Pauvre monsieur Castaner qui enfile bourde sur bourde, qui s’essaye avec si peu de succès à raconter des craques aussitôt démenties par les faits. Pour rappel… des Gilets Jaunes attaquant le service de réanimation de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière [2] le 1er mai dernier. Infox immédiatement relayée par les grands professionnels de la presse donneuse sempiternelle de leçons, jusqu’à ce pauvre garçon brocardé par ses collègues en raison de son déficit auditif. En vérité un fonctionnaire modèle depuis deux décennies, âgé de quarante-cinq ans, père de deux enfants, habilité “secret défense” (ce qui n’est pas rien) et « très apprécié de ses collègues… Il faisait partie des murs » [3] qui cependant aurait pété les plombs ce fatal jeudi à la Préfecture de Police et trucidé au couteau de cuisine quatre de ses collègues dont deux à l’intérieur des locaux de la Direction du renseignement… et dans des conditions peu claires chaque bureau étant en principe isolé des autres par des portes closes avec code d’accès.
M. Castaner qui - prenant le céfran de base pour plus bovinisé qu’il n’est – nie grossièrement l’évidence et joue la surprise, déclare froidement que le surineur « n’avait jamais manifesté de difficultés comportementales, ni le moindre signe d’alerte »… la faute à pas de chance en quelque sorte ! Toujours aussi bien inspiré, le ministre ira froidement jusqu’à évoquer un « dysfonctionnement » des Services qui n’auraient pas les outils nécessaires pour identifier « les signaux faibles » annonciateurs du grand raptus… Difficile néanmoins de faire mieux dans l’euphémisme édulcorant ! Quelques jours plus tard, gonflant le jabot, M. Castaner fera interdire, in extremis - la veille - la très indécente manifestation qu’un citoyen 2.0 avait organisée pour la réhabilitation du tueur, victime de discrimination en raison de sa surdité… Après que le préfet du Val-d’Oise eut lui-même autorisé le rassemblement déclarant être dans l’incapacité juridique de l’interdire [4] . Magnifique État de droit !
Dysfonctionnements en pagaille ou anarchie structurelle ?
Dysfonctionnements structuraux à mettre au regard de la situation de cet imam de Gonesse qui aurait formé le converti et djihadiste néophyte Mickaël Harpon… mais jure n’avoir « jamais parlé » avec lui. Un fiché S qui pourtant n’avait pas échappé au radar de la détection des individus potentiellement dangereux ayant fait l’objet en 2015 – il y a donc quatre années ! - d’une mesure d’obligation de quitter le territoire français, procédure diligentée par la DGSI, la Direction Générale de la Sécurité Intérieure. Mesure évidemment jamais appliquée. Or le passage à l’acte de Mickaël Harpon, même s’il était une “action isolée”, ne peut a priori pas être extrait du contexte politique, démographique et géopolitique…
Il est incontestable que ce drame est intervenu alors qu’Ankara préparait une offensive destinée à scinder en deux la région frontalière du Nord de la Syrie tenue par les supplétifs kurdes des forces américaines. À l’heure actuelle les camps où étaient regroupés les familles des takfiristes de Daech, abandonnés par leurs gardiens, se vident. On parle de huit cents femmes et enfants évaporés dans la nature. Question : combien de temps ces réfugiés mettront-ils pour accoster dans nos ports et nos aéroports ? Gageons que nous (les autorités publiques) trouverons d’excellentes raisons pour les accueillir… Si M. Erdogan ne nous les renvoie pas lui-même illico presto avec 3 autres millions et demi de déplacés Syriens ainsi qu’il en a menacé l’Union européenne pour le cas où nos grandes consciences ne mettraient pas un bémol à leurs indignations vitupérantes.
Gageons encore que, par la suite, nos belles et bonnes grandes âmes exigeront pour les maris (pour la circonstance combattants repentis, cela va de soi) un nécessaire regroupement familial. Les petits daechiens ayant un droit irréfragable à un père aimant et protecteur… A contrario des petits céfrans désormais débarrassés par la force contraignante de la loi d’un « père » devenu – eu égard aux avancées de la science moderne – parfaitement superfétatoire (ou surnuméraire comme l’on voudra). Nous faisons bien entendu référence à la loi sur la Procréation médicalement assistée et aux époustouflantes déclarations de nos ministresses merveilleusement postées à la pointe d’un progressisme échevelé [5]. (à l’instar de notre mirifique et ébouriffante garde des Sceaux !).
Le feu islamiste couve sous la cendre
Retour au feu islamiste qui couve sous la cendre de nos institutions aux trois-quarts carbonisées à l’image de la charpente octo-centenaire de Notre-Dame. Rappelons-nous ce que disait au magazine Paris Match, le 30 septembre 2015, Marc Trévidic (alors juge d’instruction au pôle anti-terrorisme de Paris - aujourd’hui président de chambre à la Cour d’appel de Versailles) déclarant que le pire était encore à venir en matière d’attentats djihadistes, la France étant alors la cible prioritaire de l’État islamique. Le 13 novembre suivant nous eûmes effectivement le carnage du Bataclan… « La vraie guerre que l’EI entend porter sur notre sol n’a pas encore commencé… La France est, de fait, confrontée à une double menace : les “scuds” humains du djihad individuel, ces hommes qui passent à l’action sans grande formation ni préparation, agissant seuls, avec plus ou moins de réussite, comme on a pu le voir ces derniers temps. Et celle, sans commune mesure, que je redoute : des actions d’envergure que prépare sans aucun doute l’EI, comme celles menées par Al-Qaïda, qui se sont soldées parfois par des carnages effroyables… les juges, les policiers de la DGSI, les hommes de terrain, sont complètement débordés… Nous risquons d’aller dans le mur ». Le même magistrat n’exclut pas à présent la possibilité – pas si extravagante que cela – de la présence, au sein de l’appareil judiciaire, de juges radicalisés ! Belle envolée, mais que ne dénonce-t-il pas du même souffle la partialité d’une magistrature convertie à la maçonnerie opérative et à tous les dogmes déjantés d’un libéralisme universaliste, gendérisé et magmatique ?
En tout cas, Marc Trévidic ne s’était pas trompé en prévoyant les bains de sang à venir, et pour nous, quant au présent, craignons les spasmes qui déchirent à nouveau la Syrie et devraient crever les dernières poches de pus djihadistes. À la suite de la Turquie, les forces de la République arabe syrienne (soutenues par la Fédération de Russie) sont également et depuis quelques heures entrées dans la danse. Or nous serons nécessairement ou plutôt, nous allons, à un moment ou à un autre, nous trouver peu ou prou confrontés aux conséquences de ce nettoyage qui, s’il nous navre à tout point de vue, en réjouit certains… Toujours les mêmes ! Ce retour de flamme n’est en effet, a fortiori, pas pour déplaire à tout le monde… Si l’on en croit l’active presse francophone du Levant : « En d’autres termes, l’action de Trump, qui a conduit à celle d’Erdoğan, a ravivé la guerre civile syrienne et le tourbillon qui entraîne la violence arabe dans toute la région. Et cela, en ce qui concerne Israël, est une très bonne chose ».
Comme quoi à toute chose malheur peut-être bon [6] ! Le plus grave, est en fin de compte que la nation française est désespérément plombées par la pire classe politique qui soit, saoule qu’elle est d’idéologie cosmopolitiste et humanitarienne… et pétante de vanité dopée à la cocaïne ! Élite issue de la Cour des miracles dont la seule préoccupation est de remplir les cahiers des charges que leur ont remis les puissances messianiques (les Illuminati dirait-on, sans pour autant se tromper de beaucoup) en leur confiant le temps d’un mandat les clefs des palais républicains et de leurs ors scintillants.
La vengeance a sonné
Alors faut-il s’alarmer – et pourquoi pas ? – de la transmission, le mercredi 9 octobre, à l’occasion d’un appel téléphonique reçu dans un commissariat de police de la région parisienne, du chant takifiriste en français « La vengeance a sonné » [7] ? Celui-là même qui serait apparu sur notre scène médiatique le 5 juillet 2016, soit neuf jours avant le très sanglant attentat au camion fou du 14 Juillet suivant à Nice [8]. Or, tandis que ce sinistre signal résonnait dans le combiné du policier de garde, presque au même moment, au petit matin, dans les locaux du tribunal de Bobigny, un cinquante-troisième policier mettait fin à ses jours avec son arme de service [9] … La France de M. Macron est, n’en doutons plus, profondément malade, atteinte qu’elle est dans ses œuvres vives ! Et puis, répétons-le, bis repetita placent, notre pays, cette France en déshérence, possède toutes les caractéristiques voulues pour devenir la chambre d’écho d’un interminable conflit syrien que l’entrée des troupes turques sur son territoire vient de relancer.
Léon Camus - 13 octobre 2019