« Un homme politique avec des cheveux gris »
Bruno, serveur lors de la soirée du 1er avril de Pierre-Jean Chalençon au Palais Vivienne, sort du silence dans #TPMP et évoque les personnalités présentes !
« Il faut bien continuer à voir ses contacts » : dans le Paris chic, un restaurant discret tourne à plein régime
Le Parisien
Alors que les établissements de restauration sont fermés depuis de longs mois, une table installée dans un espace de coworking (quartier des Champs-Elysées) reste ouverte depuis le début de la crise du Covid-19. Cuisiniers et serveurs sont aux petits soins pour des clients triés sur le volet. Nous y avons déjeuné mardi.
- Les clients sont prêts à débourser près de 500 euros par mois pour un abonnement qui leur donne un accès privilégié aux tables en tant que membre.
- « Le risque d’attraper le Covid semble avoir disparu et on admire (...) avec un plaisir coupable, la valse des serveurs les bras chargés de plats, tout comme les clients, collés les uns aux autres, à portée de postillons »
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Dîners, déjeuners : pendant le Covid, les affaires continuaient pour le trio Leroy, Chalençon, Soyer
Au-delà du repas privé organisé chez Pierre-Jean Chalençon le 1er avril, plusieurs évènements ont eu lieu pendant la pandémie. Ils ont été organisés à travers une myriade de clubs, dont ceux du chef Christophe Leroy et du spécialiste en relations publiques Michel Soyer.
Le 23 mars à 10 heures du matin, sur sa page Facebook personnelle, un certain Michel Soyer annonce la conférence qui se tiendra le 1er avril suivant à 17 h 30 au palais Vivienne. Une inscription préalable est requise. D’ailleurs, les intéressés peuvent s’enquérir des « infos et résa » en lui adressant un mail ou en l’appelant directement sur son portable. En commentaires, quelques jours plus tard, les félicitations sont de mise : « Un dîner des plus réussis selon mes amis présents… Bravo pour cet événement de qualité au palais Vivienne avec l’unique et talentueux Pierre-Jean… » « Merci pour lui ! » renchérit Michel Soyer.
Si ce virus est si dangereux pourquoi un ministre se rend-il à des parties galantes tout en envoyant des sniper sur les plages pour verbaliser les prolos qui boivent un peu de rosé sur le sable ?
Le gouvernement connait et participe à ces dîners, sans les interdire, les restaurateurs fermés et en faillite apprécieront.
Le restaurant clandestin de Chalençon est au goût des éditorialistes
“Stop à la délation !”, intime Julie Graziani. Sur BFMTV comme sur Franceinfo ou dans “C dans l’air”, il se trouve des éditorialistes pour ranger l’affaire du restaurant de luxe ouvert par Pierre-Jean Chalençon au rang de “gag” et soutenir que ses convives se comportent comme tous les Français.
« À la une ce soir, les dîners clandestins qui font scandale », annonce Anne-Elisabeth Lemoine sur France 5. « Cette question ce soir : des ministres ont-ils dîné dans des restaurants clandestins à Paris ?, interroge Olivier Truchot sur BFMTV. Une enquête a été ouverte après la diffusion d’un reportage télévisé qui évoque des dîners luxueux et illégaux dans la capitale. » « Des images en caméra cachée diffusées vendredi dans Le 19.45 de M6 », précise la présentatrice de C à vous. « Un des organisateurs, le collectionneur Pierre-Jean Chalençon, propriétaire du palais Vivienne, y affirme que certains ministres y participaient, explique Olivier Truchot. Il a depuis renié ses propos. » En prétendant qu’il s’agissait d’un trait d’humour. Du coup, M6 a exhumé la suite du discours de Pierre-Jean Chalençon, où l’on peut vérifier qu’il ne rigole pas du tout.
Pour Philippe Corbé, journaliste politique de BFMTV, « si un ministre participait à des dîners privés en ce moment, il ne pourrait pas tenir plus de dix minutes à son poste ». Pas plus que s’il était accusé de viol ou d’avoir financé un syndicat à sa botte. « Ce personnage, Pierre-Jean Chalençon, n’est pas exactement un modèle de vertu. » Pour avoir posé aux côtés de Dieudonné lors d’un anniversaire de Jean-Marie Le Pen, il a été écarté par France 2 de l’émission Affaire conclue . « C’est un affabulateur connu pour être un mondain de seconde catégorie. » Les mondains de première catégorie, eux, n’affabulent jamais. « C’est pas quelqu’un qui arrive avec des éléments costauds pour appuyer son accusation. » Bref, les accusations de cet histrion de seconde catégorie sont nulles et non avenues, foi d’expert de BFMTV dont les journalistes et le patron Marc-Olivier Fogiel déjeunent clandestinement Aux 3 Présidents (comme l’a révélé Le Canard enchaîné), un restaurant jouxtant leurs locaux et appartenant aussi à Patrick Drahi via une société luxembourgeoise (comme l’a révélé Capital), quand ils ne vont pas au palais Vivienne lui-même, tel Ulysse Gosset, ou dans un établissement de Deauville, tel Bruce Toussaint.
Et qui revoilà ? Julie Graziani, présentée comme « éditorialiste ». Depuis le début de l’année, BFMTV a sorti de son purgatoire l’ancienne journaliste de L’Incorrect (magazine d’extrême droite au service de Marion Maréchal), disparue des écrans après avoir déclaré sur LCI qu’une femme au Smic ne devrait pas divorcer si elle voulait préserver son niveau de vie. La semaine dernière, elle justifiait le « devoir conjugal » obligeant à des relations sexuelles entre époux. Ce lundi, elle approuve Philippe Corbé : « Il n’est pas avéré pour l’instant que quelque ministre ou secrétaire d’État que ce soit se soit trouvé à ce dîner. — Ça repose sur les propos d’un homme qui depuis a récusé ses propos, appuie Olivier Truchot. — Ça a pas l’air d’être quelqu’un qui paraît très fiable », insiste Julie Graziani.
« Patrick, ça vous paraît totalement extravagant d’imaginer des ministres participer à ce genre d’événement », confirme Anne-Elisabeth Lemoine sur France 5.
« Extravagant, je ne sais pas, nuance Patrick Cohen. Simplement, les principaux ministres disposent dans leurs ministères d’une salle à manger, de cuisiniers, de maîtres d’hôtel, de grandes tables où ils peuvent recevoir qui ils veulent, ça fait partie des privilèges sous (sic) les palais de la République. » Pourquoi aller dans un restaurant clandestin hors de prix alors qu’ils en ont un à domicile et à l’œil ? « Donc l’idée d’aller prendre des risques dans un endroit privé me paraît particulièrement improbable. » À l’issue d’une enquête approfondie, Patrick Cohen peut donc affirmer qu’aucun membre du gouvernement n’a festoyé au palais Vivienne. « Le ministre qui ferait ça serait le dernier des crétins. » Puisqu’il est impossible que nous soyons gouvernés par des crétins, il est inimaginable que des ministres dînent dans un restaurant clandestin.
Stéphane Bern, invité pour son Loto du patrimoine, s’indigne : « Mouiller les ministres, ça accrédite encore l’idée que les gens de ce microcosme peuvent tout se permettre, y compris des ministres. » Si des ministres se permettaient tout, y compris d’obtenir des faveurs sexuelles grâce à leur position, ça se saurait. « Je suis d’accord avec Patrick, aucun ministre ne va dans des dîners clandestins, ils doivent montrer l’exemple. » Ils sont exemplaires parce qu’ils doivent montrer l’exemple, la démonstration est implacable. « Accréditer l’idée “tous pourris”, je trouve ça franchement dégoûtant. » Ça vous gâche la saveur du caviar.
« Ces dîners existent, convient Olivier Truchot sur BFMTV. — Tout à fait, il y a les dîners en tant que tels qui jouent à la marge de la légalité, admet Julie Graziani à la marge de la mauvaise foi. La réalité, c’est que des dîners clandestins existent dans toutes les catégories sociales et dans toutes les couches de la population. » À la seule différence qu’on n’envoie pas au palais Vivienne les policiers munis des fusils d’assaut qui ont verbalisé une famille buvant du rosé sur une plage. « Dire que ça n’est qu’une caste de privilégiés qui se pensent au-dessus des lois, ça flatte des sentiments démagogie (sic) mais c’est pas le cas. » Même si les invités et l’organisateur disent se ficher des lois dans le reportage de M6. « Je m’appuie sur l’enquête CoviPrev qui démontre, toutes catégories sociales confondues, que les gens ont des stratégies d’évitement ou de ruse quels que soient les milieux. » Et qu’ils sont sévèrement punis, toutes catégories sociales confondues.
Ludovic Toro, médecin et maire centriste de Coubron, sait comment attraper les contrevenants : « Y a une caméra de la Ville de Paris juste devant l’entrée. J’espère qu’ils feront un visionnage des caméras, ils verront bien qui est rentré. » Avec un peu de chance, ses enregistrements seront aussi exploitables que ceux des caméras de surveillance qui filment les violences policières. Julie Graziani : « C’est les images de truffes et de homards, c’est ça qui choque. » Un cordon-bleu servi sous les dorures d’un palais des quartiers chics n’aurait choqué personne.
Olivier Truchot intervient : « Je voudrais qu’on donne la parole à Florian Philippot parce que vous vous êtes affiché avec ce collectionneur, Pierre-Jean Chalençon. » Ça le rend compétent pour juger de la qualité du service. « Les restaurants clandestins, les soirées privées, je trouve ça très bien, c’est la vie, claironne le président des Patriotes antimasques. Au lieu de faire des enquêtes, on rouvre tout. On rouvre le pays. » Sauf le self de la Pitié-Salpêtrière, qui vient d’être transformé en unité de soins intensifs.
Olivier Truchot est conquis. « Je retiens l’argument de Florian Philippot, les gens n’en peuvent plus et il est temps de rouvrir tout. Est-ce que ce troisième confinement va être accepté par la population ? » Julie Graziani rejoint Florian Philippot et le présentateur, les gens n’en peuvent plus, « c’est le cas pour tout le monde. La rave party qui s’est déroulée il y a quelques semaines n’a pas suscité l’ire des internautes alors qu’elle était plus dangereuse à raison du nombre de participants. Pourquoi ? Parce qu’on n’y gobait pas des huîtres ». Si les raveurs avaient dégusté du caviar, le scandale aurait été national — pardon, on me dit qu’il l’a été (à la télé). « C’est le sanitaire qui nous fait réagir ou c’est le socioculturel ? » Ça ne saurait être la différence de traitement selon que l’on soit riche ou manant.
Le restaurant clandestin est aussi au menu des Informés, sur Franceinfo. « Ça fait jaser parce que ça choque, estime l’économiste Eric Delannoy. Parce que certains médias aiment bien le sang. » Le canard au sang ? « On a évoqué des sujets qui n’étaient strictement pas vérifiés avec des sources qui n’étaient strictement pas fiables. Quand on voit la personnalité de Chalençon, on se dirige plus vers une espèce de complotisme, de manipulation des extrêmes. » Encore un coup des islamo-gauchistes. « Y a une hyperréactivité de certains médias qui est un peu pénible. » Certaines chaînes y consacrent même des heures de débat. « Quant aux dîners, bien sûr que c’est répréhensible, mais c’est tellement vieux comme le monde que je vois même pas pourquoi on en fait… » Un fromage ? « Dès que vous avez un interdit, vous avez son contournement. » Par ceux qui en ont les moyens.
« Ce qui nous offusque, juge Jannick Alimi, du Parisien, c’est si jamais il y avait des ministres… — Non, la coupe Eric Delannoy, ce qui est choquant, c’est qu’on évoque le sujet alors qu’on sait que c’est un gag. » Un « poisson d’avril », dit Pierre-Jean Chalençon le lendemain matin sur BFMTV. À croire que l’économiste de Franceinfo est son conseiller en communication.
« M. Chalençon est totalement givré, diagnostique un autre économiste, Jean-Hervé Lorenzi. J’y crois pas du tout, on a des politiques qui sont très responsables dans cette affaire-là. » L’enquête de Patrick Cohen l’a démontré. « Je les vois pas aller dépenser 400 euros dans l’hôtel de M. Chalençon pour se gamberger (sic). Qu’il y ait deux ou trois juges avec deux ou trois flics qui se soient retrouvés pour déjeuner près du Palais de justice, ça, c’est humain, c’est pas un drame. » Ce sont les privilèges dus à la fonction. « Tout ça me fait penser aux homards de de Rugy, soupire Eric Delannoy. C’est quand même triste qu’on passe beaucoup de temps sur ce sujet-là. » On n’a même plus le temps de parler des réunions non mixtes de l’Unef.
Une heure après le premier service, BFMTV remet le couvert avec Julie Graziani. « Ce qui vous embête, l’introduit Alain Marschall, c’est les noms qui sont balancés, les visages que l’on peut voir et vous dites “stop à la délation”. » Alors que le 4 janvier dernier, après la rave bretonne, elle disait « stop à l’impunité ». L’éditorialiste détaille « le pitch du scandale : une caste de privilégiés se croit au-dessus des lois. Si on déconstruit le scandale, une fois que l’accusateur s’est rétracté, c’était une boutade, il n’y avait pas de ministre, que reste-t-il ? » Un poisson d’avril sauce grisbi. « Il reste des comportements d’arrangements avec les restrictions sanitaires qui sont très largement partagés à tous les niveaux de la population et qui ne sont pas du tout le fait d’une micro-caste de privilégiés. » Des arrangements qui valent l’envoi de compagnies de CRS à tous les niveaux de la population d’Aubervilliers réunie autour d’un barbecue de homards.
« Qu’est-ce qui reste au fond du fond ? » De veau. « Il reste la délation, il reste l’esprit de vengeance avec ses hashtags “Donnez des noms” et “on veut des démissions”. » Pablo Pillaud-Vivien, de Regards, dénonce « le sentiment d’impunité donné par la richesse. — Y a pas d’impunité, réplique Julie Graziani. Devant la maladie, tout le monde est égaux (sic), ils prennent les mêmes risques. » Devant la police, certains sont plus égaux que d’autres . « Vous faites litière de tous ces tweets qui donnent des noms, qui donnent des photos. » La communicante Rose Ameziane révèle la mauvaise foi de Julie Graziani en rappelant que les noms et les photos ont été diffusés par les participants eux-mêmes : « Sur les comptes Instragram du chef et de Chalençon, les gens posaient tranquillement. »
Julie Graziani persiste, « il faut distinguer l’enquête et la délation sur les réseaux sociaux… — Julie a raison, tranche Alain Marschall. Le fantasme vaut valeur de preuve ». Cessez de fantasmer et circulez, y a rien à voir (sur BFMTV). Le lendemain matin, sur Franceinfo, Marlène Schiappa explique : « Je sais de source sûre et confirmée qu’il y a eu une invitation et que Gabriel Attal a refusé cette invitation. » Le porte-parole du gouvernement savait donc qu’il existait un restaurant clandestin mais ne l’a pas signalé à la justice. Finalement, les hôtes et les convives de la galerie Vivienne n’ont pas tant souffert de « délation ». En revanche, leur sentiment d’impunité, lui, était bien justifié.
Marlène Schiappa
- « J’étais journaliste dans ma prime jeunesse, j’avais serge Michel prix Albert Londres comme directeur de la rédaction, si quelque chose n’est pas sourcé par trois sources différentes qui ne se connaissent pas, on ne l’imprime pas ».
Marlène travaillait au Bondy Blog et écrivait aussi des livres pornographiques sous pseudo « Marie Minelli »