Cette décision intervient alors qu’il y a peu de chances que les Houthis attaquent un navire chinois.
Le géant chinois du transport maritime COSCO Shipping a cessé de desservir les ports israéliens. COSCO Shipping , quatrième plus grand transporteur de conteneurs au monde, avec environ 11 % du commerce mondial, a décidé de prendre cette mesure même si elle n’est pas très menacée en mer Rouge, en raison du fait même qu’elle est chinoise, et en raison des liens de la Chine avec l’Iran, le mécène des rebelles houthis au Yémen.
Outre l’effet sur le commerce entre l’Extrême-Orient et Israël, la décision de COSCO est importante parce qu’elle coopère avec la compagnie maritime israélienne ZIM, qui devra opérer plus de navires sur les routes de l’Extrême-Orient, ce qui risque d’entraîner une augmentation des coûts de transport, puisque XIM manquera de navires.
Le deuxième effet direct concernera le port de Haïfa, qui est exploité par une autre entreprise publique chinoise, SIPG. Le port dépend des nombreux navires de COSCO qui le visitent.
Les Houthis menacent d’attaquer les navires de toute compagnie naviguant vers Israël, mais la Chine achète 90 % du pétrole exporté par l’Iran. Les chances que les Houthis tirent sur les navires d’une entreprise publique chinoise sont donc très faibles, ce qui soulève des questions sur les raisons de la décision de COSCO, dont les expéditeurs internationaux n’ont pas encore été informés.
L’annonce récente par sa filiale OOCL, basée à Hong Kong, disant qu’elle cessait de naviguer vers Israël en raison de « problèmes opérationnels », témoigne de la démarche de COSCO. Cette annonce, destinée à lui permettre de naviguer en mer Rouge sans interférence des Houthis, a suscité de nombreuses critiques. Finalement, la compagnie a cédé, tout comme la compagnie maritime ONE (Ocean Network Express), basée à Singapour.
Israël et la Chine, un test de loyauté pour les États-Unis ?
Notes de l’Ifri, janvier 2023
Comme les monarchies du Golfe, Israël a renforcé sa coopération économique avec la Chine depuis l’avènement au pouvoir de Xi Jinping en 2013, entraînant un afflux de capitaux chinois, que ce soit dans le secteur de la haute-technologie de Tel Aviv ou encore des infrastructures portuaires israéliennes.
Au cours des cinq dernières années, la croissance de ces échanges sino-israéliens a suscité une vive réaction de la part de Washington, en particulier autour de la présence d’opérateurs chinois dans le port d’Haïfa, où l’US Navy déploie régulièrement ses navires.
Les tensions israélo-américaines autour de la question chinoise pourraient expliquer le net ralentissement des échanges commerciaux israéliens avec Pékin depuis 2018, l’État hébreu se gardant par ailleurs de donner une coloration militaire à son partenariat avec la Chine.
Au-delà du facteur américain, la relation sino-israélienne est également contrainte par des divergences profondes entre les deux pays sur de nombreux dossiers régionaux, qu’il s’agisse du partenariat chinois avec l’Iran ou des liens étroits entre Israël et l’Inde.