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Bons du Trésor US

dimanche 13 octobre 2013

Les Etats-Unis sont avec le Japon le pays le plus endetté du monde, les emprunts d’Etat réguliers réalisés via l’émission par le Trésor américain de différentes sortes de Bons du Trésor étant en particulier financés par des Banques centrales qui gèrent des excédents commerciaux, la Banque centrale chinoise notamment, et des investisseurs institutionnels (grandes entreprises chinoises, pays du Golfe, etc.).

Les Bons du Trésor américains sont aux 2/3 constitués de Treasury Notes (T-Notes) à moyen terme et pour 1/3 environ de Treasury Bonds (T-Bonds) à long terme, de Treasury Bills (T-Bills) à court terme et de TIPS ( Treasury Inflation Protected Securities ), obligations (d’Etat) à taux variable indexé sur l’inflation.


Norman Palma sur la politique monétaire de la... par ERTV

Les T-Bonds sont les Bons du Trésor américains dont la maturité (l’échéance de remboursement de l’emprunt c’est-à-dire de l’investissement réalisé par un investisseur) est la plus longue (de 10 à 30 ans). Emis chaque trimestre et faisant l’objet d’une adjudication, il sont rémunérés par un coupon (les intérêts) payé chaque semestre. L’émission des T-Bonds à 30 ans (les plus nombreux) avait été suspendue par le gouvernement américain à l’automne 2001, mais elle a repris depuis février 2006.

Les T-Notes sont les Bons à échéance de remboursement de 2, 5 ou 10 ans et leur coupon est rémunéré tous les six mois, comme celui des T-Bonds. Ces titres de créances obligataires sont cotés sur le marché monétaire secondaire via des « teneurs de marchés » habilités (banques) et ils servent de sous-jacents à des contrats à terme très actifs sur les marchés financiers. Les contrats Futures sur T-Notes à 10 ans du Chicago Board of Trade constituent en particulier le marché directeur des taux d’intérêt américains à moyen et long terme.

Les T-Bills sont les Bons du trésor américains à maturité de court terme : 4, 13, 26 ou 52 semaines (1 an) au maximum. Leur somme minimale de souscription est de 1000 dollars et les intérêts ne sont versés aux investisseurs qu’à échéance. Ces Bons font également l’objet d’une importante activité de négociation à l’achat et à la vente sur le marché monétaire secondaire, après leur émission.

Face à l’important recul des marchés d’actions partout dans le monde en 2007 et 2008, on a pu observer dans le courant de l’année 2008 un très fort attrait des investisseurs pour les Bons du Trésor américains en ce que ces placements sont considérés comme « sans risque » : le Trésor américain est supposé avoir une telle assiette fiscale qu’il pourra toujours tout rembourser.

Inévitable contrepartie de ces mouvements massivement acheteurs, les taux d’intérêt offerts lors des dernières émissions se sont avérés de plus en plus faibles, voire à taux réels (tenant compte de l’inflation) quasiment nuls.

Source

Le Trésor américain arrête les émissions à 30 ans

Les Echos n° 18522 du 02 Novembre 2001

Le Trésor américain a annoncé, mercredi, son intention d’arrêter ses émissions de bons du Trésor à 30 ans, mettant un terme à vingt-quatre années d’opérations continues sur cette ligne. Même si elle ne constitue pas une surprise absolue, la nouvelle, publiée abruptement sur le site Internet du Trésor, a tout de même provoqué de vives réactions de la part des marchés : le rendement de l’emprunt à 30 ans a enregistré l’une des plus violentes chutes de son histoire, passant de 5,042 % mardi à 4,809 % hier. « Les assureurs se sont rués sur les obligations à 30 ans restantes et ont gonflé les réserves de leurs portefeuilles dans le but de couvrir leurs risques à long terme », explique un courtier obligataire.

La décision du Trésor s’inscrit dans la droite ligne de son programme de rachat de dettes en direct sur le marché, entamé en mars 2000. « Même si les mesures de relance fiscales, actuellement en cours de négociation, devraient entraîner un déficit cette année, la tendance à long terme de surplus budgétaire n’est pas remise en cause par le ralentissement économique en cours, ce qui rend donc les émissions à 30 ans superflues », a indiqué Peter Fisher, l’un des sous-secrétaires du Trésor américain en charge des questions domestiques.

En réalité, cette annonce surprise n’a rien de fortuit. L’abandon des émissions à 30 ans présente un double avantage particulièrement utile, au moment où le Trésor et la Réserve fédérale américaine jettent toutes leurs forces dans la bataille pour relancer la machine économique américaine. D’une part, le rendement à 30 ans a toujours été plus élevé que celui des taux à 10 ans. Sa suppression permet donc au gouvernement de réduire les coûts de gestion de sa dette.
Mais, surtout, cet abandon va susciter d’importants courants acheteurs sur les obligations à 10 ans, ce qui permettra de faire diminuer nettement les rendements de ces dernières (puisque les taux évoluent dans le sens inverse des obligations). Hier et avant-hier, l’emprunt d’Etat américain à 10 ans est d’ailleurs passé de 4,40 % à 4,249 %. Or l’un des objectifs non avoué des autorités monétaires, qui ont à neuf reprises déjà abaissé les taux directeurs de la Fed depuis le début de l’année, est de réduire le plus possible les niveaux des taux à long terme afin de stimuler l’investissement industriel. La suppression des émissions à 30 ans tombe donc vraiment à point nommé.

Yu Yongding veut prévenir une « vente panique » de bons du Trésor US 25 septembre 2008

L’intervention de George Bush, faite pour rassurer, aura-t-elle l’effet recherché ou au contraire sera-t-elle interprétée comme une preuve que les USA sont au bord du gouffre ? Les pays asiatiques, lourdement chargés de la dette américaine, ne cachent plus leur inquiétude. M. Yu Yongding, ancien conseiller de la Banque Centrale chinoise, avertit que « la Chine est très préoccupée par la sécurité de ses actifs », et met les points sur les I : « si on veut que la Chine garde son calme, ont doit aussi garantir à la Chine que ses actifs sont en sécurité. » M. Yu espère qu’un accord entre les principaux créanciers de l’Asie permette d’éviter que ne s’enclenche une incontrôlable « vente panique » des bons du Trésor US. La Chine a beaucoup aidé les USA, estime-t-il, et elle devrait « obtenir quelque chose en retour. » Mais il tire également d’autres enseignements de cette crise. Il est temps que la Chine bâtisse une croissance ne dépendant plus de ses exportations, juge M. Yu. Raison de plus pour protéger la valeur du trésor de guerre qu’elle a accumulé, car il lui permettra de supporter les coûts sociaux de cette transition, prévoit-il.

Le Japon et la Chine, ainsi que d’autres détenteurs de la dette publique américaine, doivent rapidement parvenir à un accord afin d’éviter l’apparition de ventes paniques qui provoqueraient un effondrement financier mondial, déclare Yu Yongding, un ancien conseiller de la banque centrale chinoise.

« Nous sommes dans le même bateau, nous devons coopérer, » déclare M. Yu, interviewé à Beijing le 23 septembre. « S’il n’y a pas de vente panique, alors la Chine pourra volontiers continuer à apporter son soutien financier en détenant des actifs américains. »

Un accord est nécessaire afin qu’aucun pays ne se précipite pour vendre, « provoquant un effondrement », déclare M. Yu. Le Japon est le plus grand détenteur de bons du trésor américain, avec 593 milliards de dollars, et la Chine vient en deuxième position avec 519 milliards. Les pays asiatiques détiennent ensemble la moitié sur un total de 2 67O milliards de bons du Trésor accumulés hors des USA.

La Chine, le Japon, la Corée du Sud et d’autres nations devraient se réunir prochainement pour conclure un accord, estime M. Yu, un universitaire ancien membre du comité de politique monétaire de la banque centrale. Pour lui, les discussions devraient associer les ministres des Finances, les gouverneurs des banques centrales et même les dirigeants politiques.

« Je ne suis pas sûr qu’il soit faisable d’obtenir une sorte d’accord entre eux pour qu’ils continuent à détenir des bons du Trésor », estime James McCormack, responsable de la notation des dettes publiques chez Fitch Ratings à Hong Kong. « Cela serait inhabituel. Mais si on s’aperçoit que les nations Asiatiques vendent leurs bons du Trésor, les marchés le prendraient très mal. C’est quelque chose qu’il faut éviter. »

Le secrétaire américain au Trésor Henry Paulson a demandé au Congrès d’adopter un plan de 700 milliards pour débarrasser le système bancaire de ses actifs dévalués. Le Président de la Réserve fédérale Ben Bernanke, a indiqué le 24 septembre, que les États-Unis sont confrontés à de « graves menaces » sur leur stabilité financière.

Le fait que la Chine détienne une quantité énorme de bons du Trésor américains implique qu’elle doive supporter une grande partie du « fardeau de la remise en ordre » aux États-Unis, déclare M. Yu. La Chine n’est pas pressée de se débarrasser de ses actifs américains et les échanges qui ont lieu entre les deux pays « tous les deux jours » maintiennent informés les dirigeants chinois, contribuant à éviter une éventuelle panique, ajoute-t-il.

« La Chine est très préoccupée par la sécurité de ses actifs », souligne-t-il. « Si on veut que la Chine garde son calme, ont doit aussi garantir à la Chine que ses actifs sont en sécurité. »

M. Yu observe que la Chine apporte son aide aux États-Unis « de façon très significative » et ajoute qu’elle devrait obtenir quelque chose en retour. Les États-Unis devraient éviter de la présenter comme un partenaire commercial qui n’observe pas les règles et manipule la valeur de sa monnaie. Il ne faut pas politiser ces questions, dit-il.

« Il n’est pas convenable que nous soyons accusé de ceci ou cela alors que nous agissons de bonne foi et sommes prêts à assumer de graves conséquences, » lance-t-il. « La Chine sait quoi faire. Nous n’avons pas besoin de votre intervention. »

La Chine a tiré une de leçon de la crise financière aux Etats-Unis, qui est : « Pourquoi continuons nous à accumuler ces reconnaissances de dettes si elles peuvent ne pas être honorées ? » La stratégie économique chinoise, en mettant l’accent sur la croissance des exportations, a produit des excédents commerciaux qui se sont traduits par l’accumulation de 1 810 milliards de dollars sous forme de réserves de change, et cela constitue le principal problème, note M. Yu.

« Notre stratégie de croissance tirée par les exportations a suivi sa pente naturelle », constate-t-il dit. « Nous devrions changer de cap. »

La Chine doit cesser d’intervenir sur le marché des devises et ainsi permettre une appréciation rapide du yuan, estime-t-il. Cela causerait des difficultés pour les exportateurs, mais la Chine pourrait dans le même temps faciliter cette transition à l’aide de ses fortes réserves budgétaires en venant en aide à ceux qui perdraient leur emploi. Elle devrait également stimuler la demande intérieure pour compenser la baisse des revenus des exportations.

Sans appréciation du yuan, la Chine continuera d’accumuler des réserves en devises, ce qui signifie continuer à accumuler « des reconnaissances de dette des Etats-Unis », déclare M. Yu. « C’est du papier, qui peut ne pas être honoré, et qui ne va pas améliorer le bien-être national de la Chine. »

Si la Chine ne permet pas au yuan de s’apprécier et continue à promouvoir une croissance tirée par les exportations, cela conduira à une confrontation avec les États-Unis et l’Europe, observe M. Yu.

Publication originale Bloomberg, traduction Contre Info
Par Kevin Hamlin, Bloomberg, 25 septembre 2008

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