Lundi 26 janvier 2015 vers quinze heure huit officiers français ont en effet trouvé la mort sur la base de l’OTAN de Los Llanos [3] dans la province d’Albacete à 250 km environ au sud-est de Madrid, ainsi que les deux pilotes grecs de l’appareil défaillant, ceux-ci n’étant pas parvenus à s’éjecter. L’accident est survenu au cours d’un « entraînement à la guerre » dixit le colonel Olivier Lapray, commandant de la base aérienne 133 de Nancy-Ochey [4] à laquelle appartenaient sept des huit officiers français tués… un neuvième décédera le lendemain des suites de ses blessures. En sus, 21 personnels ont été blessées, 11 Italiens et 10 Français, certains très sévèrement.
Des questions et peu de réponses
Le chef d’État Major de l’Armée de l’air nous ayant expliqué qu’il s’agissait en l’occurrence « d’une succession de malchances… un accident absolument improbable. Une panne au décollage et un appareil qui dévie très fortement de sa course [de 45°environ !] pour venir tomber là où nous avions des avions s’apprêtant à décoller, qui de ce fait avait fait le plein de kérosène » [5].
Cependant si cet accident est aussi « absolument improbable » que dit et répété, comment se fait-il alors qu’il se soit produit ? Compte tenu que le personnel de cette base appartient à l’élite de l’élite, il serait logique de penser que la possibilité d’un accident purement fortuit devienne quelque peu invraisemblable. Sont évoquées parmi les causes possibles : une panne de réacteur avec une perte de puissance subséquente (mais alors pourquoi l’appareil est-il sorti de sa ligne de décollage ?) ; le blocage des gouvernes ? Reste que le F16, conçu dans les années quatre-vingt, est relativement instable en raison même de ses éventuelles capacités de manœuvrabilité.
Mais un autre élément manque cruellement à l’appel : nous connaissons le nom de tous les militaires français décédés, mais nulle part il n’est fait mention de celui des deux capitaines grecs, pilotes du F 16 ! Pourquoi ? [6]
Une hypothèse à peine farfelue
Alors y avait-il un pilote dans l’avion ? La question se pose effectivement parce qu’il est désormais possible, et ce depuis quelques mois, pour certains F16 de se dispenser de l’humain embarqué car viennent d’arriver sur le marché de la guerre robotisée : « Les QF-16 qui sont d’anciens chasseurs F-16 équipés d’un système de vol proche de notre système FPV. Le but de ces nouveaux drones militaires télé pilotés via une station au sol, est d’être utilisé comme des leurres pour tester les nouvelles armes ou entraîner les véritables pilotes. » [7].
Le site infohightech.com [8] nous apprend par ailleurs que la firme Boeing annonçait dès l’été dernier la transformation d’un certain nombre de F-16 déclassés pour en faire des drones pilotables à distance. Les tests effectués ont été si concluant que « Boeing dispose à présent de six QF-16 modifiés et prévoit un calendrier de production commençant au quatrième trimestre de cette année (2014) ».
La guerre avance à pas non feutrés
Notons enfin un aspect peu ébruité auprès du grand public de la nouvelle Guerre Froide qui se développe sous nos yeux, entre la Fédération de Russie et le Bloc euratlantique sur fond de guerre ukrainienne et de recrudescence des combats au Donbass, à savoir que depuis le mois d’octobre 2014 les Russes testent régulièrement les faiblesses des défenses aériennes des États membres de l’OTAN « après que l’Union Européenne eut imposé des sanctions économiques à la Russie dans l’espoir de la mettre à genoux ». Ce qui permet d’ailleurs à la Russie de démontrer que les pays européens ne parviennent pas, malgré tous leurs efforts, à atteindre leurs objectifs, ceci à tel point que Moscou « joue maintenant avec les affidés de l’OTAN au chat et à la souris » [9].
Nous savons à ce titre qu’au moins à trois reprises – les 28 et 29 octobre 2014 - les avions de chasse de l’OTAN se sont vus dans l’obligation d’intercepter des bombardiers russes dans l’espace aérien européen [ibid] ! Mikhaïl Gorbatchev lui-même, le syndic de liquidation de l’ex empire soviétique, n’a pu s’empêcher de commenter la situation en ces termes : « L’Amérique et l’Union européenne parlent sans cesse des sanctions contre la Russie. Ont-elles définitivement perdu la tête ? »… « En poussant leurs ambitions sans limites les États-Unis ont entraîné la Russie dans une nouvelle Guerre Froide ». Une guerre qui risque bientôt de devenir très chaude au train où vont les choses [10].
Léon Camus avec Françoise Joubert