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« Aucune solution » pour un conflit durable

Pierre Dortiguier

samedi 2 août 2014

« No solution », c’est ce que proclame, sous le titre de « Gaming Israël and Palestine », le magazine texan du Renseignement U.S. Stratfor [1], sous la plume de George Friedmann, au sujet du conflit israëlo-palestinien, selon la terminologie adoptée supposant faussement le heurt de deux nations constituées, l’une imposée, la seconde inventée, ou sur la dite « question palestinienne », à savoir le problème causé hier par le déséquilibré et persécutant foyer sioniste, autrefois nommé Jewish Agency, dans le mandat artificiel de Palestine britannique, dit anglo-sioniste, et qui deviendrait un problème causé maintenant par la survie de ses victimes.

Les preuves de l’insolubilité du problème sont évidentes ; l’armement du Hamas, ce sont des coup d’épingles, et la recherche et la destruction des tunnels construits par lui, et qui servent de motif d’intervention militaire, une sorte de tonneau des anciennes Danaïdes, de ces filles du gouverneur grec ancien et fabuleux de Libye, Danaos qui versaient, par une punition divine du vin sur un fond percé ! L’on en conclut, et c’est le sens de la stratégie du mouvement sioniste, que le conflit durera, qu’« Israël » devra ainsi continuer de prendre, entre autres victimes, le sang de l’économie allemande pour réparer ses dommages et panser blessures, en terrorisant médiatiquement et politiquement ses soutiens par l’identité, devenue dogme de foi, de l’anti-sionisme et de l’anti-judaïsme. Tout cela repose sur une méconnaissance des événements réels, à laquelle s’emploie, par son empire médiatique, l’organisation sioniste à l’étranger, nous ne disons pas juive, car celle-ci est de l’ordre religieux, même si un aussi profond philosophe que l’allemand Kant lui refuse, dans un texte célèbre sur la « Religion dans les limites de la simple raison », cette qualité, car la visée n’est pas céleste, mais terrestre, trop humaine en somme et lourdement, et insuffisamment ou fragmentairement divine, n’étant pas tournée vers la conscience morale, appuyée sur elle !

Cette lacune est pourtant sous-jacente à la barbarie permanente exercée contre les Arabes et qu’ils subissent, pour la plupart, car ils ne se sentent pas soutenus par l’ensemble des régimes, ou du moins ceux qui seraient les plus influents par leurs ressources. Il ne s’agit pas de faire un procès à des pays qui ne peuvent, en effet, depuis la chute des Ottomans, fortifier, sinon constituer même une force indépendante.
Chacun devrait savoir que le régime de Tel-Aviv (du nom d’un faubourg de la valeureuse colonie allemande chrétienne, nommée la Sarona, en grande partie déportée en Australie pendant la seconde guerre mondiale) a des alliés ou des rouages qui œuvrent dans son sens, au sein même du mouvement politique palestinien, et que le Hamas en fait partie, dans sa structure secrète formée avec l’aval de l’occupant de la bande de Gaza, et seule à prendre en considération, c’est-à-dire celle qui est liée aux Frères Musulmans, donc fatalement au wahhabisme et à toutes les ficelles de la couronne britannique patronne du mouvement sioniste international.

Cette vérité de la constitution d’une alliance palestinienne au détriment de la population arabe christiano-musulmane, n’est pas ancienne, elle existait avant-guerre dans les rivalités entre les deux familles principales d’Al Qods, et explique qu’à chaque progrès des négociations contraignant les Sionistes à céder sur les points de la colonisation des terres ou du principe du retour des réfugiés inscrit dans les statuts mêmes ou, point essentiel, à revenir sur les conditions qui ont fait accéder le nouvel « État juif » aux Nations Unies, qui sont de régler la question des dits juridiquement et administrativement « réfugiés », temporairement hors de chez eux, et devant y retourner, « aucune solution » n’est possible !
Il y a en effet un intérêt sioniste à faire durer la guerre tant localement qu’internationalement, car sans la guerre permanente ou la révolution permanente, eussent dit les trotskistes, aucune dictature dans le monde ne peut s’imposer, car la paix lui serait fatale.
Ceux qui en décident ainsi sont aux États-Unis en majorité, et tant que les Arabes orientaux n’auront pas compris qu’on les plonge dans une guerre perpétuelle pour des bénéfices perpétuels d’une organisation mondiale, ils pourront dire comme le célèbre poète métaphysicien Dante : « vous qui entrez ici, ôtez toute espérance ».

Cette guerre est faite pour durer, et mobiliser tout l’Occident pour qu’il agrandisse justement sa dépendance envers les colonies sionistes, de la Cisjordanie (et les Ukrainiens ne nous démentiront pas) aux terres noires de cette Ukraine où les militaires américains, roumains, polonais et autres s’entraînent pour continuer demain cette lutte aux côtés des sionistes en Arabie.
L’on reproche souvent le fanatisme aux sionistes, de se prendre pour un peuple élu par Dieu ; à cela le premier ministre sioniste défunt, David Grünn, le fils de l’avocat Grünn né près de Varsovie, dans une localité où il est honoré par les Polonais officiels, plus connu sous le nom de Ben Gurion, rétorquait à De Gaulle dans une lettre du 6 décembre 1967, - je cite le texte qui est aux archives du Quai d’Orsay [2]- qu’il n’était pas vrai que les Juifs fussent un peuple élu de Dieu, mais que ce sont eux qui l’avaient choisi, presque élu, démocratiquement donc ! « Ce n’est pas Dieu, selon notre foi », écrit le soi-disant Ben Gurion à De Gaulle, « qui choisit Israël, mais Israël qui choisit Dieu ». Seuls des tyrans peuvent s’y opposer, l’amour aussi pour l’enfance et les innocents, cet amour dont Platon dit qu’il est un tyran, un vrai ! Non pas un hypocrite déguisé en patriote ou en victime de l’indifférence divine ! Non, Dieu les connaît, ces fauteurs de guerre et le fait savoir !

Amélie-Marie Goichon, défunte spécialiste catholique et arabisante française d’Avicenne, qui cite ce texte du David Grünn métamorphosé en Ben Gurion, au tome 2 de son ouvrage Jordanie Réelle [3] précise dans le même ouvrage ignoré des « cols révolutionnaires » « palestiniens » et de leurs formateurs « sionistes » écrivait dans ce livre : « Les Israéliens doivent choisir : ou bien vivre par l’agression et l’injustice environnés de haine, soutenus par des intérêts nécessairement instables, ou bien vivre dans la justice et la coopération avec les peuples de la région, celui qui est demeuré sur place et celui qui y vivait avant 1948. Peut-être le sionisme politique disparaîtra-t-il ; alors la paix reviendrait au Moyen Orient, tandis que les Juifs dans le monde seraient affranchis d’un esclavage intellectuel. Car actuellement le sionisme est l’escabeau des États-Unis » [4]

Notes

[2Documents officiels du ministère des Affaires étrangères, n°62, du 5-18 février 1968-p.68

[3p.1215 paru chez Maisonneuve et Larose, Paris,1972, (1442pp.), p.1215

[4op.cit.p.743

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