Geopolintel

Macron extrémise les partis de gauche et de droite pour garder le pouvoir.

samedi 15 juin 2024

Ceux qui pensent que Macron est trop orgueilleux ou idiot et que sa décision de dissoudre l’assemblée nationale est un acte de désespoir, n’ont pas compris que la tactique du chef de l’Etat consiste à extrémiser ses adversaires et à convaincre les français qu’il représente le seul candidat pour stabiliser un pays qui va partir à la dérive.

D’ailleurs, Macron avait dévoilé son plan à la présidente de la Commission européenne, Ursula Von Der leyen. La montée des extrêmes a permis à Von Der Leyen de devenir le parti politique européen le plus important du parlement, c’est la grande gagnante des élections.
Si cette stratégie est payante pour l’Europe, il y a de grandes chances pour qu’elle fonctionne en France, soit pour 2024 avec une assemblée pro Macron, soit pour élire comme président, le chouchou de Washington, l’ancien premier ministre Edouard Philippe.

Concernant l’union de la gauche, Emmanuel Macron a déclaré que « Léon Blum doit se retourner dans sa tombe », dénonçant ce nouveau Front populaire de gauche qui unit le PS et LFI. Le président souhaite un « rassemblement de ceux qui auront su dire non aux extrêmes, avant ou après les législatives. »
Le Front populaire était une coalition politique de gauche pour les élections législatives de 1936, regroupant Parti radical, la Section française de l’Internationale ouvrière et le Parti communiste. Cette alliance s’est formée pendant que la guerre se préparait aussi bien à Washington qu’à Londres.

L’émotion cache toujours la raison. La guerre se prépare toujours avec la montée des partis extrémistes, et se planifie toujours par le centre.

Front populaire en France et en Espagne

Février 1936, le Front populaire gagne les élections et arrive au pouvoir en Espagne dans une Europe où l’Italie et l’Allemagne sont déjà dominées par le fascisme et le nazisme. En France, le gouvernement Blum s’installe en juin 36 après la victoire de la gauche aux élections d’avril 36. Survient le coup d’Etat en Espagne. Le gouvernement républicain espagnol, rapidement en danger, demande l’aide de la France doublement proche, politiquement et géographiquement.
Mais pour Blum, humaniste et social-démocrate convaincu, la situation n’est pas simple. Tout d’abord sa majorité est fragile et la plupart de ses alliés radicaux au gouvernement ne sont pas très chauds (voire franchement hostiles) pour aider le gouvernement espagnol. De plus, les souvenirs de la boucherie de 14-18 ne sont pas loin et personne ne veut aviver les tensions avec l’Allemagne et l’Italie qui très vite s’engagent auprès des putchistes espagnols. Sans parler du poids de la presse réactionnaire et surtout des conservateurs anglais au pouvoir pour qui mieux vaut Franco que les Rouges. Résultat Londres menace de laisser la France seule en cas de conflit avec l’Allemagne.
Du coup, Blum se rallie à l’idée (hypocrite) de faire signer à tous les pays un pacte de « non-intervention » dans la crise interne de l’Espagne…mettant les deux camps sur le même plan. Et pendant que les démocraties (France, Londres) négocient avec Berlin et Rome cette neutralité et jouent le jeu, les deux dictatures déversent armes et munitions (et hommes) dans le camp de Franco. Et ce ne sont pas les témoignages sur les massacres commis par les colonnes fascistes parmi la population des villes conquises (le livre revient sur les massacres oubliés de Badajoz ou Tolède) qui le font changer d’avis. Au point que Mauriac écrit « La non-intervention, il faut l’avouer, au degré de fureur où le drame a atteint, ressemble à une complicité ».
« Un été impardonnable » Gilbert Grellet Albin Michel

La montée du Rassemblement National.

La montée du RN est intimement lié à la formation du nouveau parti politique Reconquête d’Eric Zemmour organisée par le milliardaire Vincnet Bolloré. Il a accepté cette mission pour que Macron, qu’il a rencontré en 2018, annule son amende pour l’achat anticipé du groupe Hachette, qui lui aurait valu de payer une somme équivalente à 10% du chiffre d’affaire de Vivendi. Bolloré devait unir les droites sous la coupe du RN et créer une nouvelle identité que Macron pourrait cataloguer d’extrême et le peuple de gauche de fascistes.
De là à accoler le mot nazi il n’y a qu’un pas pour nous replonger dans l’ambiance de la création du front populaire. Faire barrage pour laisser le champ libre à un nouveau parti du centre est la finalité du pouvoir européen dont Macron est le guide selon l’expression de l’ancien patron du World Economic Forum, Klaus Schwab, fils d’un ancien industriel nazi.

La connivence de Macron et Bardella est flagrante.

Jordan Bardella a pris la parole après sa large victoire aux élections européennes, avec 32% des voix. Il a appelé Emmanuel Macron à dissoudre l’Assemblée nationale en vue de nouvelles élections législatives. Cette synchronisation est stupéfiante et annonciatrice que tous les acteurs savent ce vers quoi nous allons, c’est à dire la guerre, aussi bien dans nos rues que sur le front ukrainien.

En quoi une défaite aux européenne conditionne-t-elle la dissolution de l’assemblée nationale ?
Ce plan qui n’est ni de droite ni de gauche, représente la mise en place d’une technocratie qui siègera à Bruxelles en créant un Etat fédéral européen.

Marc De Vos fondateur et chercheur du think tank Itinera.

« D’un projet de marché, l’Europe se transforme en projet d’État »
« L‘Europe est en passe de devenir une superpuissance fédérale au sein d’un nouvel ordre mondial. Étrangement, cette mutation se produit subrepticement, en réaction à une crise endogène, à l’insu du citoyen européen.... Si sa métamorphose ne repose pas sur une structure politique démocratique, elle risque d‘induire une crise de légitimité qui pourrait, à terme, menacer l‘Union européenne elle-même ». « Cela démontre comment dont la mission et l‘identité de l‘Union européenne évoluent : d‘une communauté européenne à une coalition géostratégique de pays européens et eurasiens, d‘une communion de valeurs à une union de pouvoir, et d‘un projet de marché à un projet d‘État ».

Sans la montée des extrêmes le projet d’Etat Européen n’existera ps, il faut créer une crise artificielle du communisme et du fascisme pour obliger les peuples à prioriser la paix que la guerre.

La guerre c’est la paix, la liberté c’est l’esclavage, l’ignorance c’est la force.
George Orwell.

—  0 commentaires  —

© Geopolintel 2009-2023 - site réalisé avec SPIP - l'actualité Geopolintel avec RSS Suivre la vie du site