » surenchérissait le prince Turki al-Fayçal, ancien Directeur général, jusqu’en janvier dernier, des Services spéciaux séoudiens [Al Mukhabarat Al A’amah]. De là un redéploiement à marche forcée de la politique extérieure du royaume en direction de ses alliés régionaux et singulièrement vers la France qui a adopté une « position plus ferme sur la question syrienne ».
À la mi-juin, il devenait officiel que le prince Bandar fournissait aux insurgés syriens « des armes antichars et antiaériennes, en particulier des missiles portatifs sol-air, provenant pour l’essentiel de fournisseurs français et belges, les frais de port étant pris en charge par la France » [Reuters17juin13]. Ce qui expliquerait que Paris, au-delà de la défense désintéressée des droits de l’homme, ait tout intérêt à une prolongation voire à une extension d’un conflit qui offre de juteux débouchés à son industrie d’armement. D’où également le lien fort qui unit à cette heure les deux capitales partisanes de la guerre à outrance, Riyad et Paris, celle-ci devenue une plaque tournante pour les ministres wahhabites qui s’y succèdent à un rythme soutenu afin de plaider auprès des Européens l’instauration d’une zone d’interdiction aérienne, le renforcement et l’accélération des fournitures d’armes aux rebelles [8].
On sait que Riyad s’est finalement montrée très généreuse avec M. Hollande par le biais d’un premier contrat d’armement d’un milliard d’€ finalisé à l’occasion d’un voyage présidentiel en novembre 2012. Puis d’un second accord encore négocié d’un montant de 2,5 mds d’€… sans compter les perspectives de marchés ouvertes avec Doha, émirat wahhabite rival de Riyad, lesquels tournent, dit-on, autour des 20 mds [LaTribune18&30oct12]. De quoi affoler plus d’un chef d’État confronté aux effets d’une crise rampante mais dont les effets se combinent à ceux d’une idéologie éminemment perverse quant à ses conséquences sociétales. Hélas les succès que M. Hollande remporte dans le Golfe avec des ventes d’armes destinées à alimenter les guerres en cours, ne sont pas de ceux dont le chef du Parti socialiste peut vraiment se prévaloir… auprès d’une opinion à l’épiderme sensible au point de pouvoir éventuellement s’en montrer offusquée. Car les lois de la communication politique sont infiniment cruelles.
Léon Camus 3 novembre 2013