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Peut-on utiliser l’Artemisia Annua contre le Covid-19 ?

lundi 18 mai 2020

A Madagascar, les autorités ont décidé de recommander à la population de prendre de la tisane d’Artemisia annua contre le coronavirus [1].

Cette plante est également appelée armoise annuelle ou absinthe chinoise. Elle est utilisée depuis la nuit des temps en pharmacopée chinoise mais on la trouvait aussi dans les régions méditerranéennes et du Moyen-Orient.

C’est une plante de la famille des astéracées.

Et, comme son nom l’indique, c’est une plante annuelle. Cela veut dire qu’elle complète son cycle végétatif sur un an. Elle germe, elle grandit, elle fleurit, elle dépérit, produit des semences et meurt, le tout en 12 mois [2].

C’est une plante de belle taille qui peut monter jusqu’à deux mètres. Elle est généralement bien verte quoiqu’elle puisse tirer légèrement sur le jaune [3]. Adulte, elle forme un petit bosquet au feuillage finement découpé et glabre.

A Madagascar, elle est cultivée à grande échelle. On voit des champs de terre rousse plantés de longues lignes de touffes de plantes vertes : c’est le royaume d’Artemisia annua.

Au départ, cette agriculture destinée en partie à l’exportation s’est développée dans le cadre d’un programme de lutte contre le paludisme en Afrique.

Et les résultats ont été exceptionnels [4].
Mais cela en fait-il un traitement potentiel pour le Covid-19 ?

Pour le gouvernement malgache, c’est une certitude.

Des essais cliniques sur place aurait apporté satisfaction aux autorités locales qui ont assorti le déconfinement partiel de l’île à la recommandation pour tous de prendre des tisanes d’Artemisia annua [1] !

Même si certains sont sceptiques, à commencer par le parti d’opposition au pouvoir, personne ne remet en cause, pour l’instant, la gestion de la crise sanitaire à Madagascar.

Les chiffres de l’épidémie avec une centaine de cas y sont particulièrement faibles.
Cela pourrait être dû à un confinement décidé très rapidement au mois de mars dernier.

Paludisme et Covid-19

Vous me direz que l’artemisia n’est pas le premier traitement utilisé pour soulager ou prévenir le paludisme que l’on tente contre le Covid-19.
C’est exact.
En France, le Pr Didier Raoult à Marseille utilise un protocole associant une molécule chimique contre le paludisme, la chloroquine avec un antibiotique, l’azithromycine.
Ses premiers résultats publiés semblent positifs. Sur 1061 patients traités, 91,7% ont été guéris en 10 jours [5].

Ces essais ont-ils encouragé le gouvernement malgache à mettre l’Artemisia annua en avant ?

C’est possible.

Mais elles se sont peut-être tout simplement inspirées de l’expérience chinoise.
Quelques faits concernant l’utilisation d’Artemisia Annua en Chine dans le cadre de l’épidémie de Covid-19

En Chine, Artemisia annua est utilisée depuis longtemps dans le cadre des pathologies respiratoires [6] ;
85% des Chinois atteints du Covid-19 auraient utilisé un mélange de plantes adapté à leur état [6] ;
Artemisia annua y serait utilisée seule ou en complément de la médecine chimique dans la lutte contre le coronavirus [6] ;
La posologie serait de 10g/litre par jour en décoction de minutes prise jusqu’à la fin des symptômes [6] ;
Il y a dans l’Artemisia annua 4 molécules actives in vitro, c’est à dire en laboratoire, contre le Sars Cov 2 : la lutéoléine, le kaempférol, la quercétine et l’apigénine [6].

Cette information a été révélée dans une note publiée sur le site du pharmacien et éthnobotaniste Christian Busser en qui j’ai toute confiance.
Il y met toutes les références scientifiques nécessaires.

Il ajoute qu’une étude clinique mériterait d’être faite “de toute urgence”.

Quand Danois et Allemands s’y mettent…

Il n’est pas le seul à vouloir en savoir plus sur les éventuels bienfaits de l’Artemisia annua face au Covid-19.

Car des chercheurs danois et allemands ont joint leurs forces pour lancer une étude cellulaire afin de tester l’armoise annuelle sur le Covid-197 sous l’égide de l’Institut Max Planck [7].

Ces travaux sont financés en partie par la société américaine ArtemiLife qui cultive l’artemisia dans le Kentucky.

Cela nous promet de nouveaux débats scientifiques animés !

Car si les producteurs d’artemisa ont intérêt à voir des résultats positifs, les producteurs de molécules chimiques ont intérêt, au contraire, à ce qu’ils soient négatifs.

Peut-être est-ce pour cela que les chercheurs ont également décidé d’étudier les effets de l’artémisine sur le Covid-19, cette substance active étant présente en grande quantité dans la plante et co-responsable de ses effets positifs sur le paludisme.

Ce n’est pas en France, toutefois que ces débats auront lieu

L’Artemisia annua y est interdite à la vente en pharmacie ou en herboristerie depuis longtemps. Elle ne présente pourtant aucun risque répertorié pour ses consommateurs et est, au contraire, reconnue pour ses nombreuses vertus !

C’est du reste pour cela qu’elle se trouve mal aimée du système de santé en France.

Depuis 100 ans, les choix de santé de ce pays sont faits systématiquement pour satisfaire des intérêts économiques particuliers ou répondre à des politiques de santé de court terme dans lesquelles n’entre qu’assez peu le patient.

C’est pour cela que :

- l’accès aux plantes médicinales est limité et le métier d’herboriste interdit ;
- les pharmaciens ne peuvent ni commander, ni vendre des masques à la population en pleine épidémie ;
- l’homéopathie est déremboursée ;
- les acupuncteurs, même dûment diplômés sont régulièrement condamnés ;
- la naturopathie n’est pas reconnue comme médecine de première intention comme c’est le cas en Allemagne ;
Etc.

Pour se rendre compte dans le détail des intérêts économiques qui gravitent autour de la santé, il faut s’intéresser à l’histoire de l’Artemisia annua dans la lutte contre le paludisme.

Mais je vous garde cette histoire pour une prochaine lettre.

Naturellement vôtre

Augustin de Livois

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