Initialement prévue pour commencer le 28 septembre, la campagne gouvernementale française de vaccination contre le virus grippal A(H1N1) débutera le 12 novembre. A quelques jours de cette échéance, il est temps de s’interroger sur le bien fondé d’une réponse sanitaire d’une telle ampleur face à un virus qui n’a pas, jusqu’à présent, fait la preuve d’une dangerosité exceptionnelle.
Apparu au Mexique fin mars, le virus s’est propagé à travers la planète pour parvenir sur notre territoire en août. Nous avons donc le recul de l’expérience dans la partie du monde dans laquelle l’épidémie est en passe de se terminer et nous constatons que cette grippe dans l’hémisphère Sud (où c’était l’hiver, favorable à sa propagation) n’a pas fait plus de victimes que les années précédentes. Il n’y a donc aucune raison de penser qu’elle fera plus de morts dans les pays plus riches – et donc mieux outillés pour contenir l’épidémie - de l’hémisphère Nord. Il est seulement probable qu’elle fera plus de malades que la grippe banale dans la mesure où, un virus de ce type n’a pas sévit depuis de nombreuses années, et que pour cette raison, l’immunité des populations n’est pas encore acquise.
La grippe saisonnière est une maladie qui n’est d’ailleurs grave que pour les individus déjà fragilisés par d’autres pathologies et pour lesquels elle est susceptible d’entraîner des complications mortelles. Pour la grande majorité des contaminés, elle se guérit le plus souvent toute seule en quelques jours, avec l’aide d’antipérytiques destinés à soulager les épisodes de fièvre les plus élevés, une bonne hydratation et du repos. Elle affecte de façon très variable les individus en fonction de leur « terrain » c’est-à-dire prédispositions génétiques, leur état présent et de leurs antécédents. La grippe A peut en revanche déterminer des victimes parmi les sujets jeunes en fait de la vigueur de leur réponse immunitaire, laquelle est à l’origine des pneumonies mortelles dont il est fait mention ici et là.
Ainsi certains malades, qui ont des symptômes grippaux très légers, peuvent être affectés par l’influenza pensant souffrir d’un banal rhume. Comment alors répertorier véritablement tous les réels cas de A(H1N1) dans la mesure où la plupart échapperont à la connaissance des médecins ? Depuis août, ce virus très contagieux a eu le temps de se propager et il est d’ores et déjà plus que probable qu’une partie de la population a ainsi acquis naturellement une immunité et n’a donc plus aucun besoin d’une vaccination si tant est que celle-ci puisse se justifier. Tous les ans à la même saison, la grippe évolue sous forme épidémique et tous les ans elle fait un certain nombre de victimes, tragiques au plan individuel mais anecdotiques au plan collectif comparativement à d’autres maux dont on ne parle pas. A contrario cette année, les médias nous rapportent immanquablement le moindre décès suspecté d’être dû à cette « nouvelle peste », parfois la cause du décès est révisée quelques temps après avec toutefois beaucoup moins de publicité et d’empressement…
Habituellement, les autorités sanitaires n’envisagent de vaccination massive que lorsqu’une maladie induit une forte morbidité sur l‘ensemble de la population ou qu’elle laisse des séquelles invalidantes, ou encore qu’il n’existe pas de traitements ou que ceux-ci sont très lourds. Ce n’est pas le cas de ce virus, et s’il mute devenant ainsi plus dangereux - prévision hypothétique - le vaccin actuel ne sera alors plus adapté pour la nouvelle forme virale et donc parfaitement inutile.
Les vaccins des différents laboratoires ont été préparés encore plus hâtivement en cette année d’hystérie grippale que les années précédentes et beaucoup d’experts craignent que ces produits ne rendent plus malade que la grippe elle-même… ou pire, dans certains cas, que les vaccins ne laissent des séquelles neurologiques, notamment, chez les plus jeunes.
Le ratio bénéfice/risque de cette vaccination est par conséquent particulièrement discutable. S’il n’est pas possible de prédire l’évolution d’une maladie, il est également impossible de prédire les effets secondaires d’un nouveau vaccin élaboré dans l’urgence et testé, sans autre recul, directement sur l’ensemble de la population. Le discours culpabilisateur largement diffusé : « en vous faisant vacciner, vous protégez les autres », sous-entendant que les non vaccinés mettent en danger les autres, n’est évidemment sans valeur pour une maladie qui, n’a, de toute évidence, aucune gravité repérable à l’heure actuelle.
Vacciner seulement les personnes volontaires à risque certain (ce qui exclue les femmes enceintes) comme tous les ans reste la seule mesure rationnelle à appliquer en l’état actuel de la pandémie si tant est que la vaccination soit véritablement efficace, ce qui reste encore à prouver.
Au total, selon le bilan officiel, la maladie a fait à ce jour 22 morts en France métropolitaine et 27 outremer, et environ 6000 dans le monde. Pour comparer, le nombre de décès de la grippe saisonnière en France est évalué, a posteriori d’après les courbes démographiques lors des épisodes épidémiques, à environ 5000 victimes annuelles, 600 seulement étant reconnus comme directement liés à la grippe sur les certificats de décès.
Ceci étant rappelé, comment comprendre le maintien du plan de vaccination massif du gouvernement sachant qu’en outre, cette vaccination n’étant pas obligatoire, seul 17% des personnes interrogées ont déclaré envisager de se faire vacciner ?
D’un côté, on nous explique qu’il faut réduire les soins de santé à cause du trop fameux trou de la Sécurité sociale et de l’autre on dépense des sommes faramineuses dans l’achat de vaccins et dans la mise en place d’une logistique lourde : réquisition de trois sites au moins par départements (gymnases, salles polyvalentes...), réquisition d’équipes vaccinantes composées de personnels médicaux et administratifs (pour une période de trois mois) et mobilisation d’équipes mobiles pour les collectivités. Non seulement, la France a acheté un nombre de vaccins sans équivalent parmi les autres pays d’Europe (94 millions de doses) - admettons qu’à l’époque des pré-commandes il était loisible de craindre que ce virus n’ait un potentiel de nuisance plus grand – mais en outre l’État a consenti contractuellement avec les laboratoires d’assumer seul les poursuites judiciaires en cas d’effets secondaires indésirables voire mortels, lesquels ne manqueront pas d’advenir au moins pour un petit nombre d’accidentés de la vaccination.
Pourquoi au regard de l’évolution de cette maladie qui reste bénigne à l’encontre de tous les pronostics alarmants de l’OMS depuis le printemps, le plan de vaccination n’est-il pas au moins allégé afin de s’adapter aux dernières prospectives ? Pourquoi les autorités qui ne peuvent manquer d’apprécier à leur juste valeur tous les faits qui attestent d’une « grippette » s’entêtent-elles à vouloir vacciner le plus grand nombre de français possible ?
Toute personne sensée ne doit-elle pas s’interroger sur les dessous de cette opération apparemment démesurée au regard des risques réels ? « Que prévoient-ils que nous ne savons pas ? » est la question sans réponse la plus dérangeante qui se dégage de notre réflexion.
Rédaction Geopolintel