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Trois doses de vaccin Covid-19 pour rien

lundi 19 juillet 2021

Le patron de l’OMS a dénoncé la « cupidité » de ceux qui pensent déjà à l’injection d’une troisième dose de vaccin anti-Covid, dont la nécessité est loin d’être prouvée scientifiquement, quand une bonne partie du monde attend son premier vaccin.

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Ne nous y trompons pas, cette troisième dose va infirmer l’utilité du vaccin et occasionner encore plus d’effets secondaires et surtout priver ceux qui ne sont pas vacciné de recevoir leur première dose. Mais Macron doit obéir à ses patrons qui ont signé le contrat en 2018 lorsqu’ il a rencontré le lobby pharmaceutique du Dolder Club.

Lors de son allocution du lundi 12 juillet, le président de la République a assuré que les premières personnes à avoir reçu des injections de vaccin anti-Covid en France pourraient recevoir une troisième dose dès la rentrée. Cinq jours plus tard, la Haute autorité de santé publie des recommandations contraires.

Des promesses, Emmanuel Macron en a fait beaucoup lundi 12 juillet, lors de sa prise de parole à propos de la pandémie de Covid-19. Tellement qu’il a fallu revenir sur un bon nombre d’entre elles. En sera-t-il de même pour la troisième injection de vaccin anti-Covid ? Le président a dit vouloir « rassurer » les personnes vaccinées en premier, dès les mois de janvier et février 2021, puisqu’ils « verront prochainement leur taux d’anticorps baisser, leur immunité diminuer ». Il a donc certifié que « dès la rentrée, une campagne de rappels sera mise en place pour permettre de bénéficier d’une nouvelle injection selon le même système et dans les mêmes conditions que la ou les premières », et que « les rendez-vous pourront être pris dès les premiers jours du mois de septembre. »

Depuis le 6 mai, ce schéma vaccinal en trois étapes est déjà proposé aux personnes sévèrement immunodéprimées. Se pose désormais la question de l’élargissement à d’autres tranches de la population, notamment les personnes les plus âgées. Mais la Haute autorité de santé (HAS), dans un avis rendu public ce 16 juillet, cinq jours après l’allocution présidentielle, va à l’encontre de la mesure, et ne recommande pas cette troisième injection, mise à part pour les plus vulnérables et les plus âgées, déjà concernées par cette mesure.

« En ce qui nous concerne, nous considérons qu’il n’y a pas de nécessité d’envisager, pour le moment, de troisième dose dans le schéma vaccinal standard, même si nous prenons note de la prudence du président de la République », évoque auprès de Marianne Elisabeth Bouvet, présidente de la commission technique des vaccinations de la HAS et spécialiste des maladies infectieuses et tropicales. L’instance estime que les preuves d’efficacité et de non-dangerosité de la méthode manquent et prône la répartition équitable des doses au niveau mondial.

Beaucoup d’avis, peu de données

Quel intérêt à une troisième piqûre ? Elle permettrait, en théorie, d’améliorer l’efficacité des formules, notamment contre le très contagieux variant Delta, qui provoque des flambées épidémiques en Asie et en Afrique et fait remonter le nombre de cas en Europe et aux États-Unis. Plus encore, comme nous l’explique Jean-Paul Stahl, professeur de maladies infectieuses et tropicales au CHU de Grenoble, l’injection d’une troisième dose « ferait remonter l’efficacité vaccinale qui se trouve légèrement abaissée par le variant Delta. C’est aussi une précaution légitime pour avoir un important taux d’immunité si de nouveaux variants émergent ». Mais si des premiers travaux en laboratoire soulignent l’efficacité de la triple injection, en réalité, les données scientifiques sur le sujet manquent.

Ainsi, le 30 juin, le président du Conseil scientifique Jean-François Delfraissy indiquait sur France Inter qu’on n’avait « pas encore de données scientifiques extrêmement solides là-dessus », avant d’ajouter que « le fond de ma pensée, c’est qu’il faudra une troisième dose pour stimuler un système immunitaire qui est un peu défaillant quand on a un certain âge, pour les personnes au-dessus de 60 ou 70 ans » et qu’une « troisième dose sera probablement envisagée à partir de l’automne ».

Dans la même lignée, le Conseil scientifique note dans son avis du 6 juillet qu’une « stratégie de rappel par une troisième dose ARNm semble justifiée, même s’il n’existe pas de données actuellement. La balance bénéfice/risque pour cette approche est clairement en faveur d’un bénéfice, même potentiel ». Les spécialistes évoquent alors un rappel qui s’adresserait en premier lieu aux plus de 80 ans, et « extensible potentiellement pour les décennies d’âge inférieures secondairement ». Plus encore, vendredi 9 juillet, l’Union européenne s’est dite « préparée » à l’éventualité d’une troisième injection à sa population du vaccin de Pfizer/BioNtech. Les deux laboratoires ont en effet préconisé en début de mois d’injecter une troisième dose de leur vaccin pour le rendre plus efficace.

Insuffisant ?

Pas de quoi convaincre l’Organisation mondiale de la santé (OMS) : sa cheffe scientifique a affirmé lundi 12 juillet qu’« il n’y a pas de preuve scientifique qui suggère qu’on a besoin d’injection de rappel », au-delà des doses initiales préconisées. Même son de cloche du côté de l’infectiologue Jean-Paul Stahl pour qui « il n’y a pas eu d’études cliniques, il est trop tôt pour démontrer clairement le niveau d’efficacité de cette méthode ». « Sur les personnes immunodéprimées, on a davantage d’informations, ajoute-t-il. Ils répondent mal au vaccin, et bien souvent, deux doses ne suffisent pas ». Bémol : comme l’explique Elisabeth Bouvet, de la HAS, « une proportion non négligeable des personnes immunodéprimées ne répond pas non plus à la troisième injection ».

Plus encore, « même si cela augmente bien le niveau d’anticorps, on peut se demander si on en a vraiment besoin », insiste-t-elle. Ainsi, alors que le président Emmanuel Macron a évoqué le fait que le taux d’anticorps baisse chez les personnes ayant été vaccinées en janvier et février, la spécialiste souligne que cela ne signifie pas forcément que la protection est également amoindrie. « Le taux baisse toujours quand on s’éloigne de la vaccination, mais quand on est de nouveau exposé au virus, il remonte : on est donc protégé. Ainsi, un niveau bas d’anticorps à un instant t n’est pas forcément synonyme d’inefficacité », détaille-t-elle.

Enfin, l’instance s’interroge sur les modalités de ce projet de la triple vaccination. « Avec quoi on ferait la troisième injection ? La même formule, une autre adaptée au variant qui circule majoritairement au moment de l’injection, ou même le vaccin d’un autre laboratoire ? », questionne Elisabeth Bouvet. L’organisme considère également qu’il faut au préalable s’assurer que le rappel supplémentaire ne suscite pas davantage d’effets secondaires. « À ce stade, nous allons donc plutôt suivre l’évolution des connaissances sur la réponse immunitaire afin d’en savoir plus sur la protection procurée par les vaccins : on en saura davantage sur ce point en septembre », ajoute la responsable de la HAS.

L’un des enjeux primordiaux est notamment de comprendre les mécanismes des échecs vaccinaux, c’est-à-dire chez les personnes ayant reçu leurs injections mais étant malgré tout infectés, voire développant une forme grave, notamment chez les immunodéprimés.

Vacciner ceux qui ne le sont pas

Autre point ayant influencé l’avis de la HAS : la répartition équitable des doses à travers le monde. Le 12 juillet, le patron de l’OMS a dénoncé la « cupidité » de ceux qui pensent déjà à l’injection d’une troisième dose de vaccin anti-Covid. « Si la solidarité ne fonctionne pas, il y a un mot pour expliquer la prolongation de l’agonie de ce monde, cette prise d’otage par le virus… c’est la cupidité » a-t-il lancé, ajoutant que « certains pays, certaines régions sont en train de commander des millions de doses de rappel tandis que d’autres n’ont pas pu vacciner leurs personnels soignants et les parties les plus vulnérables de leur population ». En début de semaine, en Israël, un rappel a commencé à être administré aux personnes immunodéprimées ayant déjà reçu deux piqûres. Surenchère le 15 juillet : le professeur Didier Houssin, président du comité d’urgence Covid-19 de l’OMS a défendu l’accès équitable aux vaccins et a appelé à ne pas prendre d’initiatives peu justifiées scientifiquement.

« Il faut déjà vacciner ceux qui ne le sont pas, ne pas gâcher de vaccins alors que l’efficacité de la troisième piqûre n’est pas prouvée », insiste Elisabeth Bouvet, mettant en avant les conclusions de l’OMS. Vacciner à un rythme similaire dans le monde entier permet également d’éviter la potentielle émergence de variants plus dangereux dans des régions du monde où le virus circule beaucoup. « Dans la plupart des pays défavorisés, les taux de vaccination sont beaucoup plus bas, notamment en Afrique et en Asie. Le risque court donc que des variants y apparaissent, et soient ensuite importés en France », soulignait il y a peu Jonathan Roux, épidémiologiste à l’École des hautes études en santé publique (EHESP) à Marianne. En avril, moins de 2 % de l’ensemble des doses anti-Covid avaient été injectés en Afrique.

La décision d’une troisième injection systématique en France à certaines classes de la population revient désormais au gouvernement. Si celle-ci entre en vigueur, ce sera en tout cas sans le soutien de la HAS. « Je ne sais pas ce qu’ils vont décider. En tout cas, nous ne le recommandons pas, même aux résidents des Ehpad à la rentrée », soutient Elisabeth Bouvet.

Marianne

Troisième dose de vaccin contre le Covid-19 : « pas de preuve scientifique » de son utilité, le patron de l’OMS dénonce la « cupidité » de certains pays

« Si la solidarité ne fonctionne pas, il y a un mot pour expliquer la prolongation de l’agonie de ce monde, cette prise d’otage par le virus… C’est la cupidité », a dénoncé le directeur général de l’organisation onusienne, Tedros Adhanom Ghebreyesus, à l’issue du point de presse régulier de l’agence à Genève.
Fossé vaccinal

Sur un ton exaspéré, il a dénoncé le fossé mondial dans les livraisons de vaccins qui sont « irrégulières et inégales ». « Certains pays, certaines régions sont en train de commander des millions de doses de rappel tandis que d’autres n’ont pas pu vacciner leurs personnels soignants et les parties les plus vulnérables de leur population », avait dénoncé le dirigeant.

Le directeur de l’OMS et ses adjoints ont longuement critiqué les pays et industriels qui signent ces contrats pour les troisièmes doses.

Ainsi le groupe pharmaceutique Pfizer/BioNTech a préconisé vendredi d’injecter une troisième dose de son vaccin pour le rendre plus efficace au moment où le très contagieux variant Delta provoque des flambées épidémiques en Asie et en Afrique et fait remonter le nombre de cas en Europe et aux États-Unis.

Pas de preuve scientifique de l’utilité d’une troisième dose

La cheffe scientifique que l’OMS, Soumya Swaminathan a affirmé lundi qu’« il n’y a pas de preuve scientifique qui suggère qu’on a besoin d’injection de rappel », au-delà des doses initiales préconisées.

De nombreux pays ont désespérément besoin de vaccins pour tenter d’endiguer une pandémie résurgente, mais les doses manquent au système international Covax, fondé par l’Alliance du vaccin et l’OMC entre autres, pour éviter l’inégalité vaccinale entre riches et pauvres.

Selon des données officielles collectées par l’AFP au 12 juillet, 3.35 milliards de doses avaient été injectées dans 216 pays et territoires.
Dans les pays à haut revenu, 86 doses ont été injectées pour 100 habitants alors que dans les pays 29 les plus pauvres ce ratio tombe à une injection pour cent habitants.

RTBF

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