Avec ce genre de rhétorique, M. Ivanov exprimait la résolution de Moscou de s’opposer aux plans étatsuniens de défense antimissile, le jour où le président Bush était au téléphone avec le président Vladimir V. Poutine.
M. Bush tentait de renforcer leur relation personnelle tandis que les deux hommes se préparaient à un automne tout en sommets et mélodrames sur le retrait ou non des États-Unis du traité Antiballistic Missile de 1972.
Les officiels du Kremlin ont été singulièrement vagues à propos de cette conversation, disant seulement que les deux chefs d’état avaient exprimé « leur satisfaction du développement » des relations.
Mais leur conversation avait lieu sur fond de frustration grimpante à Moscou au sujet de la réticence de l’administration Bush de décrire en détail ce que ses plans de défense antimissile impliquent et le calendrier de leur mise en application.
Bien que M. Bush et M. Poutine aient déclaré que les États-Unis et la Russie ne sont plus des ennemis, les chefs militaires des deux pays ont affirmé qu’ils avaient pris des mesures reflétant une baisse de confiance.
Dimanche, les États-Unis et le Canada ont annoncé qu’ils enverraient des avions de chasse et de surveillance pour contrôler les exercices militaires russes de routine dans la région de l’Arctique et du Pacifique nord.
« Il s’agit d’un problème dans lequel nous ne nous attendons à aucune menace de la part des russes », a dit le Cne Ed Thomas, porte-parole du Commandement de la défense aérospatiale étatsunienne.
« Mais notre mission est de s’assurer de la souveraineté de l’espace aérien US et Canadien ; nous ne pouvons nous permettre une quelconque complaisance. »
À Moscou, le commandant de l’Armée de l’air russe, Gen. Anatoli Kornukov, a dit qu’un des moyens de répondre à un éventuel retrait étatsunien du traité ABM pourrait être de renforcer sa force de bombardiers stratégiques. « L’aviation stratégique longue portée de Russie » dit-il « est un moyen d’acheminement d’armes nucléaires que la défense antimissile ne peut pas détecter. »
D’autres experts ont fait remarquer que d’autres méthodes d’acheminement pouvaient ne pas être détectées, notamment des missiles de croisière de basse altitude, des conteneurs de cargo et même des valises.
Douglas J. Feith, responsable de la planification politique au département de la Défense, est arrivé à Moscou aujourd’hui pour un nouveau tour de consultations concernant le but exprimé par M. Bush de ré-écrire les doctrines stratégiques de la guerre froide.
Mais le ministre de la défense russe à signifié le rejet par Moscou de toute proposition qui saperait le traité et son accord stratégique de base, fixé il y a 29 ans : la dissuasion nucléaire est atteinte par le maintien conjoint d’un nombre adéquat d’armes nucléaires offensives.
Pendant une visite en mer Caspienne au port d’Astrakhan, M. Ivanov a dit qu’il serait possible d’amender le traité ABM, mais pas d’une manière qui permettrait aux États-Unis de développer des défenses antimissile en vue de protéger le pays entier, et par là minant le concept fondamental du traité.
Il est « théoriquement » possible d’amender l’accord, dit-il, « mais que veut dire théoriquement ? Cela veut dire qu’il faut que soit clairement compris quel type de défense antimissile les États-Unis envisagent, et quels types de possibilités techniques sont envisagées dans les airs, sur mer, sur terre ou dans l’espace. ».
M. Ivanov répondait en partie à des commentaires faits ce dimanche à Washington par le conseiller à la Sécurité nationale, Condoleezza Rice, qui a réitéré que le président est déterminé à « aller au-delà du traité ABM ».
Les propositions de M. Bush de passer à la phase de tests d’un système national multi-couche d’installations de radar, de capteurs spatiaux et d’intercepteurs de missiles a entraîné une opposition importante au Congrès, sur des questions d’efficacité et de coût.
Pendant ce week-end, un membre du Parlement russe a tourné en ridicule les consultations qui ont eu lieu entre la Russie et les États-Unis.
« Je ne crois pas que les discussions ont échoué, »a confié Dimitri Rogozin, président du comité des affaires étrangères, au magazine Vek.
« C’est juste que pour l’instant il n’y a rien à négocier. À chaque session de pourparlers, les Américains nous parlent des états voyous et de rapports de renseignement indiquant qu’un jour ces états auront des missiles à trois ou quatre étage capables de poser une menace.
Nous expliquons à quel point ces appréhensions sont absurdes ; ils font semblant de ne pas comprendre, et continuent à faire ce qu’ils sont en train de faire. »
Par PATRICK E. TYLER
The New York Times, 11 septembre 2001
Source :
http://www.nytimes.com/2001/09/11/i...
Traduction Geopolintel
Voir notre article : Le 11 septembre 2001 : un alibi pour sortir du traité ABM]