S&P abaisse à nouveau la note financière de l’Ukraine et prévoit un défaut imminent du pays en proie aux affres de la guerre depuis que la Russie a envahi son territoire. Ses grands créanciers occidentaux ont effet accepté de suspendre le paiement des obligations de dette ukrainienne, à la demande de Kiev qui veut orienter toutes ses ressources financières vers la guerre .
C’est une (autre) mauvaise nouvelle qui se profile pour l’Ukraine mais qui parait inévitable tant le pays est ravagé par la guerre avec la Russie. L’agence S&P, l’une des références internationales dans la notation financière, a fortement dégradé vendredi la note de la dette de l’Ukraine de trois rangs (de CCC+ à CC) .
L’institution s’attend désormais à un défaut « quasi-certain ».
« L’Ukraine a demandé à ses créanciers étrangers de différer de 24 mois les paiements sur l’ensemble de la dette extérieure », a précisé S&P dans un communiqué. « Suite à cette demande, nous pensons qu’un défaut sur la dette souveraine en devises étrangères est une quasi-certitude », interprète l’agence de notation.
Plusieurs grands pays dont la France, les Etats-Unis, l’Allemagne, le Japon et le Royaume-Uni qui détiennent des obligations ukrainiennes ont accepté le 20 juillet dernier que l’Ukraine reporte le paiement d’intérêts sur sa dette à la demande de Kiev, et ont exhorté les autres créanciers de l’Ukraine à les imiter. Le gouvernement de Volodymyr Zelensky avait demandé à ses créanciers le report de paiement afin de privilégier les « ressources en devises pour des dépenses prioritaires liées à la guerre ». L’accord en question convient de suspendre le paiement du service la dette ukrainienne au moins jusqu’à fin 2023 « avec la possibilité d’une année additionnelle ».
Perspective négative
La notation de S&P prévoit par ailleurs des perspectives négatives et anticipe que l’Ukraine procède à une « restructuration de la dette », qui seraient considérés « comme un défaut », alerte S&P. L’agence s’inquiète aussi « des risques élevés pesant sur les paiements du service de la dette commerciale de l’Ukraine, compte tenu des plans de restructuration de la dette du gouvernement, qui découlent des pressions liées à l’économie, à la balance des paiements et au budget de la guerre avec la Russie ».
Dans l’échelle de notation de S&P, la note ukrainienne pourrait être encore abaissée et passer à « SD », à savoir « Selective Default » (« défaut partiel »), dernière étape avant le défaut effectif (« D »). Ce qui est une possibilité dans le scénario pessimiste de l’agence « si l’Ukraine met en œuvre ce que nous considérons comme une restructuration désordonnée de la dette, ou si le gouvernement ne parvient pas à effectuer les paiements sur ses obligations en devise étrangère ».
Depuis l’invasion de son territoire le 24 février par la Russie, qui en occupe environ un quart, l’Ukraine se trouve plongée dans le chaos sécuritaire, et donc économique et financier avec l’exode massif de citoyens, l’arrêt ou la reconversion de ses entreprises dans la production de guerre. La Banque mondiale dit prévoir une chute du PIB ukrainien de 45% en 2022. L’agence économique Bloomberg estime que les mesures de report du paiement de l’Ukraine apporterait à Kiev une économie d’au moins 3 milliards de dollars sur deux ans.