Financer l’économie réelle après tant d’abus est peut être un leurre pour capter encore plus d’argent pour financer cette future défense européenne qui est dans l’impossibilité de réunir les 800 milliards attendus.
Les ELTIF, entrés en application en décembre 2015 provenaient d’un besoin de financement de l’économie réelle en acheminant des capitaux d’origine non-bancaire vers des projets de long terme de type infrastructures. Cette initiative de Mario Dragui devait permettre de sauver l’euro.
Les créations de ces fonds de long terme ont été un échec. 57 ELTIF ont levé 2,4 milliards d’euros dans 4 pays, dont 14 en France. En novembre 2021, la Commission européenne a proposé une nouvelle version du règlement ELTIF, avec des règles de commercialisation plus étendues pour les investisseurs particuliers et des règles d’investissement plus souples pour les gérants, tout en y ajoutant des investissements qui promeuvent le Pacte vert pour l’Europe.
La révision de l’ELTIF doit relancer les investissements de long terme en Europe. Le Trésor français envisage d’aménager le droit français de l’assurance-vie pour rendre éligibles les fonds ELTIF aux supports d’assurance-vie en unités de compte, qu’ils soient investis en instruments de dettes ou en actions. Les fonds français qui pourraient être les supports du label ELTIF pourraient ainsi permettre aux particuliers d’investir dès le premier euro dans la classe d’actifs non cotés, jusque-là réservée dans les faits aux investisseurs professionnels.
C’est la deuxième fois en un an que Berçy tente de se servir du levier de l’assurance-vie pour aider les fonds de gestion. L’investissement solidaire responsable qui est l’émanation des critères ESG (Environnementaux, Sociaux et Gouvernance), a utilisé l’assurance-vie comme levier pour financer la transition climatique. Son échec a obligé l’Europe à changer de stratégie pour se recentrer sur l’économie réelle.
Le danger du changement de la réglementation des ELTIF, est de permettre aux start-ups, qui sont subventionnées par l’Etat et qui bénéficient d’un allègement des charges, de capter à la fois l’argent de l’Etat, celui des chefs d’entreprise, des assurances-vie et de l’épargne des particuliers.
Les gestionnaires d’actifs espèrent attirer des investisseurs particuliers et privés qui sont peu habitués et peu enclins de placer et bloquer leur épargne sur une longue période. Depuis janvier 2024, 25 fonds ELTIF ont été créés et libellés “evergreen”. Ils ont des dates d’échéance allant jusqu’à 99 ans.
Certains fonds imposent des périodes de blocage allant de un à cinq ans avant d’autoriser les investisseurs à vendre des actions. Les investisseurs doivent connaître les dispositions particulières d’un ELTIF avant de l’acheter sinon leur argent sera bloqué. Les rachats doivent souvent être demandés des mois à l’avance et peuvent même être refusés si les réserves de liquidités d’un fonds sont faibles.
Cette démocratisation du capital-investissement vise à créer un marché unique des capitaux et la mutualisation de la dette européenne. C’est la première pierre de la construction de l’Europe fédérale qui a énormément besoin d’argent. Tous les ministères de l’Économie européens ont tenté de flécher l’épargne de leur population en vain, puisque l’or détruit systématiquement toutes les nouvelles tentatives de captation de notre bas de laine.
Mais si l’Europe veut redevenir compétitive, il sera difficile de faire avaler aux Européens qu’il faut investir dans des fonds ELTIF pour financer l’Europe de la Défense, la monnaie numérique et le nouvelle administration fédérale.
Le rapport de Mario Draghi, ancien directeur de la Banque centrale européenne et ancien banquier de la Goldman Sachs, préconise un budget de 800 milliards d’euros pour retrouver la compétitivité européenne avec trois axes :
1 L’innovation dans les technologies numériques ;
2 La décarbonation de l’économie ;
3 La réduction de la dépendance aux matières premières.
Ce maquillage de la Commission européenne est bien un leurre puisque nous ne sortons ni de la transition climatique ni de la transition numérique.













