La BRI met en garde contre la dette cachée sur le marché des changes
L’équivalent de 7500 milliards de dollars s’échangeaient en moyenne par jour en avril sur le marché des changes, le dollar figurant dans 88% des transactions.
La Banque des règlements internationaux (BRI), considérée comme la banque centrale des banques centrales, met en garde contre la dette cachée sur les marchés des devises qu’elle estime à 80.000 milliards de dollars (76.027 milliards d’euros).
Dans son rapport trimestriel publié lundi, cette institution basée à Bâle, en Suisse, a procédé à une analyse approfondie de l’enquête qu’elle mène tous les trois ans sur le marché des devises, s’inquiétant notamment de la croissance des engagements hors bilan. Son enquête triennale, publiée fin octobre, avait de nouveau mis en évidence la prédominance du dollar américain sur ce vaste marché.
Risque de règlement
Dans son rapport trimestriel, la BRI a poussé plus loin l’analyse et détecté les possibles risques pour la stabilité du système financier. La BRI, qui fournit des études aux banques centrales sur les grandes questions de politique monétaire, a notamment mis en lumière le risque de règlement, à savoir le risque qu’une des contreparties effectue un paiement mais ne reçoive pas la monnaie achetée en échange. Ses données montrent que 2200 milliards de dollars de transactions de change par jour sont potentiellement exposés à un risque de règlement.
L’institution basée en Suisse s’inquiète également de la croissance des emprunts en dollars hors bilan sous forme de swaps cambistes, de contrats à terme et de swaps de devises. Les engagements liés à ces instruments financiers se chiffrent à 80.000 milliards de dollars, selon la BRI, qui souligne qu’ils n’apparaissent pas dans les bilans. Pour les investisseurs autres que des banques, ces engagements sont estimés à 26.000 milliards de dollars, soit le double de la dette en dollar inscrite dans leur bilan.
Or ces engagements sont vulnérables en cas d’assèchement de la liquidité sur les marchés, note la BRI qui rappelle que les banques centrales avaient dû intervenir pendant la crise financière de 2008 mais aussi lors du choc de la pandémie sur l’économie en 2020 afin d’assurer la liquidité du dollar. « Il existe [...] un gigantesque volume de dette en dollar hors bilan partiellement cachée », a commenté Claudio Borio, le chef du département monétaire et économique de la BRI, cité dans le communiqué, qui souligne que cette enquête a permis de « mettre au jour certaines parties des marchés financiers mondiaux qui, autrement, passeraient inaperçues ».
L’objectif de cette enquête sur les devises est d’aider les banques centrales et intervenants du marché à suivre l’évolution des schémas de négoce et la structure des marchés afin d’identifier les risques qui méritent une attention particulière.