Pourtant chacune des parties prenantes - Washington, Londres, Paris, Moscou - déclare rechercher « une solution diplomatique » à la crise actuelle… une crise sans précédent depuis la fin de la Guerre Froide… tout en faisant discrètement monter les enchères ! Ainsi l’annonce d’exercices militaires polono-américains1. Aux frontières donc de l’Ukraine et qui débuteront ce mardi 11mars alors même que le destroyer américain lance-missiles Truxton, après avoir franchi le détroit du Bosphore, patrouille en mer Noire depuis le vendredi 7… En principe pour participer à des manœuvres associant roumains et bulgares. Simultanément, le chef d’état-major général, Martin Dempsey, annonçait que l’armée américaine se tenait prête à remplir ses engagements vis-à-vis de l’Otan si la crise ukrainienne le rendait nécessaire.
Pendant ce temps les effectifs de la présence armée russe en Crimée montaient en puissance pour atteindre 30.000 soldats [lefigaro.fr7mars14] ! Des tirs seraient intervenus lundi 10 lors de la prise de la base navale ukrainienne de Bakhtchissaraï par la troupe russe2. Un micro événement aussitôt grossi par la presse gourmande de sensationnel qui a omis de préciser que les tirs étaient dirigés vers le ciel.
Également lundi 10 mars, le Conseil de Sécurité a tenu à New-York une cinquième réunion consacrée à l’Ukraine et à l’issue de laquelle chacun campait toujours sur ses positions. Force fut pour les occidentalistes dépités de constater que la position de la Russie « ne s’est pas assouplie » en dépit « d’une pression accrue et un isolement croissant ». Isolement tout relatif puisque Moscou sur ce dossier se trouve en phase avec la Chine3, elle-même confrontée aux vastes manœuvres navales américano-nippo-coréennes de novembre 2013 en Mer de Chine orientale… perçues par la nomenklatura du Parti communiste chinois comme une indigeste provocation qui leur est restée sur l’estomac.
Enfin, last but not least, le géant gazier Gazprom dont dépend l’approvisionnement de l’Allemagne [30%] et d’une bonne partie de l’Europe orientale, mettait à nouveau en garde l’Ukraine contre une rupture de ses exportations en raison d’impayés s’élevant à 1,89 md de dollars. En 2009 le géant russe avait déjà mis ses menaces à exécution… mais c’était à l’approche de l’hiver, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui et laisse encore à tous le temps de voir venir !
Personne ne veut une impossible confrontation, mais…
État de lieux. Russes et Ukrainiens déclarent aujourd’hui chercher une solution « diplomatique » en vue de désamorcer la crise liée aux velléités séparatistes de la péninsule de Crimée. En fait il s’agit bien plus que de velléités mais d’un processus largement entamé et que rien ne semble devoir rendre réversible. D’un côté le président russe, Vladimir Poutine, défend le droit des Criméens d’être rattachés à la Russie si bon leur semble. De l’autre, Kiev appelle les États-Unis au secours pour faire cesser l’intolérable « agression » moscovite.
Le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk doit à ce propos se rendre à Washington pour y quérir un soutien décisif de la part de la Maison-Blanche face à une Russie réputée autocratique et prédatrice… Ce dont une forte majorité de Français se déclare convaincue, confirmant s’il en était besoin, l’efficacité du martelage quotidien de la propagande audio-visuelle – propagande littéralement de guerre froide - que les Hexagonaux subissent à longueur d’année. Une Russie qui serait aussi oublieuse des garanties données en 1994, conjointement avec Washington et Londres, pour le maintien de l’unité territoriale de l’Ukraine au moment du démantèlement de son arsenal nucléaire.
Lors de plusieurs entretiens téléphoniques avec la chancelière allemande, Mme Merkel, et avec le Premier ministre anglais David Cameron, le président Poutine avait insisté sur le fait que les mesures adoptées - notamment en vue de l’organisation du référendum d’autodétermination le 16 mars - par des autorités criméennes étaient “légitimes” à ses yeux dans le strict respect du Droit international. A contrario, Américains et Européens s’insurgent et les qualifient d’« illégales ».
Le président Obama s’adosse quant à lui, au fait que la Russie agirait en violation de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, « ce qui doit conduire les É-U à prendre des mesures de “représailles”, en coordination avec ses partenaires européens » [Maison-Blanche6mars14]. Le président américain tenant à préciser qu’« en 2014, l’époque est bien révolue où les frontières pouvaient être redéfinies en méprisant les dirigeants démocratiquement élus ». Un principe remarquablement appliqué par Washington en dernière date particulièrement en Syrie – pour ne pas parler du Chili d’Allende – dont le chef de l’État, Bachar el-Assad, ne semble pas avoir été élu à son poste autrement que démocratiquement4 ! Au demeurant les États-Unis n’ont-ils pas toujours et partout prétendu défendre le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ?
Dans un entretien publié ce 11 mars dans les colonnes du quotidien allemand Bild, M. Cameron qui voit dans « la crise de Crimée est un test pour l’Europe », va au-delà de cette banalité en précisant sans fard le point de vue euratlantiste, et ce de façon très incisive… « Oui, nous sommes du côté du peuple ukrainien et de leur droit à décider de leur avenir. Et non, nous n’acceptons pas que la Russie bafoue la souveraineté de l’Ukraine et la piétine. Nous sommes unis, ensemble, pour les droits de l’Ukraine ! Et nous allons imposer de dures sanctions si Moscou ne change pas de cap ».
Hollande réduit aux utilités
Partage des tâches. Vendredi 7 mars MM. Hollande et Lévy - l’homme au débraillé bon chic/mauvais genre ! - recevaient de concert à l’Élysée le boxeur politicien Vitali Klitschko accompagné d’un quasi inconnu, Petro Porochenko, déclaré par les sondages ukrainiens favori de l’élection présidentielle du 25 mai prochain ! À cette occasion M. Hollande devait statuer qu’il ne saurait y avoir de référendum sur l’avenir de la Crimée « sans que l’Ukraine n’ait elle-même décidé de l’organiser ». La démocratie par en haut, mais évidemment jamais par en bas. Paroles définitives d’un grand démocrate, ami fervent de l’initiative populaire qui rejette d’autorité et a priori la consultation annoncée du 16 mars par les partisans du rattachement de la péninsule criméennes à la Russie… Quand le peuple dit souverain entend user à sa convenance du suffrage universel, les élites nées par la grâce du scrutin uninominal à deux tours et de tous les savants charcutages de circonscriptions électorales, s’indignent et montent derechef sur leurs grands chevaux : “cachez ce référendum que nous ne saurions voir” ! Reste que M. Hollande fidèle perroquet depuis qu’il a été l’hôte d’honneur d’un « dîner de gala » à la Maison-Blanche, ne faisait là que parler à l’unisson avec le Nobel Obama et son fondé de pouvoir européen Cameron.
Pendant ce temps, le nouvel homme fort et Premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, menaçait Moscou depuis la tribune de la Place de l’Indépendance, proclamant ne pas « vouloir céder un pouce carré de la Crimée ». Parallèlement l’ancien ministre de la Défense Anatoli Gritsenko enjoignait au président par intérim, Olexandre Tourtchinov, de recourir à la force des armes pour défendre l’intégrité territoriale de la nation [AFP10mars14]. Intégrité et unité territoriales qui préoccupent éminemment Varsovie, Paris, Londres et Washington. Infiniment moins toutefois lorsqu’il s’agit de l’un des États arabes qui ont fait ces deux dernières décennies l’objet de tous les soins attentifs des oligarchies occidentalistes.
Pour mémoire, retour sur images
Un putsch a eu lieu dans la capitale ukrainienne Kiev. Le président légitime du Viktor Ianoukovitch est destitué en violation des accords conclus entre lui-même et “l’opposition”. Cet accord de sortie de crise signé le 21 février à Kiev en présence des médiateurs français, allemands et polonais, prévoyait une élection anticipée du chef de l’État, la formation d’un gouvernement d’unité nationale, ainsi qu’une réforme constitutionnelle limitant les pouvoirs du président au profit du Premier ministre.
Des accords conclus, soulignons-le, sous l’égide et avec la caution de l’Union européenne. Mais à Kiev sous pression des mouvements radicaux armés, pour ne pas dire factieux, les députés présents au Parlement le lendemain de cette signature, votent un décret transférant les pouvoirs du chef de l’État au président du Parlement, la Rada, Alexandre Tourtchinov… En complète violation donc des accords signés la veille ! Le président Ianoukovitch fuit en Russie. Rien n’est cependant joué. Le coup d’éclat occidentaliste fait long feu. Mieux vaudrait d’ailleurs parler de véritable “coup d’état occidental” comme cela ressort des conversations interceptées et des diverses déclarations de Catherine Ashton, Haute représentante de l’Union pour les Affaires étrangères et la Sécurité, et de Victoria Nuland, la vice Secrétaire d’État américaine.
Néanmoins la Crimée et l’Ukraine du Sud-Est refusent d’être mises devant le fait accompli… La presqu’île de Sébastopol, Simferopol, capitale de la Crimée, et d’autres villes telles Donetsk, Kharkov, Odessa, Lougansk, Marioupol… n’accepte pas les oukases du nouveau pouvoir sorti tout chaud des émeutes du Maïdan. Le Sud et l’Est de l’Ukraine manifestent leur refus de se soumettre aux autorités autoproclamées de Kiev. À leur tour les éléments les plus extrémistes des organisations ultranationalistes de l’ouest ukrainien - PraviySektor, Svoboda, Una-Unso – entendent appliquer par la force leur politique jacobine et unioniste aux réticents russophones ou russophiles.
En réaction des groupes d’auto-défense s’organisent en Crimée, puis dans l’Est du pays. Samedi 8 mars la République autonome de Crimée en appelle à la protection de la Russie. Le président russe Vladimir Poutine soumet cette demande à la Chambre haute de la Douma, soit le Conseil de la Fédération de Russie. Le Conseil donne son accord à l’utilisation le cas échéant aux forces armées de la Fédération en Ukraine jusqu’au retour à la normale… le Conseil préconise in fine le rappel de l’ambassadeur de Russie à Washington pour répondre aux menaces à peine déguisées du président Obama, lequel s’est laissé aller jusqu’à dire « qu’elle [la Russie] paiera cher son intervention en Ukraine » tandis que le secrétaire d’État américain, John Kerry déclarait sans rire que « la Russie serait isolée au sein de la communauté internationale ». Ah mais !
En Crimée des unités russes en uniformes banalisés sécurisent les casernes de l’armée ukrainienne tandis que de nombreux ralliements – près de 3000 – interviennent qui clairsèment les rangs des forces armées fidèles à Kiev. L’amiral Denis Berezovski, commandant de la marine ukrainienne donne l’exemple et prête serment à la Crimée. Geste emblématique qui accentue le précédent de la frégate Hetman Sahaidachniy, navire amiral de la flotte ukrainienne qui, dans le Golfe d’Aden, refusant son allégeance aux nouvelles autorités issues du coup de force, hisse le drapeau des forces navales russes.
Les conseilleurs ne sont pas les payeurs
Deux Ukraine s’opposent a priori dont l’interprétation de l’histoire passée, présente et future divergent pour ne pas dire qu’elles sont diamétralement opposées. La réconciliation est-elle encore possible ? En tout cas elle semble fort improbable. Sauf à trouver les modalités d’une cohabitation la moins disharmonieuse possible. Mais alors comment renouer en Ukraine le fil brisé du dialogue ? Car les conseilleurs n’étant généralement pas les payeurs, nul ne s’avance pour dire comment l’Ukraine pourra rembourser sa dette extérieure et parviendra à s’extraire du marasme économique et financier qu’elle subit à l’heure actuelle.
Or c’est de Crimée que vient maintenant la “bonne information” à ce sujet, notamment par la voix du vice-Premier ministre de Crimée, Olga Kovitidi. Information relative aux facilités que l’Union européenne, par le truchement du Fonds monétaire international [FMI], s’apprête à consentir aux nouvelles autorités de Kiev. Mais parce qu’il ne saurait y avoir d’aide substantielle – la dette ukrainienne dépassant les 35 mds d’€uros – sans contreparties tout aussi substantielles, un accord préliminaire passé avec le FMI prévoit que les infrastructures ukrainiennes d’acheminement du gaz deviendraient la nue propriété de la Compagnie américaine Chevron. Pareillement que les aciéries devront céder gratis pro deo 50 % de leurs actions à des sociétés allemandes de la Ruhr ; la production de charbon du Donbass revenant de la même manière à une filiale finlandaise des mêmes groupes allemands [ruvr.ru9mars14]. Kiev aurait également accepté de laisser déployer sur son territoire des éléments du dispositif de défense antimissiles américain assortis d’une base aérienne militaire.
La bonne information entraine par voie de conséquence les bonnes questions. Qui en effet, dans ce cas de figure, se constitue en agresseur ? Qui impose, en échange d’une aide vitale pour l’Ukraine, des conditions léonines ? Qui cherche à faire main basse sur les ressources et le potentiel industriel ukrainien ? Qui colonise au ronflant prétexte de démocratie, de liberté et d’européanisation sociétale ? Qui donc finalement vend aujourd’hui son pays ?
Le chef du parti Batkivchina, l’ancien Premier ministre ukrainien Ioulia Timochenko, la personne qui s’exhibe dans un fauteuil roulant pour cause de hernie discale, nous apporte quelques éléments de réponse quand elle exhorte les Occidentaux à ne pas laisser l’Ukraine seule face la Russie… et nous venons de voir à quel prix ! Le montant d’un soutien qui ressemble à s’y méprendre à celui que représente la corde pour le pendu !… « J’appelle les dirigeants du monde à ne pas laisser l’Ukraine entrer seule dans un conflit avec la Russie. Selon le Mémorandum de Budapest, les forces militaires du Royaume-Uni et des États-Unis sont les garants de la paix dans notre pays. Grâce à cet accord, nous devons éviter la guerre. Les négociations doivent avoir lieu entre l’Ukraine et la Russie. Les dirigeants mondiaux devraient se rendent compte que les actions agressives de la Russie contre l’Ukraine concernent le monde entier » [newsweek/ruvr.ru9mars14]. Une rhétorique bien connue… un seul individu périt et c’est toute l’humanité qui est meurtrie !
De l’argent qui coûte cher
Au chapitre des rumeurs non invraisemblables, en paiement des services européistes à venir, ceux du FMI entre autres, les réserves d’or de l’Ukraine – 27,2 t – auraient été transférées le 7 mars aux États-Unis via l’aéroport de Borispol. Une information pour l’instant non confirmée mais qui donne la mesure de la paranoïa et de l’intoxication – la guerre des mots et des rumeurs déstabilisantes – qui sévissent en Ukraine et alentours, dans le contexte du bras-de-fer, inédit depuis un quart de siècle, qui s’est engagé entre l’Est et l’Ouest. Si cette rumeur se trouvait confirmée, gageons que le bon prétexte invoquée aura été d’éloigner cet actif stratégique que sont les réserves de métal jaune, de la menace russe. Argument qui servit naguère pour transférer les réserves d’or de l’Allemagne fédérale5… laquelle a désormais le plus grand mal à récupérer son bien : 5 Tonnes en un an sur les 700 réclamées !
Tout étant bon pour maintenir l’édifice branlant du dieu Dollar, les États-Unis pillent volontiers les réserves d’or des nations vaincues lors de leurs guerres humanitariennes, en réalité des guerres d’agression et de prédation… Non seulement les réserves de liquidités en dollars de la Banque centrale irakienne furent évacués en 2003 par avion cargo vers les États-Unis, mais encore l’or de l’Irak et celui de la Libye furent mis a contribution. Il faut bien se payer sur la bête, n’est-ce pas ?
En silence la guerre financière fait rage
Le 6 mars, la Banque centrale de Russie aurait retiré des banques américaines la plus grande partie de ses dépôts – plusieurs dizaines de milliards de dollars ? - pour les transférer dans des établissements européens [challenges.fr7mars14]… Mesure préventive dans la perspective d’un gel des avoirs russes ? Le gel unilatéral, une sanction très maniable placée au premier rang des moyens de rétorsion dans la boîte à outils des ingérences ordinaires. En fait l’offensive financière contre Moscou serait commencée depuis de longs mois, les capitaux fuyant “les banques russes à un rythme très élevé : environ 25 milliards de dollars par mois, soit 300 milliards en une seule année” [ibid.]. Des mouvements qui affaiblissent le rouble et pèsent sur la croissance russe : 1,2% l’an passé contre 7% en 2000 ! Est-ce à dire que la « confiance » des oligarchies financières fait défaut au président Poutine ou que tout bonnement la finance internationale torpille en silence une Russie devenue irrédentiste en combinant un subtil mélange de néo tsarisme et de post stalinisme ? Ceci étant dit, l’Occident oligarchique et l’Union européenne soumise au Soviet suprême de la Commission de Bruxelles, en s’aliénant la Russie, jouent très certainement, à long terme, contre leur propre camp, la Russie ayant sans doute moins à perdre en Europe qu’elle n’a à gagner en Asie.
Sans doute l’avenir de la Russie se joue-t-il à présent moins au G8 – d’où M. Obama a menacé de l’exclure – que sur les « Nouvelles Routes de la Soie » qui sont en train de se construire en Asie centrale avec les différents projets en cours d’Union douanière et d’Union eurasiatique … Ou encore au sein de l’Organisation de coopération de Shanghai [OCS] qui regroupe, outre la Russie, le Kazakhstan, l’Ouzbékistan, la Kirghizie, le Tadjikistan et où l’Inde et l’Iran possèdent le statut d’observateur. Un avenir russe qui se situe aussi dans le développement et le renforcement de partenariats avec les “Émergents”, les BRICS…Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud.. Cela pour rappeler aux Occidentalistes que les lignes bougent, et comme le soulignait si justement le président Obama, le temps n’est plus où l’Occident pouvait à sa guise piloter des guerres et des révolutions colorées sans craindre de réactions négatives de la part d’une Communauté internationale divisée et aux intérêts le plus souvent antagonistes.
L’interdépendance économique née de la mondialisation est telle qu’à présent, face au Bloc occidentaliste, se dressent d’autres Blocs qui démographiquement et industriellement pèsent de plus en plus lourd, et pour finir, font contrepoids à la puissance « déclinante » parce que « décadente » d’une sphère occidentale… conduite par de méchants djinns, sorciers de la Finance, qui font crever leur hôte par leur voracité parasitaire
Léon Camus 11 mars 2014
Notes :
1 - L’arrivée en Pologne de deux Awacs – de surpuissantes stations aériennes de guerre électronique - en sus d’une douzaine de F-16 de l’US Air Force, ainsi que 300 personnels militaires, a été annoncée le 6 mars par le ministre polonais de la Défense Varsovie, ceci afin de participer à des manœuvres dont la “portée” a été étendue en réponse à la situation ukrainienne. Les “exercices” auront lieu à Lask au centre du pays. Selon l’analyste Andrew Korybko in « Pologne, nouvelle tête de pont d’un plan de déstabilisation de l’Otan », le gouvernement polonais “zélé défenseur des intérêts transatlantiques, endosse officiellement, dans sa relation avec l’Ukraine, le rôle qu’a joué Ankara dans la crise syrienne. La Turquie constitue toujours à l’heure actuelle une plate-forme d’une indéniable valeur géopolitique pour le transit des armes et le soutien en hommes et en matériel à destination des terroristes syriens. La Pologne fournit désormais le même type d’appui à leurs homologues ukrainiens. Donald Tusk, Premier ministre polonais, a déclaré le 22 février 2014 que son pays assurait d’ores et déjà les soins nécessaires aux insurgés blessés de Kiev. De fait la Pologne a élargi jusqu’à 500 kilomètres la zone à l’intérieur de l’Ukraine sur laquelle elle entend exercer son influence, tant par l’action souterraine que par la diplomatie. Et en Ukraine, les services de renseignement polonais ne se contentent manifestement pas seulement d’aider les blessés” [reseauvoltaire26fév14].
2 – Sur le terrain les forces russes consolident leur dispositif, rendant chaque jour davantage plus aléatoire un éventuel retour de la Péninsule sous le contrôle de Kiev… or les observateurs - au nombre de cinquante-quatre - dépêchés par l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe [OSCE] pour instruire le dossier à charge de l’ingérence moscoutaire, ont été éconduits pour la troisième fois de suite aux portes de la Crimée. On sait que derrière la neutralité affectée de ces “experts” se dissimulent des pratiques intrusives d’espionnages au profit des grandes Agences de renseignement occidentales, Mossad y compris. Cf. le témoignage de l’agent israélo-américain Scott Ritter qui opéra en Irak sous couvert des Nations Unies.
3 – La Chine se veut clairement solidaire de la Russie. Le 3mars les ministres des Affaires étrangères des deux pays après « un échange de vues relatifs aux événements d’Ukraine [ont constaté] leur similitude de position face à la situation qui règne dans ce pays et autour de lui » [ruvr.ru3mars14]. De ce point de vue l’isolement de la Russie sur ce dossier semble au final tout relatif.
4 - Il ne s’agit pas de juger ici de la personne ni des options politiques et idéologiques des hommes d’État cités. Si les choix des peuples s’avèrent contestables, alors il faut en rendre responsable le système démocratique lui-même et ses vices apparents et cachés. Toujours est-il que dans les deux cas cités les règles de la démocratie formelle ont été respecté et que ces personnalités ont été régulièrement et légitimement élues selon les critères de M. Obama.
5 - En 2012 le Vénézuela demandait la restitution 160 T d’or dépaysées au Canada, en Europe et aux É-U. La Bundesbank demandait à son tour l’or qu’elle avait déposé dans les bunkers de la Fed au cours de la guerre froide. Devant le cynique refus de la Fed – un consortium de banques privées - au prétexte de sécurité, le gouvernement allemand obtenait le rapatriement de 300 T de métal précieux sur un total de 1536 T déposés aux É-U. Berlin devra patienter jusqu’en 2020 pour les récupérer le “reliquat” ! Précisons que l’or en question ne se trouve plus depuis belle lurette dans les coffres de la Fed mais ont servi à des opérations “spéculatives” : apparemment l’or physique peut être alloué à plusieurs clients en même temps, de façon à jouer le capital sur les marchés financiers et à en tirer un rendement démultiplié ! Sur le marché de l’or papier [COMEX] de New York, il n’existerait pour 110 onces d’or papier en circulation que une seule once d’or physique disponible [cf. resistanceauthentique.com12fév14].