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Le monde agricole prévient « Nous en avons marre ! »

lundi 8 janvier 2024

Les interprofessions françaises du sucre, de la volaille, des céréales et de la viande ont constaté en novembre 2023, que la Commission européenne propose un « addendum environnemental, facilitant l’accès des produits sud-américains à notre marché français tout en ne respectant pas les normes de production environnementales et sanitaires qui sont imposées à nos agriculteurs.

« Le poulet dopé aux antibiotiques, le bœuf engraissé en [parc] de 30 000 animaux, le maïs traité à l’atrazine [un herbicide interdit en Europe] et autres produits phares des exportations brésiliennes accéderaient sans restriction aux quotas d’importation à droits de douane nuls ou réduits tels que prévus dans l’accord conclu en 2019 »

Après la fermeture de 3000 fermes hollandaises, c’est au tour de l’Allemagne de voir son agriculture détruite ainsi que celle de la France.

C’est une concurrence déloyale, les garanties sur la protection de l’environnement et des animaux ne sont pas imposées sur les produits importés, alors que Bruxelles les maintient pour l’Europe.

« Je ne peux pas demander à nos agriculteurs, à nos industriels […], de faire des efforts, de s’appliquer de nouvelles normes, pour se décarboner […], et dire d’un seul coup, “j’enlève tous les tarifs pour faire rentrer des produits qui n’appliquent pas du tout ces règles, et ça va être formidable” », a déclaré samedi (2 décembre) le président français Emmanuel Macron. « C’est complètement incohérent ».
L’incohérence provient de l’obéissance de Macron aux directives européennes.

L’accord UE-Mercosur a été une nouvelle fois repoussé, témoignant de la difficulté pour l’Union européenne de signer des accords de ce type avec des pays éloignés des standards communautaires.
L’Union européenne veut signer des accords avec des pays éloignés des standards communautaires.

A terme ce sera une destruction de notre agriculture ainsi qu"une digitalisation de la production avec des normes technologiques encore plus folles.

La souveraineté alimentaire est un enjeu prioritaire pour notre propre survie.
La France importe aujourd’hui massivement des produits agricoles étrangers. Ces produits importés sont souvent cultivés sans contrainte environnementale et réduisent l’espérance de vie de nos agriculteurs.

La MSA a publié le 6 juillet 2023, une étude sur les risques de mortalité par suicide en 2020 et les taux de tentatives de suicide en 2021 des assurés du régime agricole.
Pour l’année 2020, le risque de mortalité par suicide des assurés du régime agricole entre 15 et 64 ans est supérieur de 30,9 % à celui des assurés de tous les régimes sociaux.

Big Brother à la campagne : des satellites pour surveiller les champs

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Demain : la digitalisation de l’agriculture

La crise du Covid-19 a mis en évidence le rôle essentiel de l’agriculture française en matière de souveraineté alimentaire et l’importance de la qualité sanitaire et environnementale de sa production. Dans ce contexte, l’innovation numérique apparaît comme un levier d’action efficace pour assurer l’accès à une alimentation saine et abordable. (PBI France)
Laurent Babut, investisseur au sein du pôle Ecotechnologies de Bpifrance, a une conviction : « La digitalisation de l’agriculture est nécessaire pour retrouver de la compétitivité et aller vers la souveraineté alimentaire ».

Les agriculteurs européens bénéficient chaque année d’aides de la Politique agricole commune (PAC) de l’Union européenne. Pour vérifier leurs déclarations, des contrôles physiques à la ferme sont régulièrement effectués. Fastidieux, ils sont peu à peu remplacés par des contrôles via la télédétection, et notamment les images satellites.

Le Monitoring agro-environnemental (MAE) :

Le MAE évalue l’impact de l’agriculture sur l‘environnement.
La base légale du MAE est l’ordonnance sur l’évaluation de la durabilité de l’agriculture. Celle-ci spécifie que le MAE doit se fonder sur des indicateurs agro-environnementaux (IAE) comparables aux normes internationales, permettant ainsi d’évaluer les effets quantitatifs et qualitatifs de la politique agricole aux niveaux national, régional et par type d’exploitation.

Jean-Baptiste Gibert agriculteur bio à Sainte-Juliette, près de Lauzerte Tarn et Garonne :

  • « On aura 10 jours pour régler les anomalies s’il y en a et tout ça coïncide avec la période de l’année, de mai à juillet, où on est le plus occupé. »
    « On sera contrôlés tous les cinq jours par satellite. Dites-moi quelle autre profession en France est contrôlée tous les cinq jours. C’est un peu vécu comme un acharnement par le monde agricole ».

Dans le futur les exploitations agricoles européennes seront contrôlées par satellite, pour supprimer les visites sur le terrain. La Commission européenne veut soit disant alléger les contraintes administratives au moyen de deux satellites qui survoleront les cultures. Sentinel 1 et Sentinel 2 fourniront des données sur la croissance de la biomasse dans les champs et sur les dates futures des récoltes.

L’agriculture digitale : la durabilité à portée de données pour réduire l’impact sur l’environnement.

  • « notre but est de transmettre aux générations futures une terre qui continuera à nourrir la population ».

Dans le futur tout sera augmenté, comme l’homme : mi-machine, mi-esclave grâce au numérique.

Au service de l’agriculture, que peut l’intelligence artificielle ?

Parmi les principaux objectifs poursuivis par l’intelligence artificielle, on peut citer :

  • la collecte de données (ex : consommation d’eau et d’énergie, degré d’humidité des sols, des analyses sur la santé des sols…) pour faciliter la prise de décision du chef de l’exploitation
  • l’apport d’outils qui visent à faciliter le travail de l’agriculteur et de l’éleveur
  • l’amélioration du rendement de l’exploitation

Protection de l’environnement : l’intelligence artificielle est-elle une opportunité ?

En ce qui concerne la préservation des ressources et la protection de l’environnement, l’intelligence artificielle introduit des outils pertinents. En effet, la collecte d’un ensemble de données relatives à l’exploitation agricole peut permettre de mieux repérer certains dysfonctionnements tout en pointant des pistes d’amélioration. Par exemple, les outils connectés tels que les capteurs vont pouvoir signaler au chef d’exploitation les consommations superflues en eau, en énergie ou encore en intrants. Ainsi, l’intelligence artificielle apporte des solutions pour permettre de réduire l’impact environnemental de l’exploitation.

L’intelligence artificielle sera-t-elle l’avenir de l’agriculture ?

Si les outils et machines connectés ne pourront pas se substituer à l’intelligence humaine, le secteur de l’intelligence artificielle est actuellement en pleine croissance. En 2017, Research and Markets, une entreprise spécialisée dans les études économiques, a chiffré à 470 millions d’euros le marché mondial de l’intelligence artificielle en agriculture. Avec l’augmentation des besoins de la population au niveau mondial, ce chiffre devrait croître de plus de 22% entre aujourd’hui et 2021.

Terredecompta

Bill Gates, premier exploitant agricole mondial

La fondation Bill & Melinda Gates s’intéresse désormais aux enjeux environnementaux et aux menaces qui pèsent sur les populations.

Dans le cadre de ses ambitions vertes, il a acquis des terres arables aux États-Unis pour y mener des expérimentations sur l’agriculture durable et les cultures climato-résistantes. Au total, il détient presque 100.000 hectares dans 18 États :

Louisiane : 28.000 hectares ;
Arkansas : 19.000 hectares ;
Nebraska : 8.000 hectares…

Ces investissements sont présentés comme des leviers de promotion des valeurs défendues par la fondation : un futur viable pour l’environnement et les populations.

En 2018, il avait déjà investi 30 millions de dollars dans des recherches sur l’élevage pour créer une vache laitière capable d’un rendement européen sous un climat africain.

Il a aussi misé sur le développement de la « viande » végétale en devenant actionnaire de Beyond Meat et Impossible Food. Son pari est conforté par une étude AT Kearney portant sur la consommation de viande d’ici 2040. A cette date, 60% des viandes consommées seront végétales ou des viandes souches élevées en laboratoire, sans oublier les insectes.

Ses détracteurs lui reprochent de financiariser l’agriculture et le foncier et de contribuer à la concentration des actifs agricoles Aujourd’hui, 70% des terres agricoles mondiales sont gérées par 1% des exploitations selon l’International Land Coalition (ILC). Source : Novethic

Vers une agriculture augmentée

En développant des applications sur lunettes connectées pour les métiers manuels de terrain, l’entreprise Adventiel lance l’agriculture dans la réalité augmentée.

Compter les pucerons, évaluer la progression des maladies, noter l’état ou le poids des animaux,... Mieux observer ses champs et ses bêtes-et pas seulement grâce à son opticien- sera possible dès 2017 ! Adventiel et Arvalis ont imaginé des lunettes intelligentes qui accompagneront le travail de plus d’une centaine d’expérimentateurs de l’institut de recherche dans les champs. Ces lunettes connectées, conçues pour aider le travailleur lorsqu’il a les deux mains prises, embarquent « un mini-ordinateur » commandé à la voix. Les opérateurs peuvent alors se concentrer sur leur tâche tout en enregistrant leurs observations dictées par la voix ou par la prise de photo. Une révolution pour des métiers où le comptage et la saisie de données sont souvent fastidieux et sujets à erreurs. Depuis septembre, Adventiel propose également la réalité augmentée, pour guider l’utilisateur en superposant des indications dans son champ visuel.

Lunettes connectées

« L’avenir de l’ensemble de la chaîne alimentaire passe par le numérique et le partage de données entre l’amont et l’aval. Il y a un réel besoin d’outils en mobilité via tablettes, smartphones, lunettes ou objets connectés. » analyse Daniel Trocmé, responsable innovation et marketing d’Adventiel. Présent depuis 45 ans sur le terrain du numérique agricole, l’entreprise propose à ses clients des solutions numériques sur mesure. « Du couvoir à l’abattoir, la filière volaille par exemple a une chaîne de valeur très tendue ; pour augmenter en compétitivité, elle a besoin d’échanger des données à chaque stade. En proposant au Groupe Michel un système qui échange les données des éleveurs et des techniciens en temps réel, nous avons contribué à optimiser la durée d’élevage, facteur principal de compétitivité. C’est vrai également des autres filières animales et végétales. Ces informations de terrain couplées aux données générées et analysées automatiquement par les objets connectés vont faire gagner beaucoup de temps et de qualité ». L’entreprise, de 164 personnes - dont 30 embauchées en 2016-, travaille pour aller encore plus loin dans les objets connectés, la réalité augmentée, la reconnaissance vocale, l’ergonomie, la cartographie, l’échange et la valorisation intelligente des données…

Agriculture.gouv

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