« Les négociateurs russes et ukrainiens semblaient s’être mis d’accord sur les grandes lignes d’un règlement intérimaire négocié », ont écrit Fiona Hill et Angela Stent. « La Russie se retirerait sur sa position du 23 février, lorsqu’elle contrôlait une partie de la région de Donbas et toute la Crimée, et en échange, l’Ukraine promettait de ne pas chercher à adhérer à l’OTAN et de recevoir à la place des garanties de sécurité de la part d’un certain nombre de pays. »
La nouvelle souligne l’impact des efforts de l’ancien Premier ministre britannique Boris Johnson pour mettre fin aux négociations, comme l’a noté le journaliste Branko Marcetic sur Twitter. La décision de saborder l’accord a coïncidé avec la visite de Johnson à Kiev en avril, au cours de laquelle il aurait exhorté le président ukrainien Volodymyr Zelensky à rompre les pourparlers avec la Russie pour deux raisons essentielles : Poutine ne peut pas être négocié, et l’Occident n’est pas prêt à voir la guerre se terminer.
Cette révélation apparente soulève quelques questions essentielles : Pourquoi les dirigeants occidentaux veulent-ils empêcher Kiev de signer un accord apparemment favorable avec Moscou ? Considèrent-ils le conflit comme une guerre par procuration avec la Russie ? Et, surtout, que faudrait-il faire pour revenir à un accord ?
Pour l’instant, nous ne pouvons que spéculer sur les réponses aux deux premières questions. La troisième n’est peut-être pas moins difficile, d’autant que l’Ukraine et la Russie ont toutes deux (du moins publiquement) considérablement durci leurs positions de négociation au cours des derniers mois. Mais il existe certains indices qui pourraient nous aider à y répondre.
L’une des voies possibles pour revenir à un accord de paix consiste à s’appuyer sur l’accord céréalier de juillet, dans lequel Kiev et Moscou ont convenu de relancer les exportations de blé depuis les ports ukrainiens de la mer Noire. Cet accord a tenu bon malgré la poursuite des hostilités, permettant à plus d’un million de tonnes de céréales d’entrer sur le marché mondial jusqu’à présent. Cet accord montre que chaque partie est au moins intéressée à réduire l’impact mondial de la guerre.
L’autre option est plus complexe mais non moins importante. Pas plus tard qu’hier, une équipe d’inspecteurs internationaux est arrivée à la centrale nucléaire de Zaporizhzhia, tenue par les Russes, qui a été menacée par des bombardements à proximité ces dernières semaines. Cette visite, qui permettra aux experts de s’assurer que la centrale reste dans un état sûr, est le résultat de pourparlers intensifs, soutenus par la pression de la communauté internationale. Dans ce cas, la Russie et l’Ukraine signalent toutes deux leur volonté d’éviter une catastrophe nucléaire.
En d’autres termes, Kiev et Moscou ont tous deux montré qu’ils souhaitaient atténuer les effets secondaires du conflit et qu’ils étaient prêts à négocier avec l’ennemi pour y parvenir. Mais tant que cette guerre s’éternisera, les populations du monde entier continueront à souffrir et le spectre d’un événement catastrophique - qu’il s’agisse d’une frappe accidentelle sur une centrale électrique ou d’une escalade incontrôlée vers une guerre nucléaire - continuera à planer. Il est temps pour la Russie, l’Ukraine et l’Occident de reconnaître qu’il n’y a qu’une seule façon de mettre fin à ces risques : Déposer les armes et venir à la table des négociations.