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Les banques luttent contre l’inflation et le climat avec le Livret d’Epargne Populaire

jeudi 14 décembre 2023

Le LEP, c’est nouveau, c’est pour les pauvres et ça rapporte. Bizarre me direz vous, pourtant c’est ce que prétendent les banques qui veulent séduire ceux qui ne vont plus rien posséder et qui ne seront pas heureux. Ce placement miraculeux, ultra sécurisé et avantageux est réservé aux ménages modestes. Inconnu des Français, il est censé compenser l’inflation avec un taux d’intérêt à 6 %

Le Livret d’Epargne Populaire

La hausse de l’inflation ne se situe pas, comme dit à la télévision, dans le conflit Ukrainien mais plutôt dans la tête de Macron et de Bruno Le Maire. Leur stratégie pour tuer l’économie russe a causé l’effondrement de notre pays et de l’Euro qui pourra être recyclé comme combustible pour les chaudières à bois.
Si ce livret d’épargne propose un taux à 6 %, il ne permettra pas de juguler l’inflation qui frôle les 15%. Le livret d’épargne populaire a été créé en 1982 pour protéger le pouvoir d’achat des personnes aux revenus les plus modestes. La totalité des dépôts en 2023, constitue un pactole de 4,77 milliards d’euros.
L’engouement est certain, puisque basé sur l’inflation qui ne cesse d’augmenter, le taux du LEP est passé de 1% à 6% en moins de deux ans. Cerise sur le gâteau, on peut retirer son argent quand bon nous semble et il est exonéré d’impôt. Pour ouvrir un livret d’épargne populaire, il faut faire un versement initial d’un montant minimal de 30 euros avec un plafond de 10 000 euros. Une fois le plafond atteint, le LEP continue de de porter intérêt.

Le LEP, c’est aider les plus modestes à placer leurs économies dans des conditions qui maintiennent leur pouvoir d’achat. Le taux de rémunération du LEP est de 6% depuis le 1er août 2023 et s’appliquera jusqu’au 31 janvier 2024.. Les sommes versées sur le LEP bénéficient de la garantie de l’État. Elles sont centralisées pour partie à la Caisse des Dépôts et Consignations et sont utilisées pour financer notamment le logement social.
Bon à savoir : le compte ne doit pas rester inactif sous peine d’être clôturé.

L’inflation

L’inflation cumulée depuis janvier 2022 frôle les 18%. Concernant l’alimentaire, l’inflation des produits de grande consommation a atteint 9,5% en septembre 2022 et classe la France dans les mauvais élèves de l’Europe. La France est le pays où les prix ont le plus augmenté depuis janvier 2022 et la promesse du LEP avec ses 6% ne comble pas la perte de pouvoir d’achat. En août 2023, la France est dernière du classement des sept pays en inflation cumulée.
(chiffres NielsenIQ pour le magazine LSA)

L’année 2022 a engendré un surcroît de prélèvement extérieur d’environ un point et demi de PIB par rapport à 2021, qui s’est matérialisé par une importante inflation et une ponction sur les revenus des ménages et des entreprises.
Le taux des prélèvements obligatoires est le premier indicateur du niveau de pression fiscale en France. En 2021 il était à 44,3% du PIB et 45,2% en 2022 pour se stabiliser à 44,7% en 2023.
Nos gouvernements succéssifs et leurs politiques destructrices ont positionné la France au 25 ème rang du PIB par habitant en 2023. Notre population représente 1% de la planète et se classe au septième rang mondial en PIB. Pour résumer le niveau de vie des français se classe au 25éme rang mondial. Pour comparaison, selon l’OCDE, la France occupait la 13éme place en 1970, 11éme en 1980, 8éme en 1985, 7éme en 1990, 7éme en 1995, 7éme en 2000, 10éme en 2005, 11éme en 2010. Ce déclassement continue son accélération et les perspectives dans le futur ne vont pas rassurer les français.

Eurostat a mis à disposition le montant des prélèvements obligatoires dans les pays de l’Union européenne en 2022. Rapporté au PIB, la France était au premier rang avec un taux de 48,0 % en 2022 (l’Insee donne un chiffre différent de 45,4 %). C’est le triste constat d’un pays qui ne produit plus de richesse et qui ne cesse de prélever des taxes pour les délocaliser dans l’Union Européenne, dans les start-up, dans le financement de la guerre et du changement climatique.

La crise sanitaire nous a coûté 680 milliards d’euros dont 125 milliards seulement pour la partie Covid. Ceci n’est que la partie visible de la dette, il convient de voir le coût du hors bilan bancaire, c’est à dire les engagements de paiement de l’Etat. Aux 3500 milliards de dette il faut ajouter, les engagements de retraite (2 350Md€), les garanties de l’Etat (près de 1 100Md€), les engagements dits « de régulation » (648Md€), soit un total de 7598 milliards d’euros.
Vous pouvez consulter le bilan comptable de la France ici

Financement du logement social

Depuis le début des années 2000, la part du logement social dans la construction neuve s’est nettement accentuée, passant de 11% en 2004 à 25% en 2011. Aujourd’hui, plus d’un Français sur six est logé dans le parc locatif social. Cet effort national en faveur du logement social repose, très majoritairement, sur les prêts sur fonds d’épargne de la Caisse des dépôts. Cette dernière transforme une partie de l’épargne populaire en prêts de longue durée à taux privilégiés aux organismes de logement social. Un volume très conséquent de financements publics est ainsi dégagé sans avoir recours au budget de l’état. Ce dispositif est sans équivalent dans les circuits financiers classiques français et étrangers.

La finalité est une levée d’argent pour les bailleurs qui se financent afin de lancer de nouveaux chantiers. Le secteur de la construction est en crise et ce LEP est une aubaine. Avec ce pactole de 4,7 milliards d’euros, la Caisse des Dépôts amasse une quantité d’avoirs. Fin 2018, la Caisse des Dépôts disposait de 253,1 milliards d’euros d’encours sur ses fonds d’épargne.

Financement des start-up

Dans le secteur de la Deeptech : les start-up du secteur ont levé le montant record de 2,6 Md€ en 2022. Malgré la contraction du marché du capital investissement en début d’année 2023, elles ont levé près de 1,2 Md€ entre janvier et avril (+20 % par rapport à la même période en 2022). Après tout, si financer du logement social avec l’épargne des plus modestes est très vertueux, cela est moindre si ces sommes sont utilisées pour aider des Start-Up. Le problème est que nous ne savons pas si l’argent va bien au cœur de la promesse.
Actuellement nous avons la certitude que le LEP finance le logement social et qu’il est dédié au service de l’économie sociale et solidaire. Mais là où le bât blesse, c’est la participation du LEP au financement de la transition énergétique et de la réduction de l’empreinte climatique.

C’est bon pour le climat

Il est important de connaître la transparence dans l’utilisation de l’épargne populaire en matière énergétique.
Oxam en décembre 2017, révélait qu’une partie de l’épargne populaire collectée par la caisse de dépôts et consignation finançait les énergies fossiles. Six ans plus tard c’est au tour du changement climatique, qui sert de prétexte pour collecter l’argent des français modestes. Bruno Le Maire s’était engagé à ce que « désormais, chaque euro placé dans un LDDS soit associé à un projet contribuant effectivement à la transition énergétique ».
Cette pratique, s’apparente à de la publicité mensongère puisque l’objectif de financer du logement social est reversé à des start-up issues de la nouvelle économie de la transition écologique. A chaque époque son lot de mensonge, il devient urgent de demander plus de transparence pour connaître la finalité de la levée de fonds.
L’autre fâcherie de l’État c’est qu’il prélève sur le Fonds d’épargne entre 500 millions et un milliard d’€ par an en rémunération de sa « garantie ». Quand l’argent coule à flot tout le monde se sert. Devant cette énième collusion Etat financement, la France aspire à devenir la première économie verte en Europe pour 2040. La France à besoin de 40 milliards pour accélérer sa transition climatique.

Le futur projet de loi sur l’industrie verte va acter le « Livret vert » pour remplacer le Livret de développement durable et solidaire (LDDS). Ce nouveau Livret vert permettrait d’orienter « une partie de l’épargne vers des investissements en faveur de l’industrie verte et, de manière plus large, de la décarbonation de l’économie ». Faire de la France « la première nation de l’industrie décarbonée en Europe », c’est l’ambition de Bruno Le Maire.
Bercy a reçu 29 propositions regroupées en cinq thématiques : fiscalité, simplification de la réglementation, modalités de production, financement et formation aux métiers de l’industrie verte. L’objectif est d’utiliser tous les leviers disponibles pour décarboner l’industrie et encourager la production en France de produits verts (hydrogène, batteries électriques, panneaux solaires, produits des éoliennes et pompes à chaleur).
L’autre produit d’épargne est un « Livret climat » réservé aux mineurs. Plafonné à 12 000 €, ce nouveau produit d’épargne pourrait être ouvert par les parents dès la naissance de leur enfant.

Le ministère de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique ne sachant pas faire d’économie, mise encore une fois sur un prélèvement déguisé pour ponctionner l’argent des plus fragiles pour carboniser notre portefeuille.

Geopolintel décembre 2023

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