Geopolintel

Vérités du député de Téhéran, Hassan Taqizadeh, dans la presse allemande

A Faezeh téhéranaise !

mardi 8 décembre 2009

« L’Iran, des faits contre la propagande occidentale » (Jürgen Elsaesser)

« Elsaesser appartient aux têtes les plus intelligentes de la gauche », écrit en 2006 la Gazette générale de Francfort (FAZ), « aussi n’y a -t-il aucune influence »

On pourrait d’abord s’interroger sur la nature actuelle de cette presse allemande dont le général de Gaulle soutenait, devant son ministre de l’Information Alain Peyrefitte, qu’elle était entre les mains des Anglo-saxons. Cette vérité est réaffirmée maintenant par le fameux enquêteur et géopoliticien allemand Jürgen Elsaesser (l’Alsacien !) qui a participé à la commission mixte parlementaire sur le B.N.D (Bündesnachrichtendienst ou Service des Renseignements Fédéraux), et est donc, par ses relations, tout comme l’ancien ministre, l’avocat Andreas von Bülow, également rapporteur parlementaire autrefois, sous le chancelier Schmidt, au budget des services secrets et ministre de la technologie, l’a fait pour dénoncer le piège du 11 septembre 2001, des plus qualifiés donc pour donner des explications sur le travail médiatique de désinformation nécessaire aux agressions et aux occupations qui n’ont rien que de préméditées et de durables, car elles sont les étapes d’un minage de l’ordre mondial.

Il révèle ainsi dans un entretien récent avec l’agréable journaliste russe Ekaterina Gracheva l’interrogeant en langue anglaise (Russian Television Interview) sur le contenu de son livre paru il y a quelques semaines, intitulé « L’Iran, Des faits contre la propagande occidentale », et dont la couverture représente les présidents réélus Ahmadinejad et Chavez, que la condition sine qua non pour pouvoir entrer dans le groupe de presse Springer est la signature d’un engagement à ne pas critiquer les Etats-Unis et le gouvernement israélien.

Sur son blog, Ekaterina Gracheva livre cette réflexion traduisant sa maturité de jugement, qu’il semble que l’Allemagne ne puisse plus trouver à s’exprimer qu’en dehors de son pays.
Telle est la conséquence de l’occupation médiatique :
« L’Allemagne semble ne pas non plus avoir de liberté de presse  » [1]

Parmi les informations que donne Jürgen, se trouve mentionné le crédit alloué par le Congrès américain en octobre à la fabrication d’une bombe, « à usage immédiat », précise Jürgen, capable de percer les plus solides bunkers, et la volonté d’en découdre. Tout ce qui est écrit dans les médias, dit-il, « est un remake , une reprise des mensonges contre l’Irak ».
« Il est surprenant et choquant que l’opinion mondiale soit en train de croire aux mêmes mensonges que sur l’Irak contre l’Iran ».

Le Président Obama, à cet égard, pour reprendre l’expression de Jürgen, « n’est pas la clef de la situation ». Il a deux discours qui veulent modérer les extrémistes du gouvernement israélien, au moment du nouvel an iranien et à l’université du Caire où il traitait des nouveaux rapports avec le monde islamique et d’une compréhension de la légitimité des problèmes énergétiques de l’Iran, et un autre, avant son élection, en 2008, qui se met à l’entière disposition du gouvernement israélien. Il n’a donc, conclut Jurgen, aucune position propre : tout est aspiré par la propagande de guerre.

« La même chose, mais autrement »

Que nos censeurs se rassurent, la presse allemande qui reçut les confessions patriotiques du député de Téhéran n’était pas soumise, en juillet 1918, à la surveillance d’outre-Atlantique ni de Londres. Notre Allemand indépendant s’étonne de ce que le monde suive aveuglément le sentier des Illuminés (Illuminati, comme se nomment les sectaires répandus dans l’orbite anglo-saxonne) ayant déjà fabriqué les accusations mensongères contre l’Irak et menant à une catastrophe analogue par les soupçons accusateurs portés contre l’Iran contemporain.
Il pourrait méditer la formule que son compatriote, le philosophe Arthur Schopenhauer, donne en latin de l’Histoire : « La même chose, mais autrement » Eadem, sed aliter ! Car les moyens diffèrent, les circonstances varient, mais le but demeure le leadership que le Président Obama, sorti de la ruche des doctrinaires Bzrezinski père et fils, déclare être le bien de l’humanité, dans son remerciement à l’attribution programmée du prix Nobel de la paix.

Il s’agit pourtant ici de présenter l’entretien d’un membre du parlement iranien, le député de Téhéran, Hassan Taqizadeh, publié dans une presse munichoise, quelques semaines avant l’armistice du 11 novembre 1918, signé, ceci dit pour que nul n’en ignore, à 11 heures du matin, après rectification horaire du Maréchal Foch ! Manière de publicité, direz-vous avec raison, pour faire entendre la signification universelle de cet acte fondateur non d’une paix future, ainsi que le croyaient étourdiment nos pères, mais d’un état chronique de rechutes belliqueuses.

La tradition parlementaire, sous forme d’Etat républicain ou monarchique, a ses racines solides en Iran, que l’on nomme d’un mot arabe madjliss, mais là aussi une habitude s’est produite de ne pas dissocier l’héritage islamique d’une pratique nationale, sans qu’il soit permis de distinguer véritablement ce qui est authentiquement iranien de ce qui lui sert de vêture.
Bien aventuré serait celui qui, pour complaire à la doctrine à la fois superficielle et bien agencée, du clash des civilisations et de la refonte de l’ordre mondial prônée par le new-yorkais de naissance (1927), le vieil universitaire de Yale, Samuel Huntington, prouverait que l’ordre islamique en soi est étranger à la Perse, comme la jeunesse iranienne s’y sent poussée à l’admettre par le jeu des médias naïvement reçus, cependant qu’une désislamisation ou désarabisation des prénoms est constatée autour d’elle par nos jeunes correspondantes, alors que l’origine de cette religion pourrait, justement à cause de son universalité, avoir plus de lien avec le fonds ancestral, en particulier avec les règles du dualisme ayant attaché son nom au pays, qu’il n’est généralement accordé.

Nous reproduisons en entier cet entretien, qui a une forme de courte dissertation car le lecteur y verra diachroniquement, ainsi que le veulent les linguistes, l’étape, dans le temps, du déploiement actuel du langage propagandistique auquel est rompu le monde anglo-saxon, en même temps que la Russie, qui est présentée aujourd’hui comme une puissance contraire à la liberté des peuples, est, qu’elle ait été tsariste, bolchevique ou stalinienne, khrouchtchevienne, brejnevienne, andropovisée, elsinienne, poutinienne, medvédisée, constamment instrumentalisée, qu’elle soit présente ou absente sur le terrain iranien, par ses faux et rusés alliés ou partenaires du Conseil de Sécurité des Nations Unies.

Portrait d’un député de Téhéran, Hassan Taqizadeh

Hassan Taqizadeh, député de Téhéran et éditeur d’une chronologie du Zoroastrisme.

L’auteur iranien, homme de lettres et animateur d’une revue littéraire en 1903, avait animé à Tabriz le soulèvement, en 1908, et sera ensuite député de l’Azerbaidjan au deuxième Parlement, fondant à ce moment le Parti démocrate d’Iran Ferqeh-ye Demokrat-e Iran.
Sa connaissance de l’Angleterre était d’autant plus profonde qu’il était devenu l’homme de confiance du professeur de langue arabe de Cambridge Edward Granville Browne (1862-1926), auteur d’une histoire littéraire de la Perse, qui œuvrait pour la gloire de l’Iran, quoiqu’on puisse douter de la pureté de ses intentions dans la publicité qu’il donna à la secte de Ba‘hi, ou Babisme, devenue une carte de la politique anglaise dans le jeu de confusion, en favorisant une mystique pseudo-musulmane mêlée à des intérêts trop matériellement visibles, sous des airs d’humanisme emphatique accompagné d’action violente et terroriste.
Un conflit avec la part opportuniste du clergé l’amena à s’exiler et pourtant, en son absence, il fut élu député de Téhéran. En 1922, il fonde une revue Kaveh](le forgeron), du nom d’un héros de la mythologie iranienne luttant contre l’oppression étrangère.
Par la suite en 1923, il épousera une femme allemande, sera gouverneur du Khorasan, et occupera des postes diplomatiques, dont celui d’Ambassadeur à Londres et présidera des Congrès d’Orientalistes jusqu’à sa mort en 1970.

Ouvrons le numéro spécial consacré à l’Islam, publié en juillet 1918 par les « Süddeutsche Monatshefte » de Munich, où figure entre autres un article du Cheik druze Arslan, député aussi au Parlement de l’Empire ottoman qui avait une forme démocratique, et dont l’influence sur le nationalisme arabe d’Afrique du Nord jusqu’en Syrie aura été à la mesure de l’ignorance même dont on nous tient de lui, et qui représenta la délégation syro-palestinienne à Genève.

Notre attitude n’est point systématiquement anti-anglaise, nous ne visons que l’impérialisme, expression forgée par l’angleterre elle-même, qui a pris le drapeau britannique pour emblème et l’a lié, comme Tony Blair, dont la politique passe en jugement à Londres, s’y est employé, au sort de la machine financière, militaire et avant tout médiatique des Etats-Unis. Notre position sera approuvée par le lecteur s’il a sous les yeux ces lignes du comte Carl Ludwig Ficquelmont, ambassadeur d’Autriche et premier ministre à Vienne : « S’il faut être indulgent pour les hommes égarés, il est impossible d’avoir la même indulgence pour ceux qui séduisent, corrompent et entraînent. En face des immenses malheurs qu’ils ont causés n’a-t-on pas le droit de scruter leur conduite et de les traduire au tribunal de l’opinion publique qui doit alors se charger de les condamner ou de les absoudre ? » [2]

« La situation de la Perse »(1918)

Carte des accords secrets de découpage de l’Orient entre l’anglais Sykes et le français Picot, démontrant le lien de l’histoire iranienne et palestinienne.

« Dans cette guerre mondiale, la Perse, en dépit de sa neutralité, n’en a pas moins souffert comme n’importe quelle puissance belligérante. C’est dès le début que la neutralité persane a été violée par les Puissances qui prétendaient combattre pour la Belgique violée dans sa neutralité. Avant cette guerre mondiale la Perse ployait sous l’influence et la pression de la Russie et de l’Angleterre et n’avait point de grandes espérances.
Grâce à l’éclatement de la guerre, le peuple persan conçut, comme aussi d’autres nations maltraitées, un nouvel espoir de réacquérir sa liberté, c’est-à-dire a vu naturellement sa libération dans la victoire de l’Allemagne et de ses Alliés.
Le début de la guerre a été néfaste à la Perse ; les troupes russes envahirent la Perse centrale. Mais à la suite des victoires durables de l’Allemagne en Russie, la Révolution qui éclata mit fin à la politique violente des Russes. Le soulèvement bolchevique, les accords d’armistice de Brest-Litovsk du 15 décembre 1917 ont, à l’article X et l’article VII du 3 mars 1918 de la paix de Brest, redonné une nouvelle vie à la Perse.
Le gouvernement russe ordonna l’évacuation de la Perse. Une partie des troupes russes cependant, sous le général Baratoff, n’obéit pas à l’appel du gouvernement bolchevique et l’ambassadeur d’alors à Téhéran, Etter, refusa de reconnaître le gouvernement de Saint Pétersbourg et de quitter la Perse.
L’autre partie des troupes qui, fatiguée de la guerre voulait évacuer la Perse, a volé sur le retour vers la Russie tout ce qui était persan et l’a jeté au feu. Le préjudice matériel que la Perse a subi de ces troupes russes de la liberté, a été de loin plus grand que les actes de violence et les dommages que les généraux despotiques russes et les officiers du temps des tsars lui avaient infligés.

Après que les Russes aient quitté la Perse, l’espoir naquit que ce vieux pays historique qui avait subi tant d’humiliations pourrait enfin se redresser par son travail. Toutefois il restait encore un ennemi. L’Angleterre, outre la méthode de ruse qui lui était propre envers la Perse, prolongea encore le processus de violence à la manière russe. A partir du Sud qui a toujours été un espace de jeu pour les intrigues anglaises, les Anglais poussèrent plus loin vers le Nord, amenèrent des troupes à Turbat-e Heidari dans le Khorasan, occupèrent Meshed et, près de Téhéran, Kazvin, et ils poussèrent plus loin encore.

Suivant leur caractère traditionnel de dissimuler les plans de conquête mondiale sous le manteau de la défense et de l’angoisse à devoir contenir les attaques des autres, ils ont, pour protéger le Bengale, conquis le Pendjab, l’Afghanistan, le Béloutchistan, le canal de Suez, l’Egypte et le Soudan. Pour leurs conquêtes en Perse, ils ont prétexté pour s’en excuser que tout ceci n’était que des préparatifs pour prévenir quelque invasion russe en Inde. Et maintenant ils envisagent, par crainte d’une invasion germano-turque en Inde, de soumettre la Perse, le Caucase et le Turkestan, entièrement contre la volonté de ces pays.
Il semble que les impérialistes anglais ne se contentent plus de la proposition « l’Euphrate comme frontière des Indes » ; ils ne veulent pas seulement, pour parler comme l’auteur des documents anglais, « étendre toujours davantage au cours des années, la chaîne de défense passée autour du joyau de la couronne, les Indes », mais, comme un journal persan l’écrivit une fois dans sa plaisanterie : « La chambre des Lords a décidé de conquérir le monde entier pour protéger les Indes ! ».

L’histoire des troupes perses, qui sous le commandement suprême du général de brigade anglais, ont été formées avec des officiers anglais, nous fait saisir exactement les projets anglais.

Le général de brigade Sykes (1867-1945) dislocateur anglais de l’Iran [3]

« Ces troupes de Sykes, qui au départ portaient le nom de « police du Sud », ont été formées avec l’argent anglais, la puissance anglaise et placées sous la direction d’officiers anglais de manière illégale et sans approbation du gouvernement persan et sont aujourd’hui un très difficile problème pour la Perse. Après les événements du 15 novembre 1915 où les politiciens et députés unis à la gendarmerie persane sous le commandement d’officiers suédois, événements provoqués par la menace de l’offensive russe sur Téhéran, se sont placés du côté de l’Allemagne et de ses alliés, pour reprendre le combat contre leur ennemi traditionnel, la Russie, l’Angleterre a profité de l’occasion pour faire entièrement voler en éclat la gendarmerie persane et mettre en œuvre son vieux projet de prendre en main les troupes de la police du Sud.

L’Angleterre l’avait tenté déjà souvent et pour cela avait envoyé un ultimatum au gouvernement persan le 14 octobre 1910. Le moment se trouvait propice, pour, en union avec la Russie, arracher encore plus concessions à la Perse qui se trouvait dans une situation la plus mauvaise qu’on puisse imaginer, sans force de défense et sans armes, menacée par les troupes russes qui se trouvaient à 40 kilomètres de la capitale, pour ôter à la Perse les derniers restes de son indépendance.
La situation était favorable à l’Angleterre et la Perse ne pouvait pratiquement rien faire… Les Russes avaient avancé d’un côté jusqu’à Kasr e Schirin, Kurdistan et Kermânchâh et Ispahan et Luristan de l’autre. Les Anglais étaient entrés en Mésopotamie et menaçaient Bagdad. A Téhéran, un cabinet russophile sous la présidence du célèbre Sepahsalar était à la barre. »

La Russie ouvre le chemin de la Perse à l’Angleterre

« Ainsi les deux puissances Russie et Angleterre adressèrent-elles, le 4 juillet 1916 une note au gouvernement persan sous menace militaire et en refusant en même temps à la Perse tout soutien financier ; note dans laquelle ils exigeaient la mise en place d’une commission mixte composée de membres anglais, russes, belges et persans, pour contrôler les finances persanes. Cette commission devait obtenir des pleins pouvoirs illimités. En outre, l’organisation d’une troupe de 11.0000 hommes au Nord et tout autant au Sud devait être confiée à la Russie et à l’Angleterre. Les frais seraient à la charge de ces puissances.

La révolution russe déjoua les vues de la Russie, ce qui fit déployer une activité d’autant plus vive à l’Angleterre. Elle précipita grandement l’organisation de la police du Sud. Le général Sir Percy Sykes, l’ancien consul à Kerman et Khorasan, fut chargé de cette fonction. Il vint avec une quantité de troupes indiennes et d’officiers anglais dans la province de Fars et rassembla une troupe de 5.000 hommes. Après que le Sud ait été ainsi fortifié, cette situation s’étendit aussi aux autres provinces du Sud et de l’Est.

Après le soulèvement bolchevique, l’Angleterre a cru pouvoir supprimer la limitation de son influence en Asie, qui était assurée par le traité de 1907. Elle sortit de sa sphère d’influence. A grande hâte, elle aspira à obtenir toujours davantage d’influence en Perse et à étendre son influence jusqu’à l’Azerbaïdjan au Nord de la Perse. Elle organisa des bandes d’Arméniens et de Chaldéens, de gens de Urmia et de Salma, qui aujourd’hui avec l’argent anglais sous le drapeau anglais et le commandement supérieur d’officiers français, qui ont des armes prises aux Russes, s’en servent pour violer la neutralité perse et maltraiter la population persane.

Le destin de la Perse, tout comme celui des trois-quarts du monde entier, dépend aujourd’hui finalement de la victoire ou de la défaite de l’Angleterre. De nombreux pays qui auparavant gémissaient sous la domination violente russe, doivent aujourd’hui supporter la lâcheté rusée de l’Angleterre.
Oui, ceux qui ont porté en avant le drapeau de la liberté, parlé de la défense des petites nations et suivi les principes des nationalités, visent aujourd’hui à étrangler les plus anciennes nations du monde, les Persans et les Grecs. »

Que méritent les Iraniens ?

« Les Perses sont - comme chacun l’a appris à l’école - un des plus anciens peuples de culture qui ont beaucoup fait pour la culture humaine. Ils sont les contemporains de Sparte, Athènes, de l’Assyrie, ont en dépit de nombreuses tempêtes politiques et guerrières qu’ils ont connues, conservé une culture originale et une homogénéité de population jusqu’à aujourd’hui.
Ce pays qui libéra au 6e siècle avant Jésus-Christ les Israélites de la captivité babylonienne et accueillit les philosophes byzantins dans sa capitale Ctésiphon et par-là contribua au progrès de l’humanité, ne doit pas au 20e siècle tomber dans les griffes anglaises. Ce pays mérite d’être mieux traité par les peuples cultivés de l’univers.

La Perse a été, en dépit de sa neutralité, un champ clos des puissances belligérantes ; ceux qui se retranchaient derrière le respect des traités et se prétendaient respecter la neutralité les petites nations, ont occupé ce pays innocent avec leurs troupes. Fin novembre 1914, les Anglais ont dans un traité secret avec la Russie, partagé même la part restante de la Perse entre eux. Toutes les protestations de la Perse sont restées lettre morte et la situation est devenue quotidiennement insupportable.
Une libération de l’Orient par la complète défaite de l’Angleterre est l’espérance de tous les Orientaux, non pas seulement du peuple persan. » [4]

La recette de propagande continue

L’étonnement de Jürgen Elsaesser devant la crédulité des masses n’a d’égal que l’entêtement des mêmes milieux propagandistiques à marteler leurs instructions, sous couvert de soupçons, en usant de suggestion proprement hypnotique. Ainsi le Times nous instruit-il, si nous demandons à être convaincu de la nocivité de la politique nucléaire iranienne, « que pour ce qui est du reste du monde, un nombre croissant d’Etats croient que l’Iran veut maintenant fabriquer la bombe et se prépare à vivre avec ce fait ». [5]
Oui, cette croyance est reçue « avec ce fait » (with this fact) par la magie anglaise et désormais anglo-américaine. Imaginez que l’ancien politicien iranien, le député de Tabriz et Téhéran que nous avons, pour ainsi dire, ressuscité ici, eût un article à rédiger aujourd’hui pour expliquer «  la situation de l’Iran », ne renverrait-il pas à son article sur «  la situation de la Perse » auquel nos lecteurs concèderont à tout le moins qu’il n’a pas été démenti par les événements passés, et certainement futurs ?

La journaliste russe Ekaterina Gradicheva a résumé ainsi l’entretien complet de Jürgen précédent ce tableau historique qui évoquait l’œuvre subversive du général de brigade Sykes qui signa la première amputation du Proche Orient : «  Il pense que Téhéran a le droit de produire de l’énergie nucléaire. Et il craint que le gouvernement extrémiste israélien puisse provoquer une guerre avec l’Iran à tout moment (at any time ) ».

2 décembre 2009

Pierre Dortiguier pour Geopolintel

Notes

[2« Lord Palmerston, l’Angleterre et le Continent » Bruxelles et Leipzig, 1853, tome second, p.185

[3Il s’agit du même général diplomate et membre des services secrets anglais qui signa les fameux accords Sykes-Picot franco-anglais du 16 Mai 1916 sur l’Asie occidentale ; cet accord auquel adhéra la Russie également, avait pour raison d’être la poursuite des opérations militaires des forces de l’Entente (les « Alliés ») contre la Turquie ; il accorda à l’Angleterre la Mésopotamie(actuel Irak) avec Bagdad aussi bien que les ports de Haïfa et de Jaffa ; à la Russie, l’Asie mineure jusqu’à Trébizonde ; à la France, le reste de l’Asie mineure et la côte syrienne. Il forma au Sud de l’Iran, les South Persia Rifles qui se monteront, avec l’assentiment obligé du Shah, à 11.000 hommes, lesquels ne seront pas employées en dehors de l’Iran, ont été instruites dans le Sud de la Perse par des officiers anglais, nous éclairent suffisamment sur les projets anglais.

[4Süddeutsche Monatshefte, juillet 1918, -numéro spécial intitulé « L’Islam ».pp.252-4

[5Richard Beeston « Un moment décisif dans le départ de la course aux armements nucléaires », The Times, lundi 30 novembre 2009, p.5

—  0 commentaires  —

© Geopolintel 2009-2023 - site réalisé avec SPIP - l'actualité Geopolintel avec RSS Suivre la vie du site