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Vaccination obligatoire : les apprentis sorciers ont pris le pouvoir

vendredi 9 juillet 2021

La vaccination obligatoire, comme nous l’avions annoncé fin mai, est devenue le thème dominant de cette fin de semestre, et devrait saturer le débat public de l’été. Elle devrait concerner au minimum les soignants, mais pourrait s’étendre à l’ensemble de la population. Mais a-t-elle une chance objective de se réaliser, même si elle est imposée par les textes ? Où l’on comprend que la caste au pouvoir est désormais dominée par son aile la plus fondamentaliste, celle des apprentis-sorciers, et qu’elle s’expose désormais au risque.

Plus l’effondrement d’un empire est proche, plus ses lois sont folles. [Cicéron]

Ce week-end a été fort occupé par la campagne médiatique en règle menée en faveur de la vaccination obligatoire. Prônée dans un climat hystérisé par la « modélisation » de l’institut Pasteur annonçant une quatrième vague si la vaccination obligatoire n’intervenait pas, celle-ci est désormais le leit-motiv de la frange la plus radicale de la caste au pouvoir, celle qui a pris le pas sur l’ensemble du système.

Castex et la vaccination obligatoire pour tous

Depuis jeudi soir dernier, la rumeur circule d’une instauration de la vaccination obligatoire non seulement pour les soignants, mais même pour l’ensemble de la population. Un projet de loi serait en préparation. Il n’en fallait pas plus pour lancer une longue polémique, nourrie en tous sens par des tribunes de médecins, dont certains signataires sont d’illustres enfermistes, mais aussi par François Bayrou.

Ceux qui donnent de la voix et qui sont écoutés dans les allées du pouvoir sont, semble-t-il, les plus extrémistes de la caste.

Contre le principe de réalité

Pourtant, des voix raisonnables mettent en garde contre les risques d’une mesure aussi coercitive dans un contexte où le rapport de force n’est pas favorable aux extrémistes. C’est par exemple le cas de Philippe Juvin qui craint une mise en difficulté des hôpitaux dans l’hypothèse où la vaccination obligatoire interviendrait :

« comment fait-on en pratique ? Que dit-on à une infirmière ou une aide-soignante ou un médecin qui dit : ‘Je ne veux pas me faire vacciner’ ? On lui dit : ‘Vous ne venez plus travailler’ ? Nous avons déjà des difficultés dans nos services. La vaccination obligatoire est quelque chose sur lequel je crois qu’il faut que nous réfléchissions, mais il faut avant tout que nous réfléchissions sur sa mise en œuvre. Et moi, elle me paraît plus complexe qu’on veut bien le dire. »

Mais la caste est prise d’une telle peur hystérique qu’elle n’est probablement plus capable d’entendre le bon sens.

Les apprentis-sorciers ont pris le pouvoir

Il est donc plausible que le gouvernement engage de façon assez irresponsable une confrontation avec la moitié du pays qui n’a reçu aucune injection, dans un contexte où l’abstention aux élections régionales a déjà signifié le divorce entre le pays réel et ses institutions. Qu’adviendra-t-il si cette obligation est édictée ? Les non-vaccinés obéiront-ils à l’injonction, ou bien défieront-ils le pouvoir en restant indifférents à leur obligation ?

Jean Castex et Emmanuel Macron ont peut-être sous-estimé les dégâts que leur impuissance pourrait créer dans cette hypothèse. Les apprentis sorciers sont au pouvoir…

Eric Verhaeghe

Mystérieuse disparition de 2 349 tubes contenant du virus SRAS à Paris

Elise Godeau, Le Monde

L’Institut Pasteur ne s’explique toujours pas comment 2 349 tubes contenant des fragments du virus du syndrome respiratoire aigu sévère avaient disparu d’un frigidaire. La question taraude, même s’il n’y a aucune probabilité que le SRAS dans la nature fasse de nouvelles victimes

Comment 2 349 tubes contenant des fragments du virus du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) ont-ils pu disparaître d’un laboratoire de l’Institut Pasteur ? Et le coronavirus SRAS, potentiellement perdu dans la nature, pourrait-il faire de nouvelles victimes, onze ans après la pandémie qui avait infecté 8 000 personnes et causé la mort de plus de 800 malades ?

La réponse à la seconde question est claire : d’après le comité d’experts réuni à la demande du ministère de la santé, le risque infectieux est « nul » car les éprouvettes égarées ne contenaient qu’une partie du virus. Incomplet, celui-ci est inoffensif, y compris en cas de contact, de transmission aérienne ou d’ingestion.

Passée la question de la dangerosité, celle de savoir comment l’institution a pu perdre plusieurs milliers de tubes de SRAS demeure. Plus de deux mois après l’inquiétante découverte – et quelques jours après en avoir fait l’annonce officielle par communiqué de presse –, l’Institut Pasteur n’est toujours pas en mesure d’expliquer avec certitude ce qui a pu se produire.

« Une situation inacceptable et incroyable »

Fin janvier, des membres du personnel effectuent l’inventaire annuel quand ils remarquent une anomalie. Dans le congélateur d’un laboratoire P3 – un type de laboratoire très sécurisé où sont manipulés des virus pouvant entraîner des pathologies graves – à l’endroit où auraient du se trouver 2 349 petits tubes de quelques centimètres de hauteur, il n’y a rien. Les échantillons inscrits dans la base de données sont introuvables.

Deux mois plus tard, Christian Bréchot, le directeur général de l’Institut Pasteur, reste sidéré : « C’est une situation inacceptable et incroyable ! » Aussitôt après la constatation de l’absence des tubes, l’institut lance une enquête.

Pendant plusieurs semaines, le matériel, les personnes et les procédures sont passés en revue. « On a cherché ces boîtes [les échantillons étaient disposés dans 29 boîtes] partout. On a repris les listes de toutes les personnes qui avaient travaillé ici depuis un an et demi, y compris les stagiaires. On a analysé les profils pour vérifier qu’il n’y ait pas eu de conflit », détaille le directeur général.

Cependant, l’hypothèse d’un acte malveillant est « hautement improbable » d’après Christian Bréchot. D’abord parce que la réglementation en matière de micro-organismes et toxines hautement pathogènes (MOT) – famille à laquelle appartient le SRAS – est très contraignante.

« On doit tout envisager »

Comme l’explique un chercheur qui souhaite garder l’anonymat, « quand on travaille sur les MOT, l’étiquetage des tubes est fait de telle manière qu’une personne étrangère au laboratoire, qui n’a pas accès à la base de données, ne peut pas savoir ce que les éprouvettes contiennent ».

Autre point qui discrédite la thèse d’une manipulation malveillante : on ne peut sortir d’un laboratoire classé P3 qu’en passant par un sas de désinfection. Le virus n’y aurait pas survécu. Et puis, plus simplement, il y a la question de l’accès. Sur les 2 500 personnes qui travaillent au sein de l’Institut Pasteur, seules 150 travaillent sur les MOT et ont accès aux différents laboratoires P3. Pour y entrer, il faut passer par le service personnel.

Malgré tous ces éléments, la piste d’un acte malveillant n’est pas complètement écartée à ce stade. L’institut a d’ailleurs déposé une plainte contre X. « On doit tout envisager », indique Christian Bréchot, même si d’après lui, l’hypothèse la plus probable est celle d’une erreur survenue lors d’un transfert entre deux congélateurs. Pour comprendre, il faut remonter à la fin de l’année 2012. A ce moment là, les 2 349 tubes de SRAS ont été changés de congélateur à cause d’un problème de décongélation.

« Les échantillons ont pu être détruits par inadvertance »

L’institut a bien la trace des éprouvettes après le trajet aller, mais la faille pourrait se trouver au niveau du trajet retour : « Nous pensons qu’une erreur a pu se produire en mars 2013, lorsque les tubes ont réintégré le congélateur d’origine, explique le directeur. Les échantillons ont pu être détruits par inadvertance. Nous cherchons à savoir quand a eu lieu ce deuxième trajet. » Il s’agirait donc d’une erreur humaine, d’une personne qui aurait oublié de mentionner dans le cahier prévu à cet effet qu’elle avait jeté quelque chose.

Comme le prévoit la procédure, après l’enquête interne, l’Institut Pasteur a informé l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Celle-ci a ouvert à son tour une enquête la semaine dernière. Dans ce cadre, des scientifiques de l’institut ont été auditionnés. Les investigations de l’ANSM devraient permettre de pointer les dysfonctionnements en matière de traçabilité et de proposer des mesures correctives pour éviter que cette situation sans précédent ne se reproduise.

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